Molière était mort depuis quatorze ans, et il y en avait dix-huit que son chef-d’œuvre jouissait sans opposition des suffrages du public, lorsqu’un des hommes les plus dignes d’en apprécier les beautés, entreprit d’y faire voir des défauts qu’on n’avait pas encore aperçus. […] Ensuite une servante y fait autant de bruit, À son maudit caquet donne libre carrière, Réprimande son maître, et lui rompt en visière, L’étourdit, l’interrompt, parle sans se lasser ; Un bon coup suffirait, pour la faire cesser, Mais on s’aperçoit bien que son maître, par feinte, Attend, pour la frapper, qu’elle soit hors d’atteinte.
Un nommé Neufvillenaine26 fit imprimer cette Pièce avec un argument à chaque Scène, et la dédia à Molière, en lui disant : Qu’enchanté des beautés de cette Comédie, il s’était aperçu, après y avoir été cinq à six fois, qu’il l’avait retenue par cœur ; que, dans ce même temps, un de ses amis en Province l’ayant prié de lui mander des nouvelles de cette Pièce, il la lui avait envoyée ; mais, quelque temps après, ayant vu qu’il s’en était répandu plusieurs copies très-difformes, il avait pris le parti de la faire imprimer, et de la lui dédier. […] Neufvillenaine, qui se nomme pas, la dédia à Molière, et lui manda qu’enchanté des beautés de cette Pièce, il s’était aperçu, après y avoir été cinq ou six fois, qu’il l’avoir retenue par cœur ; que, dans ce même temps, un de ses amis en Province l’ayant prié de lui donner des nouvelles de cette Comédie, il la lui avait envoyée ; mais quelque temps après, ayant vu qu’il s’en était répandu plusieurs copies très-difformes, tant des vers que de la prose, il avait pris le parti de la faire imprimer, et de la lui dédier. […] Tabarin promet à Rodomont de le faire entrer dans la maison de sa Maîtresse ; et il lui persuade, pour que les voisins ne s’en aperçoivent pas, de se mettre dans un sac. […] Les efforts qu’il fit pour achever son rôle, augmentèrent son mal ; et l’on s’aperçut qu’en prononçant le mot juro, dans le Divertissement du troisième Acte, il lui prit une convulsion. […] Du plus loin qu’il l’aperçurent, ils lui crièrent : « Comte de Grammont, Comte de Grammont, n’avez-vous rien oublié à Londres ?
Il bâtit à la diable ; ses dénouements sont conventionnels, parfois puérils ; dans telle de ses comédies, on pourrait sans inconvénient et sans, que le public s’en aperçoive, intervertir l’ordre des scènes.
Tu conserves toujours à chaque personnage Son état et ses mœurs, ses traits et son langage ; Et, par l’illusion complétant notre erreur, Derrière lui jamais l’on n’aperçoit l’auteur.
Ceux qui pensent qu’il n’y a rien à trouver en littérature n’ont qu’à étudier ces notices pour s’apercevoir combien de choses, au contraire, étaient à trouver ou tout au moins à rassembler pour l’historique précis et la critique savante de nos œuvres les plus populaires. […] Ici, Bourdaloue ne s’aperçoit pas qu’il parle exactement comme Molière : celui-ci, en effet, n’avait-il pas dit : Mais les dévots de cœur sont aisés à connaître ; Notre siècle, mon frère, en expose à nos yeux Qui peuvent nous servir d’exemples glorieux. […] C’est de prendre le rire comme un critérium du bien et du mal dans la comédie, c’est de ne pas distinguer deux espèces de rire : le rire bienveillant et le rire malveillant ; c’est enfin de ne pas s’apercevoir que lorsqu’on ne rit plus, c’est souvent une marque de blâme plus forte et plus profonde que le rire lui-même, car c’est le commencement du mépris.
Aperçu général de la vie et de l’œuvre de Molière. […] Comme elle était encore fort jeune quand je l’épousai, je ne m’aperçus pas de ses méchantes inclinations, et je me crus un peu moins malheureux que la plupart de ceux qui prennent de pareils engagements. […] Il est dans toutes les littératures quelques œuvres, rares entre toutes, semblables à ces cimes souveraines que l’on aperçoit de partout, parce que, de la hauteur où elles atteignent, elles commandent un horizon sans bornes. […] Le Misanthrope lui-même, quoique si riche en aperçus et en peintures variées, n’atteint pas à l’ironie universelle d’Aristophane dans Les Oiseaux. […] Toutefois, de temps à autre, malgré leur réserve prudente, un mot les trahit : on s’aperçoit qu’ils ont reçu une éducation semblable, et qu’ils doivent un jour ou l’autre se rencontrer.
Quand je m’aperçois de leur intention, la colère gronde en moi ; ma chair, mes nerfs, mes os se tendent ; mon sang tourbillonne dans les veines ; mon visage s’obscurcit comme le ciel en temps d’orage ; mon poil, mes cils se dressent comme des piques ; mes yeux roulent dans leurs gonds sous les arcades sourcilières ; mon nez se méduse ; ma bouche se cerbérise ; mon cou se lestrigonne ; ma main se panthérise ; toute la machine enfin se gonfle, écume, fait un bruit terrible, retentissant de caverne en caverne… LE PÉDANT.
Quant aux raisons de leur principe, elles sont faciles à apercevoir : ils savent quelle est l’inépuisable fécondité d’un seul sujet. […] Et puis, il change en quelque sorte de sens à mesure qu’il est vécu par un plus grand nombre de générations : on s’aperçoit peu à peu qu’il y a là quelque chose d’inhérent à la nature humaine ; et du même coup, qu’un simple changement de condition ou de caractère selon les temps ou selon les lieux peut rendre le sujet entièrement nouveau. […] Et ce n’était pas enfin un « libertin » ordinaire, ou un vulgaire « épicurien », que le comédien qui rentrait à Paris, en 1658, pour n’en plus désormais sortir : il avait sa philosophie, il avait ses intentions de derrière la tête ; et tous ceux qu’il eût volontiers, comme autrefois Rabelais, traités de « matagots, caffards et chattemittes », n’allaient pas tarder à s’en apercevoir.
A la manière indépendante et hardie dont notre grand comique a pris possession de cette fable, à voir comme il domine et manie en maître ce nouveau genre de drame, on n’aperçoit pas la moindre trace, soit de dégoût, soit de contrainte.
Je m’aperçus qu’il le voulait pour pouvoir dire après, qu’il aurait fait des merveilles, si on ne l’avait retenu.
Aussitôt que Louis XIV l’aperçut, il lui adressa ces paroles accablantes : Ne me dîtes rien ; j’ai donné mes ordres pour qu’on prépare au château un logement pour madame de Montespan.
Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] (Elle aperçoit son amant : elle fait un cri.) […] Jourdain, une de nos vieilles connaissances, s’est poussé dans le monde, et il veut qu’on s’en aperçoive, peu soucieux toutefois de passer pour gentilhomme, depuis qu’il est certain de tenir soigneusement enveloppée dans ses sacs la seule noblesse qui ne soit plus une chimère. […] NAPOLÉON On s’aperçoit qu’il fréquente des pamphlétaires. […] ——— Orgoluroule a gagné quelque part dans les Grandes Indes quarante mille livres de rente dont on ne sait pas bien l’origine, et il commence à tout propos des discours dont on n’aperçoit jamais la fin.
Quand une femme s’aperçoit qu’elle est sotte, il est à présumer qu’elle ne le sera pas longtemps. […] Ce qui ne manqua point d’arriver ; car un jour qu’elle se mirait plus longuement que de coutume, elle aperçut derrière la glace le diable qui lui faisait une si horrifique grimace qu’elle en devint comme démoniaque.
Et cependant se peut-il que le malheureux poète n’ait pas fait un retour sur sa propre situation quand il traçait le portrait de cette jeune coquette au cœur sec, à l’esprit frivole et avide de tous les hommages dont Alceste aperçoit si bien les défauts, et qu’il ne peut s’empêcher d’aimer néanmoins, par un faible dont il est le premier à rougir ? […] Je n’aperçois, pour ma part, qu’une objection, mais elle ne manque pas de gravité. […] de l’humanité politique. » J’avoue que j’ai bien de. la peine à suivre M. du Boulan dans les voies assurément neuves où i| cherche à introduire son lecteur, malgré toute son habileté, son érudition historique et tous les aperçus piquants qu’il sème sur sa route. […] Mais je m’aperçois que j’ai mis le pied sur un domaine qui n’est pas le mien.
Pourtant des critiques, et illustres, ont tour à tour pris dans ses comédies certains personnages pour le modèle de l’honnête homme selon lui : on l’a accusé de juger comme Chrysale les choses de l’esprit, d’être bourru comme Alceste ou indulgent comme Philinte 30, sans s’apercevoir que, dans chaque drame, divers types étaient opposés pour faire contraste, sans qu’aucun fût réellement la perfection, également éloignée de tout excès.
Il est temps d’en venir aux conclusions que nous avons eues principalement en vue en traçant cet aperçu historique, et de préciser ce que cet art exotique, après avoir si longtemps habité et vécu parmi nous, a transmis et pour ainsi dire infusé à la comédie de Molière et par conséquent à notre comédie française.