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199. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Racine, celui des quatre amis dont le caractère avait le plus d’élévation, celui à qui les autres étaient le moins nécessaires, celui dont la marche était la plus sûre à la cour, n’aidait de son talent, ni même n’accréditait par une approbation éclatante, ni la satire directe, ni la comédie satirique ; mais s’il n’était pas celui qui se fît le plus craindre de l’ennemi, c’était celui qui flattait le plus noblement le maître, celui dont l’éloge avait le plus de poids, et qui donnait à l’agrégation des quatre amis le plus de sûreté et de stabilité, parce qu’il était celui qui affectionnait le plus les autres et avait au plus haut degré leur confiance.

200. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Lorsque les maîtres ont parlé, il est bon d’écouter. […] Telle qu’elle est, on ne voit pas par où elle peut donner prise à la critique, et l’on s’émerveille que le poète ait pu trouver tant de ressources dans un sujet secondaire, qu’il avait déjà effleuré en maître par Les Précieuses ridicules.

201. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Le caractère divin du coupable est une excuse de plus aux yeux du spectateur, qui ne rencontre qu’à la fin l’objection timide de Sosie : Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule595 ; et certes, ce n’est pas assez de trois paroles ironiques dans la bouche d’un valet méprisable, pour ramener à un jugement moral le spectateur démoralisé de main de maître par trois actes irrésistibles. […] Molière pouvait aussi bien devenir le maître de la délicatesse et du bon goût que du bon sens, à l’époque où Boileau proclamait Que le lecteur françois veut être respecté617.

202. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

À elle seule, elle a plus de raison que tous ses maîtres ensemble, en exceptant Henriette, et sans excepter Chrysale. […] Toinette, servante dévouée, mais franche et familière jusqu’à l’insolence, n’ayant d’autre intérêt que celui de ses maîtres, d’autre passion que le zèle du bon droit et du bon sens, se moquant librement d’Argan, parce qu’il est ridicule et qu’elle lui est nécessaire, opposée par droiture à Béline, malgré tout le mal qu’elle en doit craindre et tout le bien qu’elle en peut espérer, et attachée au parti d’Angélique, parce qu’elle est doublement indignée qu’on veuille l’enlever à un galant homme pour la donner à un sot, et la dépouiller de son bien pour en enrichir une étrangère ; Toinette est, comme on dit en peinture, une répétition de la Dorine du Tartuffe ; elle agit et parle de même dans des circonstances toutes semblables : il n’y a que le nom de changé. […] [Tome I, p. 98, note 1, L’Étourdi, vers 1110-1112 : Je crois que vous seriez un maître d’arme expert ; Vous savez à merveille, en toutes aventures, Prendre les contre-temps et rompre les mesures. * (1) * Variante. […] Vous ne serez jamais qu’une pauvre pécore, est un vers grossier, plat et sans esprit, au lieu que la comparaison de Lélie avec un maître d’armes, sans être d’un goût de plaisanterie bien raffiné, est du moins gaie et dans le ton du reste de l’ouvrage.

203. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Aussi peut-on dire qu’il se soucioit peu d’Aristote et des autres maîtres, pourvû qu’il suivît le goût de ses spectateurs qu’il reconnoissoit pour ses uniques juges. […] Claude-Emmanuel Loüillier29, surnommé Chapelle‌ 30, fils naturel d’un maître des Comptes31, étoit l’intime ami de Moliere et les délices des bonnes compagnies et des agréables débauchez de son temps : on l’annonçoit six mois avant que de l’avoir dans une partie ; mais on ne le voyoit gueres hors des fumées du vin. […] Corneille, Racine, Moliere, Aux gens d’une pure lumiere Font dire qu’ils ont surpassé Les grands maîtres du temps passé, etc. […] Michel Lambert, maître de la musique de la chambre du Roi (1610-1696), fut le beau-père de Lulli.

204. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Dans les combats d’esprit, savant Maître d’escrime, Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la Rime.

205. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Il ne lui a donné ni maîtres ni instruction d’aucune sorte, et, comme il nous le dira lui-même, « pourvu qu’elle sache prier Dieu, m’aimer, coudre et filer » elle en sait assez. […] Aussi longtemps qu’Arnolphe a été pour elle comme un tuteur, le maître de la maison, elle s’est soumise à toutes ses volontés.

206. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Mon maître songe à la croquer à cause de sa richesse ; car pour sa beauté, ce n’est pas ce qui le touche. […] La profession amene quelquefois à de gros mariages : par exemple, la Dame de céans, qui songe à manquer de parole à Dorante pour donner sa fille à mon maître. . . .

207. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Quatre Seigneurs égarés entrent sur la scene, se plaignent des fatigues de la chasse, trouvent qu’une biche apprivoisée de Londres est plus amusante à poursuivre que les biches sauvages des bois ; songent à se tirer d’embarras comme de bons Courtisans, sans s’embarrasser de ce que deviendra leur Maître ; déclament contre l’obscurité. […] Il vous faut apprendre à dire à propos oui & non, à courir à propos, à vous arrêter de même, à porter & à rapporter, à faire mille singeries au moindre commandement : il faut se faire passer maître dans les arts pervers de flatterie, d’insinuation, de dissimulation, & savoir donner habilement, là... vous m’entendez, si vous avez quelque espérance de réussir.

208. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Derrière son originalité très réelle, il y a Balzac; derrière encore, les maîtres. […] Je vous l’ai dit, c’est parce qu’elle est la fille légitime des maîtres ; — parce que nous n’avons rien de pareil, — parce que c’est brillant jusqu’à éblouir, éloquent, curieux, terrible, entraînant et charmant !

209. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

On ne peut rien arguer de la définition de la morale donnée par le Maître de philosophie de M. Jourdain, définition qui n’a pas plus de valeur que les autres données par le même Maître, et qui d’ailleurs est interrompue dès le début : « La morale traite de la félicité, enseigne aux hommes à modérer leurs passions, et..., » le Bourgeois gentilhomme, act.

210. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Soyez les maris de vos femmes plutôt que leurs maîtres !  […] On ne demande pas que les filles apprennent le latin, ainsi que le permet Fénelon, ni qu’elles lisent Saint Augustin dans le texte comme madame de Sévigné ; mais on voudrait que les écrivains de génie eussent une place sur leur étagère à côté des partitions des maîtres, et que le piano fît taire quelquefois ses gammes pour laisser entendre les voix harmonieuses qui s’échappent des œuvres des grands poètes Cependant l’ignorance, même complète, vaudrait mieux que la pédanterie d’Armande. […] Aristophane les représente volontiers comme des êtres malins et malfaisants, dont les moindres défauts sont de voler le maître et de boire son vin.

211. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Voilà ce qui s’appelle traiter un caractère en grand maître, le montrer sous toutes ses faces, le placer à tous les jours, le faire passer par toutes les épreuves. […] La pièce fut jugée excellente, surtout par le maître de la maison ; et, quand elle fut représentée, elle n’eut pas de partisan plus zélé que celui même dont elle retraçait les aventures. […] Vingt ans avant la représentation des Amants magnifiques, un nommé Morin, qui, ne trouvant pas apparemment la médecine assez conjecturale, l’avait quittée pour l’astrologie, s’avisa de prédire l’année et le jour où mourrait Gassendi, le maître même de Molière.

212. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Mon maître est un vrai enragé d’aller se présenter à un péril qui ne le cherche pas.

213. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Un peintre qui retoucheroit une Sabine peinte par un grand maître, & qui, sous prétexte de lui donner un air de nouveauté, lui mettroit un caraco, du rouge, & des mouches, ne seroit pas plus ridicule.

214. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.

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