Il faut, à la vérité, qu’un comique ménage des jeux de théâtre aux comédiens ; mais il ne doit jamais le faire aux dépens de sa gloire.
Une piece italienne, jouée à l’in-promptu par les Comédiens Italiens sous le titre d’Arlichino Medico volante, Arlequin Médecin volant, sembla si plaisante à nos Auteurs François, que plusieurs s’empresserent de la traduire, pour la donner sur différents théâtres.
Ses grimaces souvent causent quelques surprises, Toutes ses pièces sont d’agréables sottises ; Il est mauvais poète et bon comédien ; Il fait rire, et, de vrai, c’est tout ce qu’il fait bien. […] On n’en veut point à sa personne, mais à son athée ; l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation ; ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu qu’il attaque ouvertement, et qu’un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la farce aux prises avec l’évangile, un comédien qui se joue des mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion. […] Le roi doubla sa pension, et ses acteurs reçurent la permission de prendre le titre de comédiens ordinaires de sa majesté. […] Songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption excusée et toujours plaisante… « La postérité saura peut-être la fin de ce poète comédien, qui, en jouant son Malade imaginaire, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez !
Ce qui peut avoir donné lieu à cette opinion, est une scene jouée à la Foire, dans laquelle on reçoit un Comédien, en lui mettant sur la tête un bonnet orné de deux oreilles, qui lui donne le pouvoir de chanter, de danser, & d’ennuyer impunément la Ville & le Fauxbourg ; mais elle est au contraire faite d’après celle de Moliere, & la copie est très inférieure à l’original. […] Les uns ne savent que copier ses détails les plus minutieux ; les autres ne la voient qu’en grand, ou montée sur des échasses : ceux-ci ne savent peindre que ses caprices & les monstres qu’elle enfante ; ceux-là ne la saisissent dans aucune de ses parties, ou ne peignent que les plus opposées au genre qu’ils ont pris ; tels sont les peintres, qui donnent un beau teint à Mars & des traits mâles à Vénus ; les comédiens qui jouent le rôle d’Achille avec les minauderies d’un fat, ou les emportements d’un petit-maître ; & le rôle d’un amant aimable avec les contorsions d’un démoniaque ; les poëtes tragiques qui font rire, & les comiques qui font pleurer.
EXAMEN DE DEUX FRAGMENTS INÉDITS PARAISSANT APPARTENIR A L’OEUVRE DE MOLIÈRE Nous présentons ici, à un point de vue nouveau, quelques observations à propos de la comédie M. de Pourceaugnac, Toute œuvre de Molière doit être respectée; mais ce n’est pas dépasser les bornes de la critique que de reconnaître des défauts à cette œuvre, surtout lorsque nous supposons que ces défauts ont pu ne se produire qu’à la suite de circonstances particulières, et sous l’influence de nécessités de répertoire que Molière, avec sa troupe de comédiens à soigner et à faire vivre, se trouvait exposé à subir. […] Molière, sentant que ses acteurs ne valaient pas, en tragédie, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, s’avança sur la scène après la représentation, remercia le roi, et demanda l’autorisation de jouer une des deux petites comédies qui, en province, lui avaient acquis le plus de réputation.
La législation était alors si peu favorable à la propriété dramatique, que, pour jouir exclusivement de l’œuvre dernière et très fructueuse de leur chef et de leur camarade, les comédiens de la troupe de Molière, dont faisait partie sa veuve, furent obligés de solliciter une lettre de cachet portant défense à toute autre troupe de représenter cet ouvrage, tant qu’il ne serait pas imprimé, Aussi ne se hâtèrent-ils pas de le mettre sous presse, et comme ce retard ne faisait pas le compte de la librairie étrangère, habituée dès-lors à vivre an dépens de nos auteurs en crédit, la contrefaçon hollandaise s’avisa cette fois d’un singulier procédé.
S’il n’eût été maître de ses Comédiens, auroit-il pu leur faire jouer le Misanthrope qu’ils trouvoient détestable ?
Dans sa vie de comédien et de valet de chambre du Roi, le poète avait souffert bien des mépris; obligé de sacrifier son indépendance à sa gloire, de se créer de puissans protecteurs pour qu’il lui fût donné de lire des marquis et de stygmatiser les tartufes, il avait eu à subir le contact impur de la cour.
En 1669 Dorimon, comédien de Mademoiselle, régala le public d’un nouveau Festin de pierre. […] Les Comédiens Italiens l’ont apporté en France, & il a fait tant de bruit chez eux, que toutes les Troupes en ont voulu régaler le public.
Mais, lorsqu’il a vingt-trois ans, la fatalité s’abat sur lui sous la forme d’une passion de théâtre ; il s’éprend d’une comédienne, qui faisait alors assez de bruit dans Paris, et qui vivait avec M. de Modène, auquel elle était, dit-on, unie par un mariage secret ; on la nommait Madeleine Béjart. Pour se rapprocher d’elle, Molière n’hésite pas ; il se fait comédien, et, après que la passion l’a jeté au théâtre, la vocation l’y retient. Un jour il sera comédien du roi, ce qui, avec le préjugé qui régnait de ce temps, n’était déjà pas très brillant. — En attendant, il est comédien de campagne ! […] Comment expliquer encore que sa première idée ait été aussi d’exécuter une charge à fond de train sur les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, qui était le théâtre Français par excellence dans ce temps, et possédait le privilège exclusif de jouer les belles tragédies de Corneille ? […] Mais si je veux vous montrer Molière complet, il faut bien faire voir, avec la statue, l’homme vivant, le comédien ambulant, le valet de chambre tapissier du roi, le poète en grande partie complaisant, non pas officiel, mais ce que nous appelons aujourd’hui, en plus d’une circonstance, officieux et agréable.
Savez-vous bien, Monsieur Blacmore, Que vous seriez comédien parfait ?
On a encore la sotte timidité de n’oser pas en produire en quatre, quoique les comédiens, en réduisant à ce nombre ceux du Mercure Galant 38, nous aient prouvé que la chose n’étoit pas ridicule.
Voilà la piece telle qu’elle est jouée en Italie, telle que les anciens Comédiens Italiens la représentoient à Paris quand Moliere jugea à propos de s’emparer du sujet.
Avec une comédienne déjà un peu mûre, il se mit à la tête d’une de ces troupes dites alors cc troupes de campagne » qui exploitaient les provinces, Il courut les provinces pendant douze ans. […] Il n’est pas impossible que Scarron l’ait vu jouer au Mans et l’ait peint, très favorablement, sous le nom du comédien Destin. […] Il se maria en 1661, à l’âge d’Arnolphe avec une de ses comédiennes, Armande Béjart, qui était la fille de Madeleine, la comédienne avec laquelle il était parti quatorze ans plus tôt pour courir le monde. […] Voyez-vous la connexité qu’il y a, etc. » et, entre parenthèses : « Galimatias » ; ce qui veut dire : « ici le comédien placera un galimatias quelconque à son gré ». […] Les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne jouèrent aussi un Festin de pierre en vers, du poète Villiers.
La religion outrée, crédule, imbécile, mais enfin sincère, traduite en ridicule par un comédien ! […] Ils avaient honte de faire avec lui ce lit royal, de manger à la même table qu’un comédien, et le grand homme, qui n’avait à leur opposer que la protection du souverain, se sentait humilié par les faveurs du maître comme par les injures des domestiques. […] « Je ne comparerai Shakespeare, dit-il, ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais bien au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais entre les jambes duquel nous passerions tous, sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Paradoxe du comédien. […] Diderot, Paradoxe du comédien.
Molière et sa troupe étaient dans cette ville, comme comédiens de M. le prince de Conti, qui y présidait les états de Provence. […] Molière, intéressé comme poète et comme comédien à plaire aux gens de cour et aux gens du monde, avait pu se laisser aller à leur aversion pour les mœurs opposées aux leurs : cette facilité était l’esprit de son état.