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16. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Sans doute de grands malheurs ont nécessité de grands sacrifices, car la fortune publique est livrée à des parvenus grossiers ; des laquais enrichis foulent aux pieds toutes les lois de l’honneur ; l’honnêteté, la pudeur sont bravées ; la vertu n’est plus qu’un vain mot !!! […] Lorsque tous les rangs se mêlent, lorsque toutes les distinctions s’effacent, on doit bientôt parler d’égalité, de loi naturelle ; aussi, en suivant les comédies du temps, voyons-nous des imaginations exaltées rêver, dans un siècle corrompu, les perfections chimériques de l’âge d’or.

17. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

L’un d’eux, s’avançant à la tête, chanta fièrement ces paroles : » Arrêtez, c’est trop entreprendre : Un autre dieu, dont nous suivons les lois, S’oppose à cet honneur qu’à l’Amour osent rendre Vos musettes et vos voix. […] que sur notre cœur La sévère loi de l’honneur Prend un cruel empire ! […] Les Lois, liv.

18. (1910) Rousseau contre Molière

Les lois et la justice ! […] A se guinder jusqu’à la satire, elle se dénature ; à prendre le rôle de la religion, elle est bien ambitieuse ; et là où seule la loi peut avoir effet, que vient-elle faire ? […] Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. […] Qu’importe qu’elle manque aux lois de Vaugelas, Pourvu qu’à la cuisine elle ne manque pas ? […] Ce n’est pas ici la loi de l’amour, j’en conviens, mais c’est celle de la nature, antérieure à l’amour même ».

19. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Ils sont enfin passés et ne reviendront plus Ces temps où, du pouvoir un instant revêtus, Les délateurs, sur nous lançant leur blasphème, Avec tant de succès proféraient ce blasphème : Qui méprise Cotin n’estime point son Roi ; Et n’a, selon Cotin, ni Dieu ni ni foi, ni loi. […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux.

20. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Elle a embrassé en France toutes les connaissances humaines ; elle a rangé sous ses lois les sciences et les savants ; et dans les occasions où ceux-ci n’ont pu avoir les femmes pour interlocuteurs, ils ont voulu les avoir pour témoins de leurs discussions12. […] Et qui ne sait par cœur ces autres vers de la même pièce, La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, ………………………………………………… Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre                Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre                N’en défend pas nos rois ?

21. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

La Fronde, en se dégageant des lois, s’était aussi dégagée des bienséances : ces écarts se suivent inévitablement. […] Elle donne force à la loi, à la foi, au roi, à cet autre mot qui est l’abrégé de toutes nos pensées, le mot moi ; enfin elle donne sa force à la voix. […] Tels sont les vers de César au sénat : Un bruit trop confirmé se répand sur la terre Qu’en vain Rome aux Persans ose faire la guerre ; Qu’un roi seul peut les vaincre et leur donner la loi. […] Le roi sauva le Valois, quoique le François, né Gaulois, fût sacrifié à Francès italien, La loi échappa aussi, parce qu’à la cour on n’en parlait pas ; la foi fut sauvée, parce qu’elle était un mot de ralliement dans ces temps de guerre intestine.

22. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Certes, s’ils se bornaient à railler ces esprits positifs et raisonneurs, qui, avec le calme sourire du bon sens triomphant, demandent à la poésie une fin pratique en dehors d’elle-même ou l’exposition logique d’une idée claire, renvoyant aux Petites-Maisons les Aristophane et les Shakespeare ; s’ils se bornaient comme Goethe à dire à ces sages : Vous oubliez que l’imagination a ses lois propres auxquelles la raison ne peut pas et ne doit pas toucher, que la fantaisie a la puissance et le droit d’enfanter des créations destinées à rester, pour la raison, des problèmes éternels, et qu’une production poétique est d’autant plus haute, plus large et plus profonde qu’elle échappe davantage à la mesure et à la portée de l’intelligence commune ; s’ils se bornaient à cela, certes il faudrait les remercier. […] Il découvrira que cette loi essentielle du genre est violée ; qu’Arnolphe n’est comique qu’objectivement et pour autrui, qu’il se prend lui-même trop au sérieux, qu’il met à poursuivre son but une âpreté de volonté tout à fait incompatible avec la gaieté comique, et que, par suite, quand finalement il échoue, loin de pouvoir rire, comme les autres, libre et satisfait, il reste l’objet piteux et déconfit d’un rire étranger306. […] Non contente de mépriser ces poêles, elle exigeait, dans l’intolérance de sa passion, que ce mépris fût universel, et semblait le regarder vraiment comme aussi nécessaire qu’une des lois qui régissent le monde. […] Chacune d’elles naît accompagnée de mille autres, dont la moindre l’altère entièrement ; les exceptions s’accumulent sur les exceptions, et réduisent la prétendue loi fondamentale à n’être plus que l’expérience de quelques cas particuliers320 ». […] On vante avec raison les ouvrages des anciens comme des modèles ; les auteurs en sont appelés classiques et forment, parmi les écrivains, comme une noblesse dont les exemples sont des lois pour peuple.

23. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Tragédies et comédies sont régies par la loi unique de l’art, la loi unique de la vie humaine ; la forme diffère, l’essence est une.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Aimons-nous toujours sans partage,  Que l’amour soit notre loi.

25. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Unité de lieu Loi bête, imposée par un public bête, et qui heureusement se contente des plus grossières apparences. […] RECONSTITUÉS EN VERTU DE LÀ LOI DU 12 FÉVRIER 1S72 1er ARRONDISSEMENT DE PARIS. […] Admis par la Commission, (loi du février 1872) le membre delà Commission, signé Lorget. […] Les préjugés, ami, sont une loi du vulgaire, est une chose fort vraie, mais dans un autre sens que celui de Voltaire ; et le plus grand tort des philosophes. […] Armande Par nos lois, prose et vers, tout nous sera soumis : Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.

26. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Ô divine, ô charmante loi ! […] De même que l’auteur des Pensées repousse tous les divertissements, tout ce qui détourne et amuse, et que de vive force il ramène l’homme en présence des réalités redoutables de la mort et de l’éternité, de même Alceste condamne tous les ménagements et ne connaît d’autre loi que la loi de la sincérité, en tout et partout.

27. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Telle est la loi de son théâtre : est-il un code plus beau ? […] En s’égayant des malheurs qui arrivent aux époux mal avisés, il était dans son droit comique ; il a suivi les lois de son art; il a servi le sens commun. […] C’est la loi de la guerre: il ne fait que se défendre contre eux. […] Il est certain que presque toutes les veuves se remarient ; seulement au lieu de cinq jours comme Pétrone, la loi sage et prévoyante a exigé une année. […] S’il ne se rapproche guère dans ce travail du genre du Misanthrope, c’est qu’on ne représente pas un satyre comme un Hercule, et qu’il a suivi les lois de son art.

28. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Préliminaires S’il est un fait établi par les lois les plus constantes de l’histoire, c’est que les grands poètes et les grands artistes n’ont pas été en leur temps des accidents fortuits, des phénomènes isolés.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Il y a dans ce pays une loi & une justice, & je vous ferai danser tant que j’aurai un sou dans ma bourse. […] Qu’il doit absolument m’imposer cette loi ? […] Dites-lui que vous avez été forcé malgré vous par la loi, & par la sentence qui a été rendue. […] On lui dit qu’il a été forcé par la loi, parcequ’on lui a prouvé qu’il étoit le plus proche parent de Phanie.

30. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il est plus naturel de penser qu’il s’y rendit sans peine, et qu’il n’eut l’air de s’en défendre que pour ne pas compromettre la délicatesse de son goût ; et, si dans le fait il avait peu de penchant pour un genre indigne de ses hautes conceptions comiques et de la pureté de son école, il n’était pas fâché de traduire sur la scène le libertin effronté qui se joue de toutes les lois divines et humaines, avant d’y exposer le libertin hypocrite qui invoque sans cesse le ciel pour satisfaire les plus honteuses passions. […] À la prière de Louis XIV, le légat avait lu attentivement la comédie du Tartuffe, et ce prélat avait pensé qu’elle ne blessait en rien ni les lois de Dieu, ni les lois de l’église ; mais le sentiment qu’il en porta fut loin d’éteindre les fureurs de la cabale, elles se tournèrent contre lui-même ; et, ainsi que nous avons vu quelquefois les hypocrites de royalisme se faire plus monarchistes que le monarque, les hypocrites de religion se montrèrent alors plus religieux que l’envoyé du pape. […] Les arrêts de Boileau faisaient loi au Parnasse ; et la seule autorité de sa raison suffisait pour mettre au néant cette nuée de méchants rimeurs, véritables insectes qui bourdonnent autour du talent, et qui réussissent trop souvent à le décourager. […] Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude Ils sont passés ces jours d’injustice et de fraude, Où, doublement perfide, un calomniateur Ravissait à la fois et la vie et l’honneur ; Celui-ci, ne pouvant, au gré de son envie, Prouver que votre ami trahissait la patrie, Et vous traiter vous-même en criminel d’état, S’est fait connaître à fond pour un franc scélérat : Le monstre veut vous perdre ; et sa coupable audace Sous le glaive des lois l’enchaîne à votre place.

31. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Que les hautes intelligences apparaissent à l’orient ou à l’occident, n’importe, les idées n’ont point de patrie : Télémaque et l’Esprit des Lois appartiennent à la France par la langue ; ils appartiennent au monde par le bien qu’ils ont fait au monde, et Dieu a voulu que les fruits de la vertu et du génie fussent le patrimoine de l’humanité. […] Alors, par droit divin, les princes de la terre Avaient aux yeux du peuple un sacré caractère ; La volonté d’un seul était l’unique loi ; Tout, jusqu’au goût public, suivait le goût du roi. […] Deux siècles ont passé ; ses œuvres immortelles Semblent, après ce temps, plus jeunes et plus belles ; Dans l’art qu’il a créé toujours original, Chez aucun peuple encor il n’a trouvé d’égal ; Par ses rivaux vaincus sa gloire est confirmée : Chacun de leurs efforts accroît sa renommée ; Tout a changé, les lois, les usages, le goût ; Il peignit la nature et survécut à tout !

32. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Elle va plus loin, et comme Frosine qui voulait faire épouser l’Adriatique au Grand Turc, elle veut marier sa sœur à la philosophie Qui donne à la raison l’empire souverain, Soumettant à ses lois la partie animale, Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale (33). […] Voilà tous les sensualistes bien flattés, à coup sûr, de posséder un tel défenseur, et tout prêts à applaudir, sans doute, quand, à propos de sa domestique, il s’écrie avec une si profonde tristesse : Qu’importe qu’elle manque aux lois de Vaugelas, Pourvu qu’à la cuisine elle ne manque pas ? […] Gassendi rejetait l’opinion de Copernic sur le mouvement de la terre, et s’exprimait peu clairement sur la loi de l’inertie.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Non, je n’aspire plus qu’à triompher de moi : Du respect, de l’amour je veux suivre la loi.

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