Saut périlleux Comme un aigle ne laisse dans son voisinage subsister d’autres oiseaux que les aigles, une bonne définition paraît : toutes les autres ne sont déjà plus135. — Le comique est le contraire du sublime136. […] on n’a qu’à présenter la sienne, et, si elle est bonne, toutes les autres vont mourir d’elles-mêmes et par elle, de même que l’aigle ne laisse subsister dans son voisinage d’autres oiseaux que les aigles.
Elle a laissé des Mémoires charmants sur cette folle et pittoresque Fronde
. — Même on resta aussi belliqueux contre tous les ennemis de la foi qu’aux jours de Louis XIII : on empêcha des Huguenots d’entrer dans les Compagnies de commerce; on fit brûler un visionnaire, Simon Morin (14 mars 1663); on contribua grandement, en 1661, à la suppression de « la méchante comédie de Tartufe, » où les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement avaient plus d’une raison, comme on le verra tout à l’heure, de s’estimer pris à partie; on travailla encore en 1660 à « procurer » contre les blasphémateurs « une forte déclaration du Roi. » Nulle part on ne « laissa périr l’œuvre de Dieu, » et d’après la correspondance de Paris avec Marseille14, comme d’après la relation de Voyer d’Argenson, les séances de la Compagnie furent toujours « pleines d’affaires. » Toutefois, à partir de 1661, les assemblées plénières, jusque-là hebdomadaires, se font rares. […] Il prouve que « la grimace étudiée des gens de bien à outrance, le zèle contrefait des faux monnayeurs en dévotion, » dont se laissent bonnement éblouir tant d’imbéciles, n’est pas plus propre à couvrir les médiocres intrigues et les grotesques galanteries d’un petit fripon bourgeois, que les gros crimes, de toutes sortes, et l’athéisme, entêté et avoué, d’un scélérat du grand monde. […] Le bloc agressif qu’elles formaient ensemble avait pour effet logique de ne rien laisser subsister du prestige des dévots sur le public, et de l’empire qu’ils prétendaient exercer sur les « honnêtes gens. » 22 . […] Patrocle, gentilhomme de grande vertu qui a laissé une bonne odeur de vie par ses bons exemples. » La date (1612) empêche que ce Patrocle ait été autre chose (juste père ou le frère aîné du trop crédule mari de la réelle Angélique; mais dans la Compagnie du Saint-Sacrement, les dynasties ne sont pas rares : plus d’une fois nous voyons les fils ou les cadets s’y enrôler après leurs pareils ou leurs aînés. […] Et pourtant, M. de Saint-Cyran croyait qu’il lui manquait encore encore quelque chose, et en mourant il lui a laissé par testament son cœur, à condition qu’il se retirerait du monde.
Ceux que laisse M. […] Quelle époque de corruption que celle où un homme d’honneur se croit perdu s’il laisse éclater son amour pour l’épouse qu’il a promis d’aimer !
Il a accepté franchement la forme que lui donnait la nature des choses, il a laissé entre les colonnes une surface plane, sur laquelle il a gravé son inscription ; et comme le beau est le frère jumeau du bien, la tranquillité de cet espace uni a fait valoir l’ornementation des colonnes et de l’architrave. et ajouté ainsi à l’effet total de son monument. […] Il doit donc laisser dominer l’édifice même, et ne faire que le supporter.
Il n’est point décent qu’un neveu traite ainsi un oncle, & un oncle sur-tout de qui il attend sa fortune ; il est encore plus indécent qu’un oncle se laisse traiter de la sorte. […] Ne fait-il pas bien alors de manger, de boire, de renvoyer les curieux à ses ouvrages, & de laisser briller les agréables, qui ont arrangé dès le matin leur esprit, comme une petite-maîtresse arrange son teint & ses mines ? […] Poinsinet introduit dans le Cercle un poëte qui se laisse turlupiner par quelques petites-maîtresses, & qui sort sans leur rendre les traits piquants dont elles l’ont accablé.
Nous laisserons Molière disserter lui-même sur les difficultés et la moralité de l’art où il a excellé. […] Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche point de ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] Molière seul l’avait deviné lorsqu’il disait, à travers les railleries dont Racine et Boileau harcelaient impitoyablement le naïf et malin Champenois, plus âgé qu’eux et moins impatient de briller : « Laissez dire nos beaux esprits, ils n’effaceront pas le bonhomme. » À ce moment ses fables n’avaient pas encore paru, et lorsqu’elles furent publiées, ni Boileau ni Racine ne soupçonnèrent qu’elles leur donnaient un rival.
Évidemment Bourdaloue s’est laissé entraîner trop loin par un excès de zèle évangélique, et peut-être aussi de chaleur oratoire. […] Ils ne laissèrent pas le jour avant son arrivée, et la veille de leur départ, d’annoncer qu’il y aurait comédie le lendemain, et de dire tout haut : Demain, messieurs, vous aurez Le Tartuffe. » Voici l’autre anecdote : « On avait fait à Madrid une comédie sur l’alcade. […] Voici textuellement le passage de la description des Plaisirs de l’Île enchantée : « Le soir, Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une comédie, nommée Tartuffe, que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites ; mais, quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu qui pouvaient être pris l’un pour l’autre ; et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » Cette citation est tirée de l’édition originale publiée, en 1665, par Ballard, et plusieurs fois réimprimée du vivant de Molière. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV.
, pour plaire à leurs maîtres qui étaient des soldats, ont laissé la comédie, et la tragédie, et le carmen saltare, et même le carmen seculare, pour raconter uniquement les sièges, les batailles, les villes prises et renversées, les traités violés et rompus. […] Mais laissez venir les années et les chagrins ; que votre tête soit moins touffue et moins noire ou moins blonde, que votre regard soit moins limpide, votre cœur moins honnête et votre espérance moins vaste et plus lointaine, alors nous saurons si, en effet, c’est l’art qui vous pousse et vous guide au-delà de cet horizon que vous appelez l’infini ! […] À ces bruits avant-coureurs du bruit des couronnes brisées et des têtes qui tombent, les grands seigneurs et les belles dames s’imaginaient que c’était tout simplement un coup de tonnerre qui les venait surprendre : « Allons, disaient-ils en se séparant, allons voir aujourd’hui ce qui se passe à l’assemblée des notables, nous reprendrons demain la conversation où nous l’avons laissée. » Ah ! […] C’est l’histoire et c’est le conte des amoureux qui se séparent, l’homme et la femme bien décidés à ne pas se revoir, mais chacun d’eux voulant laisser à son complice, la meilleure idée de son esprit et de sa personne. […] Jamais son esprit n’avait été plus ingénieux, plus alerte ; jamais son regard n’avait pétillé de plus de vivacité et de malice. — Elle tenait à bien mourir, elle tenait à être pleurée, elle s’attachait, de toutes ses forces, à ce sillon lumineux que laissait après elle cette gloire élégante !
Agnès est simple ; mais elle n’est point idiote ; elle manque d’instruction, mais non pas de dispositions pour en acquérir ; elle laisse échapper quelques vives lueurs d’un esprit naturel que tous les soins d’Arnolphe n’ont pu étouffer ; elle s’aperçoit de son ignorance, en rougit, s’en indigne, et n’en trouve que plus odieux celui qui, au lieu de l’en tirer, s’est plu à l’y entretenir. […] Laisse gronder tes envieux ; Ils ont beau crier en tous lieux Qu’en vain tu charmes le vulgaire, Que tes vers n’ont rien de plaisant : Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant. […] Il valait mieux, de toute manière, lui laisser entièrement le soin d’exécuter le projet qu’il avait conçu, que de lui prêter, sans son aveu, un secours qu’il pouvait lui être également embarrassant d’accepter ou de refuser. […] Son fils, Antoine-Jacob Montfleury, auteur de La Femme juge et partie, a laissé de meilleurs titres. […] Je les publie, ces arguments, parce qu’il y a toute apparence qu’ils sont de Molière : il est, en effet, peu présumable qu’il ait laissé à un autre le soin de faire l’abrégé des scènes de sa pièce, pour un livret qui devait être distribué à la famille royale et aux personnes de la cour.
Je laisse à deviner si l’on s’en est tû parce que cela n’est pas veritable, ou de peur de lui faire tort. […] On lui conseilla pour lors de ne point achever, & de s’aller mettre au lit : il ne laissa pas pour cela de vouloir finir ; & comme la piece étoit fort avancée, il crut pouvoir aller jusqu’au bout sans se faire beaucoup de tort ; mais le zêle qu’il avoit pour le public, eut une suite bien cruelle pour lui ; car dans le temps qu’il disoit de la ruë-barbe, & du scené dans la ceremonie des Medecins, il lui tomba du sang de la bouche ; ce qui ayant extremement effrayé les spectateurs & ses camarades, on l’emporta chez lui fort promptement, où sa femme le suivit dans sa chambre.
Ils doivent sur-tout être plus courts, parcequ’il n’est pas naturel que si Damis, par exemple, parle à Clitandre, le premier laisse faire un aparté un peu considérable au second, sans s’en appercevoir ; à moins que l’Auteur ne l’occupe lui-même à lire, à écrire une lettre, ou qu’il ne l’abîme dans une profonde méditation. […] Enfin on lui dit qu’Oronte en passant un jour dans la terre d’Albikrac y vit la sœur du Seigneur, eut une aventure avec elle, sous le nom de la Rapiere, & la laissa enceinte ; que le Baron indigné le reconnoîtra & le poursuivra en justice.
Dans la même piece, Durval, jaloux, & se croyant trahi par sa femme, l’accable de reproches : elle se trouve mal, c’est dans l’ordre ; elle tire son mouchoir, & laisse en même temps tomber un paquet de lettres. […] Les Auteurs qui les ont employées avec tant de succès, se sont contentés d’exciter en nous le plaisir de rire, sans nous laisser leur secret : tâchons de le trouver dans leurs ouvrages.
Ou laissez-moi périr, ou rendez-moi mon pere. […] Ne laissons pas ignorer que la Chaussée a fait le Préjugé à la mode d’après le caractere de M. de la Feuillade, & d’après une aventure qui lui arriva.
Il fit quelque temps la Comédie à la Campagne et, quoiqu’il jouât fort mal le Sérieux et que dans le Comique il ne fût qu’une copie de Trivelin et de Scaramouche, il ne laissa pas que de devenir en peu de temps, par son adresse et par son esprit, le Chef de sa Troupe et de l’obliger à porter son nom. […] Aussi cette comé die n’a-t-elle pas fait comme celles qui éblouissaient d’abord et qui ne laissent à ceux qui les ont vues que le dépit d’avoir été trompés et de les avoir approuvées.
Le président Hénault dit en parlant d’elle : « Princesse dont la fin fut digne de pitié, mais d’un esprit trop au-dessous de son ambition, et qui ne fut peut-être pas assez surprise et assez affligée de la mort funeste d’un de nos plus grands rois. » Ce mot pas assez surprise laisse à douter si elle fut à la tête du complot ou seulement instruite de celui du prince de Condé ; car le soupçon flotte entre les deux, relativement à cette qualité de chef : il est probable qu’ils s’accordèrent ; mais le prince de Condé, le plus offensé, le plus ardent, qui vit sans doute Ravaillac à Bruxelles, était probablement le chef. […] Antoine Rambouillet de la Sablière a laissé un volume de madrigaux.
Mais qu’Harpagon, avare, cède sa maîtresse pour avoir sa cassette, ce n’est qu’un trait d’avarice de plus, sans lequel toute la comédie ne laisserait pas de subsister.