Molière ne doit donc pas moins à Strapparole et à Scarron, que la fable et les principaux caractères, en un mot que la partie dramatique et la partie morale de sa comédie. On peut assurer cependant qu’il a peu de pièces où brille davantage le mérite de la véritable invention comique, et qu’il n’en a peut-être pas une seule dont l’exécution porte un caractère si marqué d’originalité. […] Sa femme, Marie Ragueneau, actrice assez estimée dans les caractères, était fort laide et cependant fort coquette. […] Du Parc contribua beaucoup au succès général de l’entreprise, mais particulièrement à celui du Dépit amoureux, seconde comédie de Molière, dans laquelle il jouait sous son nom de théâtre, et qu’il faut lire pour connaître le caractère du genre adopté par du Parc ; caractère soutenu, mais moins développé dans Le Cocu imaginaire. […] Mademoiselle Béjart avait un talent très remarquable et un caractère très difficile.
On peut aisément reconnaître les endroits du Cid imités de Guillén de Castro par la différence du caractère, et les chiffres qui marquent les renvois pour trouver au bas des pages les vers espagnols. […] C’est une pièce de caractère et d’intrigue ; quand il n’aurait fait que ce seul ouvrage, il eût pu passer pour un excellent auteur comique. […] L’auteur français égale presque la pureté de la diction de Térence, et le passe de bien loin dans l’intrigue, dans le caractère, et dans le dénouement, et dans la plaisanterie. » M. […] Il sut, par le tableau de ce qui se passa dans les cercles de Paris, tandis que L’École des femmes en faisait l’entretien, tracer une image fidèle d’une des parties de sa vie civile, en copiant le langage et le caractère des conversations ordinaires des personnes du monde. […] Il semblait qu’un sujet ainsi traité ne dût fournir qu’un acte : mais c’est le caractère du vrai génie de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme.
Ce qui ajoute à l’immoralité du spectacle, c’est le caractère méprisable donné aux vieillards235, qui fait excuser d’autant plus volontiers les joyeuses manœuvres des deux jeunes escrocs. […] Ce n’est pas une fois que Molière a mis sur le théâtre ces conduites criminelles, fardées sous l’excellent comique de sa verve intarissable, et rendues excusables en apparence par le caractère de ceux contre qui elles sont dirigées. […] C’est un de ces caractères de convention, une de ces caricatures de fantaisie, assemblage bizarre de trivialité et de bonne plaisanterie, de verve et de grossièreté, etc. » J.
Il s’en servit pour révéler une préoccupation de l’esprit, un état de l’âme, un sentiment, une passion ; pour faire éclater un caractère du premier mot et du premier geste. […] La scène est traduite mot à mot de l’italien ; cette brusquerie est du caractère et du rôle de Beltrame.
Provost, pour ne laisser aucun doute, sur sa pénétration, semble se moquer d’Arnolphe lorsqu’il joue son rôle de l’École des femmes ; il ne veut pas endosser la responsabilité d’un tel caractère. […] Si le caractère d’Elmire n’était pas dessiné aussi nettement, le spectateur serait à bon droit blessé des paroles qu’elle adresse à Tartuffe pour l’engager à renouveler sa déclaration. […] Non-seulement tous les caractères se recommandent par une incontestable vérité, mais le style est d’une franchise, d’une vivacité qui n’ont jamais été surpassées L’auteur était né neuf ans après la mort de Régnier, il n’y a donc pas à s’étonner qu’il ait plus d’une fois imité son illustre devancier. […] Les fonctions délicates dont il est chargé l’obligent à tenir compte des caractères.
Et ainsi de tous les autres caractères. […] Au moins ses camarades ont presque tous gardé leur caractère, ils sont bien de leur siècle et de leur théâtre. […] Elle jouait les caractères en femme qui a été à bonne école. […] Il y a pourtant plus d’un trait de caractère pris çà et là. […] On reconnaît bien id le caractère de la Beauval, car le mari n’emboîtait le pas que sur le sien.
Ce lien honnête seul peut satisfaire l’amour vrai sans blesser le respect et la pudeur qui en sont un caractère essentiel512 ce lien honnête seul peut assurer l’avenir des enfants, pour lesquels il n’y a que honte et malheur sans père et sans mère513 ; ce lien honnête enfin seul peut fonder l’estime et d’échange de devoirs qui constitue la famille, et par suite la société. […] Et que sont les soucis matériels, auprès de tous ceux de l’esprit et du cœur, l’ennui, le dégoût, l’irritation, la haine même qui résulte du choc journalier des caractères ; sans compter les inquiétudes, les douleurs , les jalousies, les infidélités et les coups ? […] comme leurs caractères sont faits pour se plaire, et leurs cœurs pour se comprendre519 !
M. le Prince disait de lui : « Si Voiture était de notre condition, on ne le pourrait souffrir. » Je remarque que nous n’avons rien dit encore que de vague et de banal concernant la personne sur qui pèse aujourd’hui le ridicule de la préciosité de mœurs et de langage ; parlons un moment de ses premières années et des premières apparences de son caractère. […] L’auteur a peint des folies, non des caractères.
Jullien, Histoire du costume au théâtre, ne présente pas des caractères suffisants de vérité pour résister à un examen critique. […] Thym, qui prête en général à chacun des personnages le style qui convient à son caractère, ne nous paraît pas avoir été aussi heureux pour elle que pour madame Pernelle, pour Orgon, Elmire, Damis et Tartuffe. […] Cette comédie, jouée en 1677, est empruntée principalement d’un conte espagnol, quoique la plupart des rôles aient été inspirés par les caractères de Molière. […] La première, imprimée à l’encre noire, annonce le spectacle du mardi 3 février ; la seconde, en caractères rouges, est du vendredi 13 du même mois. […] Il y imite Arnolphe et Agnès, Horace, Alain et Georgette, mais il ajoute d’autres caractères, et l’intrigue est bien plus compliquée que dans la pièce de Molière.
Il disait que la nature semblait lui avoir révélé tous ses secrets, du moins pour ce qui regarde les mœurs et les caractères des hommes.
[73, p. 108] Molière ne traitait point de caractères, il ne plaçait aucuns traits ; qu’il n’eût des vues fixes.
Elle eut tout le caractère d’une cérémonie nationale. […] On a remarqué qu’elle dut avoir un caractère marqué de libre esprit. […] À l’âge de trente-huit ans et plus, il lui fallait un caractère plus mûr, moins pétulant, moins moqueur. […] À la suite de l’aventure de Molière, Mme Campan en raconte une autre qui a le même caractère. […] Il a mis à dessiner ces caractères une délicatesse nouvelle.
quels caractères !
[85, p. 129-130] Molière peint dans son Misanthrope, acte 2, scène 4, sous le nom de Timante279, un monsieur de St-Gilles qui était un homme de la vieille cour, et d’un caractère singulier.
Considérant toutes les œuvres de toutes les littératures comme les objets égaux d’une curiosité indifférente, elle s’interdit tout jugement d’appréciation sur la valeur absolue et même relative des œuvres et des littératures, et se borne à noter leurs caractères spéciaux. […] Quand Goethe déclare que « Klopstock n’avait aucun goût, aucune disposition pour voir, saisir le monde sensible, et dessiner les caractères », quand il trouve ridicule cette ode où le poète suppose une course entre la Muse allemande et la Muse britannique, quand il ne peut supporter « l’image qu’offrent ces deux jeunes filles courant à l’envie à toutes jambes et les pieds dans la poussière » : à ce moment-là Goethe est moins content, moins heureux, il jouit moins du plaisir de vivre, du bonheur de sentir que madame de Staël, qui traduit avec enthousiasme cette même ode, et déclare fort heureux tout ce que Goethe trouve ridicule.
[94, p. 138-139] L’abbé Dubos287 admire dans la scène 7 du troisième acte288 du Misanthrope, la saillie de ce même personnage, qui rendant un compte sérieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute, après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivait point : « On n’a point à louer les vers de messieurs tels. »289 Cette pensée devient sublime, dit-il, par le caractère connu du personnage qui parle, et par la procédure qu’il vient d’essuyer, pour avoir dit que des vers mauvais ne valaient rien.
A l’égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux.
Que Molière ait su allier à ce caractère odieux une élégance chevaleresque, une audace juvénile42 qui empêchent que l’horreur ne nous prenne trop vile, et qui intéressent encore au héros, si méprisable qu’il soit ; qu’il ait agréablement mêlé à l’intrigue les traits et les situations les plus comiques, pour rester dans le domaine de la comédie, et ramener le rire chez le spectateur prêt à subir des émotions moins gaies, c’est une habileté d’auteur qu’on doit admirer, et qui ajoute grandement au mérite d’une pièce si difficile à rendre attrayante sans rendre le vice lui-même attrayant. Mais le caractère de don Juan offre plus que cela. […] Ces trois caractères du débauché, de l’imposteur et de l’avare, qui à eux trois offrent la réunion de presque tous les vices, prouvent que Molière observait l’humanité avec un sens moral.