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147. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Il a peint par des traits forts presque tout ce que nous avons de déréglé et de ridicule. […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré, et par ses traits les plus vifs, pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable.

148. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il a peint par des traits forts, tout ce que nous voyons de déréglé et de ridicule. […] Elle le méprise si fort, qu’au besoin elle lui présenterait, comme son amant, M.  […] Est-ce le chagrin qui a si fort irrité son cœur ? […] Notre débutant était un jeune homme à tête ronde ; il était fort intelligent et ne disait pas mal les vers de Molière ! […] — Fort peu d’argent, trente mines !

149. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Mais les voici l’un & l’autre fort à propos. […] Un homme à bonne fortune de quarante ans, à l’aide de deux ou trois années qu’il se dérobe, d’une parure très soignée à laquelle il s’efforce de donner un air négligé, d’un étalage outré de grands sentiments, d’une délicatesse affectée, & d’un air fort discret, brille ordinairement chez les femmes qui ont été très souvent les victimes des jeunes étourdis, qui craignent de paroître trop âgées auprès d’eux, ou qui veulent feindre de donner dans la réforme. […] On sait que tout humain pense différemment là-dessus, non seulement selon son âge, son sexe, son éducation, mais encore selon la trempe plus ou moins forte de son esprit.

150. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Je lui répondis là-dessus que j’avois peine à croire qu’une aussi belle piece que celle-là, en cinq actes, & dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps : il me répliqua que cela paroissoit incroyable ; mais que tout ce qu’il venoit de me dire étoit très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité ». […] Parfait, qui rapportent cette lettre, ajoutent : « Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance, que ce seroit abuser de la patience du Lecteur que d’en donner la réfutation : aussi nous ne l’avons employé que pour prévenir des personnes qui, trouvant ce passage dans le volume que nous venons de citer, pourroient l’altérer dans leur récit, & donner le change à un certain Public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes ».

151. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Il satisfit fort le Public sur tout par les Pièces de sa Composition, qui étant d’un genre tout nouveau attirèrent une grande affluence de Spectateurs. […] Il attaqua encore les mauvais Médecins par deux Pièces fort Comiques, dont l’un est le Médecin malgré lui, et l’autre le Malade imaginaire.

152. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ne nous amusons pas à dissiper des nuages dans un ciel serein ; c’est du temps perdu, ou plutôt fort mal employé. […] On y trouve de fortes études psychologiques et des sentences bonnes à noter dans un recueil de pensées choisies. […] Le plan de son Avare est tout différent, et c’est une machine fort compliquée. […] Il y a de fort belles sentences dans Le Misanthrope. […] Sa critique est fort juste, mais ses idées générales sur les rapports de la morale et de la comédie sont entièrement fausses.

153. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il ne manque, à la débauche de ces vieillards de vingt ans, que de boire de l’eau forte. […] En revanche, s’il n’y a pas d’esprits forts, il y a les hommes forts, il y a les disciples de Danton, de Robespierre, de Marat, d’honnêtes sans-culottes, bien vêtus qui ne voudraient pas tuer une mouche, et qui désirent, tout haut, que le genre humain n’ait qu’une tête… Oui, Suzon soyez-en sûre, ils couperaient la tête du genre humain ! D’où il suit qu’il est fort nécessaire de tenir compte aux anciens de leur comédie, et des difficultés qu’elle a rencontrée, en songeant aux difficultés de la comédie aux siècles à venir ! […] À plus forte raison faut-il nécessairement que la nouvelle comédie aujourd’hui, soit demain une vieille comédie ! […] Elle a été si longtemps ce qu’on appelle une jeune femme, qu’elle se moquait bien fort du calendrier auquel on l’attachait.

154. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

était alors nécessaire pour rouvrir la scène à un aussi charmant ouvrage ; mais on conviendra que l’œuvre diplomatique et toute de circonstance accomplie par Thomas Corneille s’est maintenue fort au-delà du besoin. […] Il est fort douteux que Molière ait jamais lu Tirso de Molina. […] Et encore en a-t-il usé fort librement avec la statue du commandeur. […] Cette partie du titre ne se trouve pas dans toutes les éditions ; je le donne d’après une fort ancienne que j’ai sous les yeux.

155. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Arlequin est fort surpris de trouver deux instruments au lieu d’un : “Comment diable, dit-il, je crois que ma guitare est accouchée !” […] L’esprit de Dominique, tel qu’il nous apparaît dans ses canevas, n’est pas des plus fins, et nous doutons fort, malgré le dire de Saint-Simon, qu’il le recueillît à la bibliothèque de Saint-Victor. […] Scaramouche prend la fuite ; il reparaît ensuite couvert d’une peau d’ours et moralise en disant que qui veut vaincre ses passions doit fuir l’occasion, conclusion édifiante sans doute d’une scène qui l’est fort peu53. Tout le monde a dans la mémoire la réflexion par laquelle Molière termine la préface du Tartuffe : « Huit jours après que ma comédie eut été défendue, on représenta devant la cour une pièce intitulée Scaramouche ermite, et le roi, en sortant, dit au grand prince que je veux dire (Condé) : “Je voudrais bien savoir pourquoi les gens qui se scandalisent si fort de la comédie de Molière ne disent mot de celle de Scaramouche” ; à quoi le prince répondit : “La raison de cela, c’est que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces messieurs-là ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes : c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir.” » Les situations de Scaramouche ermite étaient d’une extrême indécence.

156. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Molière, qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, résista autant qu’il put; mais, comme il était alors dans une de ces plénitudes de cœur si connues par les gens qui ont aimé, il céda à l’envie de se soulager, et avoua de bonne foi à son ami, que la manière dont il était obligé d’en user avec sa femme était la cause de l’accablement où il le trouvait. […] J’étais persuadé qu’il y avait fort peu de femmes qui méritassent un attachement sincère; que l’intérêt, l’ambition et la vanité font le nœud de toutes leurs intrigues. […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur : mon idée en est si fort occupée que je ne sais rien, en son absence, qui me puisse divertir.

157. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Yes… C’était moi qui faisais le Dandin… La pièce elle était fort à la mode, et ils avaient ri beaucoup de moi. […] Monsieur, c’est fort incertain.

158. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Moliere avoit été fort estimé du roi. […] Ci gist qui parut sur la scène Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal ; Qui voulant de la mort, ainsi que de la vie, Etre l’imitateur dans une comedie, Pour trop bien réussir, y réussit fort mal : Car la mort en étant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original.

159. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Mais figurez-vous ce titre si plein de promesses, ayant échappé à Molière par hasard et tombant tout vierge entre les mains d’un de nos auteurs dramatiques actuels : je ne parle pas, bien entendu, du premier venu, mais d’un fort, d’un très fort, du plus fort, si vous voulez, de celui qui soutient le plus terriblement les thèses les plus formidables... […] Parce que, enfin, sous la provocante toilette de la forme, derrière le mot qui ose, le trait qui porte, la saillie qui éclate et flambe, il y a le fond : une action forte, comprise largement, étudiée puissamment, conduite selon l’art approfondi du théâtre, selon la science exacte de la vie... […] » mais je ne le trouve pas assez fort.

160. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

À plus forte raison a-t-on fait cette enquête pour ceux qui sont plus voisins de nous, plus accessibles, pour ainsi dire, et qui passeront pour nos contemporains, quand les siècles futurs les apercevront à la même distance d’où nous autres nous voyons Homère. […] L’action dramatique ne paraît pas avoir été très naturelle à l’esprit français qui a toujours été fort enclin aux discours.

161. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Sans doute, et c’est un malheur fort ordinaire dans la société, au milieu des esprits élégants et délicats que rassemblait l’hôtel de Rambouillet, se trouvèrent des copies chargées et ridicules qui présentaient des affectations mensongères et hypocrites à la place des nobles délicatesses de leurs modèles. […] Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.

162. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Elle fut fort aimée du duc de Saint-Aignan, et sa correspondance avec Bussy-Rabutin la placée au rang des bons épistolaires de ce temps-là. […] Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33.

163. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Car cet engagement mutuel de leur foi N’eut pour témoin, la nuit, que deux autres & moi ; Et l’on croit jusqu’ici la chaîne fort secrete, Qui rend de nos amants la flamme satisfaite. […] Je ne m’engage point, à vous servir, Valere, Si vous ne m’assurez au moins, absolument, Que vous avez pour moi le même sentiment ; Que pareille chaleur d’amitié vous transporte, Et que si j’étois fille, une flamme plus forte N’outrageroit point celle où je vivrois pour vous. […] & quel bourru transport Contre vos propres vœux vous fait roidir si fort ?

164. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

De sorte que la prétendue maladie & les dettes de M. de Pourceaugnac déterminent très fort le beau-pere à ne pas faire le mariage. […] Sbrigani feint d’être surpris ; & après s’être beaucoup fait prier, & avoir consulté fort long-temps une bague que Pourceaugnac lui donne pour l’engager à dire la vérité, il lui avoue que Julie est une coquette achevée ; ce qui dégoûte le prétendu, parcequ’on aime à aller le front levé dans la famille des Pourceaugnac. […] Un tel procédé touche si fort Oronte, qu’il propose sa fille à Eraste, en augmentant sa dot de dix mille écus.

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