Si la logique est un art ou une science ?
Les choses terribles c’étaient des scènes de jalousie : les choses horribles qui étaient imputées à la gouvernante, c’était d’employer l’art, le manège, l’intrigue d’une femme galante pour séduire le roi ; tandis qu’elle renonçait pour la paix à tous ses goûts, à tous ses sentiments.
Qu’on se figure, dans la position de madame de Maintenon, une femme d’un autre caractère : elle mettra en jeu tout ce que l’art de la galanterie aura de plus raffiné, d’abord pour nuire à sa rivale, ensuite pour plaire toujours plus qu’elle-même : elle disputera sa possession autant qu’il faudra pour en exalter le désir jusqu’à la passion.
Il l’a traitée avec tant d’art dans la huitième partie de son roman, et l’a enrichie d’incidents si bien imaginés, que si le théâtre, dont l’action est plus resserrée, les avait pu souffrir, il aurait été impossible d’y faire jamais rien paraître de plus beau, ni de plus surprenant. » 1658. […] « [*]Les incidents du Dépit amoureux sont arrangés avec plus d’art (que ceux de L’Étourdi), quoique toujours dans le goût espagnol.
J’exhorte les Auteurs à réfléchir sur ces deux petites méprises consécutives, à examiner l’art avec lequel elles sont variées, à bien apprécier sur-tout l’adresse avec laquelle Moliere les fait naître des différents caracteres des deux personnages qui les font, & comme ils se peignent eux-mêmes en les faisant.
Je suppose pour un moment qu’on détermine Préville à jouer les deux Ménechmes, qu’on fasse, avec adresse, à la piece les changements nécessaires pour cela, & que l’acteur, se livrant à tout l’art dont il est capable, nuance supérieurement les deux rôles : quel bien en résultera-t-il ?
Oui, mais elle est ma femme : En elle j’apperçois des défauts chaque jour, Qu’elle avoit avec art cachés à mon amour.
Tout cela ne peut se faire, si l’imitateur, habile dans l’art d’imaginer, ne crée un plan, une marche, des personnages, des incidents propres à faire briller les traits qui l’ont frappé dans la piece étrangere, & les dégager du fatras qui les dépareroit à nos yeux.
Dans l’Art poétique, il les cite tous deux comme dignes d’éloges dans deux genres différents : Malherbe d’un héros peut vanter les exploits ; Racan chanter Philis, les bergers et les bois.
C’est dans cet ouvrage sur-tout que Moliere imitateur doit être admiré, & que nous devons examiner les finesses de son art avec l’attention la plus scrupuleuse. […] C’est dans cette imitation primitive qu’un poëte a besoin de plus de goût & de plus d’art, puisque c’est à elle qu’on doit tous les défauts & toutes les beautés des imitations particulieres qu’elle fait naître.
Enfin tout l’art consiste à fixer la scene dans un lieu où le public soit accoutumé à voir ce que l’Auteur veut présenter à ses yeux.
Pourquoi les Maîtres de l’art ont-ils admis plus volontiers les oppositions que les contrastes entre les premiers personnages d’une piece ?
« Qu’il y a loin d’une petite piece presque sans nœud & sans intrigue, dont le dénouement est prévu dès les premieres scenes : qu’il y a loin, dis-je, de cet essai à la perfection de l’art !
Le Public justifia bien la prédiction de l’Auteur de l’Art Poétique ; & depuis long-temps les François citent le Misanthrope comme l’honneur de leur Scene Comique.
Si pourtant je possédais demain une bicoque à la campagne, j’y attirerais volontiers quelques voisins, je leur mettrais entre les mains l’Art de dire, de M.
Il offre tant de sympathies diverses à satisfaire, il soumet les sympathies physiques à tant de sympathies morales et intellectuelles, il présente tant de points de défense et d’attaque en même temps, il fait naître tant désirs au-delà du désir même, il offre tant à conquérir au-delà de la dernière conquête, il donne tant de jeu aux craintes, aux espérances, il arrête les progrès si près du but et y rappelle si puissamment par l’effort même qui en éloigne, enfin il y a tant de distance entre les voluptés que l’art le plus exercé ou le naturel le plus aimable peuvent donner à l’abandon et le charme de cette retenue mystérieuse qui arrête les mouvements d’un cœur passionné, que rien n’est impossible à une grande passion dans le cœur d’une telle femme.
Il semble, à l’entendre parler, que le Jeu de la Comédie soit aussi difficile à acquérir que l’Art de Prêcher.
Il vaut mieux sans contredit n’en pas mettre, que de l’animer par le secours de personnages subalternes, comme dans le Dissipateur, dans le Philosophe marié, le Glorieux, &c. ou par des traits qui n’appartiennent pas du tout au caractere annoncé : mais lorsqu’on aura l’art de faire naître toutes les scenes, tous les incidents, toutes les situations du caractere promis par le titre, qu’on ne craigne point de trop compliquer une action ; ce seroit craindre de mettre trop de beautés dans un ouvrage.
Toutes les fois qu’un Auteur aura le secret d’opposer avec art deux choses contraires, il peut être sûr d’arracher des applaudissements : Le Sage & Dufresny l’ont bien senti, lorsque l’un parle de la conscience d’un Maquignon dans Turcaret, & l’autre de la conscience d’un Tailleur dans une scene déja rapportée.