/ 172
146. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Retiré dans les bois comme une bête fauve, il n’y formait que des vœux homicides, et sa haine ne fit exception que pour Alcibiade, dans l’ambition duquel il voyait la perte de son pays. […] Cependant Mercure le décide à suivre le conseil de Plutus ; et, creusant la terre d’un coup de bêche, Timon en retire un trésor. […] Chassant donc ces importuns, il va se retirer sur un rocher, où il n’aura plus d’autre ami que lui-même. […] Mais il dut se retirer du monde où il ne pouvait plus figurer sans exciter la moquerie ; et il n’eut pas même la consolation d’être oublié, malgré son silence, puisqu’il était voué pour jamais à l’immortalité du ridicule.

147. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Sous la belle-mère, on l’en retira, quoiqu’il n’eût que onze ans et qu’il y fût certainement remarqué. […] Molière n’eut plus qu’à s’esquiver en silence et à se retirer lui-même dans la foule des spectateurs passifs et des auditeurs muets. […] Pendant que, triste et seul dans cette chambre qu’on lui laisse, il travaille pour faire rire le public et donner du pain à tous les pauvres gens de sa troupe ; ou bien, tandis que, retiré à sa petite maison d’Auteuil, il s’isole dans ce désespoir que la poignante conversation qu’il eut un jour avec Chapelle nous a révélé avec toutes ses douleurs, sa femme mène grand train et fait bonne chère ; elle donne à souper aux aimables esprits de la cour et du Mercure galant. […] nous n’en avons que sept, et tu veux encore nous en retirer deux ! […] « Il tira, dit-il lui-même, ledit Sercy en cause, pour en retirer tous les exemplaires, ou la valeur, suivant le traité fait entre eux.

148. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Ces diverses pièces furent d’abord jouées en province, où les troubles de la Fronde l’avaient obligé de se retirer, et où nous ne le suivrons point à travers les vicissitudes de sa vocation de comédien ambulant. […] Ainsi la grâce que l’on nous accorde est illusoire, et l’on aurait le droit de nous la retirer, comme le reste. […] C’est lui-même, c’est Alceste; il vient accompagné de Philinte qu’il gronde fort pour quelques embrassades données à un inconnu; peu s’en faut que pour ce péché véniel il ne lui retire son amitié. […] Retirées en elles-mêmes, les âmes que le monde a froissées prennent leur revanche sur la société en dressant son acte d’accusation, et dans leur solitude elles argumentent contre lui avec autant de véhémence que de subtilité. […] Il se retire au grand scandale de Philaminte, et le combat finit faute de combattants.

149. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Quant à ces adversaires, chacun d’eux se retire de la lice satisfait de lui-même, emportant la conviction d’avoir seul défendu la vérité, et accusant le parti adverse de mauvaise foi parce qu’il ne s’est pas rendu. […] Aussi ce fanatique aveuglé reste-t-il intraitable, et, n’ayant rien à répondre, il s’en tire par des moyens détournés, et finalement en quittant la partie: « Je sais que vous parlez, Monsieur, le mieux du monde ; en beaux raisonnements vous abondez toujours ; mais vous perdez le temps, et tous vos beaux discours, la raison, pour mon bien, veut que je me retire : je n’ai point sur ma langue un assez grand empire ; de ce que je dirais je ne répondrais pas, et je me jetterais cent choses sur les bras.» […] Orgon, n’ayant rien à répliquer aux sages observations de Cléante, mais ne restant pas moins convaincu qu’il est dans le vrai, que lui seul est raisonnable, se défend par des paroles ironiques qui ne répondent à rien et qui prouvent la persistance de son aveuglement moral : « Oui, vous êtes sans doute un Docteur qu’on révère, tout le savoir du monde est chez vous retiré ; vous êtes le seul sage et le seul éclairé, un oracle, un Caton dans le siècle où nous sommes, et près de vous ce sont des sots que tous les hommes. » Ou encore, il hausse les épaules de pitié et de mépris en quittant la partie et en prononçant ces paroles : « Monsieur mon cher beau-frère, avez-vous tout dit?

150. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.

151. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Dans un amour profond il avait cru trouver Ce pur délassement que l’on aime à rêver Après les grands travaux ; Oasis bien-aimée Où l’âme se retire et repose calmée, Où l’orgueil, que le monde irritait de ses coups, Cède au baume enivrant d’un sentiment plus doux.

152. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Ces deux pièces ont été accompagnées de la Stratonice 2, dont le style est tout différent : l’auteur de cette pièce ne s’attachant qu’à faire des vers tendres, où il réussit fort bien… Je ne puis m’empêcher de vous dire que le théâtre a perdu l’illustre abbé de Boisrobert, qui par générosité s’est retiré de lui-même, de peur que ses pièces n’étouffassent celles des fameux auteurs qui se sont mis au théâtre depuis peu.

153. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Mais il revient, je me retire....

154. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Dans le monde, dit Mademoiselle, et les affectent de paraître fort retirées, quoiqu’elles cherchent fort le monde, ne bougeant de toutes les maisons de qualité où il va le plus d’honnêtes gens ; et cela même ne leur suivit pas, puisqu’elles vont dans celles où la marchandise est la plus mêlée et qui reçoivent toute sorte de gens sans distinction.

155. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Notice historique et littéraire sur L’Avare Grimarest, auteur d’une Vie de Molière, a écrit, le premier, que L’Avare, à une époque qu’il ne détermine pas avec précision, fut joué d’abord un petit nombre de fois sans succès ; que Molière le retira, et, après un intervalle de plusieurs mois, le fit reparaître sur la scène, le 9 septembre 1668.

156. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La femme du médecin, plus avare que susceptible de honte, aima mieux se retirer que de payer sa place. […] Sa maison des Petits-Piliers était vendue ; il vivait, retiré chez son gendre. […] Comme il était déjà très tard, chacun se retira bientôt après. » On a pu juger par cette oraison fort originale, étrange même — et réimprimée ici pour la première fois, — du bruit qu’avait fait, en mourant, le comédien et l’auteur de génie, que quelques envieux avaient osé déclarer inférieur à Scaramouche, son maître.

157.

Pour le tombeau de Voltaire, il fut ouvert, lui, en juillet 1791, lorsque, au nom de l’Assemblée Constituante, on alla retirer de la tranquille Abbaye de Scellières en Champagne, les cendres du célèbre Philosophe, — comme trois ans plus tard, sous la Convention, en octobre 1794, celles de Rousseau de l’île des Peupliers, à Ermenonville, — et qu’on les ramena triomphalement à Paris, pour les porter au Panthéon : « Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante. […] Pour avoir eu neuf pièces jouées de 1653 à 1659, c’est-à-dire dans l’espace de six ans, durant lesquels, comme l’Achille d’Homère, Corneille, offensé, se retira sous sa tente après la chute de Pertharite, Quinault n’était toujours que l’émule adroit, envahissant, mais inférieur, de Corneille le jeune. […] Racine retira sa Thébaïde de la rue Mauconseil pour passer avec elle au Palais-Royal.

158. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

L’intrigue amoureuse se dénoue avec facilité, le jeune homme qui a usurpé trop tôt les droits du mariage, se trouve être le neveu du vieux célibataire, et celui-ci de son propre gré se retire et lui cède la place.

159. (1739) Vie de Molière

La fortune qu’il fit par le succès de ses ouvrages le mit en état de n’avoir rien de plus à souhaiter : ce qu’il retirait du théâtre, avec ce qu’il avait placé, allait à trente mille livres de rente ; somme qui, en ce temps-là, faisait presque le double de la valeur réelle de pareille somme d’aujourd’hui.

/ 172