La moitié des acteurs tombe de peur, l’autre prend la fuite. […] Mais comme les bons Acteurs Italiens ont soin d’écrire les scenes essentielles de leurs sujets, qu’ils appellent scenes préméditées, j’ai eu soin d’en avoir des copies autant qu’il m’a été possible, & je vais en traduire une que mes Lecteurs pourront comparer ensuite avec la troisieme scene du quatrieme acte du Dépit amoureux françois.
Le lendemain on alloit la jouer, l’assemblée étoit très nombreuse, il y avoit des Dames de la premiere distinction aux dernieres places, les acteurs étoient près de commencer, lorsqu’il arriva un ordre du Premier Président du Parlement de Paris, portant défense de représenter la piece. […] Il semble donc que Moliere n’ait pas eu grand mérite à mettre le roman en action ; maintenant que nous voyons la copie, il nous paroît qu’elle étoit très facile, & que le Comique le moins accoutumé à faire parler des acteurs s’en seroit aussi bien acquitté.
Pour distinguer les pieces mixtes d’avec les pieces à caractere, nous donnerons le premier titre à celles où le spectateur remarque en même temps un ou plusieurs caracteres avec une intrigue filée & mise en action par les ruses préméditées d’un autre personnage ; aux pieces enfin où l’intrigant agit autant que l’acteur à caractere.
Il se regarda comme s’il eût été à la Comédie, & siffla intérieurement les acteurs.
Le fameux Garrik, cet Auteur, cet Acteur Anglois, si cher à Thalie, à Melpomene, & sur-tout à l’honnêteté, sait si bien composer à son gré l’expression de son visage, qu’il a fait ébaucher son portrait sous deux figures différentes, & par le même Peintre, sans en être reconnu : cette singularité, quoique vraie, seroit bien difficile à mettre, avec vraisemblance, sous les yeux du spectateur.
Une piece d’un nouveau genre paroît, elle est soutenue par une cabale puissante, un acteur en impose à la multitude en y extravagant ; on part de là pour dire que toutes les pieces doivent être faites & représentées comme celle-là : elle a réussi, il n’importe comment.
Allons, cherchez-lui une place, & je paierai ; je ne veux pas d’un Jardinier tourné comme un Z. » La derniere fois qu’on donna le Festin de Pierre aux Italiens, Madame Baccelli, Actrice sublime lorsqu’elle est en situation, qui a l’art de varier continuellement toutes les scenes jouées à l’inpromptu, & sur-tout de leur donner un caractere, en fit une qui, selon moi, n’auroit pas déparé le dénouement du Bourru bienfaisant.
J’emprunte ici les paroles d’un écrivain qui mérite, en général, peu de confiance, mais qui, cette fois, a pu faire un récit fidèle de l’aventure, d’après le témoignage de Baron, acteur dans la pièce, et confident des angoisses de l’auteur. […] De toutes les reprises qui suivirent, la plus brillante fut celle de 1703, dont vingt-neuf représentations attestèrent le succès, et où deux acteurs jeunes et charmants, Baron fils et mademoiselle Desmares, trouvèrent doux, à l’abri de leurs rôles, de se déclarer, de se témoigner, en face du public, l’amour dont ils étaient enflammés l’un pour l’autre.
La pluie, le beau temps, le froid, le chaud, une revue, une cérémonie publique, la maladie feinte ou réelle d’un acteur, peuvent interrompre le succès le plus décidé. […] Tous les acteurs sont sur la scene : Léandre s’attend à voir Julie rejetter Damon, malgré l’aveu de son pere ; mais elle le détrompe bientôt.
La prose en est très-négligée; c’est une de ces pièces dont le jeu des acteurs fait le principal mérite, qu’on va voir quelquefois et que l’on ne lit point. […] Il est vrai que le talent rare de l’acteur qui la jouait à lui seul presque tout entière a pu contribuer à cette grande vogue; mais on ne peut disconvenir qu’il n’y ait beaucoup de scènes d’une exécution parfaite, plaisamment inventées et remplies de vers heureux.
Lorsque son premier mari l’avait inscrite sur le rôle des acteurs, il lui avait donné le nom de mademoiselle Molière28 ; après son second mariage, elle fut inscrite sur le rôle de 1680, sous les noms d’Armande-Grésinde-Claire-Elisabeth Bejard, femme Guérin, reprenant ainsi le nom d’Armande, et en ajoutant deux autres.
Il n’est pas probable toutefois que cette pièce fut récitée au Petit-Bourbon ; elle dut servir simplement de canevas à ces acteurs qui jouaient d’habitude à l’impromptu.
Elle promene le spectateur & la plupart des acteurs de surprise en surprise, d’incident en incident, d’embarras en embarras.
Quatre de nos plus gros acteurs vont commencer une représentation la plus éblouissante : ils ont cavé chacun trois mille louis d’or, qheu : je suis curieux de voir douze mille louis d’or sur le tapis : cela ne se voit pas tous les jours.
Il n’est pas seulement auteur ; il est acteur, homme de théâtre ; il sait ce qui convient au spectateur, ce qui porte sur lui.
Cette scene, dont je ne donne qu’une simple esquisse, est plus ou moins vive, selon le talent de l’acteur qui la joue ; mais le fond est excellent. […] Tout le monde sait que les Comédiens Italiens changent sur leurs canevas le nom de leurs acteurs, au gré de ceux qui remplissent les rôles.
Cette crise faisant une concurrence fâcheuse aux divertissements de la scène, Molière partit pour la province, où, pendant douze années, à la tête de sa caravane, tout ensemble directeur, acteur et auteur9, il accomplit un noviciat singulièrement propre à former un poète comique. […] Il eut le privilège de s’oublier lui-même, pour devenir tour à tour chacun des acteurs qu’il fait parler, agir et sentir de mille façons pathétiques ou divertissantes. […] Leurs prétentions valent leur costume : quand ils vont à la comédie, ils prennent des airs de connaisseurs, crient à tort et à travers, causent entre eux avec de bruyants éclats, insultent le parterre, et font un brouhaha qui trouble le public comme les acteurs. […] Les autres acteurs secondaires mériteraient aussi un léger coup de crayon : car ils contribuent à l’harmonie du tableau, et à son effet moral, les uns par contraste, comme le seigneur Anselme, ou Marianne dont le charme touche même un Harpagon ; les autres par leur coquinerie, comme Frosine qui sent la corde, ainsi que ses compères les Sbrigani et les Scapins. […] La plupart des comédies italiennes dont il est ici question furent des impromptus, dont les canevas mobiles n’avaient rien de fixe, et variaient selon le caprice des acteurs qui pouvaient y glisser, après coup, leurs improvisations.
Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer.