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112. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Baron, à qui ce Mondorge s’adressa, s’en aperçut aisément ; car ce pauvre comédien faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] s’écria Chapelle, voilà un jugement qui vous fera honneur dans le monde. […] « Je conviens que c’est l’homme du monde qui a le mieux rêvé, ajouta Chapelle ; mais, morbleu ! […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise. […] car il n’y a point de personne au monde qui soit moins façonnière que moi.

113. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Il se porte le mieux du monde. […] A ce mot de régaler, Mendoce, qui avoit une faim cruelle, & qui par conséquent fut touché par son endroit sensible, ne douta point que l’autre ne le connût le mieux du monde.

114. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Il s’excuse, en disant qu’il ne mange point avec des gens d’un autre monde & des convives de pierre. On fait à la Statue plusieurs questions sur l’autre monde. […] Messieurs du Marais, N’épargnant pas pour ce les frais, L’ont représenté sur la scene, Oui, c’est une chose certaine, Avec des nouveaux ornements Qui sembloient des enchantements ; Et Rosimon, de cette troupe, Grimpant le mont à double croupe, A mis ce grand sujet en vers, Avec des agréments divers, Qui chez eux attirent le monde, Dont notre vaste ville abonde. […] Il n’a fait que très peu de changements à la piece de Moliere ; mais il les a faits en homme adroit, en homme qui connoît le goût du peuple, celui du grand monde, & qui sait prendre un milieu pour ménager les deux partis. […] J’en avois, pour moi, toutes les envies du monde, & je me suis même encore aujourd’hui conseillé au Ciel pour cela ; mais lorsque je l’ai consulté, j’ai entendu une voix qui m’a dit que je ne devois pas songer à votre sœur, & qu’avec elle assurément je ne ferois point mon salut.

115. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Séparés du monde entier, les habitants d’une petite ville n’étaient pas même réunis entre eux ; nul commerce, nul mélange entre les différentes classes de la société. […] On a prétendu qu’il n’avait tant tardé à montrer ses Femmes savantes sur le théâtre, que pour laisser au ridicule qu’il peignait le temps de s’affaiblir, et à quelques-uns de ses modèles le temps de disparaître de la scène du monde. […] S’apercevant qu’on s’éloignait de lui, comme si le ridicule dont il était frappé était quelque chose de contagieux, il se retira d’un monde où il ne pouvait plus paraître sans exciter la moquerie ou la pitié. […] Bien que Thomas vécût dans un monde à part, dans un monde presque idéal, il ne pouvait ignorer à ce point la société commune. […] Il n’est pas impossible qu’il existe une folle telle que Bélise ; mais ce serait la manie d’un individu, et non le travers d’une espèce : le théâtre ne doit point représenter ce qui ne peut se trouver dans le monde que par accident.

116. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Voulez-vous que le Turc, le Juif, le Maure, & les habitants des quatre parties du monde contribuent à votre action ? […] Je viens de leur prouver qu’ils pouvoient introduire, faire parler, agir avec plus de décence certains personnages dans les rues d’une petite ville que dans celles de la capitale ; par conséquent ils ont le plus grand tort du monde de ne pas se mettre à leur aise quand ils le peuvent sans s’écarter de la vraisemblance & du naturel. […] D’ailleurs il seroit fort joli, vraiment, que, dans les quatre parties du monde, où leur ouvrage parviendra sans contredit, on vît que l’Auteur a placé la scene à Toulouse, à Bourdeaux, à Marseille ; les Américains ne sauroient pas qu’il fait l’ornement des cercles brillants de Paris, & croiroient qu’il végete encore dans la province : plutôt que de courir ce risque, il vaut bien mieux abandonner la nature.

117. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Je n’ai plus que faire, dit-il, d’étudier Plaute & Térence, ni d’éplucher les fragments de Ménandre ; je n’ai qu’à étudier le monde. […] Et sur ce que Chapelle tiroit vanité du bruit qui courut dans le monde, qu’il travailloit avec Moliere, ce fameux Auteur lui fit dire par M. […] Moliere vouloit le détourner de l’acharnement qu’il faisoit paroître dans ses Satyres contre Chapelain ; disant, que Chapelain étoit en grande considération dans le monde ; qu’il étoit particuliérement aimé de M.

118. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle était en effet une glorieuse ; il est sûr qu’elle l’était, parce qu’elle devait l’être, parce que c’était une des conséquences nécessaires de la position où elle s’était longtemps trouvée dans le monde. […] C’est à ce prix qu’était la considération pour elle, cette considération qui, dans le monde, devait lui tenir lieu de la fortune si nécessaire pour en concilier un peu aux gens sans mérite, cette considération qui sans doute ne met pas absolument au-dessus du besoin, mais du moins aide puissamment à en sortir, en fait toujours sortir sans déshonneur, parce qu’elle intéresse l’honneur même d’un grand nombre de nobles amis à préserver de tout avilissement l’objet de leur affection et de leur estime. […] En 1650, quand elle parut dans le monde, à son retour de la Martinique, âgée de quatorze ans, on la citait sous le nom de la belle Indienne.

119. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Telle était la position de madame Scarron dans le monde. […] Se donner un directeur, était, pour les femmes du monde de la capitale, un usage, une mode ; pour madame Scarron, c’était quelque chose de plus, du moment qu’elle devait avoir des relations avec la cour, c’était une convenance de signaler son esprit de religion par le choix d’un directeur. […] De capitaine de cavalerie, il était devenu docteur de Sorbonne, et d’homme du monde, chrétien rigide.

120. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais ménages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit cela par expérience autant qu’homme du monde (C). […] Un jour qu’il devoit joüer le Malade imaginaire, piece nouvelle alors, & la derniere qu’il avoit composée, il se trouva fort mal avant que de commencer, & fut prest de s’excuser de jouer sur sa maladie ; cependant comme il eut vu la foule du monde qui étoit à cette representation, & le chagrin qu’il y avoit de le renvoyer, il s’efforça, & joüa presque jusqu’à la fin, sans s’appercevoir que son incommodité fût augmentée : mais dans l’endroit où il contrefaisoit le mort, il demeura si foible, qu’on crut qu’il l’étoit effectivement, & on eut mille peines à le relever. […] A la vérité il a excellé dans ses Portraits, & je trouve ses Comédies si pleines de sens, qu’on devroit les lire comme des instructions aux jeunes gens, pour leur faire connoistre le monde tel qu’il est. […] Il faut donc qu’elle soit proportionnée au goût du public, c’est-à-dire, qu’elle soit capable d’attirer beaucoup de monde ; car sans cela, ne fût-elle qu’un elixir de pensées rares, ingénieuses, fines au souverain point, elle ruïneroit les Acteurs, & ne serviroit de rien au peuple.

121. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Cette discrétion si admirable de Molière a mis le monde dans un grand embarras. […] Comment être fixé avec un auteur qui se borne à prendre des personnages dans le monde et à les transporter sur la scène, qui nous montre leurs sentiments à eux, qui nous donne leur langage à eux, en un mot, qui nous représente leur vie à eux, sans qu’elle ait jamais une ressemblance véritable avec la sienne ? […] Arnolphe a de la fortune, il a couru le monde et il a eu des aventures. […] Sa besogne est de fixer dans le monde de l’art des caractères qui, sans lui, resteraient disséminés et épars dans la nature.

122.

Mais il y a des sujets qu’on ne peut épuiser : le Cocuage, par exemple, est un champ vaste ; il y a à moissonner pour tout le monde. […] Elmire qui cesse de mettre sa douceur, sa discrétion, sa tenue parfaite entre sa belle-mère et tout son monde pour détourner les froissements et prévenir le choc ! […] Il faut croire que le tabellion consulaire était atteint de surdité ou peu scrupuleux en affaires, ce qui est fâcheux pour tout le monde, mais spécialement pour les notaires. […] C’est là que vint au monde, un peu moins de neuf mois plus tard15, l’enfant qui devait être Molière. […] Le 10 août 1549, testament de Cousineau qui « de présent étant en cette ville de Paris gisant au lit malade en l’hostel du Cinge, néanmoins sain de pensée, ne voulant décéder de ce monde intestat tandis que sa raison gouverne sa pensée, des biens que Notre-Seigneur lui a prêtés en ce mortel monde, etc. donne tous ses biens meubles et immeubles à noble homme Me Nicolas Berthe, advocat en la Cour du Parlement ».

123. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence508 ; en vain les raffinées comme Armande trouvent que c’est « jouer un petit personnage » De se claquemurer aux choses du ménage, Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants Qu’une idole d’époux et des marmots d’enfants509 : — l’homme et la femme ont par nature un penchant qui les porte à s’aimer ; et cet amour peut, doit être satisfait par le mariage, seulement. […] Je vois que dans le monde on suit fort ma méthode, Et que le mariage est assez à la mode, Passe pour un lien assez honnête et doux…511. […] C’est « une sottise, la plus grande du monde, de vouloir s’élever au-dessus de sa condition549. » « Les alliances avec plus grand que soi sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients550. » IX.

124. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Il y aurait beaucoup de choses à dire, je n’en trouve pas une écrire. » Bussy, instruit par madame de Scudéry, répond nettement à madame de Sévigné, malgré la réserve de celle-ci : « Je ne doute point que l’amour ne soit égal à ce qu’il était, et que toute la différence n’aille qu’à plus de mystère : ce qui le fera durer plus longtemps. » Nous verrons si ce jugement d’un homme du monde n’était pas aussi éclairé que la confiance de l’évêque de Condom dans la conversion des amants l’était peu. […] Cela est difficile à accommoder, et je passe ma vie dans des horribles qui m’ôtent tous les plaisirs du monde et la paix qu’il faudrait pour servir Dieu. […] Je deviens la plus intéressée créature du monde, et je ne songe plus qu’à augmenter mon bien.

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Le monde va périr, si l’on me laisse vivre. […] Quelqu’un a dit que Desmarets avoit peint une folle comme on n’en voit point, ou qui n’existent que dans les petites-maisons ; & Moliere, une folle comme on en voit mille dans le grand monde.

126. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Vers 1615, Armand Duplessis, âgé de vingt ans, qui avait déjà paru aux états-généraux de 1614 avec distinction, fut aussi introduit à l’hôtel de Rambouillet : il y soutint, dit-on, une thèse d’amour, c’est-à-dire, sans doute, qu’il y exprima une opinion contestée et la défendit en homme du monde. […] Remarquons que ces nouvelles recrues en hommes de lettres et en hommes du monde ne déprécient pas plus que les premières l’hôtel de Rambouillet, et n’annoncent pas davantage les ridicules qu’on lui attribue.

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