Molière, dit-on, ne l’appelle Qu’une petite bagatelle, Mais cette bagatelle est d’un esprit si fin, Que s’il faut que je vous le die, L’estime qu’on en fait est une maladie Qui fait que dans Paris tout court au médecin.
Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissait la France : Ils sont partis, et j’ai peu d’espérance De les revoir.
Je ne sais à quoi me déterminer, car c’est une affaire que je n’aurois pu prévoir ; & je suis dans une si furieuse colere, que je ne puis arrêter mon esprit à penser aux voies que j’ai à prendre. […] Que pour peu qu’un pere de famille ait été absent de chez lui, il doit promener son esprit sur tous les fâcheux accidents que son retour peut rencontrer, se figurer sa maison brûlée, son argent dérobé, sa femme morte, son fils estopié, sa fille subornée ; & ce qu’il trouve qui ne lui est point arrivé, l’imputer à bonne fortune. […] Tout d’un coup il m’est venu dans l’esprit de le sonder un peu. […] Les Dieux lui auroient-ils tourné l’esprit ! […] Une fois réunies, elles formeroient un chef-d’œuvre ; mais il faudroit pour cela être doué d’un esprit assez souple, assez adroit pour rapprocher ces différentes pieces de rapport, sans que la contrainte se décélât à travers ; & pour les assortir avec goût, il faudroit avoir assez de justesse & de sagacité dans l’imagination, pour accommoder aux bienséances de notre scene une intrigue qui roule sur une fille esclave, sur une autre qui ne peut épouser son amant parcequ’on la croit étrangere, & sur un mari qui a deux femmes.
Elle est conforme à l’esprit du xviie siècle. […] Il s’arrange un visage rouge et allumé, un masque de polichinelle ; et quand ce polichinelle ardent a l’air de fasciner Elmire avec deux yeux qui la dévorent, on accouple involontairement dans son esprit deux mots : Polichinelle-Vampire. […] Il fournissait d’ailleurs de précieux, matériaux à l’esprit assimilateur de Molière, qui ne goûtait pas moins, chez les Italiens, la vivacité naturelle de leurs saillies que l’agrément de leur jeu si fin dans sa bouffonnerie. […] Qu’il me soit permis d’ajouter que Paul Lindau — un critique d’esprit doublé d’un auteur dramatique assez remarquable — s’est mis en quatre pour la propagation du culte de Molière en Allemagne. […] Cet esprit élevé et fin possède lui-même un grain de la superbe ironie de Molière.
[95, p. 139-140] Voici comme Piron* s’exprime sur le Misanthrope : « Un chasseur qui se trouve en automne, au lever d’une belle aurore, dans une plaine ou dans une forêt, fertiles en gibier, ne se sent pas le cœur plus réjoui que dût l’être l’esprit de Molière, quand, après avoir fait le plan du Misanthrope, il entra dans ce champ vaste où tous les ridicules du monde venaient se présenter en foule et comme d’eux-mêmes, aux traits qu’il savait si bien lancer.
Entendre un philosophe parler littérature est l’un des plus grands plaisirs de l’esprit que je connaisse, et c’est une fête que vous m’avez donnée à Sainte-Barbe, pendant un an, toutes les semaines, à votre conférence du mercredi, lorsque je préparais mes examens de licence.
Son silence, dit en riant Molière à Chapelle, avait plus d’esprit que ton éloquence et que ma philosophie ; il nous a pris pour dupes.
Ôtez cela à Molière, continuait-il, je ne lui connais point de supérieur pour l’esprit et le naturel ; ce grand homme l’emporte de beaucoup sur Corneille, sur Racine et sur moi ; car, ajoutait-il en riant, il faut bien que je me mette de la partie ».
Molière est l’esprit le plus original et le plus utile qui ait jamais honoré et corrigé l’espèce humaine, et Boileau même le jugeait à peu près ainsi.
Trissotin est un Bel Esprit.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 71 Madame Dacier 207, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage, si, avec la science des commentateurs, elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitrion de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant entendu dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.
Tout cela, ajoute le grave Locke, m’a fort peu édifié2. » Cela, tout au contraire, nous édifie beaucoup, car cela nous montre quel esprit de loyale observation Molière apportait dans le dessin et l’exécution de ses farces même les plus folles. […] Le maladroit faussaire avait été mieux servi par ses yeux que par son esprit et ses oreilles.
Est-ce la vertu, la beauté ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ?
Mais si Marivaux avoit conservé à sa Marquise le caractere de la premiere héroïne, il eût été obligé de faire de la dépense en sentiment, & tout le monde sait qu’il n’avoit que de l’esprit. […] Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle : Aux nobles actions elle pousse les cœurs, Et tous les grands héros ont senti ses ardeurs. Devant mes yeux, Seigneur, a passé votre enfance, Et j’ai de vos vertus vu fleurir l’espérance : Mes regards observoient en vous des qualités Où je reconnoissois le sang dont vous sortez ; J’y découvrois un fonds d’esprit & de lumiere ; Je vous trouvois bien fait, l’air grand & l’ame fiere ; Votre cœur, votre adresse éclatoient chaque jour : Mais je m’inquiétois de ne point voir d’amour.
Nous y voyons ensuite se contracter une triple alliance entre les gens de cour du plus d’esprit, les gens du monde choisis, et les hommes de lettres dont plusieurs sont encore aujourd’hui considérés dans la littérature ; alliance qui n’a fait que s’étendre et se resserre jusqu’au temps de la révolution.
Mais Chapelle, avec beaucoup d’esprit & d’agrément, ne se doutoit point de l’Art du Théatre ; il ne connoissoit ni la texture d’un Drame, ni la filiation des scènes, ni les différentes nuances des caracteres.