Nous n’indiquerons pas précisément la piece d’où est imitée la ruse employée par Adraste pour s’introduire auprès d’Isidore ; il suffit d’ouvrir tous les théâtres du monde pour y trouver des amants déguisés en peintres, en musiciens, en précepteurs, en femmes-de-chambre, &c.
Son existence dans le monde était finie depuis longtemps ; les traditions de sa société étaient dispersées et en faisaient fleurir de nouvelles ; la duchesse de Montausier, sa fille, était employée à la cour ; des honneurs de cour remplaçaient, dans ce reste de sa famille, les honneurs personnels que la marquise avait obtenus ; on ne connaissait plus qu’une gloire, celle qu’on tenait de la faveur de Louis XIV.
Les femmes d’à-présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent écrire & devenir auteurs : Nulle science n’est pour elles trop profonde ; Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir ; Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir.
On s’amuse à recopier le petit maître sur lequel tous les traits du ridicule sont épuisés, & dont la peinture n’est plus qu’une école pour les jeunes gens qui ont quelque disposition à le devenir ; cependant on laisse en paix l’intrigante, le bas orgueilleux, le prôneur de lui-même, & une infinité d’autres dont le monde est rempli : il est vrai qu’il ne faut pas moins de courage que de talent pour toucher à ces caracteres ; & les auteurs du faux-sincere & du glorieux ont eu besoin de l’un & de l’autre : mais aussi ce n’est pas sans effort qu’on peut marcher sur les pas de l’intrépide auteur du tartufe. […] Indépendamment de l’étude refléchie des mœurs du grand monde, sans laquelle on ne sauroit faire un pas dans la carriere du haut comique, ce genre présente un obstacle qui lui est propre, & dont un auteur est d’abord effrayé. […] La vanité qui à pris dans la bourgeoisie un ton plus haut qu’autrefois, traite de grossier tout ce qui n’a pas l’air du beau monde. […] Qu’on nous pardonne de tirer tous nos exemples de Moliere ; si Menandre & Térence revenoient au monde, ils étudieroient ce grand maître, & n’étudieroient que lui. […] Quoi qu’il en soit, on convient généralement que Moliere est le meilleur poëte comique de toutes les nations du monde.
Molière est le plus petit homme du monde quand l’Auteur le met avec Baron ; excepté néanmoins dans l’aventure de Mignot. […] L’Auteur fait faire ici un personnage à Molière d’homme désintéressé et juste ; mais il me semble qu’il pouvait dissuader le jeune étourdi de prendre sa profession, sans lui en faire voir le ridicule et l’indignité : C’est, dit-il, la dernière ressource de ceux qui ne sauraient mieux faire, ou des libertins qui veulent se soustraire au travail : c’est enfoncer le poignard dans le cœur de vos parents, de monter sur le Théâtre : je me suis toujours reproché d’avoir donné ce déplaisir à ma famille : c’est la plus triste situation que d’être l’esclave des fantaisies des Grands Seigneurs ; le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise.
Sganarelle connoît les différents motifs qui les engagent, & leur répond fort sensément : Tous ces conseils sont admirables assurément ; mais je les trouve un peu intéressés, & trouve que vous conseillez fort bien pour vous. . . . . . . . . . . . . . . . . ainsi, Messieurs & Mesdames, quoique vos conseils soient les meilleurs du monde, vous trouverez bon, s’il vous plaît, que je n’en suive aucun. . . . . . […] Ils ont suivi Moliere contemplateur au milieu du grand monde & dans tous les états ; ils ont percé jusques dans son cabinet ; ils l’ont vu manier ses pinceaux & broyer ses couleurs.
Le Poëte raconte qu’il a eu toutes les peines du monde à se défaire d’un fâcheux. […] Je le remerciois doucement de la tête, Minutant à tous coups quelque retraite honnête : Mais lui, pour le quitter me voyant ébranlé : Sortons, ce m’a-t-il dit, le monde est écoulé : Et sortis de ce lieu, me la donnant plus seche ; Marquis, allons au cours faire voir ma caleche : Elle est bien entendue, & plus d’un Duc & Pair En fait à mon faiseur faire une du même air.
Ils ont l’esprit le mieux fait du monde, & je les ai mis sur le pied de prendre les brocards des gens de Cour pour des compliments. […] Vous savez que je suis le meilleur maître du monde ; j’en passe par-tout où il vous plaît ; je signe tout ce que vous voulez, & aveuglément ; je ne chicane sur rien : du moins, usez-en de même avec moi ; laissez-moi vivre, laissez-moi respirer.
Ce qui fit dire à un grand prince qui le voyait jouer à Rome : “Scaramuccia non parla e dice gran cose, Scaramouche ne parle point, et il dit les plus belles choses du monde.” […] Car, quoiqu’il semble que votre juridiction ne s’étende pas plus loin que la comédie et que les théâtres, je ne pense pas que les savants s’en puissent affranchir, puisque leur profession, aussi bien que toutes les autres que nous voyons, n’est qu’une comédie, et que toute retendue du monde n’est qu’un vaste théâtre où chacun joue son différent rôle.
Depuis ce temps-là jusqu’à la mort de ce rare acteur, M. de Harlay le reçut toujours chez lui avec une estime et une distinction particulière ; le monde, qui le sut prétendait qu’Arlequin le dressait aux mimes, et qu’il était plus savant que le magistrat ; mais que celui-ci était aussi bien meilleur comédien que Dominique. » Dominique modifia très sensiblement le caractère d’Arlequin. […] La belle répond qu’en attendant il voulait l’embrasser et qu’elle avait toutes les peines du monde à se défendre.
On eut toutes les peines du monde à obtenir qu’il fût enterré en terre sainte.
Il crut qu’une résistance de trois jours, avec de perpétuels combats, suffisoit pour l’affranchir des devoirs de l’amitié ; & ne trouvant plus de raison qu’à aimer la plus aimable personne du monde, il franchit entiérement le pas, & fit connoître à Camille la violence de sa passion. […] Un messager annonce que Timon est mort, & qu’on a trouvé cette inscription sur sa tombe : Affranchi des liens qui l’attachoient au monde, Ci gît Timon. […] Pasquin a beau lui représenter qu’elle a tort de n’être pas venue au monde vingt ans avant son maître, elle n’entend pas raison.
Sa Critique sur les paroles du grand-père de Molière ne mérite pas que je la relève : Il se serait bien passé d’appeler étourderie la chose du monde la plus innocente et la plus commune. […] Il n’y a donc point là de quoi s’étonner, pour peu que l’on connaisse le monde. […] Mais n’ayant rendu que les paroles de Molière en cette occasion, qu’il aille lui en faire ses plaintes en l’autre monde.
Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.
Sa joie est la plus solide qu’on puisse avoir dans ce monde. » Ces mots sont très significatifs sous la plume de madame de Sévigné, qui affectait toujours quelque chose d’énigmatique dans ce qui regardait la cour.