On se figuroit sans doute que le Dieu, bien aise de se voir rappeller ses exploits amoureux, deviendroit plus propice. […] Mais je vois Jupiter que fort civilement Reconduit l’amoureuse Alcmene.
C’est un homme amoureux du plaisir, Ennemi du travail, toujours plein de loisir ; Méprisant ses égaux, &, depuis son enfance, Nourri dans le repos, dans la magnificence, Cherchant les courtisans & les gens du bel air, Imitant leur exemple, & les traitant de pair.
Il fallut se compléter par les couples amoureux, autour desquels s’agite nécessairement toute action comique : les Horace et les Isabelle se joignirent aux masques bouffons.
Moliere ne s’est pas borné à peindre dans son Avare, l’Avare amoureux, l’Avare mauvais pere, l’Avare usurier ; son Harpagon est tout cela : il ne s’est pas contenté de saisir une seule branche de l’avarice, il les a embrassées toutes.
Madame de La Sablière s’attacha de toute son âme au marquis de La Fare, qui ne devint pas moins amoureux d’elle.
Oronte, dont il est, dit-il, amoureux.
Sophie & Damis font une scene amoureuse ; Eraste surprend Damis aux genoux de sa pupille : grand trouble des amants !
En attendant, on persuade à la Marquise que sa niece est amoureuse du Chevalier que le Comte déteste.
Maître Antoine est amoureux d’Angélique, fille du potier ; il va la lui demander en mariage ; il rencontre Crispin, valet de Maître Herman, qui est le potier : ils ont la scene suivante.
Sganarelle a cinquante-trois ans ; il s’avise cependant d’être amoureux de Dorimene, jeune coquette.
Églé et l’Amoureux de quinze ans sont deux tableaux d’un dessin pur et gracieux ; et cependant, lorsque l’auteur se livre à des compositions dramatiques, on voit que c’est encore la muse de la chanson qui l’inspire ; elle veut essayer un ton plus grave, des manières plus imposantes, mais elle se trahit à la naïveté de son langage, à la délicatesse de ses formes, et l’œil le moins clairvoyant reconnaît Érato sous le masque de Thalie.
Monsieur Bobinet, le précepteur, n’est pas un de ces pédants outrés, toujours parlant latin, même quand ils parlent français, que nos premiers comiques ont empruntés au vieux théâtre italien, que Molière lui-même a imités dans le Métaphraste du Dépit amoureux, et dont nous avons vu le dernier dans le Mamurra du Grondeur. […] La pédanterie de Bélise est exaltée et presque visionnaire ; c’est celle d’une vieille fille qui, n’ayant sans doute pas trouvé à se marier, s’imagine qu’elle n’a voulu accepter la main d’aucun homme, et croit qu’ils sont tous amoureux d’elle, même quand ils lui jurent le contraire. […] Il était, de plus, le mari très amoureux d’une femme fort coquette, dont il croyait pouvoir fixer l’inconstance, en multipliant les preuves de sa passion.
Moliere le rend amoureux d’une coquete ; il est comique. […] Voyez dans le Dépit amoureux, la brouillerie & la réconciliation entre Mathurine & Gros-René, où sont peints dans la simplicité villageoisie les mêmes mouvemens de dépit & les mêmes retours de tendresse, qui vie ment de se passer dans la scene des deux amans. […] Contemplez de quel air un pere dans Térence, Vient d’un fils amoureux gourmander l’imprudence ; De quel air cet amant écoute ses leçons, Et court chez sa maitresse oublier ses chansons ; Ce n’est pas un portrait, une image semblable, C’est un amant, un fils, un pere véritable.
L’intérêt romanesque, qu’inspirent la passion et la personne des amoureux, a remplacé l’intérêt plus élevé et surtout plus solide qui s’attachait dans le théâtre antique aux droits des époux ou des parents199. […] Qu’on lui donne soixante ans et des cheveux gris, qu’on en fasse un amoureux, un jaloux et une dupe, et ce malheureux, digne pour le moins d’un blâme compatissant, puisqu’il souffre, va soulever un éclat de rire universel de gaieté moqueuse et d’antipathique dédain. […] Il ne tient pas ses comptes, il ne se mêle pas de politique, il est oisif, indécis et amoureux.
« Il a d’abord été amoureux de la comédienne Béjart, dont il a épousé la fille. » Voilà, d’un seul coup et dans une même phrase, deux faits qu’on s’ingénie aujourd’hui à révoquer en doute, affirmés par un homme sérieux, tout dévoué à Molière : les relations de ce dernier avec Madeleine et la maternité de celle-ci envers Armande. […] Il ajoute : « A peine fut-elle à Chambord, où le roi donnait ce divertissement à toute la cour, qu’elle devint folle du comte de Guiche, et le comte de Lauzun éperdument amoureux d’elle. » Par dépit des froideurs du premier, elle se serait jetée dans les bras du second. […] Dans un de ces petits romans à scandale, écrits à l’aide de faits connus de tous et de récits imaginaires, et qui pullulèrent en France après le succès de l’Histoire amoureuse des Gaules, un de ces petits romans comme les Mémoires de Marie Mancini, etc., le pamphlétaire émit contre Armande, en termes exprès, l’accusation d’adultère ; et, pour mieux prouver son dire, il cite la date des infortunes de Molière et le nom de quatre de ces heureux collaborateurs : c’est là que nous le prenons en défaut. […] Et quand même on le trouverait, n’a-t-on pas la preuve que celui qui fut appelé à Pézenas en 1656 était le vrai, le seul qui compte, l’auteur-acteur dont plusieurs farces et la grande comédie de l’Étourdi avaient déjà fondé la renommée et qui allait, à quelques mois de là, et cette fois devant les États assemblés à Béziers, donner la première représentation du Dépit amoureux ? […] Auguste Baluffe, à qui l’on doit des recherches et des conjectures ingénieuses sur Le Dépit amoureux et sur nombre de questions relatives à Molière.
Ce fut là que Moliere fit representer sa seconde Comedie sous le titre du Depit amoureux. […] Ce compliment dont on ne raporte ici que la substance fut favorablement reçu aussi bien que la petite Comedie du Docteur amoureux. […] Peut-être que le Docteur Amoureux étoit une de ces deux Pieces ; & que la difference ne consiste que dans le titre raporté differemment. […] Il devint amoureux d’elle & en fut aimé & l’attira dans sa troupe. […] Moliere qui avoit écouté son ami avec assez de tranquilité, l’interrompit pour lui demander s’il n’avoit jamais été amoureux ?