C’est ce Molière, qui contient beaucoup de notes manuscrites de Stendhal, que je donne aujourd’hui ; j’ai mis dans cette introduction non seulement des notes tirées de cet exemplaire, relatives à Molière, et traitant de différents sujets, mais aussi un certain nombre de documents inédits Je ne reviendrai pas une fois encore sur l’infortuné Petitot ; je me contente d’indiquer maintenant quelques-unes des phrases amères dont son ombre a dû être poursuivie. […] I Molière était l’objet constant de l’étude de Stendhal ; l’exemplaire du Molière appartenant à M. de Spoelberch a été pour Stendhal un prétexte pour réunir grand nombre de ses réflexions faites en réalité d’après l’édition stéréotype de Didot. […] Je voudrais tenir ici quelque partisan outré de la règle de la voûte : « Qu’on ne puisse rien ôter d’un drame. » Ils consultent cette règle, au lieu d’avoir l’œil sur le cœur du spectateur, seule boussole du poète, quelqu’Alfieri, quelque Boileau, je suis peut être injuste envers ce dernier en le nommant ici, il sentait peut-être le mérite de cette scène mais aurait probablement désapprouvé par suite de la même règle, et faute de regarder le cœur du spectateur, le grand nombre d’acteurs du Timon et de Shakespeare. […] Le bonheur public ne demande qu’un nombre de savantes très limité. […] Ce qu’il y a de remarquable c’est que la peinture est complète et qu’elle est donnée au moyen d’un nombre de vers extrêmement petit.
Il entreprit ce voyage dans la vue de s’enrichir par le commerce, & il avoit les talents nécessaires pour y réussir ; il étoit sort rompu dans la science des nombres, & il pouvoit calculer d’un coup de plume ce qu’il y avoit de profit ou de perte dans quelque négoce.
Il y a un plus grand nombre de ses pièces où, avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut trouver d’autre intention que l’intention formelle de faire rire, mais de ce rire convulsif qui prenait Nicole, à la vue de M.
Le mardi 4 mai 1697, M. d’Argenson, lieutenant-général de police, en vertu d’une lettre de cachet du roi à lui adressée, et accompagné d’un nombre de commissaires et d’exempts et de toute la robe courte, se transporta à onze heures du matin au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne et y fit apposer les scellés sur toutes les portes, non seulement des rues Mauconseil et Française, mais encore sur celles des loges des acteurs, avec défenses à ces derniers de se présenter pour continuer leurs spectacles.
Un autre veut que ce soit le tableau du chaos ; un autre, la métempsycose de Pythagore ; un autre, divisant ses guenilles par chapitres, y trouvera l’alcoran divisé par azoares ; un autre, le systême de Copernic ; un autre enfin jurera que c’est le manteau du Prophete Elie, & que sa sécheresse est une marque qu’il a passé par le feu ; & moi, pour vous blasonner cet écu, je dis qu’il porte de sable, engrêlé sur la bordure, aux lambeaux sans nombre. […] Je suis fâché que son étendue, & le nombre des citations que nous avons déja faites, ne me permettent pas de la rapporter.
La Princesse sent un dépit secret ; elle projette de mortifier l’orgueil du Prince, en le rangeant au nombre de ses soupirants.
La fable seule est espagnole, le nombre des conquêtes de don Juan et le châtiment épouvantable de sa vie indigne ; mais l’homme est un fils de famille du dix-septième siècle, riche, égoïste, sans ombre de principes que son plaisir ; un de ces esprits forts du grand monde auxquels La Bruyère n’a pas craint de consacrer un chapitre entier, le plus solide de son œuvre.
Ce n’est pas que le roi soit contre : il l’a jugée divertissante et croit que les intentions de Molière sont bonnes ; tels sont les termes de la Relation, pièce officielle ; mais des personnages de marque se sont scandalisés ; la reine-mère, Espagnole et dévote, est du nombre ; le roi n’est pas dévot, mais il approuve qu’on le soit ; et l’on a brûlé les Provinciales il y a quatre ans. […] Tout l’art du jésuite a été de les réduire en un petit nombre de maximes, propres à toutes les circonstances de la vie, faciles à suivre, et dispensant l’homme de penser, ce qui est le grand but.
Ses emprunts sont sans nombre. […] Le plus grand nombre est indirect : ce sont des confidences du cœur humain dont ses devanciers n’ont entendu que la moitié, et qu’il complète.
Appliquons à cette maxime un exemple pris dans Moliere, & choisissons une scene qui, peu fameuse par elle-même, ne laisse pas imaginer qu’un très petit nombre seulement ont les qualités dont je viens de parler.
I : Toujours au plus grand nombre ou doit s’accommoder, Et jamais il ne faut se faire regarder ; L’un et l’autre excès choque, et tout homme bien sage Doit faire des habits ainsi que du langage, N’y rien trop affecter, et sans empressement Suivre ce que l’usage y fait de changement.
Moron est un bouffon qui plaisante agréablement sur une idée folle qu’il ne fait même qu’indiquer : Crispin est un lâche qui s’étend sur sa burlesque généalogie, qui la détaille, qui approfondit son déshonneur, qui a la bassesse de vouloir en profiter ; & tout cela en présence d’une femme qu’il veut épouser, & qu’il semble exhorter par ses discours à multiplier le nombre de ses alliés.
Il faut tant de choses pour la rendre bonne, que nous n’en avons qu’un petit nombre sur notre scene, même sur tous les théâtres connus.
Nous avons assez parlé des caracteres composés pour connoître que celui-ci est du nombre.
Ne voyons-nous pas nombre d’amants en sous-ordre disparoître derriere le rideau lorsque monsieur arrive ?
Chaque sujet n’emporte avec lui qu’un certain nombre de sentiments à produire, de vérités à développer, et Molière ne peut donner toutes les leçons à la fois.
Laissons aux âmes communes (et madame de Montespan était du nombre, malgré la distinction de son esprit la satisfaction de penser, ou de le dire, que madame de Maintenon mit en œuvre tous les manèges de la coquetterie pour se faire aimer du roi, et elle qui, pouvant devenir sa maîtresse, le ramène à ses devoirs de mari.