Elle avait de l’esprit infiniment, un esprit capable, instruit, extraordinaire en toute chose, il fallait une grande politesse pour être de sa cour ; car tout ce qu’il y avait d’honnêtes gens de tout sexe s’y rendait de tous côtés. […] Madame de Sévigné nous apprend69 que Sauveur et Robervalle, membres de l’Académie les sciences, lui enseignèrent les mathématiques, la physique et l’astronomie, Bayle lui rend ce témoignage, qu’elle était connue partout pour un des esprits les plus extraordinaires et pour un des meilleurs.
Revenons au maître, à Molière, et pardonnez-moi ces dissertations par lesquelles je tâche de réunir les diverses parties de ce travail que je voudrais rendre utiles aux écrivains à venir, afin de compenser le peu de renommée que j’en espère pour moi-même. […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux. Elles l’encouragent, elles le consolent, elles lui présentent le tableau idéal d’une perfection qui rendrait la critique même l’égale des choses inventées, par la raison que dit encore La Bruyère : « Tout l’esprit d’un auteur consiste à bien définir et à bien peindre. […] C’est l’origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes et de tout ce a qu’on appelle divertissement ou passe-temps, dans lesquels on n’a, en effet, pour but, que d’éviter, en perdant cette partie de la vie, l’amertume qui accompagne l’attention que l’on ferait de soi-même. — Pauvre âme qui ne trouve rien en elle qui la contente, qui n’y voit rien qui ne l’afflige, quand elle y pense, il suffit, pour la rendre misérable, de l’obliger de se voir et d’être avec soi.
Il renferme toute son intelligence dans les prétextes présents, sans aller plus loin ; il s’applique à ce qu’il voit ; il ne previent pas ce qui doit arriver, & son imagination se laissant tromper par l’art du poëte, sa satisfaction est plus ou moins grande, selon l’adresse avec laquelle on lui a ménagé un plaisir que l’illusion peut rendre toujours nouveau. […] Ils amenent deux rivaux sur la scene, & ne s’occupent que du soin d’en congédier un, comme si sa fuite seule devoit tout-à-coup décider le sort de l’autre, & lui rendre favorables les personnes qui lui sont les plus contraires.
Ces lavements sont faits d’une poudre étonnante Qui lui fait rendre tout. […] Qui lui fait rendre tout.
« Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. »Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable. […] Plus tard, M. de La Rochefoucauld étant devenu goutteux et madame de La Fayette maladive, leur mauvaise santé les rendit nécessaires l’un à l’autre. « Je crois, disait madame de Sévigné, que nul amour ne peut surpasser la force d’une telle raison. »Madame de Sévigné date des lettres à sa fille, tantôt de chez M. de La Rochefoucauld où était madame de La Fayette, ou de chez madame de La Fayette où était M. de La Rochefoucauld.
Mais on doit prodiguer des éloges à ce même Moliere, qui, dans moins de vingt-quatre heures, nous fait voir son héros refuser le nécessaire à ses enfants, conseiller à son fils, qui se trouve mal, de boire un verre d’eau, parceque l’eau ne coûte rien ; donner sa fille à un vieillard, parcequ’il la prend sans bien ; cacher son argent, prêter à usure, ordonner un repas mesquin, donner ordre qu’on ne frotte pas trop fort les meubles crainte de les user, & qu’on ne presse pas trop les convives de boire ; vouloir se pendre s’il ne trouve pas la cassette qu’on lui a volée, renoncer enfin à son amour, & consentir à donner sa maîtresse à son fils, si on lui rend son argent, & si l’on lui fait présent d’un habit neuf. […] Riccoboni se rendit à la Cour du Duc de Parme, qui lui donna l’intendance de son spectacle & celle de sa maison : la mort de ce Prince le fit revenir à Paris.
Madame Fouquet s’y rendit le lendemain. […] Il se rend au camp devant Condé, le 21 avril, et prend cette ville le 28.
connoissent-elles les qualités & les défauts qui peuvent rendre un caractere plus ou moins théâtral ?
À l’étranger, où les innombrables traductions de Molière forment le plus éclatant hommage qui lui ait été rendu, on s’occupe de lui, de sa vie, de ses œuvres et de celles qui perpétuent sa gloire et son nom : que d’importants travaux n’ont point encore passé la frontière ! […] Que Cléante se trouvait chez Elmire, lorsque Mme Pernelle est venue rendre une visite à sa bru ou qu’il est monté lui-même visiter sa sœur, tandis que Mme Pernelle y sermonnait déjà tout le monde ? […] Elle a beau s’en défendre ; tout le monde lui rendra ce qui lui est dû. […] Ce qui étant venu à la connaissance de l’acquéreur, il fit faire des sommations au curé de lui rendre les honneurs qui lui y étaient dus comme son nouveau seigneur. […] René Delorme aurait pu ajouter que l’intimité dans laquelle Molière vécut avec les comédiens italiens rend toute naturelle sa présence parmi eux dans l’œuvre picturale qui nous occupe.
Le Journal des Consuls porte cette fois que « le sieur Dufresne est venu… nous rendre ses devoirs et nous dire qu’ils étaient en cette ville par l’ordre de Monseigneur le gouverneur ». […] De Narbonne, pour une troisième tenue des Etats, on se rendit à Béziers. […] Dans l’Amant indiscret, on retrouve la donnée de l’Etourdi de Molière : le valet de Cléandre imagine pour favoriser l’amour contrarié de son maître une série de stratagèmes que Cléandre rend inutiles par son manque de discrétion. […] A peu près uniquement par ce qu’ils y introduisent d’eux-mêmes, de leur expérience, de leur façon de voir ou de rendre la vie. […] Mais, au lieu de la décomposer, si l’on se propose d’en reproduire les accidents eux-mêmes, et aussi de conserver il la parole qui la rend je ne sais quel air d’improvisation, c’est le style parlé.
Si j’ajoute que Molière est un poète comique, le poète comique par excellence, il est évident qu’il aura rendu le personnage principal de sa pièce aussi ridicule que possible. […] Arnolphe a rendu des services à Agnès ; ces services ne compteront pas. […] Il n’appartient à personne de grandir Molière, et, lorsqu’on a dit de lui qu’il est le premier et peut-être le seul poète comique, on lui a rendu un hommage suffisant, celui qu’il mérite.
si la vraie piété est la vertu surhumaine qui ravit l’homme jusqu’à Dieu, et si une foi sincère est ce qu’il y a au monde de plus respectable, quel service n’est-ce pas rendre à la foi et à la piété que de mettre au pilori ceux qui empruntent un masque sacré pour satisfaire les deux plus honteuses passions, celle de l’or et celle de la chair ? […] II est donc compréhensible que Dieu créateur, qui a permis que les caractères de la loi naturelle pussent être à demi effacés dans les âmes, leur rende cette loi formulée par la religion, avec une promesse et une menace qui fasse le devoir plus clair aux bons, et les méchants plus inexcusables. […] « Cléante nous rend l’homme du monde comme Louis XIV le voulait dés ce temps-là ; il a un fonds de religion, ce qu’il en faut : pas trop n’en faut, comme dit la chanson. » Cela n’est qu’un mot, d’un goût discutable, et qui ne prouve rien.
Alors leurs pieces peuvent encore être beaucoup plus séduisantes que les nôtres, parceque le masque d’Arlequin a le même avantage que les masques des Anciens, & que sans rendre la ressemblance des deux personnages trop parfaite, il peut cependant les faire ressembler assez pour favoriser l’illusion. […] Le véritable Mario revient à Milan avec la sœur de Lélio qui la lui accorde, à condition qu’il épousera Flaminia ; & leur querelle de Genes ne sert qu’à les rendre meilleurs amis.
Ce que nous avons vu de la premiere scene du Misanthrope, en parlant des contrastes, peut nous servir ici de modele ; Alceste y veut ériger sa misanthropie en vertu, & Philinte lui prouve qu’il se rend ridicule en la poussant à l’excès. […] Je crois que la fripponne A voulu se moquer un peu de ma personne, En me donnant tantôt un rendez-vous ici.
Je dirai d’abord que, si son esprit ne l’avait pas rendu un des plus illustres du Siècle, je serais ridicule de vous en entretenir aussi longtemps et aussi sérieusement que je vais faire, et que je mériterais d’être raillé. […] Mais comme ceux qui croient avoir du mérite ne manquent jamais de vanité, il rend tous les repas qu’il reçoit, son esprit le faisant aller de pair avec beaucoup de gens qui sont beaucoup au-dessus de lui.
Notons-en seulement un caractère qui nous paraît contribuer pour une large part à la popularité des héros de Molière : c’est l’art qu’ils ont de manifester leurs sentiments et leurs passions en termes et en formules d’une vigueur qui les imprime dans toutes les mémoires et d’une simplicité qui les rend accessibles à toutes les intelligences. […] À la scène II du 3e acte seulement, il paraît pour la première fois et il prononce les quatre vers fameux : « Laurent, serrez ma haine… » Paroles qui expriment du premier coup toute l’hypocrisie du personnage, qui en rendent un témoignage probant au spectateur le plus obtus.
Si vous étiez dans le besoin, je pourrais vous rendre mes services, mais je ne vous le cache point ; je vous serais plutôt un obstacle ».