Tandis que Fléchier nous le montre vertueux, franc, rigide et « méprisant les voies obliques des passions et des intérêts ; » tandis que Mme de Sévigné reconnaît « une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie » dans ce courtisan « Qui pour le pape ne dirait, Une chose qu’il ne croirait ; » le malin Despréaux lui décoche un trait de satire et le peint en un vers : « Le ris sur son visage est en mauvaise humeur. » Le duc de Saint-Simon déclare que « parmi toutes ses; façons dures et austères, Montausier était infiniment respecté. » Enfin, la rude franchise de Montausier, et cette raideur qui, au dire de certains panégyristes, ne fléchissait pas même en présence du monarque le plus absolu de l’univers, étaient presque devenues proverbiales.
On peut être agréablement touché, aussi, du double manège, très bien conduit, de la princesse qui, pour se faire aimer du prince, se déclare à lui amoureuse d’un autre et du prince qui, pour amener la princesse à l’amour pour lui, se déclare à elle épris d’une autre beauté ; et cela pourrait très bien s’appeler les Fausses confidences. […] Voici le Vicomte, bel esprit de province, qui n’est point un sot, mais arriéré, et qui en est encore à imiter Voiture dans un sonnet admirable comme contrefaçon : C’est trop longtemps, Iris, me mettre à la torture : Et si je suis vos lois, je les blâme tout bas De me forcer à taire un tourment que j’endure, Pour déclarer un mal que je ne ressens pas. […] Mais après avoir déclaré l’argument très bon et avoir montré qu’on pouvait même y ajouter, examinons-le en son fond. […] Or, il ne l’emploie qu’un peu et si c’eût été une faute énorme que de le lui faire ‘employer constamment, il est admirable au contraire que Molière se soit arrangé de manière que quelques expressions de la langue de l’amour divin se glissassent dans le discours par où Tartuffe déclare son amour terrestre. […] Une femme se rit de sottises pareilles (une femme qui n’est ni méchante, ni criarde, ni indiscrète, ni fière à faire parade de sa vertu, ni intéressée à déclarer une intrigue dont elle ne veut pas pour en cacher d’autres et assurer sa sécurité relativement à celle-ci ; en un mot une très honnête femme de nerfs tranquilles).
Pour ouvrir la porte au comique, il faudrait que je cessasse de prendre au sérieux mon sujet, et que mon imagination se jouât librement des critiques et des théories de mon auteur… Cela serait fort mal, et je déclare que je ne voudrais égayer personne à ce prix. […] Or Alceste, loin d’ignorer ou de cacher sa misanthropie, en fait une profession si déclarée, que lui et son ami Philinte ne sont pas autre chose que deux thèses morales habillées en hommes, argumentant sur la scène l’une contre l’autre, comme autrefois le Juste et l’injuste dans Les Nuées d’Aristophane.
Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux.
Ce couplet, on peut le remarquer, remplace complètement la scène XV du premier acte, celle de l’apothicaire présentant le clystère, qu’il déclare : « Bénin, bénin. » Les deux opérateurs veulent forcer Pourceaugnac à prendre le remède en chantant : Pigliate lo presto, (bis) Ciè un poco d’agresto, Che ralegr’ il cor, Fa poco dolore.
Il se forma à Londres sous Charles II et Jacques II toute une école de poètes, dont l’ambition hautement déclarée était de faire, pour ainsi dire, du Molière. […] Mais j’ai déclaré qu’il était du bel usage qu’en pareille circonstance on louât toujours et quand même un écrivain, que tout le monde devait faire ainsi ; je vous marque de ridicule si vous agissez autrement. […] Il est inouï, bizarre, invraisemblable ; toute la famille le déclare tel, s’en désole, s’occupe d’y remédier, mais l’admet comme un fait aussi vrai qu’il est inexplicable, et nous l’admettons après elle. […] J’avais pris soin de le déclarer en propres termes quand j’avais dit que Toinette était depuis quinze ans à la maison. […] À chaque symptôme que leur déclarait le malade, ils ne manquaient pas de dire gravement : « C’est la rate ou le foie. » Elle dit avec la même gravité : Le « poumon ».
Voilà, dès ce moment, la guerre déclarée entre les deux troupes ! […] L’usage, dans la plupart des fêtes qu’on donne à Barcelone, est de tirer au sort des rubans ; le cavalier qui a la couleur d’une dame, est obligé de lui dire des douceurs, et la dame ne peut se dispenser d’y répondre ; l’on se doute que, grâce aux soins de la princesse, Carlos a un ruban semblable au sien ; il en profite avec tant de vivacité que Diane, satisfaite, croit pouvoir reprendre toute sa fierté, lorsqu’il déclare froidement ne s’être efforcé de paraître tendre que pour céder aux lois de la fête. […] Dans les deux pièces Jupiter paraît, au bruit du tonnerre, et déclare à l’époux qu’il est son rival heureux ; mais chez Plaute, Bromie a déjà mis deux fois le public dans la confidence, d’abord, en lui apprenant qu’Alcmène a donné le jour à deux garçons, et ensuite en annonçant à son maître que l’un d’eux n’est pas de lui : enfin, l’Amphitryon latin est un lâche qui remercie Jupiter de ce qu’il a bien voulu se donner la peine de prendre sa place ; l’Amphitryon français gémit en secret, et va cacher sa honte loin des flatteurs assez vils pour vouloir le féliciter. […] Un fils de Pantalon vole un étui d’or sur la toilette de sa belle-mère, l’on accuse Arlequin, on le menace de le faire pendre, s’il n’avoue son larcin ; il se met à genoux, et déclare une infinité de vols dont on ne l’avait pas soupçonné. […] La scène brûlante de sentiment dans laquelle le dieu des cœurs et Psyché se déclarent mutuellement leur amour sera toujours regardée comme un chef-d’œuvre ; c’est là que Corneille, ranimé par un nouvel élan de son génie, s’affermit fièrement à la place que ses jaloux tâchaient de lui ravir pour la donner à son jeune rival dont la gloire naissante les fatiguait moins.
Il en veut à la ligne collatérale, on l’attaque plus impunément : il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune. […] On ne sait si elle fait une plus plaisante figure dans cette exposition que Goethe déclarait un chef-d’œuvre, ou dans cette scène du dénouement qu’elle vient égayer tout à coup, lorsque la situation, de plus en plus tendue, ne laisse guère entrevoir qu’une issue fatale; elle n’a pas vu, vu de ses propres yeux, et, plus engouée que son fils, elle l’oblige à jouer inutilement avec elle le rôle que sa famille a si longtemps joué avec lui. […] Ménage, qui n’en connaissait pas l’auteur, le déclara du plus mauvais goût, sur quoi les deux poètes se dirent des choses très vives. […] Arnolphe déclare que c’est pour n’être point sot qu’il veut épouser une sotte. […] Il l’a déclaré de la manière la plus formelle, et il aurait pu se dispenser de le faire : son intention est évidente.
Il leur avait déclaré la guerre, et, dans le temps où il se révoltait ainsi, il se faisait en lui, à l’insu des hommes, un travail mystérieux qui devait tout réparer.
Lorsqu’il eut, en 1635, donné 5,000 livres pour qu’elle prit le voile aux Visitandines de Montargis, il se déclara quitte, et cela de l’aveu même des parents, qui lui signèrent un acte en bonne forme. […] il était malmené de tous : les dévots le frappaient d’anathème, parce qu’ils le déclaraient impie, et les comédiens ne voulaient pas l’apprendre, parce qu’il était en prose. […] C’était l’original de Tartuffe, car, un jour, il lui déclara sa passion ; il était devenu amoureux d’elle, en traitant son affaire ; il lui dit qu’il ne falloit pas qu’elle s’en étonnât, que les plus grands saints avaient été susceptibles de passion, que saint Paul était affectueux, et que le bienheureux François de Sales n’avait pu s’en exempter89. […] Vers le milieu d’avril, le bruit courut même qu’il était mort, et s’accrédita tellement, que le gazetier Robinet se crut obligé d’écrire quelques vers pour déclarer que ce bruit était faux. […] C’est d’une autre qu’il se déclara le champion, c’est pour la médecine insultée, qu’il prétendit qu’il allait en guerre.
Permettons à chacun d’en rire ; Défendons à tous d’en médire ; Et déclarons que son Auteur Dans son style a de la douceur, De la netteté, de la grace ; Qu’avec tant de nature il trace Les sujets & les passions, Et débite des mots si bons, Qu’un esprit bien fait, quoi qu’on die, Doit admirer sa comédie, Et le prendre, tout bien compté, Pour Térence ressuscité.
Ce long équivoque de Cléomène qui, tâchant de rendre la princesse favorable à Timocrate pour prendre l’occasion de se déclarer, semble toujours agir contre soi, laisse les auditeurs dans une suspension d’esprit si agréable que, ce plaisir cessant par la reconnaissance, on veut que la pièce soit finie ; et sans faire un examen plus exact des parties qui doivent composer un poème, on prend droit de dire que le cinquième acte est inutile.
déclare Sganarelle le plus ridicule du monde, « si, ayant été libre jusqu’à cette heure, vous alliez vous charger maintenant de la plus pesante des chaînes ». […] Ne dites donc pas, citoyen de Genève, que Molière a voulu rire de la vertu : Molière ne s’est attaqué qu’aux excès de cette vertu ; il a déclaré une guerre généreuse à cette mauvaise humeur insociable, à cette inflexible analyse, à cet oubli continuel de ces innocentes formules que le monde appelle la politesse, et qui rendent la vie à ce point complaisante et facile, qu’il faut être vraiment un misanthrope, c’est-à-dire un homme presque mal élevé, pour faire tant de bruit contre cette monnaie courante de saluts, de sourires et de baisemain, sans laquelle il n’y a pas de société possible. […] Pauvre femme amoureuse ; elle a écrit, d’un doigt tremblant, le nom de Lauzun sur une glace ternie de son souffle brûlant, car Lauzun la força de se déclarer elle-même !
Jettons un coup d’œil sur le Misanthrope ; nous y verrons Moliere y démasquer une infinité de vices, & leur déclarer la guerre dans l’espoir de corriger les hommes qui les ont, ou d’effaroucher ceux qui pourroient un jour se laisser corrompre.
Enfin, comme il est assez vil pour se résigner même à ce malheur, pourvu qu’il tienne l’argent, elle éclate, indignée d’une telle bassesse, et lui déclare en face, avec une ironie méprisante, qu’elle renonce au bonheur de l’avoir pour époux.
Si tu veux que je te parle franchement, & pour finir notre contestation, je te déclare que je ne vois ici aucun oiseau peint.
Le fauconnier plut très fort à la Dame ; Et n’étant homme en tel pourchas nouveau, Guere ne mit à déclarer sa flamme.