/ 137
80. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

A leur place s’élèvent de toutes parts les images de nos pères et de nos aïeux. […] Regnier, fort de cette double circonstance, terminait en demandant que le monument projeté fût consacré à la mémoire de celui qui fut le père de la comédie française. […] Dans le but qu’il poursuit dès lors rien ne l’arrête : Il enchaîne l’orgueil dans son cœur de poète, Humblement de 6on père il accepte l’emploi, Et Molière à la cour est tapissier du roi ! […] Molière fut, tout à la fois, leur camarade et leur père, et je crois obéir a un sentiment respectueux et presque filial, en vous proposant de réunir au projet de l’admi nistration celui d’un monument que nous serions si glorieux de voir enfin élever au grand génie qui, depuis près de deux siècles, attend cette justice !

81. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Molière se présentait assisté de son père, Jean Poquelin, et de André Boudet, beau-frère de celui-ci. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être père pour aimer de cette manière ; mais, pour moi, je crois qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, et que les gens qui n’ont point senti de semblables délicatesses n’ont jamais véritablement aimé. […] Modèle des époux et père de six enfants, l’auteur de tant de stances à Iris n’en aimait pas moins jouer auprès des reines de théâtre le rôle du don Guritan de Ruy Blas auprès de dona Maria de Neubourg. […] Le 15 septembre 1672, il devenait père pour la troisième fois ; il lui naissait un fils. Courte joie : l’enfant ne vivait que onze jours, précédant son père dans la tombe de quatre mois et demi.

82. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

» — « C’est un grand vice d’être avare et de prêter à usure ; mais n’en est-ce pas un plus grand à un fils de voler son père et de lui manquer de respect ? […] Qui est-ce qui disait donc qu’il n’est pas homme de qualité et que son père n’était pas bon gentilhomme ? […] Et ne faire que cela est une abdication de l’homme comme père de famille, comme citoyen et comme homme. […] Elle dit sa volonté à son père avec des révérences respectueuses qui ressemblent à des actes respectueux et elle se montre peu pourvue de piété filiale. […] Elle ne discute pas avec son père, ou à peine, mais elle discute avec Thomas Diafoirus et avec la femme de son père, nettement, précisément, spirituellement, sans lâcher pied, sans perdre la tête et sans que les injures la fassent sortir un instant de son sang-froid.

83. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Que pensez-vous d’Anne Cochon et d’André Cochon, son père ? […] Elle avait suivi son père dans le Roman comique de Molière. […] Selon les uns, elle voulait avoir un homme pour avoir un homme, sans s’inquiéter de sa généalogie ; selon les autres, elle n’avait pas de temps à perdre pour donner un père à son premier enfant. […] Son père, voulant faire de lui un bon catholique, avait confié sa jeunesse aux jésuites, qui étaient sans contredit les meilleurs maîtres du monde. […] Un soir, au sortir du théâtre, Dancourt se jeta sur son passage et, sans autre préambule, il l’enleva, littéralement parlant, pendant que La Thorillière, père de la comédienne, discutait avec Baron.

84. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Voltaire l’appelle le père de la vraie comédie, et, pour la France, il se peut qu’il ait raison. […] Dans sa pièce nous voyons un amant de la fille, déguisé en valet, et qui flatte l’avarice du vieillard, un fils prodigue qui fait la cour à la future de son père, des valets intrigants, un usurier, et il y a en outre une reconnaissance. […] L’écrit dans lequel il sort le plus de la mesure, est une production choquante de sa jeunesse, où il cherche à renverser tout le système tragique des Français ; il est déjà moins violent dans les discours qui accompagnent Le Fils naturel, et enfin il est presque modéré dans le traité ajouté au Père de famille. […] En revanche, il nomme Le Père de famille, une pièce excellente, mais il oublie de motiver son jugement. […] Quant à Mélanie, cette pièce peut être bonne pour réveiller la conscience d’un père qui veut forcer sa fille à vivre dans un cloître ; mais en quoi les spectateurs ont-ils mérité un pareil tourment ?

85. (1739) Vie de Molière

Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire. […] Son goût pour l’étude se développa ; il pressa son grand-père d’obtenir qu’on le mît au collège, et il arracha enfin le consentement de son père, qui le mit dans une pension, et l’envoya externe aux jésuites, avec la répugnance d’un bourgeois qui croyait la fortune de son fils perdue, s’il étudiait. […] Au lieu même de donner à son fils naturel un précepteur ordinaire et pris au hasard, comme tant de pères en usent avec un fils légitime qui doit porter leur nom, il engagea le célèbre Gassendi à se charger de l’instruire. […] Son père étant devenu infirme et incapable de servir, il fut obligé d’exercer les fonctions de son emploi auprès du roi. […] On disait que Molière en était le père : le soin avec lequel on avait répandu cette calomnie, fit que plusieurs personnes prirent celui de la réfuter.

86. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Il ressuscite la vérité morte ; il nous rend par la magie d’une langue éternellement neuve, la vie même de nos pères, si différente de la nôtre, et pourtant, si semblable : passions, travers, physionomies, grimaces ; notre sottise d’autrefois, encore si bien portante aujourd’hui, et notre esprit de toujours, le talisman de la féerie gauloise, votre esprit à vous, l’esprit français, composé de bon sens, de bonne foi, de bon cœur, l’esprit de Rabelais, d’Henri IV et de Voltaire : notre esprit historique, national, qu’on nie de temps en temps chez nous, quand c’est la mode, mais que l’étranger nous envie toujours, — ce piquant, ce charme particulier de nos femmes, qu’elles soient la reine Marguerite, Sévigné, la marquise, ou Jenny l’ouvrière, — cette gaîté robuste et en quelque sorte fatale qui force le grand Corneille à écrire le Menteur, une fois en sa vie, et Racine à interrompre Andromaque pour lancer l’éclat de rire des Plaideurs, — cette immortelle bonne humeur, enfin, qui vit de nos gloires, qui survit à nos désastres et qui, loin d’abaisser notre caractère, est le meilleur argument de notre éloquence et Tarme la plus fidèle de notre valeur. […] pourtant les déconvenues d’Horace vous donneront peut-être à penser qu’il n’est pas bon de conter ses petites affaires atout le monde, et quand vous verrez le seigneur Arnolphe lâcher sans façon le nom de son père, vous songerez à un de vos bons amis. […] J’en ai tant vu de ces orphelins du divorcé, qui cherchent en vain un foyer où réchauffer leur cœur, — car. ils ne sont plus chez eux, ni dans la maison du père, ni dans la maison de la mère.

87. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Sa mère appartenait à une famille de tapissiers; son père exerçait la même industrie, et avait le titre de tapissier valet de chambre du roi. […] Il prit le parti d’assiéger son père pour obtenir la permission d’étudier, et il finit par y réussir. […] Elle en a un de par son père, Clitandre, qu’elle aime, et un de par sa mère, M. […] Cléante est un enfant mal élevé, qui dresse contre les trésors de son père toutes les batteries que peut imaginer la ruse. […] Non, Molière joue le monde tel qu’il est; or dans le monde il n’est pas rare que des enfants indignes soient le châtiment d’un père avili.

88. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Les jeunes époux s’établirent, en se mariant, dans l’hôtel du marquis de Pisani, père de la marquise, mort depuis une année. […] Rien que mariée à l’un de ces fidèles d’Angennes qui servaient Henri IV et ne le jugeaient pas, il lui était difficile de ne pas s’intéresser au prince de Condé dont l’éducation avait été confiée au marquis de Pisani, son père, et qui était indignement persécuté par le roi, follement l’amoureux de la femme qu’il lui avait donnée avec l’intention de la lui ravir9.

89. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

On admet comme excuse la maladie du père et de la mère, et point celle du mari et de ses enfants. […] Ne serait-il pas absurde de mettre sur la scène deux vieilles filles qui s’émancipent, et qui sont rappelées aux soins d’un petit ménage et aux habitudes d’économie la plus minutieuse par un père né et vivant dans la médiocrité, et fort éloigné de vouloir se méconnaître et être méconnu de ses enfants, pour faire une leçon d’économie à des femmes dont les pères et les maris sont comblés de richesses héréditaires ? […] M. jouer tous les jours, et que mon père ne joue plus ; elle me répondit que cela était vrai… » À l’occasion du siège de Dunkerque et de la bataille gagnée par le maréchal de Turenne sur le prince de Condé en 1658, elle dit : « La reine faisait sa vie ordinaire de prier Dieu et de jouer. » 50.

90. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

― Mon père est un avocat qui possède une fortune assez honnête. ― « Eh bien !

91. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

On faisait mystère du nom du père ; on voulait que l’éducation fût secrète. […] Il était aussi très clair pour madame Scarron que l’issue de cette éducation clandestine d’enfants réprouvés par les lois, qui, peut-être, ne seraient pas avoués par leur père, pourrait être de la dégrader, au moins de la déconsidérer, aux veux de cette noble société par qui elle était honorée et chérie.

92. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Quant à Corneille, on lui découvrirait des choses -non moins surprenantes ; on lui révélerait par exemple que, bien des années avant Polyeucte, la mère Angélique de Port-Royal ayant, pour compléter son renoncement au monde, refusé un jour la porte de son couvent à son père qui la venait voir, c’est probablement à cette grande journée du guichet, à ce coup d’état de la grâce , que le poète a dû les plus belles scènes de Polyeucte ; qu’en conséquence lui, l’élève et l’ami des jésuites, se trouve avoir beaucoup d’obligations aux jansénistes, et qu’il peut figurer avantageusement dans une histoire de Port-Royal, où un parallèle entre Polyeucte et la mère Angélique, entre Pauline et M. Arnauld père ne laisse pas de produire un fort bel effet. […] Rien de mieux sans doute ; mais d’abord l’anecdote est un peu suspecte : c’est MmeCampan qui, la première, l’a racontée dans ses Mémoires, publiés en 1822, un siècle et demi après la mort de Molière, et elle dit la tenir de son père, qui la tenait d’un vieux médecin de la cour… Tout cela ne donne pas à cette histoire un grand air d’authenticité.

93. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Si nous avons lignée, elle en pourra tenir ; Mon père en mon jeune âge eut soin de m’en fournir. […] Jourdain pour se plaindre d’un coup de langue quand on lui rappelle qu’il est le fils de son père. […] S’il ne versifia point l’Avare, c’est qu’il n’en eut pas le temps; car il était obligé de s’occuper, non seulement de sa gloire particulière, mais aussi des intérêts de sa troupe, dont il était le père plutôt que le chef, et il fallait concilier sans cesse deux choses qui ne vont pas toujours ensemble, l’honneur et le profit. […] Rousseau fait un reproche très-sérieux à Molière de ce que le fils d’Harpagon se moque de lui quand son père lui dit : Je te donne ma malédiction. […] Le fils a-t-il tort de n’y mettre pas plus d’importance que son père n’en met lui-même?

/ 137