/ 229
85. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Il lui manquait d’être roi de fait ; il le fut. […] C’est que sous les deux rois que je viens de nommer, la France était gouvernée par des habitudes de respect, qui sont aujourd’hui perdues sans retour. Quatre objets, qui se représentaient sans cesse aux yeux ou à la pensée sous la monarchie ancienne, et surtout dans la littérature, avaient fait contracter ces habitudes de respect : les femmes, les prêtres, les grands, les rois. […] Aujourd’hui Racine ne regarderait pas comme héroïque cette réponse de Porus à Alexandre qui lui demande comment il veut être traité : En roi . […] La littérature anglaise n’a jamais présenté cette séparation des styles qui a été si rigoureusement observée en France, parce qu’elle n’a jamais connu comme les Français ce quadruple culte des prêtres, des grands, des rois et des femmes.

86. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Le public connaissait l’intrigue de d’Urfé et l’aversion du roi pour lui. […] On voit dans les Mémoires de Bassompierre, que le roi s’en faisait faire la lecture pendant un accès de goutte qui le retenait au lit. […] Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.

87. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il lui accorda jusqu’à la fin de ses jours une faveur spéciale, et dans les infortunes conjugales qui marquèrent la vieillesse du bouffon, le roi intervint par toutes sortes de lettres de cachet et prêta complaisamment au mari offensé les secours de sa souveraine puissance. […] Dans cette troupe s’était engagé le fils d’un tapissier, valet de chambre du roi, Jean-Baptiste Poquelin, qui se fit appeler Molière. […] Scaramouche reçut toujours le plus favorable accueil du jeune roi et de son ministre. […] Baptiste fit exécuter, le 16 janvier 1657, un ballet auquel le jeune roi prit part, ballet italien-français intitulé Amor malato, l’Amour malade. […] Et, au dénouement de la Fronde, la veille du jour (21 octobre 1652) où le jeune roi va rentrer dans sa capitale, la duchesse d’Orléans, si l’on en croit Retz, a recours aux mêmes souvenirs du théâtre italien pour caractériser la ridicule attitude du duc d’Orléans.

88. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

L’Italien usa et abusa de l’ascendant qu’il avait pris sur le roi. […] Les officiers du roi pouvaient-ils être excommuniés dans l’exercice de leur emploi ? […] Molière, comédien du roi, officier du roi, était donc couvert contre l’excommunication par la personne du souverain. […] s’écria le roi. — Quelle calomnie, sire ! […] Voyez celle de Marcoureau de Brécourt, comédien du roi, mort le 29 mars 1685 ; p. 18 de la brochure de M.

89. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

La même année il était question, dans l’Assemblée générale du Clergé de France, de proposer au Roi « la translation de toutes les foires qui se tenaient les jours de fête, » et c’était un des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, Mgr de La Barde, qui poussait cette pointe. […] A la Cour, autour du jeune Roi sur le point de régner par lui-même, tout un parti travaillait sourdement à perpétuer, malgré Anne d’Autriche convertie, la liberté de mœurs et aussi d’esprit que sa trop « bonne régence »avait débridée. […] Vieillie, morose, importune à la Cour et à son fils, sa préférence ne l’emporte pas contre l’indifférence des trois ministres qui se partaient alors la confiance du jeune roi. […] Quand ils l’accusent de ruiner la religion et la morale, ce n’est pas pour leur propre compte : derrière leurs indignations, une main, et une main vigoureuse se sent, qui les commande, les documente, et qui les enhardit à discréditer le poète favori du Roi. […] Discours au Roi, 1663 18.

90. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Le marquis de Montespan, ayant eu le mauvais goût de se fâcher et d’adresser à sa femme des remontrances qu’un homme bien élevé n’aurait jamais dû se permettre, fut exilé dans ses terres, et le roi prit sa place sans que personne s’en étonnât. […] Il est vrai qu’il parle à sa femme sur le ton de la colère, quand il apprend à son arrivée qu’Alcmène a passé la nuit dans les bras d’un autre Amphitryon ; mais j’imagine que la marquise de Montespan n’a jamais répondu à son mari comme la femme du général thébain : elle n’a pas essayé de lui persuader qu’elle avait cédé au roi par surprise. […] Molière, qui frondait les ridicules de la cour avec l’approbation du roi, ne se fût jamais permis de placer le roi lui-même dans une situation désavantageuse.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Mardi, ballet & comédie, Avec très bonne mélodie, Aux autres ébats succéda, Où tout, dit-on, des mieux alla, Par les soins des deux grands Baptistes44, Originaux & non copistes, Comme on sait, dans leur noble emploi Pour divertir notre grand Roi. […] Voyez-vous, mon ami, j’ai toujours aimé l’égalité, & je ne saurois souffrir toutes ces suffisances : on m’a donné le nom de Thérese au baptême, sans y ajouter Madame ni Mademoiselle : mon pere s’appelle Cascayo, & moi je m’appelle Thérese Pança, parceque je suis votre femme ; car je devrois m’appeller Thérese Cascayo ; mais là où sont les Rois, là sont les loix : tant y a que je suis bien contente de mon nom, & je ne veux point qu’on le grossisse davantage, de peur qu’il ne pese trop, ni non plus donner à parler aux gens, en m’habillant à la Baronne ou à la Gouverneuse. […] Le Roi ne lui en dit pas un mot à son souper. […] Après la représentation, le Roi, qui n’avoit pas encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Moliere : Je ne vous ai point parlé de votre piece à la premiere représentation, parceque j’ai appréhendé d’être séduit par la maniere dont elle avoit été représentée : mais, en vérité, Moliere, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, & votre piece est excellente. Moliere reprit haleine au jugement de Sa Majesté ; & aussi-tôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tous d’une voix répétoient, tant bien que mal, ce que le Roi venoit de dire à l’avantage de cette piece.

92. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

On les donne, tels quels, avant même que le dénouement eût été écrit, devant le roi, à Versailles. […] A la fin, le roi promit de laisser jouer la pièce. […] Son pamphlet, intitulé Le Roi glorieux au monde, qu’Aimé Martin avait vu et que M.  […] Le regret que le plus grand des rois a fait paraître de sa mort est une marque incontestable de son mérite. […] Molière répondit par un placet au roi contre ce curé et « les Faux Monnayeurs en dévotion ».

93.

Le rire du Roi gagne naturellement la Cour, et la Cour entraîne la Ville. […] Les deux troupes, entretenues par le Roi, s’appelaient également troupes royales. […] C’était un dimanche, et la veille de la fête du Roi. […] Le Roi y alla le 20 et en repartit le 24. […] À ce moment, le Roi n’était déjà plus l’hôte de son frère.

94. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Le roi, par ce traité, renonçait à sa nouvelle conquête, sans en perdre la gloire, et il conservait, du consentement même de l’Espagne, tout ce qu’il avait conquis précédemment sur elle dans les Pays-Bas. […] Heureusement Louis XIV, satisfait de réussir dans son noble métier de roi, ne trouvait pas mauvais que les hommes de lettres fussent plus connaisseurs et plus habiles que lui en littérature. […] Elle déplut à Molière, qui, dit-on, voulant s’en venger, fit pour le roi, représentant Neptune et ensuite Apollon, des vers où la manière de Benserade était habilement saisie, et mit le roi lui-même dans la confidence. […] Il est peu probable que Molière ait composé, à la louange du roi, des vers qui n’eussent été que la parodie d’un style ridicule ; il ne l’est pas davantage que le monarque lui-même se fût prêté à ce badinage indécent. […] Ce fut très peu de temps après la représentation des Amants magnifiques, que Mademoiselle fit confidence au roi de son projet, et obtint de lui un consentement qui fut presque aussitôt révoqué.

95. (1802) Études sur Molière pp. -355

Dans Il Principe Geloso, Arlequin, simple domestique, sert d’espion au roi. […] La pièce fut jouée à Vaux, le 16 août ; elle plut beaucoup au roi, qui dit à l’auteur, en lui montrant M.  […] Nous y voyons encore que, si son cœur était sensible aux bienfaits de son roi, il ne l’était pas moins à l’injustice des critiques ; et ceux-ci vont en avoir de nouvelles preuves. […] Le Mariage forcé a été ordonné et fait pour un ballet où le roi dansa dans une fête intitulée Les Plaisirs de l’île enchantée, et qui dura sept jours. […] Molière instruit de cet aveu, lui écrit : « je vous envoie un ordre du roi, de l’argent, prenez la poste, venez me joindre ».

96. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Il y sejourna pendant l’été ; & après quelques voyages qu’il fit à Paris secretement, il eut l’avantage de faire agrèer ses services & ceux de ses camarades à Monsieur, qui lui ayant accordé sa protection, & le titre de sa Troupe, le presenta en cette qualité au Roi & à la Reine Mere. […] Car à peine fut-elle à Chambor où le Roi donnoit ce divertissement, qu’elle devint folle du Comte de Guiche, & que le Comte de Lauzun devint fou d’elle. […] C’est un Remerciment au Roi ; il y donne un tour merveilleux, & peut-être n’a-t-il rien fait de meilleur en matiere de petits Ouvrages. […] Colbert fut chargé de faire choix des plus habiles Acteurs qui restoient dans la troupe du Palais Roial, & des plus habiles de celle du Marais, & d’en former une belle troupe sous le nom de la Troupe du Roi. […] Elle fut établie l’an 1620, sous le titre de la troupe du Roi.

97. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

À son retour, il fut nommé conseiller d’état le 25 juillet 1617, et conseiller au conseil des Finances le 7 janvier 1620 ; au mois de mars suivant, le Roi lui donna la charge de grand-prévôt de France, vacante par la démission de Joachim de Bellengreville4. […] Son fils, dont il s’agit ici, fut élevé page de Monsieur (Gaston), frère du roi Louis XIII, duquel il devint un des Chambellans, vraisemblablement lors de son mariage, dont le contrat fut signé le 19 janvier 1630, avec Marguerite de la Baume, veuve d’Henri de Beaumanoir, marquis de Lavardin, gouverneur du Maine et du Perche et fille de Rostain de la Baume, comte de Suze et de Rochefort, maréchal-de-camp, et de Madelène de Lettes des Prés de Montpezat, sa première femme5. […] Ces rebelles, sentant qu’ils avaient besoin d’un chef qui leur procurât l’appui de la France14, s’adressèrent au duc de Guise, par qu’il descendait des anciens rois de Naples15, et que cette entreprise était digne de lui. […] Histoire des rois des deux Siciles, par d’Égly. […] Hist. des rois des deux Siciles, par d’Égly, t. 4, p. 213.

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Le Roi donna lui-même le sujet : il voulut que deux Princes rivaux se disputassent, par des fêtes galantes, le cœur d’une Princesse. […] L’imitation ne peut être bien conséquente, dans un drame fait à la hâte pour amener, dans différents intermedes, des divertissements qui pussent en même temps satisfaire les Courtisans & la magnificence du Roi. […] Quand je plaisois à tes yeux, J’étois content de ma vie, Et ne voyois Rois ni Dieux Dont le sort me fît envie.

99. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Son Père bon Bourgeois de Paris et Tapissier du Roi, fâché du parti que son Fils avait pris, le fit solliciter par tout ce qu’il avait d’Amis de quitter cette pensée, promettant s’il voulait revenir chez lui, de lui acheter une Charge telle qu’il la souhaiterait ; pourvu qu’elle n’excédât pas ses forces. […] De là ils vinrent à Paris, où ils jouèrent devant le Roi et toute la Cour. Il est vrai que la Troupe ne réussit pas cette première fois : mais Molière fit un Compliment au Roi, si spirituel, si délicat et si bien tourné, et joua si bien son rôle dans la petite Comedie qu’il donna ensuite de la grande, qu’il emporta tous les suffrages, et obtint la permission de jouer à Paris.

100. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Au mois de septembre de la même année, ces trois premiers actes furent également joués à Villers-Cotterêts, chez Monsieur, en présence du roi et des deux reines. […] Molière obtint du roi la permission tant désirée, au moment où ce prince partait pour la conquête de la Flandre. […] Le roi fit dire aux deux comédiens qu’à son retour à Paris il ferait examiner la pièce, et qu’ils la joueraient . […] Dix-huit mois s’écoulèrent sans que Molière obtînt du roi la permission écrite qui devait lever la défense du parlement. […] Néanmoins les comédiens eurent assez d’accès auprès du roi pour la faire réhabiliter.

/ 229