/ 265
201. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

  La position d’un amant qui trouve un rival dans son pere est bien plus embarrassante pour lui, & bien plus comique pour le spectateur, que celle de Célio, puisqu’il ne doit rien à son concurrent, & qu’il peut le débusquer avec plus de facilité. […]   Il ne sera pas besoin d’une grande éloquence pour prouver qu’il est bien plus comique d’entendre un pere exhorter l’époux secret de sa fille à lui continuer ses leçons, que de voir un maître de maison prier son commis de montrer la politesse à un domestique. […]   Riccoboni, qui rapporte cette imitation, loue Moliere d’avoir écarté du comique de la liste, l’outré & l’extravagant que l’Auteur Italien y avoit mis. […]   Harpagon, dans les détails & les apprêts de ses deux repas, est plus comique qu’Euclion ; mais celui-ci n’achetant ni viande ni poisson, parceque l’un & l’autre sont trop chers, me paroît plus avare.

202. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

Il déclama quelques scènes détachées, sérieuses et comiques, devant Molière, qui fut surpris de l’art avec lequel ce jeune homme faisait sentir les endroits touchants.

203. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Point de contraste d’intérêt à intérêt, point de contraste de situation avec le caractere ; par conséquent point de comique, point de trait saillant. […] Les Auteurs Comiques tombent quelquefois dans une faute bien plus grande que celle de ne pas faire briller un principal caractere par le secours du second personnage qui lui est opposé.

204. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Le plus comique est celui-ci. […] Le puits cependant pouvant se trouver très naturellement devant la maison d’un paysan, m’a toujours paru aussi commode pour faire aller la machine comique, & sur-tout beaucoup plus propre à l’illusion.

205. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Mais si dans la scene du Dépit amoureux, le plaisant consiste à voir Eraste & Lucile, déja brouillés, protester de ne se parler plus, déchirer mutuellement leurs lettres, se rendre les petits présents qu’ils se sont faits, & se raccommoder tout-de-suite ; celle du Tartufe tire son comique d’une autre scene. […] Il semble donc que Moliere n’ait pas eu grand mérite à mettre le roman en action ; maintenant que nous voyons la copie, il nous paroît qu’elle étoit très facile, & que le Comique le moins accoutumé à faire parler des acteurs s’en seroit aussi bien acquitté. […] Tel sait orner ses romans, ses contes, ses histoires, de traits, de situations, de caracteres comiques, qui les affoibliroit lui-même en les transportant sur le théâtre.

206. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

Elle est imitée d’un entretien comique en six entrées, dialogué en 1656 par M.

207. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Les Auteurs doivent s’ingénier jusqu’à ce que les caleches de nos Dames puissent fournir au comique autant de richesses que les mantes Italiennes ou Espagnoles.

208. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

D’ailleurs la gloire d’un comique y gagne considérablement.

209. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Si Moliere fait des fanatiques, il peut s’en passer ; & la même sincérité qui m’a fait marquer les imperfections que j’ai cru voir dans quelques-uns de ses ouvrages, me fait donner ici la préférence à l’imitation de Rousseau sur celle de notre comique.

210. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Florent Carton d’Ancourt, Auteur Comique & Comédien François. […] D’Ancourt rendoit très bien les rôles du haut comique & mal les tragiques.

211. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Cet enseignement, qui devient sérieux presque jusqu’au tragique, se retrouve tout comique, mais non moins formel, dans le dévouement de Mme Jourdain pour son fou de mari515 ; et certes c’est elle, si peu gracieuse qu’elle soit, qui a le beau rôle, quand elle dit à la belle marquise Dorimène, qu’elle trouve en partie fine chez son mari : « Pour une grande dame, cela n’est ni beau ni honnête à vous, de mettre de la dissension dans un ménage, et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous516. »   Il n’y a pas à hésiter sur l’opinion ni sur l’influence de Molière en fait de mariage : le mariage est une chose sainte à laquelle sont obligés les honnêtes gens qui s’aiment ; c’est un lien honnête : — Mais doux ?  […] Les escapades des maris sont traitées comme elles le méritent dans le tableau comique des amours du Bourgeois gentilhomme pour sa belle marquise ; et le Tartuffe restera toujours la peinture la plus crûment vraie, c’est-à-dire la condamnation la plus absolue de l’adultère.

212. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

C’est là l’idée terrible et profonde que le grand comique philosophe a su couvrir, sans la cacher, de toutes les fleurs de sa sérieuse gaieté. […] A la manière indépendante et hardie dont notre grand comique a pris possession de cette fable, à voir comme il domine et manie en maître ce nouveau genre de drame, on n’aperçoit pas la moindre trace, soit de dégoût, soit de contrainte.

213. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Des budgets avec l’appoint, Du comique à coup de poing : C’est ce qu’on ne trouve point Chez monsieur Molière.

214. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Pendant que sa verve se répandait ainsi en un rire sans fin, la tristesse de son cœur allait croissant avec la gaieté de son génie ; le contraste entre le rire et les pleurs devint chaque jour plus intense jusqu’à celui où Molière, au sortir d’une représentation comique, tomba mourant dans les bras de deux religieuses qu’il avait comblées de ses bienfaits. » La vie de Molière, comme celle de Racine, se réfléchit dans son œuvre. […] Après avoir exposé ce que ces idées ont de sain et de bienfaisant, et après avoir justifié le poète comique d’avoir plaidé la cause de l’ignorance chez les femmes : « Je ne voudrais pas toutefois, ajoute-t-il, me charger de le justifier complètement. […] Bossuet, poète comique en même temps que Père de l’Eglise, s’il était possible de l’imaginer, aurait pu écrire le Tartufe, non sans s’attirer mille rancunes, mais sans donner prise au scandale.

215. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Ils poussoient la licence jusqu’à les nommer : mais comme le nom d’un personnage quel qu’il soit n’a rien d’assez piquant pour fournir le comique nécessaire à une comédie, il est indubitable que les Auteurs après avoir nommé leurs héros, représentoient leurs vices, ce qu’ils ne pouvoient faire sans peindre leur caractere.

216. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Molière vint : le talent du poète comique suppose une vive sympathie avec le sentiment général des ridicules, sans exclure, sans doute, l’appréciation du fond des choses, mais aussi sans y disposer.

217. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Et combien cette étrange situation est rendue plus piquante encore par le contraste, des scènes si comiques entre Cléanthis et Mercure sous la forme de Sosie, puis Sosie lui-même, cette prude et grondeuse Cléanthis à qui Mercure dit : La douceur d’une femme est tout ce qui me charme, Et ta vertu fait un vacarme Qui ne cesse de m’assommer. […] Ne vous semble-t-il pas, Messieurs, vous demanderai-je en terminant cet essai si imparfait, que j’étais du moins dans le vrai en disant tout d’abord que les divers portraits de femmes que nous a tracés ce grand peintre, qui se nomme Molière, prouvent que nul n’a mieux connu ni plus aimé ce sexe, qui, suivant l’expression de La Fontaine, fait notre joie ; ce sexe mobile qu’il faut encore aimer alors même qu’il nous désespère, et cela au dire de toutes ses victimes, aussi bien des plus nobles, comme le généreux Alceste, que des plus indignes, comme cet égoïste bourru d’Arnolphe, dont les plaintes impertinentes se terminent cependant par un trait qui restera éternellement vrai, sous sa forme d’un brutal comique : Tout le monde connaît leur imperfection, s’écrie-t-il, Ce n’est qu’extravagance et qu’indiscrétion, Leur esprit est méchant et leur âme est fragile.

218. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Sentant la vraie nature, plus intellectuelle que sociale, de la révolution occidentale, il s’efforça, sous l’impulsion cartésienne, de discréditer les métaphysiciens et de rectifier les médecins dont l’attitude devenait vicieuse, à mesure qu’ils perdaient la présidence scientifique1. » C’est la valeur positive d’une morale capable de flétrir les classes rétrogrades et de corriger les éléments progressifs, qu’il importe d’autant plus de mettre en lumière qu’elle ne se trouve guère formulée en de longs sermons, selon la fâcheuse tendance des auteurs comiques modernes, mais qu’elle ressort d’un ensemble de tableaux destinés à une action immédiate sur l’ensemble du public. Il importe évidemment de se garder de considérer l’auteur des Fourberies de Scapin comme un austère philosophe, mettant au service de quelque conception morale abstraite et a priori les intarissables ressources de sa verve et de son haut comique. […] C’est le plus souvent aux hommes, en tant que pères et époux, que Molière prescrit leur devoir (aussi exactement, bien entendu, qu’un auteur comique le peut faire) ; mais, aux hommes en général, il donne quelques sages conseils, sans distinction de caste ni de condition.

/ 265