Lionetto devint amoureux de Claudia, fille d’un certain Albert, qui dans ce temps-là étoit dans sa ville ; mais l’ayant vu partir peu de jours après, avec la belle Claudia, pour Genes, il brise la cassette de son pere, emporte l’argent, les bijoux, & s’embarque pour suivre ce qu’il aime. […] D’un autre côté Fulvio devient amoureux de Livia, sœur de Claudia, & est du dernier bien avec elle, lorsqu’Americo arrive pour l’épouser.
La scene dans laquelle Orgon, caché sous une table, écoute la déclaration de Tartufe, est un chef-d’œuvre ; elle en deviendra un d’impertinence si vous la placez dans une tragédie. […] » Un Savant qui entendroit mon étranger, auroit pitié de son ignorance, & lui expliqueroit en beaux termes ce que c’est que la joie, & quels sont les différents effets qu’elle peut produire : il lui démontreroit, après plusieurs doctes distinctions, qu’elle s’exprime également par les ris & par les larmes ; mais que les ris étant devenus roturiers, une joie larmoyante a, sans contredit, un air bien plus distingué.
Il fallait qu’Agnès, échappant à la passion tyrannique d’Arnolphe, devînt la récompense d’un autre amour, et que, par conséquent, elle fût digne, à tous égards, de l’affection d’un galant homme. […] Ces divers ridicules étaient peints avec trop de vérité et de vivacité dans La Critique, pour que ceux qui avaient servi de modèles, reconnus par tout le inonde, ne se reconnussent pas eux-mêmes, et n’en devinssent pas plus furieux contre l’auteur. […] Arrivé avec lui à Paris, en 1658, il s’y fit beaucoup de réputation ; et, quoique devenu boiteux par un accident qui honorait son courage, il n’en continua pas moins de plaire au public. […] Elles n’en devinrent que plus furieuses ; elles avaient à venger leurs affronts, et à punir Molière d’un nouveau succès.
Son père étant devenu infirme et incapable de servir, il fut obligé d’exercer les fonctions de son emploi auprès du roi. […] La petite ode d’Horace, Donec gratus eram tibi a été regardée comme le modèle de ces scènes, qui sont enfin devenues des lieux communs. […] Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance ; il n’est point dans la nature, qu’un vieillard qui a été soixante ans chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] On ne songeait pas que si une tragédie est belle et intéressante, les entractes de musique doivent en devenir froids ; et que si les intermèdes sont brillants, l’oreille a peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation.
Alors, l’humeur de l’homme change, et, comme il arrive toujours, devient le reflet des événemens. […] La première inspire encore les Précieuses ridicules et Sganarelle, mais la seconde s’y montre déjà et elle devient prépondérante à partir de l’École des maris. […] VI Car Molière, sans trop se douter peut-être de ce qu’il préparait, mais avec une énergie et une force de volonté admirable, donna rapidement à sa troupe la force nécessaire pour vivre, durer, s’imposer à la tutelle royale et devenir une institution d’état. […] Lorsqu’il s’adresse à eux, dans l’Impromptu de Versailles, écoutez de quel style il leur parle : « Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-là ! […] Aussi leur reproche-t-il amèrement leur ingratitude et leur indiscipline. — Qui ne serait surpris, s’écrie-t-il, De voir qu’en moins de rien des gueux à triple étage, Des caimans vagabonds, morts de faim, demi-nus, Sont devenus si gros, si gras et si dodus, Et sont si bien vêtus des pieds jusques au crâne, Que le moindre de vous porte à présent la panne ?
Moliere a su mettre ordre à tous ces inconvénients ; il a rendu sa fable vraisemblable, &, sur-tout, beaucoup plus piquante, en donnant un double nom au Seigneur Arnolphe, & en le faisant assez jaloux pour cacher sa maîtresse dans une maison éloignée de la sienne, crainte que les gens qu’il est obligé de recevoir chez lui ne voient Agnès & ne deviennent ses rivaux. […] Laure devint pâle comme si on l’eût convaincue d’un meurtre, & alloit protester de son innocence, si la méchante femme, qui ne jugea pas à propos d’éprouver davantage son ignorance, ne se fût séparée d’elle, lui jetant les bras au cou, & l’assurant que le malade n’en mourroit pas. […] Les propos qu’elle a tenus à la jeune Agnès deviennent plaisants dans une bouche innocente ; ils seroient révoltants dans celle de la vieille sorciere.
Pourquoi enfin, pourquoi surtout toutes ces violentes et perpétuelles sorties contre les Métaphraste, les Caritidès, les Vadius, les Trissotin et tous les sots de .cette espèce, sinon par haine toujours pour l’école, dont leur pédante ignorance était devenue le dernier et le plus dangereux soutien ? […] Ne voit-on pas, au contraire, que le scepticisme pour l’un méthode, c’est-à-dire moyen d’arriver à la vérité, devient ici pour l’autre la vérité même, et n’est-il pas évident que celui-là ne doute que pour ne plus douter, tandis que celui-ci ne doute que pour avoir le droit de douter encore (31). […] Voici que sa raillerie devient de plus en plus mordante, et Gassendi, qui ne veut pas admettre la circulation du sang, est mis à côté des Diafoirus, père et fils, et de tous ceux qui refusent « d’écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes du siècle, touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine (43). » Est-ce assez fort ?
Une circonstance déjà remarquée favorisa cette influence : à la tête du parti des mœurs était madame de Montausier, appelée à la cour de Louis XIV comme la représentante de la société des honnêtes femmes, avec laquelle le jeune monarque avait voulu se mettre en bonne intelligence, dont il voulait être l’allié, en attendant qu’il se sentit la force d’en devenir l’ami.
L’attachante simplicité du drame français a remplacé la fatigante complication de l’imbroglio espagnol ; à de longues conversations où la subtilité s’unit à l’emphase, a été substitué un dialogue précis, simple et naturel ; des invraisemblances de caractère ou de situation ont disparu ; enfin, un dénouement, qui choque à la fois la raison et les convenances, habilement modifié, est devenu un dénouement nouveau, où sont ménagées toutes ces délicatesses de sentiment et toutes ces bienséances de mœurs qui embellissent la passion de l’amour. […] On voit que ce titre si impropre de Festin de Pierre, ne devait pas être reproché à Molière : il était consacré par plusieurs ouvrages, et devenu tout à fait populaire, quand il traita le sujet à son tour.
Le pere se prête à cette feinte, qui devient une réalité, parceque le Médecin & la malade s’évadent ensemble, & que Sganarelle signe un véritable contrat de mariage en croyant plaisanter. […] Enfin, qu’est devenu mon serviteur ?
Une pièce de théâtre est la représentation d’un fait unique, elle ne peut montrer à la fois plusieurs actions : car, que deviendrait alors l’intérêt ? […] Le but de Molière a été de dépouiller la vertu de son austérité, de lui marquer ses véritables limites, de la pénétrer de cette grande vérité, que l’excès en tout peut devenir répréhensible ; que, fait pour vivre avec ses semblables, le sage, pour son propre bonheur et la tranquillité de la société, doit être indulgent pour les fautes des autres hommes.
Des noms, en effet, voilà ce que sont devenues ces trois pièces ; mais, pour des réalités, comment s’étonner qu’elles n’en soient plus ? […] L’an dernier, rien pour Regnard, ce qui s’appelle rien, et déjà cette façon de le traiter devenait une tradition.
L’ordre des temps exige que nous examinions ici les rapports qui s’établirent entre les hommes de lettres et la société polie, lorsque ses progrès et les préférences que madame de Maintenon obtenait du roi sur ses maîtresses même, furent devenus très sensibles ; en d’autres mots, les nouveaux rapports qui s’établirent entre les mœurs devenues dominantes et la littérature.
que deviendrait à ce compte la vie de relation, c’est-à-dire, en somme, la vie humaine ? […] qu’il s’enferme à la Trappe ; car de l’envoyer convertir les sauvages, il n’y a pas de raison : les sauvages mêmes ne le supporteraient pas. — Non, décidément, puisque les hommes ne sont pas parfaits et ne peuvent le devenir, le plus sage est encore de les prendre tout doucement comme ils sont ; et le flegme aimable de Philinte est plus philosophe que l’éternelle bile d’Alceste. […] Cela s’ensuit admirablement de son caractère, ennemi de toute fiction : mais pour être logique, il n’en devient pas plus sensé. […] -r La question, là, devient plus sérieuse.
Son pere, devenu infirme, ne pouvant suivre la cour, il y alla remplir les fonctions de sa charge, qu’il a depuis exercées jusqu’à sa mort ; mais, à son retour à Paris, cette passion pour le théatre, qui l’avoit porté à faire ses études, se réveilla plus vivement que jamais. […] Le désir de conserver son bien, en dépensant le moins qu’il peut, est égal au désir insatiable d’en amasser davantage ; cette avidité le rend usurier, il le devient envers son fils même ; il est amant par avarice, & c’est par avarice qu’il cesse de l’être. […] La seule Henriette se sauve de la contagion, & en devient plus chére à son pere, qui voit le mal avec peine, sans avoir la force d’y remédier. […] Baron, élevé & instruit par Moliere, qui lui tint lieu de pere,71 est devenu le Roscius de son siécle.
Cette société ne le rebuta pourtant point : sa femme devint enceinte, une fois, deux fois, même trois fois, mais n’accoucha jamais que de productions informes.