/ 264
130. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

On sait de quelle manière il y a excellé, non seulement comme Acteur, par le grand nombre d’Ouvrages qu’il nous a laissés, et qui ont tous leurs beautés proportionnées aux sujets qu’il a choisis. […] Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les Ordres du Roi, soit par la nécessité des affaires de la Troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application, et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses Pièces.

131. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Je crois, pour ma part, que deux ou trois de ces ouvrages ont la plus haute valeur comme œuvres du génie, mais que pas un seul n’a la moindre valeur scientifique. […] J’ai reçu dans mon âme des impressions, des images… Faust est un ouvrage de fou467. » On fera toujours des théories insignifiantes, comme on fera des poèmes médiocres.

132. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [78, p. 118-119] »

Molière, plein de cet ouvrage qu’il méditait, se trouva un jour chez le nonce du pape267, avec plusieurs personnes, dont un marchand de truffes vint par hasard animer les physionomies béates268 et contrites269.

133. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

La fortune qu’il fit par le succès de ses ouvrages, le mit en état de n’avoir rien de plus à souhaiter ; ce qu’il retirait du théâtre avec ce qu’il avait placé, allait à 30000 livres de rente, somme qui en ce temps-là faisait presque le double de la valeur réelle de pareille somme d’aujourd’hui. […] C’était, dit Voltaire, l’ouvrage d’un sage qui écrivit pour les hommes éclairés, et il fallut que le sage se déguisât en farceur pour à la multitude ».

134. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

« On se moquait à la cour, dit madame de Caylus, de ces sociétés de gens oisifs, uniquement occupés à développer un sentiment et à juger d’un ouvrage d’esprit. […] Aux noms de La Rochefoucauld, du cardinal de Retz, de Francas et des femmes de leur société, je me hâte de dire que Molière et Despréaux, si follement accusés de diriger leurs traits satiriques contre elle, s’empressaient de lire leurs ouvrages.

135. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

  Cette piece ne réussit point ; & on le croira sans peine, pour peu qu’on réfléchisse sur le fond du sujet & la nature des incidents, même sur le genre de l’ouvrage. […] Ramassons maintenant les traits les plus frappants de la piece italienne & de celle de Moliere : pesons leur juste valeur ; instruisons-nous dans l’art de l’imitation, en voyant ce que notre Poëte a bien ou mal imité ; & lorsqu’il sera au-dessous de l’original, un respect mal entendu ne nous empêchera pas de le dire, puisque l’Auteur s’est rendu lui-même justice sur son ouvrage. […] Quant à la belle scene qui est dans les deux ouvrages, la situation y est à-peu-près de la même force. […] Quoi qu’il en soit, Moliere n’en a pas moins tort : imiter n’est pas copier ; c’est accommoder un ouvrage étranger aux mœurs, aux usages, au goût de son pays : par conséquent Moliere devoit imiter l’Auteur Espagnol de façon à rendre sa piece aussi propre à son théâtre que l’Auteur Italien l’a rendu propre au sien.

136. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

De toutes celles qu’il a composées, celle-ci peut, sans contredit, nous donner les meilleures leçons sur l’art de l’imitation : ses défauts nous serviront mieux que les beautés des autres : ils nous apprendront, lorsque nous voudrons nous emparer d’un sujet étranger, à méditer sur les traits les plus frappants de l’ouvrage, à voir de quelle nature ils sont, si on ne les affoiblira pas en les transplantant, même s’ils ne déplairont pas hors de leur pays natal. […] Il est aussi peu surprenant que les mêmes choses aient charmé les Italiens, aussi romanesques, aussi superstitieux, aussi amoureux de merveilles que les Espagnols, mais plus bouffons ; aussi ont-ils ajouté un ridicule de plus à l’ouvrage, qui est le mélange de la morale avec la bouffonnerie. […] Il est vrai qu’il étoit plus excusable que les autres poëtes, en ce que sa troupe brillant particuliérement par les décorations & les superbes ornements, il lui auroit nui s’il eût écarté de son ouvrage le surnaturel, toujours favorable au jeu des machines. […] Il a senti que le sujet del Combidado de piedra ne pouvoit pas absolument être dénué de merveilleux : il a senti en même temps qu’il seroit possible d’en retrancher une partie pour dégager & laisser ressortir les traits fins, délicats, les scenes vraiment comiques, que Moliere avoit fondus dans son ouvrage, & qui sont écrasés par les choses surnaturelles.

137. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Celui qui entreprendrait cet ouvrage y rassemblerait tous les beaux préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien, de Lucien, de Longin et des autres célèbres auteurs. […] En ne prenant que la fleur de la plus pure antiquité, il ferait un ouvrage exquis et délicieux. » Le Jour du feuilleton. — L’École des femmes. — L’Épreuve nouvelle. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine. […] Il abandonne à ses ennemis ses ouvrages, sa figure, ses gestes, sa parole son ton de voix, sa façon de réciter, mais il demande en grâce qu’on lui laisse le reste ! […] Saint-Évremond, un bel esprit de cette famille des beaux esprits, disait souvent que les grands admirateurs étaient de sottes gens, et La Bruyère, qui se plaignait, puisque les grands sujets lui étaient défendus, d’être forcé de faire la satire des ouvrages de l’esprit, indique à merveille les limites de la critique : « Il ne faut pas, dit-il, mettre un ridicule où il n’y en a point, c’est se gâter le goût, c’est corrompre son jugement et celui des autres.

138. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Plusieurs ouvrages sont complètement terminés : Malherbe, Corneille, Racine, Mme de Sévigné, La Bruyère ; d’autres sont en voie de publication et se complètent chaque jour : le Cardinal de Retz et Molière. […] Espérons qu’on se relâchera un peu de la sévérité actuelle que, lorsque les ouvrages aujourd’hui commencés approcheront du terme, on ne craindra plus d’entreprendre quelque chose de nouveau. […] Si on avait pu prévoir que Tartuffe était une étape dans la voie de la sécularisation sociale, ce n’est pas la représentation qui eût été interdite, c’eût été l’ouvrage lui-même qui eût été brûlé et supprimé. […] secrètes ; nous y avons touché incidemment dans les pages précédentes ; mais comme la même question se reproduira au sujet de Don Juan, nous l’ajournons pour la traiter à fond après l’examen de ce second ouvrage. […] Molière s’est donc montré libre et hardi dans ces deux ouvrages, mais, encore une fois, de cette hardiesse qui est le propre du génie dramatique.

139. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.

140. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [58, p. 95-96] »

Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami :   En vain mille jaloux esprits,   Molière, osent avec mépris   Censurer ton plus bel ouvrage :   Sa charmante naïveté,   S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité.

141. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

De loin on apperçoit un portail magnifique ; De près l’ordre est Toscan, & l’ouvrage rustique : Ce portail donne entrée en une grande cour, Ceinte de grands ormeaux, & d’un ruisseau qui court. […] Un Roi, aussi grand par lui-même que par son rang, a dit dans ses ouvrages, qu’il aimeroit mieux se voir jouer dans une comédie bien faite & dans le bon genre, que d’assister seulement à l’une de nos pieces modernes. […] La raison en est toute simple ; la voici : ce qu’on appelle filles à Paris, est continuellement à l’affût pour saisir le ton, les grimaces, les propos des petites-maîtresses du haut rang, & s’empare bien vîte des expressions qui leur sont familieres, & de leurs mots favoris : celles-ci, indignées contre ces filles pour plus d’une raison, les leur abandonnent, & en créent de nouveaux : par conséquent, un ouvrage qui a aujourd’hui le prétendu ton de la bonne compagnie, & qui fait croire que celui qui l’a composé en est l’ornement & l’aigle, aura dans six mois le ton de la plus mauvaise, & fera soupçonner que l’Auteur n’en fréquente pas d’autre.

142. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût, tant il est difficile : Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit ; Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer & de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrages du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens : Aux conversations même il trouve à reprendre ; Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre, Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit. […] Je connois très bien les beautés inestimables de cette piece ; & s’il étoit question d’en faire l’éloge, je saurois peut-être dire avec emphase, comme tout autre, qu’elle est l’ouvrage le plus parfait de tous les Théâtres ; que Moliere a eu pour objet la critique universelle du genre humain ; qu’on ne perd jamais de vue le Misanthrope, & qu’il est le centre d’où partent les rayons de lumiere qui éclairent tous les autres personnages : mais je parle à des jeunes gens, & je dois les exhorter à ne pas se laisser éblouir par un ouvrage qui cache continuellement, sous les plus grandes beautés, les défauts de la grande machine.

143. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Mais comme, dans ce siecle charmant, tout est soumis au tribunal des Dames, qu’elles font sur-tout le sort des ouvrages de génie, & qu’il importe beaucoup à la république des lettres que le plus grand nombre ait des idées vraies, justes & dignes de ce goût fin, délicat & naturel que le beau sexe a reçu en partage, je me contenterai de faire remarquer aux Dames qui seront en ceci d’un avis contraire au mien, qu’il faut bien moins d’adresse pour présider à la parure d’une femme jeune & jolie, qu’à celle d’une vieille : & elles se récrieront, sur-tout si elles sont parées des fleurs de la beauté & de la jeunesse ; il a raison : Madame une telle, par exemple, est un sujet ingrat, que l’art de trois Marthons des mieux stylées ne sauroit embellir ; elle est toujours d’une laideur amere : si ! […] On a comparé les ouvrages dénués de vraisemblance, quelque brillants qu’ils paroissent d’abord, à ces nuages qui, vus de loin, imitent une longue chaîne de hautes montagnes, & ne sont de près qu’un amas de vapeurs.

144. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Mademoiselle affectionnait particulièrement madame de Montausier, et le désir de mériter son estime, comme femme spirituelle, est entré pour beaucoup dans le motif qui l’a déterminée à composer son petit ouvrage. […] Segrais, âgé de vingt-six à trente-six ans, était son secrétaire, sous le titre de son gentilhomme ordinaire, il paraît qu’il a revu les écrits de la princesse, sans en avoir fait néanmoins disparaître les imperfections et les négligences qui caractérisent d’ordinaire les ouvrages venant de si haut.

145. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [36, p. 64-67] »

Ménage lui-même reconnaît dans une de ses lettres qu’il est le Vadius de cette pièce, et quant à Cotin, il était difficile de le désigner mieux que par un de ses ouvrages.

146. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

L’expérience ne nous l’a que trop appris ; car lorsqu’il fait tant que de travailler, ce qui lui arrive assez rarement, son ouvrage sent si fort la politique, que nous sommes obligés de le refondre. […] Fort bien, Monsieur : mais si je me donne à la lecture, je négligerai mon ouvrage.... d’ailleurs je suis trop grand pour retourner à l’école.

147. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène1, est connu dans la république des lettres par une Histoire des révolutions de la ville et du royaume de Naples 2, où lui-même avait joué un très grand rôle, en sorte que cet ouvrage a l’intérêt qu’excite toujours un auteur qui parle des événements dont il a été le témoin, et auxquels il a pris part. […] Auger n’a pas cru devoir les examiner dans l’article Molière qu’il a composé pour ce même ouvrage ; mais il n’a sans doute qu’ajourné la question ; il pourra s’en occuper dans son édition des Œuvres de cet auteur, qui s’est rendu si intéressant dans les moindres détails de sa vie privée, et pour la postérité la plus reculée.

/ 264