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270. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Mais, en revanche, Moliere s’est montré bien supérieur à l’Auteur Italien dans une infinité de choses. […] Moliere ne s’est pas contenté de s’approprier les étourderies & les fourberies qui sont chez l’Auteur Italien & chez Quinault ; il en a puisé par-tout, comme l’on voit : aussi en a-t-il plus réuni dans un seul acte que Quinault dans toute sa comédie, ce qui rend sa piece aussi vive, aussi rapide que l’autre est froide & languissante.

271. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Goldoni n’avoit pas été plus scrupuleux : il s’étoit emparé de l’Avare, sans que personne se fût avisé de le trouver mauvais, & l’on n’avoit point imaginé parmi nous d’accuser Moliere ou Corneille de plagiat, pour avoir emprunté tacitement l’idée de quelque piece, ou d’un Auteur Italien, ou du Théâtre Espagnol. […] « Cet Auteur a écrit une soixantaine de pieces.

272. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

MES IDÉES SUR NOS AUTEURS COMIQUES1. […] Il y a de l’ambiguïté dans cette phrase, ou plutôt on pourrait croire que c’est la pièce de Dufresny que Florian préfère à celle de Regnard, si l’on n’avait vu à l’article de cette dernière qu’il la regarde comme la meilleure de son auteur ; il faut donc pardonner cette négligence de style à un écrivain qui était assez modeste pour être persuadé que ses notes ne seraient jamais imprimées, et lire la dernière phrase comme s’il y avait : Excepté que je trouve celle de Regnard meilleure.

273. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

« La facilité de toutes ces dames, dit-il, avait rendu leurs charmes si méprisables, qu’on ne savait plus ce que c’était que les regarder. » De là ces amours à l’italienne décrits par le même auteur, ces amours dont Dangeau a aussi parié dans ses mémoires, et qui ont été longuement décrits dans ceux de la princesse Palatine, d’après les monuments de l’époque : ce sont ces mêmes amours contre lesquels l’éloquence de Bourdaloue a tonné le jour de Noël 1687, dans un sermon prêché devant le roi, qui le lendemain exila plusieurs jeunes gens de la cour : ait cité dans l’Abrégé chronologique du président Hénault. […] Le mal est venu de ce que ces éditeurs sont en même temps auteurs d’une vie de madame de Maintenon ; qu’ils ont composé leur biographie avant d’avoir assez étudié les lettres pour les mettre à leur véritable place, et qu’ensuite ils ont arrangé les lettres dans l’ordre qui s’accordait avec leur composition, au lieu de composer d’après l’ordre des lettres bien vérifié.

274. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Il y a dans le Scrupule, autre Conte du même Auteur, un jeune militaire, nommé Lindor, qui ressemble beaucoup à celui de la comédie. […] Il y a dans l’Amant Auteur & Valet, Comédie en un acte de M.  […] Eraste, jeune Auteur, est secrètement amoureux de Lucinde.

275. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Les Tableaux font un grand effet sur le théâtre, aussi voit-on que nos Auteurs ont grand soin d’en placer dans leurs pieces.

276. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Au contraire, à mesure que la séparation entre l’idéal et le réel se prononça davantage, à mesure que l’habitude de philosopher apprit aux auteurs et à leur public à se retirer en eux-mêmes pour y chercher le type absolu de tout ce que la comédie voue au néant par le ridicule, le théâtre ne commença qu’en apparence à être plus moral, et il devint en réalité moins poétique et moins comique. […] Mais les auteurs n’ont que trop de facilité à glisser sur cette pente, et, de même que la tragédie moderne a pour écueil le lyrisme, la comédie romantique court le risque de se précipiter au fond de cet abîme de mauvais goût qu’on appelle l’humour. L’humour est l’invasion de la personne de l’auteur dans son œuvre, à la place de son objet, — escamoté. […] Schiller dans ses Brigands, Goethe dans son Gœtz de Berlichingen, les romanciers dans leurs romans, ont repris le thème développé dans Don Quichotte, et rien n’est plus propre à jeter du jour sur la vraie nature du comique, que la comparaison de leurs œuvres avec celle de l’auteur espagnol. […] 1º Puisque l’auteur comique ne doit pas complètement disparaître derrière ses personnages, je puis admirer l’humour modéré du romancier espagnol, ses prologues, ses parenthèses, l’ingénieuse idée qu’il a eue de faire critiquer son roman par les personnage s mêmes qui y remplissent un rôle, et la façon spirituelle dont il plaisante au sujet de l’âne de Sancho, perdu dans la montagne et monté par son maître, avant que Sancho l’eût trouvé.

277. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Toutes les fois qu’un Auteur aura le secret d’opposer avec art deux choses contraires, il peut être sûr d’arracher des applaudissements : Le Sage & Dufresny l’ont bien senti, lorsque l’un parle de la conscience d’un Maquignon dans Turcaret, & l’autre de la conscience d’un Tailleur dans une scene déja rapportée. Moliere avoit dit avant ces trois Auteurs, dans les Fourberies de Scapin, acte II, scene XI : Vraiment oui, de la conscience à un Turc !

278. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Si nous en croyons Le Boulanger de Chalussay, l’auteur d’Élomire hypocondre, Molière aurait positivement reçu de Scaramouche des leçons de pantomime, et lui aurait dû ses progrès dans l’art du comédien : ………… Par exemple, Élomire Veut se rendre parfait dans l’art de faire rire ; Que fait-il, le matois, dans ce hardi dessein ? […] Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.

279. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Cette dame est la même qu’on revoit dans sa vieillesse en grande liaison avec le duc de La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes, et qui en fit corriger plusieurs.

280. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33.

281. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

C’est aller bien loin, ce me semble ; mais, sans admettre que notre cher auteur ait eu le funeste courage de jeter en pâture à la malignité publique les incidents les plus douloureux de sa vie intime, je croirai volontiers, avec notre spirituel compatriote, que Molière, comme la plupart des grands écrivains, a bien souvent écrit sous la dictée de son cœur malade, et que l’état de son âme a dû se refléter plus d’une fois dans ses œuvres, d’une manière plus, ou moins directe, et sans qu’il en eût peut-être conscience. […] On comprend dès lors ce langage de Clitandre : … Les femmes docteurs ne sont pas de mon goût, Je consens qu’une femme ait des clartés de tout ; Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante ; Et j’aime que souvent aux questions qu’on fait Elle sache ignorer les choses qu’elle sait : De son étude enfin je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos.

282. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Pour que les pieces de ce genre soient bonnes, il faut que l’événement sur lequel l’Auteur veut bâtir son intrigue soit premiérement très naturel, très vraisemblable ; qu’il soit ensuite connu par un très petit nombre d’acteurs ; & qu’un mot, en dévoilant tout le mystere, puisse amener un dénouement prompt & facile.

283. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.

284. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ces œuvres d’auteurs étaient des imitations confuses ; l’invention n’y atteignait qu’à la bizarrerie, et l’originalité en était plus absente que de la Farce grossière, dont « trois ou quatre diables volant en l’air, vous infectant d’un bruit de foudre », comme disait Bruscambille, faisaient le dénouement.

285. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Pourquoi, aux fils coupables et débauchés, a-t-il donné pour excuse des pères indifférents et égoïstes, plus coupables qu’eux, non-seulement responsables, mais auteurs de leurs fautes ? […] Criminel l’auteur qui consacre son génie à leur en enseigner le mépris !

286. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

« Je ne vois, dit l’auteur de la pièce, rien de si ridicule que cette délicatesse d’honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles, et s’offense de l’ombre des choses.

287. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

  Beltrame, comme la plupart des comédiens distingués de sa nation, était auteur en même temps qu’acteur.

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