d’un côté l’amour, la compassion, la violence que l’on me fait pour ce mariage : d’un autre côté, la considération d’un pere qui m’a toujours traité avec tant de douceur, & qui a eu pour moi toutes les condescendances qu’on peut avoir pour un fils. […] Je sais que sur les vœux on n’a point de puissance, Que l’amour veut par-tout naître sans dépendance, Que jamais, par la force, on n’entra dans un cœur, Et que toute ame est libre à nommer son vainqueur. […] D’aise, en lisant vos vers, je la vois tressaillir, Sur-tout quand un amour qui n’est plus guere en vogue Y brille sous le titre ou d’Idylle ou d’Eglogue.
Présenter des images très délicates et en même temps très pratiques de l’honnêteté la plus élevée, de l’amour le plus naturel et le plus pur, c’est évidemment rendre service aux hommes et leur insinuer doucement le sentiment de la joie intime et de la dignité que produit le noble usage de leurs facultés. […] Ou ne rentre point ici dans le détail de tout ce que Molière a dit d’excellent sur l’homme, sur la femme, sur l’amour, sur le mariage, sur les ouvrages de l’esprit, sur la patrie et sur la religion, car ce serait recommencer ce livre ; mais on répète que des pensées si hautes et si justes, exprimées avec tant de génie, même quand elles n’ont la prétention que de divertir, font penser, et penser utilement. […] Il insinue, par une douce violence, tantôt l’amour de ce qu’il y a de plus hautement honnête, et tantôt une facile indulgence pour ce qu’on doit rigoureusement condamner.
Sa vie agitée ainsi que ses amours avec le maréchal de Saxe, et le fait qu’elle fut probablement assassinée par jalousie, en firent un personnage mythique [...].
C’est un homme que je n’épouse point par amour, & sa seule richesse me fait résoudre à l’accepter. […] Leurs amours avoient même fait du bruit, & il repassoit en France sans avoir conclu avec elle.
Bourdaloue fait ici des merveilles ; la duchesse et moi nous le voyons tous les jours. » Cette lettre est un exemple de ces entretiens où madame de Maintenon, sans malice, et peut-être en prenant le change sur elle-même, mue par un double instinct d’amour et d’honnêteté, se joue de l’esprit grossier de son directeur, lui présente comme des griefs contre la cour, l’intérêt qui l’y attache, et comme dépit contre le roi, l’amour qu’il ressent et celui qu’il inspire, et se fait ordonner comme un sacrifice méritoire, de rester à sa cour.
Alcmène a reçu de Jupiter de vives marques de tendresse auxquelles elle a répondu par les siennes ; et Amphitryon, qui l’apprend d’elle-même, s’abandonne aux transports furieux d’un homme outragé dans son amour et dans son honneur. […] Les deux Amphitryons sont jaloux ; mais il y a dans la jalousie de l’Amphitryon français, plus d’amour, de susceptibilité et d’emportement. […] L’amour que ressent pour lui une femme si digne d’en inspirer, cet amour que Jupiter lui envie, en même temps qu’il en usurpe sur lui les plus précieuses marques, contribue à relever son caractère, et à empêcher que, dans une situation toute risible, il ne soit personnellement ridicule.
Il avoit un amour de passion pour son métier, et un zèle ardent pour le divertissement du Public, dont il étoit très aimé ; il en donna des marques jusqu’à la fin de sa vie. […] « Le même auteur, voyant Moliere au tombeau dépouillé de tous les ornemens extérieurs dont l’éclat avoit ébloüi les meilleurs yeux, durant qu’il paroissoit lui-même sur son théâtre, remarqua plus facilement ce qui avoit tant imposé au monde, c’est-à-dire ce caractère aisé et naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant et trop bouffon 23. » Au reste, quelque capable que fût Moliere, M- Baillet assure qu’il « ne savoit pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pû le faire absoudre d’une infinité de fautes. […] ; L’Amour sentinelle, ou les Cadenas forcés 104, 1672 ; Dorimond105, comédien de Mademoiselle106, et auteur de : La Rosélie, ou Dom Guillot, 1641107 ; L’Amant de la Seine 108, 1661 ; L’Inconstance punie, id. […] ; Les Amours de Trapolin, ou la Comédie de la Comédie, 1662110 ; La Femme industrieuse, 1692111. […] On a de lui : L’Amour sentinelle, ou le Cadenat forcé, comédie, en 1672 ; Le Comte de Roquefeuille, ou le Docteur extravagant, comédie en un acte, 1672174 ; Les Brouilleries nocturnes, comédie, 1669 ; Le Campagnard dupé, comédie, 1671.
La consultation des quatre docteurs qui, au lieu de discuter sur la maladie de Lucinde, s’entretiennent de leurs mules et des nouvelles du monde, ne recommande pas moins L’Amour médecin que la scène si originale des donneurs d’avis ; chacun insinue un conseil en rapport avec ses petits intérêts, et les réponses, Vous êtes orfèvre, M. […] Quelques personnes regardent Le Sicilien comme le premier essai d’opéra-comique : les scènes de cet ouvrage sont très bien coupées pour le chant et pour la danse ; les plaisirs et les peines de l’amour s’y trouvent présentés sous le point de vue le plus favorable à la musique. […] Baron débuta en 1670 par le rôle de Domitien dans Tite et Bérénice de Corneille, et en 1671, par le rôle de l’Amour dans Psyché. […] Catherine Le Clerc, femme d’Edme Wilquin, sieur de Brie, faisait partie d’une troupe qui jouait à Lyon, lorsque Molière arriva dans cette ville ; il devint amoureux de mademoiselle du Parc, camarade de mademoiselle de Brie ; mais n’ayant pu la rendre sensible à son amour, Molière tourna ses vœux du côté de mademoiselle de Brie, dont il fut, dit-on, accueilli très favorablement. […] Item, maints différents Amours, Affublés de sombres atours, Qui pour le pas semblaient se battre.
Dans l’Amant indiscret, on retrouve la donnée de l’Etourdi de Molière : le valet de Cléandre imagine pour favoriser l’amour contrarié de son maître une série de stratagèmes que Cléandre rend inutiles par son manque de discrétion. […] Mais avec Molière, nous rions du ridicule inhérent au vice ou à la passion ; —à l’amour d’Arnolphe pour Agnès, car si Arnolphe aimait une femme d’âge mûr, tout le comique disparaîtrait-, — à la colère d’Alceste s’exerçant contre des choses insignifiantes : à ces choses insignifiantes substituons des objets qui en vaillent la peine, Alceste cesse à tel point d’être ridicule que l’on a pu demander si, dans certaines scènes, il ne relevait pas du drame plutôt que de la comédie ; — à l’aveuglement pour Trissotin, de Philaminte, Armande et Bélise, — etc. […] Rien ne parait plus évident. « L’Ecole des Femmes », c’est l’amour, ou mieux encore, c’est la nature : et la leçon, assez parlante, c’est que la nature toute seule sera toujours plus forte que tout ce que nous ferons pour en contrarier le vœu. Elevée Dans un petit couvent, loin de toute pratique, Agnès n’a rien pour elle que d’être la jeunesse, l’amour, et la nature. […] C’étaient la reine-mère, Anne d’Autriche ; c’était le prince de Conti, et sa sœur la duchesse de Longueville, tous deux convertis maintenant ; c’était Bossuet, qui commençait de prêcher, ou plutôt de tonner, dans les chaires de Paris, contre l’Amour des plaisirs temporels ; c’étaient enfin les jansénistes.
L’Amour médecin, Petite comédie en un acte et en prose, représentée à Versailles le 15 septembre 1665, et sur le théâtre du Palais-Royal le 22 du même mois. L’Amour médecin est un impromptu, fait pour le roi en cinq jours de temps : cependant cette petite pièce est d’un meilleur comique que Le Mariage forcé. […] Tiens, voilà un louis d’or ; mais je te le donne pour l’amour de l’humanité. […] Le Sicilien, ou L’Amour peintre, Comédie en prose et en un acte, représentée à Saint-Germain-en-Laye en 1667, et sur le théâtre du Palais-Royal le 10 juin de la même année. […] L’auteur de Cinna fit à l’âge de 67 ans cette déclaration de Psyché à l’Amour qui passe encore pour un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre.
Des jeunes gens épris d’amour pour des courtisanes, des esclaves fripons aidant leurs jeunes maîtres à tromper leurs pères, ou les précipitant dans l’embarras, et les en tirant par leur adresse ; voilà ce qu’on vit sur la Scène comme dans le monde. […] Du commerce des deux sexes naît cette foule de situations piquantes où les placent mutuellement l’amour, la jalousie, le dépit, les ruptures, les réconciliations, enfin l’intérêt mêlé de défiance que les deux sexes prennent involontairement l’un à l’autre. […] La manière dont il excusait les torts de sa femme, se bornant à la plaindre, si elle était entraînée vers la coquetterie par un charme aussi invincible qu’il était lui-même entraîné vers l’amour, décèle à la fois bien de la tendresse, de la force d’esprit, et une grande habitude de réflexion.
A la suite d’un de ces repas tumultueux où chaque convive se croit obligé de faire preuve d’esprit, où l’on pense comme Scarron que La digestion est meilleure Lorsqu’on dispute un bon quart-d’heure, j’ai entendu critiquer précisément ce que nous venons d’admirer : « Puisque Moliere, disoit-on, a fait rouler son action, son intrigue, son dénouement sur l’amour, il a tort de n’avoir pas filé dans chaque acte une ou deux scenes qui caractérisassent cette passion ». […] Il est vrai, d’un côté mes soins ont réussi, Cet adorable objet enfin s’est adouci : Mais d’un autre on m’accable ; & les astres séveres Ont contre mon amour redoublé leurs coleres.
Alceste n’est comique que parce qu’il est jeune, sans véritable expérience de la vie, et que sa pseudo-misanthropie a pour cause un amour mal placé et la perte d’un procès. […] L’amour des idées claires et logiques, le besoin d’ordre et de méthode, cette probité de l’intelligence, se sont réalisées dans la philosophie cartésienne.
Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice. […] Il rit encore des roulements d’yeux et des contorsions du pauvre homme, lorsqu’il jette à Agnès, dans un transport d’amour et de rage, cette question d’un comique si sublime : Pourquoi ne m’aimer pas, madame l’impudente ? […] Elle fonde donc sa foi à la beauté des œuvres, à l’art des ouvriers, sur un témoignage intérieur, sur l’amour. […] Son sens moral est resté aussi fin, aussi délicat, aussi susceptible que son sens esthétique, et de même que le beau et le bon se confondent à ses yeux dans les œuvres qu’elle loue, l’amour de la beauté s’est allié dans son âme au respect de ce qui est bien. […] Par une subtilité pleine de candeur, qui était bien dans la nature de son génie, Corneille avait besoin de trouver dans les anciens des exemples et des règles pour faire autrement que les anciens, et il voulait leur rester soumis en leur désobéissant ; voici comment il justifie l’une de ses pièces d’être sans modèle dans l’antiquité : « L’amour de la nouveauté était l’humeur des Grecs dès le temps d’Eschyle, et, si je ne me trompe, c’était aussi celle des Romains, Nec minimum meruere decus, vestigia græca Ausi deserere.
L’avarice ne se concilie point avec l’amour. […] sans doute, le combat ne peut manquer d’être fort plaisant entre l’amour et l’avarice, entre la plus généreuse et la plus égoïste des passions ; mais on oublie une chose, c’est qu’un tel combat est impossible. […] L’intrigue d’amour, banale, pesamment conduite, occupe trop de place. […] L’Amour médecin, acte II, scène i. […] L’Amour médecin, acte IV, scène v.