C’est là que le jeune Pocquelin puise et l’amour de l’étude, et une haine insurmontable pour l’état auquel on le destine : il devient inquiet, rêveur, sa santé en est altérée ; ses parents alarmés cèdent à ses instances, et le confient à un maître de pension qui l’envoie externe aux Jésuites. […] Relisez la pièce, hommes superficiels, et vous verrez que jamais comédie ne donna plus de leçons utiles ; il y en a pour tous les sexes, pour tous les états : et dans ce siècle même, nous n’avons qu’à mettre les adresses. […] » les autres en répétant, d’après madame Pernelle : Vous êtes dépensière, et cet état me blesse, Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse. […] Le genre. — De caractère ; mais de tous les temps, de tous les lieux, de tous les états. […] Le style. — Chaque personnage a celui de son état.
Ce furent L’Étourdi et Le Dépit amoureux, applaudis l’un en 165311, l’autre en 1656, pendant la tenue des états du Languedoc, présidés par le prince de Conti, condisciple et protecteur du poète, qui faillit devenir son secrétaire après la perte de Sarrasin12. […] De fâcheux symptômes alarmaient pourtant ses amis, et leurs instances le pressaient de renoncer à un état dont les fatigues minaient ses forces. […] Il s’est donc trouvé, malgré lui, enchaîné par ce lien dont il enrage ; car un vicieux n’est pas toujours libre de l’être à sa manière, et l’héritier d’un beau patrimoine qui, depuis longtemps, s’étalait au soleil ne pouvait brusquement déchoir de son état, au point d’afficher la même lésine que l’obscur artisan d’un pécule ignoré. […] Quel maître sot que ce Trissotin, avec La constante hauteur de sa présomption, Cette intrépidité de bonne opinion, Cet indolent état de confiance extrême, Qui le rend en tout temps si content de lui-même, Qui fait qu’à son mérite incessamment il rit ! […] Quand son dépit va jusqu’à proscrire les livres, Molière ne veut donc point célébrer l’ignorance, mais peindre un bourgeois prosaïque, et un mari comme il s’en fait tous les jours aux bureaux de l’état civil178.
Après avoir gagné votre argent, ils vous dépouilleront comme au coin d’un bois et vous gagneront votre habit ; c’est pourquoi je vous conseille d’acheter au moins une paire de caleçons… J’étais trop amoureux de mon faible pour écouter un conseil si contraire à ma passion dominante, et, jour pour jour, je me trouvai, au bout de trois mois, au même état que mon marchand de linge m’avait prédit. […] Ce fut alors un véritable amour pour Madeleine, quoique M. de Modène fût là, mais M. de Modène était alors passé à l’état de mari. […] Cette bonite créature avait remplacé auprès de l’enfant sa mère véritable ; elle l’avait élevée jusqu’à l’âge de dix ans dans la perspective de blanchir la toile de Hollande. » L’historiographe se hasarde à peindre ainsi son héroïne sans l’avoir vue : « La petite Jeanne se faisait remarquer par une vive intelligence, par une taille déjà gracieuse et bien prise, par une physionomie expressive. » Et à ce propos Filandre, le comédien, chef d’une troupe d’acteurs qui courait les Flandres et les provinces de la république de Hollande, vit Jeanne chez sa blanchisseuse, « II proposa à celle-ci de prendre sa fille d’adoption et de lui donner un état plus brillant. […] Ô misère de cet état du comédien qui appartient à la curiosité publique morne par-delà la tombe !
Sa mère, sur laquelle nous devons insister, car il dut tenir d’elle, comme la plupart des fils, semble avoir eu toute la distinction que son état pouvait lui permettre alors. […] Ils firent affaire, tout d’abord, avec un certain Gallois, propriétaire du jeu de paume des Métayers, assez délabré et d’approche fort peu accessible, mais qu’il promit de leur livrer en bon état et abordable, s’ils voulaient lui laisser le temps de faire ces réparations. […] Il y a bien peu de gens, dans ce pauvre faubourg, qui soient en état de se payer, même à bas prix, le plaisir du théâtre ; personne ne vient donc. […] Que ce fût par choix ou par nécessité, lorsqu’il reprit sa pièce, à ce moment, il n’était que trop en état de l’écrire et de la tirer, pour ainsi dire, par lambeaux, de son âme saturée d’amertume. […] J’ai mes autorités pour ce que je dis ici ; ce sont les ennemis même de Molière qui, lui faisant des crimes avec des vétillés, se moquèrent bien haut de ce manteau et de ce chapeau jetés dans la boue, comme si, dans l’état où il est, Arnolphe pouvait avoir l’esprit à ce qu’il fait et ne prouvait pas, au contraire, par cette distraction même, l’état d’égarement où l’ont mis les confidences d’Horace.
si Molière n’a jamais composé de sermons, c’est qu’il n’était pas prédicateur de son état, et qu’une homélie n’eût pas été à sa place sur la scène. […] Il revient à dire : vous êtes prédicateur, c’est votre état de tonner contre les vices ; tonnez, mon ami, tonnez. […] Il a accrédité les unes, qui ont dû précisément à la moquerie qu’il en faisait de s’insinuer dans la conversation ordinaire ; les autres ont passé à l’état d’antiquailles. […] Jourdain dont le seul tort après tout était de vouloir apprendre les belles manières et s’élever au-dessus de son état ; il l’a livré aux risées du public, victime d’une mystification odieuse. […] Il eût fallu les justifier au moins, en donnant à Harpagon un état dans le monde, un rang à soutenir, en mettant son avarice aux prises avec sa condition sociale.
Il veut goûter par-là toutes sortes d’états ; Et c’est agir en Dieu qui n’est pas bête.
Qu’on ne croie point, par exemple, que Le Bourgeois gentilhomme soit une protestation contre l’anoblissement de la roture, contre la marche ascendante du tiers état, ni contre l’aristocratie elle-même ; en traduisant sur la scène un bourgeois ridicule et un marquis dépravé, il signale un double abus : l’avilissement des titres dans ceux qui les portent ; le ridicule d’y prétendre quand on n’y est pas né.
Ils sont passés à l’état des fossiles, ces courtisans, la honte de l’espèce humaine. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux ! […] Est-ce vivre, en effet, que de passer à l’état d’une langue morte, d’un chef-d’œuvre oublié, d’une curiosité littéraire ?
Deuxième lettre sur la vie et les ouvrages de moliere et sur les comédiens de son temps (juin 1740) Voici, Monsieur, la suite des Mémoires qu’on a pû ramasser sur l’état de nos théâtres depuis environ soixante-dix ans. […] Hauteroche la mit dans l’état où nous la voyons237 ; Le Feint Polonois, ou la Veuve impertinente, de trois actes, en prose, 1686238 ; Les Bourgeoises de qualités 239, de cinq actes, en vers, 1691240; Crispin médecin, de trois actes, en prose, 1680241; Les Nouvellistes, en trois actes, 1678, à l’Hôtel de Bourgogne ; La Bassette, comédie242, jouée à l’Hôtel de Bourgogne en mai 1680243, différente de celle de Guenegaud, jouée en même temps sous le même titre244.
Où pouvez-vous donc prendre de quoi entretenir l’état que vous portez ? […] La charité jadis s’exerçait sans éclat : À Paris maintenant on s’en fait un état. […] Certes, cette période de quinze années, où la paix européenne succédait pour la France à un état de guerre permanent ; où dans tout le pays s’était organisée, avec la liberté de la presse, une lutte d’un autre genre, la lutte des idées et des principes ; où l’égoïsme et l’avidité avaient tué chez tant de puissants personnages le sentiment national et jusqu’au respect de soi-même; où naissaient déjà le culte des intérêts matériels, la passion du luxe, le désir des rapides fortunes, qui faisaient recourir aux entreprises hasardeuses, aux spéculations de bourse et à l’agiotage ; où enfin, pour achever le tableau, la littérature subissait aussi son invasion et se trouvait divisée en deux sectes ennemies, classique et romantique , non moins violentes, non moins implacables dans leur haine que les deux sectes politiques, cette période de quinze années, disons-nous, devait être, on le voit, éminemment favorable à la comédie. […] Il y a, ce nous semble, d’autant plus de nécessité à le faire, que de nos jours encore des hommes très haut placés dans la littérature ne craignent pas de déclarer impuissante et usée la poétique suivie par Molière et d’appeler de tous leurs vœux « un système dramatique nouveau, dont Shakespeare peut seul fournir les plans d’après lesquels le génie doit travailler; où le mouvement de notre esprit ne soit plus resserré dans l’étroit espace de quelque événement de famille ou dans les agitations d’une passion purement personnelle ; système large, profond, approprié à l’état actuel de la société, où la distinction tyrannique des genres n’existe plus ; où le sérieux et le plaisant, le rire et les pleurs, ainsi que dans la vie réelle, se trouvent incessamment confondus; où l’homme enfin se montre tout entier, et provoque toute notre sympathie. » Il est assez curieux de remarquer ; d’abord, qu’en voulant affranchir les auteurs de toute espèce de joug, la poétique nouvelle leur en imposerait un bien plus pénible à coup sûr, bien plus difficile que l’ancien, celui qui les contraindrait, dans le même ouvrage, à faire rire et pleurer alternativement.
Son maître lui montre à contrefaire les personnes de tous les états, à demander tout ce qui lui fera plaisir ; ce qui fournit quantité de lazzis bien plus plaisants que ceux de la piece françoise.
Lelio, dont l’état empire sensiblement, se désole ( le zucche non crescono ne gli horti, dit-elle, tanto quanto à me il ventre ).
Qu’ils invoquent tout à leur aise le respect dû à leurs longs services, cet argument ne changera pas l’état de la question.
Évidemment Bossuet, comme Pascal, avait vu à sa cour et autour de lui de vrais libres penseurs ; il avait expérimenté, non en lui-même, mais chez les autres, cet état de fierté et de liberté de celui qui a secoué le joug et pour lequel la foi et n’est plus qu’en état enfantin de l’esprit.
Voltaire dit avec raison : « Quand Molière n’aurait fait que L’École des maris, il passerait encore pour un excellent auteur comique. » Notice historique et littéraire sur Les Fâcheux Tout le monde sait que Nicolas Fouquet, dernier surintendant des finances, reçut Louis XIV dans sa belle maison de Vaux, peu de jours avant d’être enfermé pour le reste de sa vie, comme criminel d’état.
Il demande à Célio ce qui le met dans l’état violent où il le voit, Célio lui répond qu’il est ainsi toutes les fois qu’il voit une femme.
Amphitrion revient, au désespoir de n’avoir pu trouver les personnes en état d’assurer qu’il n’a pas quitté l’armée.