Voici comme s’exprime cette digne confidente : O sœur plus chérie que la lumiere du jour !
On ne comprend pas s’il a dessein de suivre la bouffonnerie de l’Auteur Italien, ou bien si son Crispin prétend connoître la maladie d’une fille en tâtant le pouls de son pere, à cause de la sympathie : en tout cas, son idée est exprimée d’une façon bien louche.
Sans doute, dans la même situation, deux hommes d’un rang différent, un prince, un valet, éprouveront des sentiments semblables, leurs impressions seront les mêmes ; mais leur langage sera distinct, leur manière de s’exprimer différera.
Et ce n’est pas seulement Le Legs et Les Fausses Confidences que je ferais jouer pour mon plaisir, si j’en avais le pouvoir, mais La Surprise de l’amour et La Seconde Surprise, La Double Inconstance, L’École des mères, L’Heureux stratagème, Les Sincères et Les Sermens indiscrets… Il ne coûte rien de former des vœux, ni d’exprimer des regrets : pourquoi n’en accorder qu’à Marivaux ?
Mais quand il peint les grands vices, se contente-t-il de les condamner dans ce qu’ils ont d’évidemment condamnable, et d’exprimer la morale du code ; ou bien son esprit profond sait-il joindre à cette peinture des traits qui prouvent qu’il les hait plus vigoureusement que le vulgaire, et qu’il veut qu’on en soit choqué, non-seulement dans leur développement monstrueux, mais encore dans leur naissance imperceptible et dans leurs conséquences éloignées, presque indifférentes à tout autre qu’au véritable homme de bien ?
L’un dit : la comédie se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée294, excluant par sa définition tout le théâtre d’Aristophane ; un autre : le comique exprime l’empire de l’instinct physique sur l’existence morale295, oubliant Philaminte, Armande, Bélise, Vadius, le docteur Pancrace, et Alceste. […] C’est un défaut d’intelligence, il faut bien le reconnaître, qui tient caché aux regards de Schlegel, de Jean-Paul et de Hegel lui-même l’ordre particulier de beauté exprimé dans les comédies de Molière.
Molière. » Le testament de Madeleine Béjart est digne d’être indiqué ici par les beaux sentiments de charité qu’elle y exprime. […] Item ladite damoiselle testatrice veut et entend que tous et chacuns lesdits deniers comptants qui se trouveront lui appartenir au jour de son décès, et tons ceux qui proviendront du payement et acquit desdites dettes actives qui lui appartiendront aussi lors, soient mis et baillés entre les mains du sieur Mignard, peintre ordinaire du Roi, dit le Romain, demeurant à présent rue Montmartre, vis-à-vis l’église Saint-Joseph, et qu’à mesure qu’il y en aura, jusqu’à vingt ou trente mille livres au plus, ils soient employés en acquisition d’héritages, comme il sera avisé par ledit sieur Mignard et suivant l’avis d’experts qui seront nommés par lesdits sieurs et damoiselles, frère et sœur de ladite damoiselle testatrice ; les revenus desquels héritages qui seront ainsi acquis de tous lesdits deniers seront reçus par ladite damoiselle Grésinde Béjart et sous les quittances d’elle seule, pour être employés en œuvres pies et ainsi que ladite damoiselle testatrice lui a déclaré, sans être tenue d’en rendre aucun compte à qui que ce soit durant sa vie qu’elle les touchera, ni être obligée de s’expliquer dudit emploi que ladite damoiselle testatrice laisse à sa bonne foi, étant persuadée que ladite demoiselle Grésinde Béjart suivra et exécutera ponctuellement ses volontés ; et après le décès d’icelle damoiselle Grésinde Béjart, ladite damoiselle testatrice veut et entend que Madeleine-Esprit Poquelin, sa nièce, fille dudit sieur de Molière et de ladite damoiselle Grésinde Béjart, possède lesdits héritages, pour en jouir par elle en usufruit pendant sa vie, à compter du jour du décès de ladite damoiselle sa mère ; et après ladite Madeleine-Esprit Poquelin décédée, l’aîné de ses enfant mâles, ou de ses filles si elle n’avait point de mâles, jouira en usufruit, aussi sa vie durant, desdits héritages que ladite damoiselle testatrice substitue audit aîné, et après lui à l’aîné mâle dudit aîné ou de l’aînée, si, comme dit est, ladite Madeleine-Esprit Poquelin n’a point d’enfant mâle ; et si icelle Madeleine-Esprit Poquelin décédait sans enfants nés en légitime mariage, ladite damoiselle testatrice donne et lègue lesdits héritages, qui seront acquis comme il a été devant exprimé, à l’aîné des autres enfants dudit sieur de Molière et de ladite damoiselle Grésinde Béjart, pour en jouir comme ladite Madeleine-Esprit, avec substitution, comme il est susmentionné à son égard, à la charge qu’en chacune famille, depuis ladite Madeleine-Esprit Poquelin décédée, les aînés mâles seront toujours préférés aux femelles ; et en cas que lesdits sieur et damoiselle de Molière décédassent sans enfants nés d’eux, lesdits héritages retourneront aux enfants du sieur Louis Béjart et de ladite damoiselle de la Villaubrun, chacun par moitié ; voulant et entendant ladite damoiselle testatrice qu’à chacun changement d’héritiers ou légataire, suivant ce qui a été sus-expliqué, il soit pris une année du revenu pour être employé en fonds, et les revenus dudit fonds distribués aux pauvres par ledit héritier ou ceux qui administreront ses biens ; et pour exécuter et accomplir le présent testament, icelui augmenter plutôt que diminuer, ladite damoiselle testatrice a nommé et élu M. de Châteaufort, conseiller du Roi, auditeur en sa chambre des Comptes, qu’elle prie d’en prendre la peine ; révoquant par elle tous autres testaments et codicilles qu’elle pourrait avoir faits auparavant le présent auquel elle s’arrête comme étant sa dernière volonté. […] Mademoiselle de Brie Si Armande fut cruelle à Molière, si Madeleine lui exprima trop amèrement les regrets du passé, Mlle de Brie fut le sourire perpétuel qui le consola toujours ; on sent qu’elle n’avait vécu que pour Molière dès le premier jour de leur rencontre. […] Les vieillards amoureux, dans les dernières tragédies de Corneille, s’expriment avec une éloquente tristesse, avec une énergie étrange.
Il est dans la nature que deux amants piqués expriment sur le théâtre tous les différents mouvements que leur passion fait éprouver à leur cœur.
C’est lui qui disait de l’Hector de Luce de Lancival, piteuse tragédie, à coup sûr : « J’aime cet Hector, c’est une bonne pièce de quartier général. » Tandis que les faux monnayeurs en dévotion, que Louis XIV eut le bon sens de ne pas écouter cette fois, empêchaient Tartuffe de voir la scène, Molière tâchait d’exprimer, avons-nous dit, dans une autre pièce qui fut représentée le 16 février 1665, quelques-unes des idées qu’il avait mises dans sa pièce un moment interdite. […] Ce sont les mêmes idées, exprimées de façons différentes. […] Là, le miroir en main, et ce grand homme en face, Il n’est contorsion, posture ni grimace, Que ce grand écolier du plus grand des bouffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent façons ; Tantôt pour exprimer les soucis d’un ménage, De mille et mille plis il fronce son visage ; Puis joignant la pâleur à ces rides qu’il fait, D’un mari malheureux il est le vrai portrait. […] Tout le visage d’ailleurs exprime un bouillonnement intérieur, une soif de lutte, une certaine appréhension, l’émotion de la veillée des armes, mais aussi la conscience même de la force. […] À propos de Lulli, le factum s’exprime ainsi : « Cet homme n’est pétri que d’ordure et de boue… Le hasard le jeta dans le commun de Mademoiselle parmi les galopins ; il sut adroitement se tirer de la marmite avec son archet… Les gazettes étrangères, au sujet d’un méchant feu d’artifice qu’il s’avisa de faire vis-à-vis sa maison en l’année 1674, publièrent partout que, s’il n’avait pas réussi dans ce feu-là, on réussirait mieux en celui qu’il avait mérité en Grève. » Et à propos de la femme de Molière : « La Verdier, la Brigogne, cette prostituée, chanteuse de l’Opéra, la Molière, cette comédienne de tous les théâtres, étaient des créatures publiques de toutes les manières… » À la suite de ces citations, je rencontre encore dans Le Quérard (p. 641) une note sous forme de lettre, qu’il est peut-être bon de citer ici : Molière copiste.
Exprime-t-on ainsi le regret d’un outrage ?
On ne peut nier que, dans la pensée de Molière, vingt fois exprimée par lui-même avec une énergie progressive, ces deux pièces, L’École des maris et L’École des femmes, qui sont la suite l’une de l’autre ou, plus exactement, deux moitiés d’un même tout, ne se proposent expressément pour but de répondre à l’éternelle et redoutable question : Comment faut-il élever les filles pour en faire d’honnêtes femmes ?
Cette vérité, exprimée noblement, eût pu ne pas laisser de traces.
Geruzes, n’est pas un misanthrope „ mais le misanthrope, c’est-à-dire la misanthropie exprimée par un personnage tout ensemble idéal, et réel, multiple et un30.
Ni Plaute ni Térence n’ont mis sur la scène de véritables villageois ; car le rustre opulent qui est le héros du Truculentus, n’est pas d’une condition si basse, qu’il ne puisse parler le latin comme on le parlait à la ville : c’est un paysan de la même espèce que George Dandin qui ne s’exprime pas plus grossièrement que lui.
Donc tous ces vieux Savants n’ont pu nous exprimer D’où vient cet ascendant qui nous force d’aimer.
Nous entendons pour la premiere fois un morceau de musique bien fait ; qui de nous pense d’abord à examiner si l’air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné ?