Il était las des amours banales ; la fortune et le succès commençaient à lui sourire, mais son triple métier pesait sur lui d’un poids de plus en plus lourd. […] Mais, comme lui, elle s’y dévoua tout entière ; elle y engagea une grosse part de sa fortune, elle y déploya une activité méritoire, car, Molière nous l’a dit, elle était naturellement nonchalante.
Le comique, c’est à la fois l’extravagance de la volonté sans but et sans règle, qui échoue parce qu’elle vogue à la dérive à travers l’absurde, et la sécurité de l’homme fort, qui, se sentant bardé de fer et cuirassé contre sa propre fortune, brave les contretemps et rit quand son vaisseau sonne contre un écueil. […] Ses personnages, comiques non pas pour autrui seulement, mais surtout pour eux-mêmes, ne paraissent jamais sérieusement malheureux, parce que, étant au-dessus de leur sottise, ils sont au-dessus de leur fortune.
Il a fait faire fortune à quelques phrases, & à quelques mots, qui ont beaucoup d’agrémens ; & si quelque Grammairien en jugeoit d’une façon toute contraire, il mériteroit d’être traité comme celui qui censura le Poëte Furius d’avoir inventé certains mots Latins qui abregeoient le discours, & qui n’avoient rien de rude pour les oreilles délicates.
Né en 1620 d’une famille attachée au service domestique du Roi, l’état de ses parents lui assurait une fortune aisée.
Molière déployait une verve endiablée dans ces jeux, qui, de son propre aveu, contribuèrent singulièrement à sa fortune.
Avouons qu’il n’est pas facile de concilier le caractère que la tradition prête à ces deux hommes à bonnes fortunes avec les esquisses de-Clitandre et d’Acaste.
Nous ne ferons pas l’histoire de ce livre, quelque intéressante qu’elle puisse être, car il a eu aussi ses chances de bonne et de mauvaise fortune. […] Néanmoins, il fallut bien s’apaiser ; il n’y avait point de remède, et la raison fit entendre à la Béjart que le plus grand bonheur qui pût arriver à sa fille, était d’avoir épousé Molière, qui perdit par ce mariage tout l’agrément que son mérite et sa fortune pouvaient lui procurer, s’il avait été assez philosophe pour se passer d’une femme68. […] Ils regardaient tous ce bon accueil comme la fortune de Baron, qui ne fut pas plutôt arrivé chez Molière, que celui-ci commença par envoyer chercher son tailleur pour le faire habiller (car il était en très mauvais état) ; et il recommanda au tailleur que l’habit fût très propre, complet, et fait dès le lendemain matin. […] Mais, comme un homme n’est jamais pauvre tant qu’il a des amis, ayant Molière pour estimateur, et toute la maison des Béjart pour amie, en dépit du diable, de la fortune, et de tout ce peuple hébraïque, je me vis plus riche et plus content que jamais ; car ces généreuses personnes ne se contentèrent pas de m’assister comme ami, elles me voulurent traiter comme parent. […] L’auteur de la Lettre critique sur la vie de Molière dit que ce valet, qui ne savait pas chausser son maître, devint habile mécanicien, et qu’il fit fortune dans les affaires.
Le roi, si imprudemment accusé, vengeait sa propre cause : les ennemis du poète lui avaient préparé un nouveau triomphe ; ils avaient servi à sa fortune en travaillant à sa ruine, contribué à sa gloire en voulant lui ravir sa renommée : tel est le châtiment, tel est le véritable supplice de l’envie. […] Il se serait convaincu que le fameux Bernagasse, joué à la comédie italienne en 1667, a été imité du Tartuffe, et n’a paru qu’après lui ; il aurait pu s’assurer que ce même sujet fut mis au Théâtre français en 1708, sous le titre de Dom Basilique Bernagasse, comédie anonyme en six actes et en prose, divisée en deux parties dont la première, selon l’auteur de La Bibliothèque du théâtre français, représente la prompte élévation de ceux que la fortune favorise, et la seconde fait voir la chute précipitée de ceux qu’elle élève.
Molière, contre son ordinaire, joua assez mal le principal rôle ; et l’on remarqué que les Dom Quichotte et les Sancho n’ont jamais fait grande fortune au Théâtre. […] Il fit force connaissances ; la célébrité que Molière lui donna, et la science qu’il possédait, lui firent faire une fortune rapide dès qu’il devint Maître Apothicaire. […] Il s’attacha à la fortune du duc de Guise et participa avec une exceptionnelle valeur à l’aventureuse expédition de Naples.
Ils avaient imité cette pièce de l’Espagnol Tirso de Molina ; elle fit fortune pendant quelque temps sur leur théâtre et les remit en vogue. […] Molière avait beaucoup d’ordre ; il se faisait un revenu de plus de trente mille livres, fortune considérable pour l’époque, et qui pouvait équivaloir à cent vingt mille francs de rente de notre temps. […] Et trois bergères se disputaient son cœur (Molière avait-il déjà le pressentiment que Baron deviendrait l’Homme à bonnes fortunes ?)
Son début en ce genre paraît un acte de témérité, lorsque, se reportant à l’époque, on considère combien l’association des précieuses était formidable par le nombre, le rang, la fortune et le crédit des personnes qui en étaient les membres ou les appuis.
Elle est de vous, suffit, même fortune.
Il pouvoit alors choisir entre les pieces qui depuis ont fait la fortune du Théâtre Italien & du François : il donne la préférence à l’Ecolier de Salamanque, à la Fausse Apparence, au Prince corsaire, au Gardien de soi-même, &c.
— Nos premiers tête-à-tête furent remplis par le récit de ses bonnes fortunes.
Le Dissipateur est représenté journellement : tout le monde sait que le prodigue Cléon dissipe une fortune immense ; que Pasquin, ne pouvant empêcher sa ruine, imite le chien de la fable, & mange ce qu’il ne peut garantir ; que Cléon sacrifie l’honnête Julie à la coquette Cidalise ; que ses faux amis, ceux qu’il a le plus généreusement obligés, lui ferment leur bourse quand il est dans le besoin.
Si c’est là faire insulte à ces Messieurs qu’ils me donnent de leur façon deux pièces égales à la Coquette, et à l’Homme à bonnes fortunes, je leur ferai réparation ; qu’ils me montrent deux traductions comiques aussi bien accommodées à notre Théâtre que l’Andrienne, et les Adelphes, je passerai condamnation de leurs plaintes.
On épiait sur leurs lèvres et dans leurs regards le sourire de la fortune autant que le sourire de l’amour.