Nos premiers Peres crurent faire une œuvre pie en renouvellant sous les yeux du spectateur la Nativité de notre Seigneur 19.
Comme dans cette vie de Molière on ne s’est point étendu sur les pièces de théâtre de cet illustre comique, on y suppléera par le tableau suivant, où l’on verra d’un seul coup d’œil, la date de la première représentation de chaque pièce, et le jugement qu’on en doit porter120.
« Considérez comme il la conduit avec les yeux.
Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse, sans en pouvoir triompher ?
quoiqu’elle répande assez d’eau par les yeux, à ce qu’elle dit elle-même. […] Moliere l’a si bien senti, qu’il n’a osé mettre qu’en récit, ou dans l’avant-scene, une infinité de choses que les Espagnols & les Italiens mettent hardiment sous les yeux du spectateur, qui sont réellement faites pour lui plaire, & qui nous paroîtroient encore plus monstrueuses que le reste de la piece.
Ils le conjurèrent, les larmes aux yeux, de ne point jouer ce jour-là, et de prendre du repos pour se remettre. […] La Thorillière était grand et fort bel homme ; il avait les yeux extrêmement beaux, et jouait admirablement bien les rôles de rois et de paysans. […] Je tiens ce fait d’une personne contemporaine qui m’a assuré l’avoir vu de ses propres yeux. »(Vie de Molière, écrite en 1724). […] « Elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Leurs regards ne sont pas dissipés, leurs yeux ne parcourent pas les loges.
Un œil crevé !
Jetant les yeux sur son maître évanoui dans les bras de la jolie villageoise, il dit : “Si je retombe dans la mer, je souhaite de me sauver sur une barque pareille.”
Je me consume de chagrins et de veilles, je sèche à vue d’œil, et j’ai des vapeurs mélancoliques. » Cette lettre fournit matière à réflexion.
Je tiens ce fait d’une personne contemporaine qui m’a assuré l’avoir vû de ses propres yeux. […] Des gens prenoient plaisir à troubler son repos & ouvrir ses yeux malgré lui. […] Moliere, sans s’émouvoir, dit à son domestique de lui ôter cette femme-là, Elle passa tout d’un coup de l’emportement à la douleur ; les pistolets lui tomberent des mains, & elle se jetta aux pieds de Moliere, le conjurant les larmes aux yeux, de lui rendre son Acteur ; & lui exposant la misere où elle alloit être reduite, elle & toute sa famille, s’il le retenoit. […] voila qui est fait, mon cher ami, je vais entierement me mettre en regle, répondit Chapelle la larme à l’œil, tant il étoit touché ; je suis charmé de vos raisons, elles sont excellentes, & je me fais un plaisir de les entendre ; redites-les moi, je vous en conjure, afin qu’elles me fassent plus d’impression. […] Ils le conjurerent, les larmes aux yeux, de ne point joüer ce jour-là, & de prendre du repos, pour se remettre.
Ceux de cette derniere espece ont besoin de beaucoup plus d’adresse que tous ceux dont j’ai parlé jusqu’ici, parceque les yeux & les oreilles peuvent plus aisément déceler les acteurs qui les font.
Votre front à mes yeux montre peu d’alégresse.
Si le héros ouvre seul la scene, il faut qu’il expose lui-même son caractere ; ce qui n’est pas facile, parcequ’un homme, ne connoissant point ordinairement ses défauts, ses ridicules, ses vices, ou les voyant d’un œil indulgent, risque de ne pas se peindre avec toute la fidélité nécessaire en pareil cas, ou, ce qui est encore pis, de ne toucher presque point à son portrait qui est essentiel, & de faire celui de tout ce qui l’entoure, & qui nous intéresse moins.
L’acteur chargé de réciter le prologue indiquait ordinairement aux spectateurs la ville et les monuments qu’ils avaient devant leurs yeux : « Cette cité pour aujourd’hui sera Ferrare, et ce fleuve que vous apercevez sera le célèbre Pô.
Diderot dit, dans ses réflexions sur la Poésie dramatique, page 11 : « Que quelqu’un se propose de mettre sur la scene la condition de Juge ; qu’il intrigue son sujet d’une maniere aussi intéressante qu’il le comporte & que je le conçois ; que l’homme y soit forcé par les fonctions de son état, ou de manquer à la dignité & à la sainteté de son ministere, & de se déshonorer aux yeux des autres & des siens, ou de s’immoler lui-même dans ses passions, ses goûts, sa fortune, sa naissance, sa femme, ses enfants ; & l’on prononcera après, si l’on veut, que le Drame honnête & sérieux est sans chaleur, sans couleur & sans force ».
Il faut jetter les yeux sur quelqu’un qui porte l’argent destiné à la délivrance de la musicienne ; car pour vous, Monsieur, il n’est ni nécessaire ni à propos que vous vous donniez cette peine. . . . . .
Comment, ma fille, dit alors la mere, avec des yeux étincelants de colere, des infamies de cette nature doivent-elles se pardonner ?
Il les disposoit & les colloit les unes auprès des autres, selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivoit même de changer l’expression des têtes qui ne convenoient pas à son idée, en supprimant les yeux, la bouche, le nez & les autres parties du visage, & y en substituant d’autres qui étoient propres à exprimer la passion qu’il vouloit peindre : tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour l’effet qu’il en attendoit.