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18. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Il faut être vrai : tout ce que l’Auteur dit dans sa sortie contre les pieces intriguées par des valets, n’est pas bien vu ; mais le commencement décele la connoissance la plus étendue du théâtre de l’antiquité, & les réflexions les plus profondes sur l’art comique. […] Après avoir admiré la science profonde qu’il a du théâtre, après lui avoir rendu justice sur la bonté du conseil qu’il nous a donné, nous pouvons nous permettre de lui dire que les autres ne sont pas vus avec la même justesse.

19. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Il n’a pas la miraculeuse imagination de son rival ; mais cela même le sert et le rend plus profond dans son observation. […] Nous avons affaire à l’observateur le plus profond qu’il ait existé jamais et en même temps, par une chance inouïe, au plus intarissable, au plus verveux, au plus fort des auteurs comiques : cela ne nous arrête pas, et ce que nous voulons trouver dans son œuvre, c’est la clef de sa chambre à coucher, l’écho de son alcôve, et de ses sanglots surtout. […] Sa gaieté est large et vigoureuse, profonde, oui, très profonde, et c’est pourquoi, n’en déplaise à Musset, elle ne provoque point à pleurer, signe de faiblesse, mais à rire aussi, à rire du bon du cœur, ce qui désopilé la rate, élargit les côtes, purge les humeurs, nettoie la bile, rafraîchit le sang, dilate et fortifie, et met le cœur sur la main. […] La scène est belle, elle est profonde, disons tout, elle est sublime ; mais c’est une scène de comédie. […] Il aime véritablement, et passionnément, il a sur l’amitié, dès la première scène, des mots délicats et profonds, — c’est enfin plus qu’un saint, c’est un juste, et avec tout cela, Molière l’ayant condamné, je l’exécuterais sans miséricorde ; pourquoi ?

20. (1801) Moliérana « Préface »

Élève d’un célèbre philosophe (Gassendi*), il mit ses leçons en pratique ; profond dans la connaissance du cœur humain, il en développa les ressorts avec une sagacité étonnante ; bon et humain, il sema ses bienfaits sans ostentation, et n’en chercha de récompense que dans son cœur.

21. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Elle est surtout dans les joies, dans les soucis, et jusque dans les tristesses du foyer domestique ; dans ce drame long, monotone et doux de la vie de famille ; dans le retour régulier de ce qu’attend une espérance modeste; dans les épisodes gracieux, sombres eu touchants que la Providence entremêle à l’épopée de chacune de nos vies ; dans le souvenir respectueux des vertus réelles et pratiques des ancêtres; dans l’estime plus que dans la gloire ; dans un amour intime de la terre natale, de tous ses enfants, de tous ses intérêts; dans la vie intérieure du cœur, vaste et profond théâtre où, dans un demi-jour solennel, se meuvent tant d’idées et de sentiments, d’images et de réalités, de souvenirs et d’espérances ; dans la religion enfin, sans laquelle toute poésie est menteuse ou mutilée, et qui, seule, donnant une valeur impérissable à ce qui ne parait pas, en enlève d’autant à tout ce qui parait et qui éclate. […] L’enseignement de l’esthétique est confié, dans l’université de Zurich, à un homme de science et d’une portée d’esprit peu commune, mais qui, Germain par sang et digne héritier de Schlegel, fait profession d’un profond mépris pour les lettres romanes et n’a d’admiration que pour les littératures germaniques, dont Shakespeare est, à ses yeux, le plus noble représentant. […] C’est alors pourtant, alors qu’il ne moralise plus, qu’il exerce l’influence morale la plus sérieuse et la plus profonde. […] Il ne faut pas se le dissimuler, les termes dans lesquels Rengagèrent les discussions du dix-huitième siècle révèlent un vide profond et l’absence du sentiment religieux.

22. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

et Molière assurément sera dans son droit lorsqu’il traitera avec un profond mépris les Bavius et les Mévius de son temps. […] Il y a dans ce caractère quelques traits de profonde tendresse qui font oublier la singularité plaisante du personnage. […] La plaie imperceptible aura produit, à la longue, un vaste et profond ulcère ! […] Gustave Planche, critique judicieux et profond, et meilleur écrivain que ses devanciers.         […] Il faut, pour le rendre exactement, une profonde étude de physionomie.

23. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

« Je ne sais pas combien de temps je serai ici (à la cour) ; j’y suis venue avec des dispositions soumises qui durent encore ; et je suis résolue, puisque vous l’avez voulu, de me laisser conduire comme un enfant, de tâcher d’acquérir une profonde indifférence pour les lieux et pour les genres de vie auxquels on me destinera, de me détacher de tout ce qui trouble mon repos et de chercher Dieu dans tout ce que je ferai. […] Ai-je besoin de faire remarquer cette promesse d’acquérir une profonde indifférence pour ces lieux de danger, et de se détacher de tout ce qui trouble son repos ; promesse que suit la déclaration de son peu d’aptitude à une vie contemplative ?

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Ils firent ensuite une profonde révérence à ces vénérables matrones, passèrent dans une autre chambre, et il en avint madame la duchesse d’Orléans et ensuite M. le comte de Toulouse. » Madame de Maintenon avait prévu ce retour. […] La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès.

25. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Cette mort, la retraite pieuse qui l’avait précédée, et qui rappelait celle de madame de La Vallière, l’âge, la réflexion dont le roi prenait l’habitude avec madame de Maintenon, le jetèrent dans une tristesse profonde et suspendirent le cours de ses dérèglements. […] Je ne songe plus à me retirer. » La dévotion de madame de Montespan n’était pas si profonde qu’elle ne saisit toutes les occasions de nuire à madame de Maintenon. […] En se défendant par l’intérêt de l’honneur, auquel le roi pouvait opposer la promesse du secret, elle l’aurait rebuté ; en se défendant par la religion, par un devoir et par un intérêt commun ; en se défendant par un devoir qu’elle représentait comme pénible à son cœur, et comme assez contraire à son inclination pour laisser au roi l’espérance d’en obtenir l’oubli dans un moment propice, elle parvenait à la solution habile de cette grande difficulté de renvoyer le roi toujours affligé, jamais désespéré ; en prolongeant son désir, elle en faisait une passion vive et profonde.

26. (1900) Molière pp. -283

Et cette joie, toute naïve qu’elle est, est touchante, car le sentiment est profond et sincère. […] C’est une scène de comédie des plus profondes et des plus violentes ; on a persuadé à M. de Pourceaugnac que ces deux médecins sont deux maîtres d’hôtel ; il raisonne tout le temps avec eux comme si c’étaient des maîtres d’hôtel, et eux avec lui comme si c’était un malade. […] Le génie du poète a mis une particulière empreinte sur cette pièce, conçue en quelques jours, écrite d’un jet puissant, pleine de choses, de choses tristes et profondes, tantôt comédie, tantôt drame, ou l’un et l’autre à la fois. […] Chez nos grands poètes, cette influence est très réelle et très profonde. […] Il s’est accompli parmi nous depuis deux siècles, non seulement dans la vie publique, mais encore dans la vie privée, une suite de révolutions insensibles et cependant si profondes, que nous refusons parfois de nous reconnaître dans nos aïeux.

27. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Le doute méthodique, l’autorité du témoignage des sens niée, la distinction profonde de l’âme et du corps, la connaissance de l’âme plus claire que celle du corps, sont tour à tour l’objet de l’ironie de Molière, comme de l’ironie de Gassendi. […] Chapelle et lui ne se passaient rien sur cet article-là : celui-là pour Gassendi, celui-ci pour Descartes. » Mais on voit que si Molière est cartésien, il ne l’est que pour la physique, par la charmante anecdote que rapporte ensuite Grimarest, de cette discussion philosophique, dans le bateau d’Auteuil, entre Molière et Chapelle , où chacun rivalise d’esprit et de force de poumons pour mériter quelques signes d’approbation de la part d’un juge prudemment muet, assis à l’avant du bateau, jusqu’à ce que le voyant tirer sa besace de dessous un banc, ils s’aperçoivent, à leur grande confusion, que ce n’est qu’un frère lai et non un profond théologien pour lequel ils se sont mis en si grands frais de verve et de dialectique.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Cette sensibilité ne peut partir que d’un amour-propre mal entendu, ou d’une ignorance profonde, puisqu’avec la moindre teinture, avec la moindre connoissance des lettres, on n’ignore point que les Auteurs les plus illustres sont ceux qui ont imité davantage.

29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il inspire les passions profondes. […] Il me paraît présumable qu’elle ne les avait pas entendues sans émotion ; déjà la vue du roi l’avait frappée et peut-être disposée à un sentiment profond.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

D’ailleurs ce mystère, ce profond secret qu’on exige de moi, sans m’en donner positivement la clef, peuvent faire penser à mes amis qu’on me tend un piège. […] Pour conserver l’affection du prince en même temps que son estime, pour ne pas mentir au sentiment qu’il avait inspiré sans y céder, il fallait qu’en résistant à ses désirs, on laissai voir une pressante disposition à y céder, mais en même temps une soumission profonde à une puissance qui ordonne d’y résister ; il fallait, en faisant souffrir de sa résistance, qu’il fût certain qu’on en souffrait soi-même.

31. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Cette place de dame d’honneur attira à la suite à la duchesse de Montausier des imputations plus graves, qui eurent une fatale influence sur le reste de sa vie, dont elles abrégèrent la durée par mi profond chagrin.

32. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Je ne mentionne que pour mémoire un court passage de la troupe sur une troisième scène, au jeu de paume de la Croix-Blanche (1646)  : c’était à l’endroit de la rue de Bucy où l’on peut voir encore un assez profond retrait de l’alignement. […] Ne serait-ce pas en des expériences de ce genre qu’il faudrait chercher une des causes profondes de la misanthropie attribuée à Molière ? […] La nuance est ici difficile à marquer, mais elle est profonde. […] Et c’est à cette expérience longtemps et parfois durement amassée qu’il doit Cette mâle gaîté, si triste et si profonde, qui plaisait tant à Musset. […] Et les erreurs ou les doutes sur la filiation étaient fréquents, à une époque où l’état civil n’était pas tenu officiellement : un très grand nombre de procès de ce temps en font foi. — On a voulu voir dans ces dénouements, dont on doit, malgré tout, reconnaître l’infériorité, un calcul  : ils seraient destinés à couvrir une intention profonde ou perfide de Molière.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

Les femmes d’à-présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent écrire & devenir auteurs : Nulle science n’est pour elles trop profonde ; Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir ; Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir.

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