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102. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Le théatre françois, ce théâtre élevé sur les ruines de tous les autres ; ce théâtre, l’objet de l’admiration & de la jalousie de toutes les nations policées ; ce théâtre qui a si bien contribué à porter la langue françoise dans tous les pays où l’on sait lire ; ce théâtre enfin que les peuples instruits veulent voir chez eux, ou qu’ils tâchent d’imiter, est aujourd’hui sacrifié au mauvais goût dans le sein de cette même capitale où il prit naissance, & qu’il couvrit de gloire.

103. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

On retrouve les mêmes idées dans le Discours au Roi imprimé en tête des Fâcheux : « Ceux qui sont nés en un rang élevé peuvent se proposer l’honneur de servir Votre Majesté dans les grands emplois ; mais pour moi, toute la gloire où je puis aspirer, c’est de la réjouir.

104. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Tantôt l’élévation des aperçus empêche le critique d’être biographe exact ; tantôt les efforts du biographe pour être précis et fidèle empêchent le critique d’être élevé. […] Elle était faite pour y obtenir de véritables succès ; mais l’affectation dans laquelle elle avait été élevée, le faux esprit qu’on lui avait inspiré dès son enfance, lui avaient ravi tout moyen de plaire aux gens que n’avait point encore gagnés cette fièvre du mauvais goût. […] Malheureusement il ne paraît pas que cette tragédie fut de nature à vaincre la ligue silencieuse : elle n’eut que trois représentations dont le produit fut peu élevé. […] Riccoboni, le premier écrivain un peu renommé qui se soit élevé contre l’immoralité de cette pièce, la range parmi celles qui « ne peuvent être admises sur un théâtre où les mœurs sont respectées ». […] Molière fit suivre cette production riante d’une composition d’un ordre beaucoup plus élevé.

105. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Dès le 24 octobre de la même année, sa troupe représenta la tragédie de Nicomède devant toute la Cour, sur un théâtre élevé dans la salle des gardes du Vieux Louvre. […] Mais quand Molière eut bien préparé sa vengeance, il déclara publiquement qu’il les avait faits : Benserade fut honteux, et son protecteur se fâcha, mais il avait les sentiments trop élevés pour que Molière dût craindre les suites de son premier mouvement. » Ajoutons, pour terminer cet article, le sentiment de quelques auteurs célèbres sur la personne et les ouvrages de Molière. […] « [*]Molière ne laissait point languir le public ; toujours heureux dans le choix de ses caractères, il avait travaillé sur celui du Misanthrope, il le donna au public, mais il sentit dès la première représentation que le peuple de Paris voulait plus rire qu’admirer ; et que pour vingt personnes qui sont susceptibles de sentir des traits délicats et élevés, il y en a cent qui les rebutent, faute de les connaître. […] Il a pris beaucoup de choses de Plaute ; mais il leur donne un autre tour : et s’il n’y avait qu’à comparer ces deux pièces l’une avec l’autre pour décider la dispute qui s’est élevée depuis quelque temps sur la supériorité ou l’infériorité des anciens (M. 

106. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Par quel contre-sens étonnant le génie de Molière a-t-il conçu l’idée la plus élevée du mariage, ] et n’a-t-il jamais entrevu l’idée de la famille ?

107. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Présenter des images très délicates et en même temps très pratiques de l’honnêteté la plus élevée, de l’amour le plus naturel et le plus pur, c’est évidemment rendre service aux hommes et leur insinuer doucement le sentiment de la joie intime et de la dignité que produit le noble usage de leurs facultés.

108.

On voit généralement dans le Tartuffe des personnages appartenant à un milieu bourgeois : Orgon n’a rien qui révèle nettement l’aristocratie ; Mme Pernelle ne semble pas d’une classe sociale élevée ; au théâtre, le costume de la seconde, comme celui du premier, sentent la pleine roture. — Mais, singulière anomalie ! […] De plus, la recette peu élevée du premier soir, 533 livres, permettrait de croire que l’on avait négligé d’employer les moyens ordinaires pour piquer la curiosité publique, soit dans les affiches, soit dans les annonces verbales que l’orateur faisait sur le théâtre. […] Aurélie avait trouvé un amant parfait en la personne d’un certain « malheureux dont l’air était plus sévère qu’agréable, et qui paraissait élevé au-dessus du commun des hommes par la recherche de ses discours et par la vivacité de ses pensées. […] Un jeune homme, nommé Clomire, vint pour « la galantiser » ; s’il possédait peu de fortune, en revanche il avait « la mine noble, la taille belle, l’air aisé et libre, l’humeur enjouée, le discours vif et agréable, et l’esprit élevé et plein de feu36 » ; il n’épargna rien pour lui être agréable, l’emmena à la Comédie, aux Fêtes, fit des vers pour elle, et la tint au courant de tout ce qui se passait à la Cour et à la Ville, et des ouvrages nouveaux. […] Guillaume Wycherley, élevé en France, et qui avait fréquenté l’hôtel de Mme de Rambouillet, a inséré dans The Gentleman Dancing-Master (Le Gentilhomme maître à danser), joué en 1673, et imité du poète espagnol Calderon, la seconde et la cinquième scène du second acte de L’École des maris.

109. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Lié dès lors et comme enlacé à la vie de théâtre par ses goûts d’acteur, par ses succès d’auteur, et aussi, il faut bien l’avouer, par ses faiblesses d’homme, il comprit enfin que la tâche unique d’amuser ses contemporains était un rôle vulgaire, que la scène où il était monté devait être élevée et épurée, et qu’elle pouvait devenir une école pour réformer les travers de l’esprit et les vices du cœur, ou, tout au moins, pour les déconcerter par le ridicule.

110. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière, content des comédiens qu’il a formés, se rapproche de la capitale ; il passe le carnaval à Grenoble, l’été à Rouen ; de-là il fait de fréquents voyages à Paris, et, grâce à la protection du Prince de Conti, qui lui valut celle de Monsieur, il obtint la permission de s’y établir ; ce fut le 23 octobre, que sa troupe joua la tragédie de Nicomède devant la Cour, sur un théâtre élevé dans la salle des gardes du Vieux-Louvre10. […] Dans la pièce de Térence le but moral est manqué, puisque le jeune homme élevé avec douceur en abuse, non seulement pour son compte, mais pour servir les fredaines de son frère. […] Il est bien surprenant qu’aucun homme de goût ne se soit pas élevé contre la bande de papier qui cachète la boîte d’or dans laquelle cette lettre est renfermée. […] Fasse le ciel, qu’insensiblement séduit, comme Arnolphe, par les charmes naissants d’une enfant élevée sous ses yeux, il n’ait pas les mêmes raisons que lui pour s’en repentir ! […] » Il n’a pas eu la mise d’un cuistre, comme celui-ci… ; il ne s’est donné ni le ton ni la perruque noire et plate d’un pénitent, comme celui-là… ; mais d’abord souple, insinuant, observateur surtout, il ne s’est rien permis qu’avec circonspection ; j’ai même cru voir que le cafard disparaissait, pour faire place à l’homme aimable, à mesure qu’il concevait l’espérance de plaire à une femme élevée dans la bonne société : je ne lui aurais enfin désiré, dans cette scène, que plus de chaleur concentrée, et une âme remplie de la ferveur qu’il annonce par ces vers : J’aurai toujours pour vous, oh suave merveille !

111. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

La jalousie reveilla dans son ame la tendresse que l’étude avoit assoupie ; il courut aussi tôt faire de grandes plaintes à sa femme, en lui reprochant les grands soins avec lesquels il l’avoit élevée ; la passion qu’il avoit étouffée ; ses manieres d’agir, qui avoient été plûtot d’un amant que d’un mary ; & que pour recompense de tant de bontez, elle le rendoit la risée de toute la Cour.

112. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il dit qu’il est charmé d’avoir cette fille dans sa maison, parce qu’étant élevée comme un garçon et sachant le commerce, elle lui rendra de grands services.

113. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Cela ne sied plus : il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot. » Il le représente assistant à la célébration des saints mystères, « le dos tourné directement aux autels, les faces élevées vers leur roi que l’on voit à genoux sur une tribune, marque d’une sorte de subordination, puisqu’ils semblent adorer le prince, et le prince adorer Dieu. » Les mœurs dévotes ne seront pas moins remarquables à la ville qu’à la cour.

114. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Les parents de Molière l’élevèrent pour être tapissier, et ils le firent recevoir en survivance de la charge du père dans un âge peu avancé ; ils n’épargnèrent aucun soin pour le mettre en état de la bien exercer, ces bonnes gens n’ayant pas de sentiments qui dussent les engager à destiner leur enfant à des occupations plus élevées : de sorte qu’il resta dans la boutique jusqu’à l’âge de quatorze ans ; et ils se contentèrent de lui faire apprendre à lire et à écrire pour les besoins de sa profession. […] lui dit-il, un petit comédien aura l’audace de mettre impunément sur le théâtre un homme de ma sorte (car le bourgeois s’imagine être beaucoup plus au-dessus du comédien que le courtisan ne croit être élevé au-dessus de lui) ! […] Le public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevée ; mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous ait fait voir qu’il a su profiter des leçons d’un si grand maître. […] Il semblait qu’il les eût travaillés vingt années, tant il était assuré dans ses tons ; ses gestes étaient ménagés avec esprit ; de sorte que Molière vit bien que ce jeune homme avait été élevé avec soin. […] Mais le grand seigneur avait les sentiments trop élevés pour que Molière dût craindre les suites de son premier mouvement117.

115. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

— On assure que Molière s’est peint dans Ariste ; et l’éducation que préconise ce bonhomme est celle qu’il a donnée à sa femme, car il l’a élevée lui-même… — Bonne précaution, encore que Scarron la déclare inutile  Mais que pensez-vous du fait ? […] elle a été élevée comme la sœur Armande ; elle n’a pas poussé aussi loin en philosophie, mais elle est savante, et je ne serais pas surpris que, quoi qu’elle en dise, elle sût du grec autant que femme de France.

116. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

La fenêtre n’est pas élevée, il saute en bas, & va vîte reprendre son habit de Médecin.

117. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

La comédie de Quinault est d’un ton plus élevé, quoique pourtant, comme Scarron, il abonde en locutions populaires et d’argot. […] Elevée Dans un petit couvent, loin de toute pratique, Agnès n’a rien pour elle que d’être la jeunesse, l’amour, et la nature.

118. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il est d’ailleurs curieux de voir ce que pensait de Tartuffe un des esprits les plus élevés du xviie  siècle : « Je viens de lire le Tartuffe, écrivait Saint-Évremond, c’est le chef-d’œuvre de Molière. […] Et ce n’est plus seulement le bon sens qui raille ou s’indigne, il y a là une grandeur véritable, je ne sais quoi de plus profond, un sentiment plus élevé, une conception plus humaine et plus haute. […] Au reste, et encore un coup, Molière est le représentant le plus élevé de l’esprit français, avec ses étroitesses, mais ses honnêtetés, avec sa haine du précieux, du boursouflé, de l’obscur, et sa soif de clarté, son avidité de lumière. […] Hollandaise abandonnée par ses parents, élevée par une blanchisseuse, mariée à Beauval, applaudie à Paris, morte à soixante-treize ans, après avoir eu vingt-quatre enfants.

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