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20. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Adolphe Regnier fils, qui s’était appliqué à la suite de son père à la science profonde des textes, a disparu dans toute la force de la jeunesse ; l’autre, M.  […] Cependant il s’est rencontré, au xviie  siècle, d’assez bons juges pour trouver après tout que don Juan n’est pas si méchant qu’on le dit, que le terme de scélérat dont il est appelé souvent est bien fort pour quelques péchés de jeunesse, et qu’enfin il est foudroyé pour bien peu de chose. […] Arsinoé, c’est encore la femme du monde, qui a été jeune et qui ne l’est plus, qui n’est arrivée à l’austérité que par le dépit, qui envie chez les autres les succès qu’elle n’a plus, qui cherche à se venger par les traits aiguisés d’une censure hypocrite, mais qui trouve trop forte partie, car la méchanceté elle-même a besoin de grâce et de jeunesse, et l’orgueil de la vie ajoute à l’esprit un éclat triomphant que la malice pure ne saurait trouver. […] Enfin Oronte et les marquis achèvent ce portrait du monde : c’est, d’un côté, la jeunesse superficielle, frivole, vide, la fatuité sotte, le bavardage inutile, et la médisance élégante ; dans Oronte, il y a moins de légèreté et moins de frivolité ; mais ces défauts sont remplacés par la ridicule prétention d’un poète de salon. […] Comme elle, elle se retire devant sa défaite ; l’une sauve sa beauté, sa jeunesse, sa royauté féminine ; l’autre sauve sa fortune.

21. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Si la vieillesse est de soi repoussante et triste, était-ce une raison pour la sacrifier absolument à la jeunesse florissante ? […] La jeunesse n’est-elle donc pas assez présomptueuse, qu’il faille ainsi la flatter et lui rendre méprisable tout ce qui n’est pas jeune et entreprenant comme elle ? […] La société entière est une immense forêt où les vieux arbres sont les pères ; Molière a porté la cognée contre eux, sans songer qu’à leur ombre seulement peuvent croître ceux qui doivent les remplacer, et faire reverdir sur leurs tiges vigoureuses l’éternelle jeunesse de la patrie.

22. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

… Que fera-t-il de sa jeunesse ? […] De province en province il entraîne joyeuse La troupe qu’il attache à sa jeunesse heureuse ; Pour des cœurs de vingt ans quel plus riant destin ? […] Tant de beauté, tant de jeunesse, L’enivrèrent à son déclin ; Il lui donna gloire et richesse, Pour avoir de l’enchanteresse Un peu d’amour… Ce fut en vain ! […] Cet amour a tué l’amour de la patrie ; Par son impur poison la jeunesse est flétrie ; L’or, des plus beaux instincts fait dévier le cours : Plus d’élans généreux, plus de nobles amours…… Le poète lui-même, aurais-tu pu le croire ; Aime l’or, ô Molière, encore plus que la gloire : Cet appât du vulgaire a gagné les esprits, Tous encensent l’idole et s’en montrent épris.

23. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Sans doute, c’était là une expérience dangereuse à tenter ; et l’impitoyable railleur des maris trompés ne pouvait méconnaître cette vérité d’expérience qu’à la jeunesse il faut unir la jeunesse. […] On s’imagine volontiers, en pareil cas, que l’on reste à la même place tandis que les autres marchent ; on voit les enfans devenir de jeunes hommes ou de jeunes filles, et on ne se doute pas que, tout le chemin qu’ils ont fait vers la jeunesse, on l’a fait soi-même vers la vieillesse. […] D’après l’auteur de la Fameuse Comédienne, Armande aurait « passé sa plus tendre jeunesse dans le Languedoc, chez une dame d’un rang distingué dans la province. » Rien n’empêche de tenir le renseignement pour exact. […] L’incertitude continue avec M. de Pourceaugnac, quoique le rôle de Lucette, la « feinte Gasconne, » y semble fait pour elle : si elle fut vraiment élevée en Languedoc, elle put retrouver dans les souvenirs de sa jeunesse l’accent nécessaire au patois qui étourdit le gentilhomme limousin. […] Je me moque de cela et ne veux point mourir si jeune… Je veux jouir, s’il vous plaît, de quelque nombre de beaux jours que m’offre la jeunesse, prendre les douces libertés que l’âge me permet, voir un peu le beau monde et goûter le plaisir de m’ouïr dire des douceurs. » Ces deux passages rappellent ce que nous apprend Grimarest du ménage de Molière.

24. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] Toutes les personnes un peu versées dans la littérature du théâtre savent que Molière, dans sa jeunesse, et lorsqu’il parcourait la province en jouant la comédie, a composé plusieurs farces dont les titres seuls étaient connus jusqu’ici.

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il était parti plein d’espérance et de jeunesse, vêtu à la dernière mode et paré de toute l’élégance maternelle ; il revient, après vingt ans, d’un monde inconnu, il revient tout chargé de rides, tout couvert de haillons, et changé… Dieu le sait. […] Voilà une page assez naïve… oui, mais dans sa grâce enfantine elle ne manque pas d’un certain charme ; la jeunesse rachète et au-delà, l’inexpérience. […] Il semble que votre jeunesse vous revient, parée et charmante à l’unisson. […] Comment le contemplateur pouvait-il appuyer sa large tête sur le sein de cette jeunesse enamourée autre part ? […] Elle est empreinte de la première et éclatante jeunesse d’un poète dont la jeunesse est déjà un poème !

26. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Certains côtés de l’art où l’imagination domine, appartiennent, il est vrai, à la jeunesse, mais Molière, le poète des réalités, fit mieux d’attendre. […] Autant le seigneur Arnolphe s’est donné de mal, autant cet étourneau d’Horace prend peu de peine ; il ne fait que paraître le long du mur, le nez au vent et le poing sur la hanche, entassant, Dieu merci, étourderies sur maladresses, et le pauvre petit espalier ensorcelé lui tend amoureusement toutes ses branches, secouant au-devant de la jeunesse qui passe le trésor de ses premiers fruits. […] Alors, elle cessera d’être pour nous ce fantôme qui glisse hors du réel, dans un rayon incertain; elle sera ce qu’était la fille d’Eschyle aux jours de sa jeunesse; elle aura notre sang plein ses veines, elle vivra la vie même de la patrie !

27. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

En effet, le grave précepteur du Dauphin ne s’était-il pas livré pendant sa jeunesse à une inquiétante métromanie, où l’entraînèrent une imagination ardente et l’amour d’une belle Sedanaise, qu’il chantait sous le nom allégorique d’Iris ? […] Nisard, Hist. de la littérature française, etc. ; Janin, Hist. de L’art dramatique ; Hippolyte Lucas, Histoire philosophique et littéraire du théâtre français; voir aussi Émile Deschanel, La Vie des Comédiens ; Paul Lacroix (Biblio­phile Jacob), La jeunesse de Molière, lettre de Félix Delhasse, p.’13; etc., etc. […] « Le Misanthrope garde encore aujourd’hui toute la fraîcheur, toute la jeunesse des premiers jours, » dit M.

28. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

La marquise de Rambouillet joignait, aux avantages de la naissance et de la jeunesse, une grande fortune. […] Il était d’ailleurs naturel à une jeune femme élevée dans une famille de mœurs pures et décentes, de partager le dégoût général pour les amours du roi, qui n’avaient plus l’excuse de la jeunesse.

29. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Notre jeunesse est harcelée par de maudits parents qui veulent que nous nous mettions un tas de fariboles dans la tête.

30. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il faut la jeunesse à la jeunesse, la beauté à la beauté, la vertu à la vertu. […] Louis XIV, qui au fond était un prince médiocre, eut du moins un éclair d’esprit et de goût dans sa jeunesse amoureuse ; il perdit tout avec La Vallière, maîtresse qui valait mieux que lui. […] Horace est un type charmant de jeunesse et de passion. […] Pour que don Juan en vienne à inviter à souper la statue du commandeur, ne faut-il pas qu’il soit entraîné par une ivresse exubérante, par toute la verve d’une jeunesse effrénée ? […] En vain le vieux roi chercha à revenir sur les licences de sa jeunesse eu cachant ses dernières amours avec Mmede Maintenon.

31. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales. […] Madame Scarron voyait dans l’estime et la confiance, du roi la pleine satisfaction de sa passion native et de celle que l’instinct de la jeunesse y avait associée.

32. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Despréaux dans ses Remarques sur sa Satire deuxiéme adressée à Moliere, dit qu’il avoit traduit dans sa jeunesse Lucrece en Vers françoisa ; c’est ce que Grimarest nous apprend aussi, & qu’il auroit achevé cet ouvrage, sans un malheur qui lui arriva Un de ses domestiques, à qui il avoit ordonné de mettre sa perruque sous le papier, prit un cahier de sa traduction pour faire des papillotes : Moliere qui étoit facile à s’indigner, fut si piqué de la destinée de ce cahier, que dans sa colere il jetta sur le champ le reste au feu. […] Il avoit composé dans la premiere jeunesse du Roi Louis XIV. quelques petites farces pour amuser ce Prince, comme les trois Docteurs rivaux, & le Maître d’école.

33. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Il suffira pour acquérir la preuve du contraire de se représenter l’œuvre du poète rayonnante encore de jeunesse et d’éclat à l’heure où nous sommes, tandis que la musique de son collaborateur est passée à l’état archéologique.

34. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

En vain les débauchés comme don Juan persiflent la constance ridicule « de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux507 ; » en vain les hypocrites comme Tartuffe disent : Le ciel défend, de vrai, certains contentements, Mais on trouve avec lui des accommodements... […] Je vous le dis encor : ces bouillants mouvements, Ces ardeurs de jeunesse et ces emportements, Nous font trouver d’abord quelques nuits agréables.

35. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Tout au plus s’est-elle permis quelques innocentes chuchoteries sur la suppression de la scène du pauvre, dont on parlait encore avec mystère dans ma jeunesse, comme d’un morceau de très haut goût et de grande hardiesse philosophique. […] Il nous montre d’abord don Juan abusant de tous les dons de la fortune et de la jeunesse, puis cherchant un odieux passe-temps dans la pratique assidue de la séduction, d’où sortent inévitablement les duels, les rapts, les parjures ; bientôt arrivent l’impiété, les sacrilèges, à leur suite l’improbité insolente et le mépris de l’autorité paternelle ; enfin, pour l’achever, survient le seul vice qui lui manquât, l’hypocrisie, qui réunit en elle seule tous les autres vices, et après laquelle il n’y a plus que la damnation.

36. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière Après la mort du cardinal de Richelieu et du roi Louis XIII, sous le ministère de Mazarin, les troupes italiennes affluèrent à Paris. […] Et voici les vers « pour Jean Doucet et son frère voulant tromper les bohémiennes » : Quand un homme fait le brave Et se croit en sûreté Près d’une aimable beauté Qui tâche à le rendre esclave, Et qu’elle employe à cela Finement tout ce qu’elle a De charmes et de jeunesse ; Il est comme Jean Doucet Auprès d’une larronnesse Qui fouille dans son gousset.

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