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25. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Acceptez comme juste l’intention que les comédiens prêtent à Molière, supposez qu’Arnolphe ait conscience de sa situation, et cette comédie, admirée par tant de générations, devient une œuvre insignifiante et vulgaire ; le charme du style ne réussira pas à la sauver. […] On ne sait pas à quel point le goût public est dépravé par les œuvres uniquement destinées à combattre l’ennui. « C’est une vieille pièce, disait-on près de moi ; mais elle est si bien jouée ! […] Il sait d’avance qu’Orgon ne sera pas trompé, qu’il a trop d’esprit pour se laisser prendre à la dévotion de Laurent et de son maître, Chose triste à dire et qui montre à quel point le sens des grandes œuvres s’obscurcit de jour en jour parmi les gens du monde, le rôle d’Orgon, ainsi compris, c’est-à-dire ainsi dénaturé, n’excite dans la salle aucun murmure. […] Il n’est donc pas inutile de signaler les bévues des comédiens et d’éclairer le public sur les contre-sens qu’ils commettent dans l’interprétation de ses œuvres. […] Il me semble expédient aujourd’hui de leur enseigner tout à la fois la modestie et la signification des œuvres anciennes.

26. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Il y a cependant plus qu’un délassement et qu’une utilité dans les œuvres de Molière. […] Comme pièce de théâtre, cette œuvre est fort médiocre et n’a jamais eu de succès. […] Il faut donc être bien prévenu contre cette œuvre, pour insinuer, ainsi que l’a fait M. […] De Laprade n’a pas épargné l’œuvre que nous étudions en ce moment. […] Les œuvres de Molière ont prouvé qu’il n’en est point ainsi.

27. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Cette œuvre, cet unique et insigne débris, date de la fin du IXe siècle, mais n’a rien de commun avec les origines du théâtre. […] Paulin Paris à classer le -manuscrit dans les œuvres du XIIe siècle; il fat amené par un deuxième examen, à le faire redescendre au siècle suivant. […] Les frères Parfaict conviennent eux-mêmes qu’ils ont fait œuvre méritoire, en dépouillant tout ce fatras, pour en extraire ce qui méritait d’être présenté au lecteur. […] Alors aussi nous sommes portés à nous montrer moins sévères pour les fautes de costumes et les naïvetés, qui ont été tant de fois signalées dans nos plus anciennes œuvres dramatiques. […] Ce qui a manqué surtout aux œuvres de ce temps, c’est la langue, car, en fait de bizarreries scéniques, elles ne sont guère plus étranges que les pièces de Lope de Véga ou même de Shakespeare.

28. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Les images consacrées par l’art aux grands hommes n’ont qu’un but : compléter l’impression laissée par leurs œuvres ; le buste de la Comédie-Française l’atteint tout à fait ; il est, selon l’heureuse expression de M. […] Mais, ici encore, n’eussions-nous aucun renseignement positif, il suffirait de feuilleter ses œuvres pour deviner, à la place qu’il y donne à l’amour, celle que l’amour tint dans sa vie. […] Les conjectures tirées de ses œuvres sont fortifiées par un pamphlet contemporain, très haineux, très violent, mais très bien informé. […] De l’ensemble il résulte que Molière fut un acteur comique des plus complets, à la fois laborieux et inspiré, devant beaucoup à la nature, encore plus à l’art, par-dessus tout interprète admirable de ses propres œuvres. […] Et, de même, la morale qui se dégage de son œuvre n’eût-elle pas gagné à s’inspirer des idées de son siècle ?

29. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Mais il a profité du travail accompli avant lui ; il n’a eu qu’à le compléter, et, sans ce fonds antérieur, peut-être n’aurait-il pu faire son œuvre. Par la suite des siècles, quand tout ce qui a précédé et préparé les créations du génie a disparu dans l’oubli, les œuvres éminentes, les monuments qui restent seuls debout, apparaissent à une hauteur inexplicable, et telle qu’on s’imagine avec peine qu’ils aient été construits par des hommes. […] Il les étudia dans leurs œuvres, il les étudia dans leur jeu ; il fut leur disciple, mais un disciple qui surpassa ses maîtres.

30. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Pour en revenir à Molière, j’aurai, Monsieur, la patriotique, et méridionale immodestie de rapporter deux souvenirs de famille qui vous aideront à comprendre et ma légitime susceptibilité quand vous voulez que j’aille m’instruire de ma langue à une école prussienne, et, tout aussi bien, certaines aptitudes particulières que je pourrais avoir pour l’étude de la vie et de l’œuvre de Molière en Languedoc7 : œuvre et vie qui constituent précisément le plus fameux événement littéraire de notre histoire locale. […] Voir l’édition Hachette des Œuvres de Molière, tomes I et II. […] On lit, au tome I, page 90, des Œuvres de Molière, édition Hachette : « M. 

31. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [30, p. 59] »

Elle vient des Œuvres de Molière de Bret, Tome I, 1773. On peut également la trouver dans Les Mémoires (1747) de Louis Racine que l’on retrouve dans la pléiade des Œuvres complètes de Racine, Tome I, p. 1149.

32. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Son œuvre, dont l’unité est si frappante dans sa variété, ressemble à un musée de toiles glorieuses où la perfection du dessin le dispute à l’opulence de la couleur. […] Rien ne manque de ce qui fait l’œuvre dans toute la belle richesse du mot! […] En France, parmi les œuvres illustres, nous n’avons ni la tragédie shakespearienne vibrant aux souvenirs de nos vieux temps, ni même le drame de Schiller poussant nos cris d’indépendance, encore moins l’épopée en action de Guilhen de Castro : chez nous, ces choses-là se chantent. […] Que l’éternelle beauté soit dans l’œuvre d’Eschyle comme dans l’œuvre d’Homère, cela ne soulève aucun doute; il est certain aussi que la poésie de tous les peuples et de tous les siècles a puisé abondamment à cette source qui bouillonne aux plus hauts sommets de l’art antique ; mais il manque quelque chose à cela pour nous. […] Je ne la regretterai pas, parce que, pour la remplacer, je compte absolument sur ces nobles esprits, sur ces talents d’un ordre si élevé qui nous ont donné, en définitive, toutes ou presque toutes les maîtresses œuvres de notre répertoire de genre.

33. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Le philosophe regarde les tartuffes comme des monstres qui insultent à la fois la dignité humaine et la grandeur de Dieu ; à leur vue, le chrétien ne peut s’empêcher de penser à la parole divine : « Prenez garde de faire vos bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d’eux ; autrement vous n’aurez point de récompense chez votre Père qui est dans les deux. […] Ces œuvres de circonstance, presque de polémique, se sont trouvées admirables et sont restées immortelles, parce qu’elles étaient œuvres de Molière. […] Cela doit paraître hors de doute, si l’on veut bien remarquer que nulle part, excepté dans le Festin de Pierre et dans le Tartuffe, on ne trouve, d’un bout à l’autre de ses œuvres, le moindre, sentiment, la moindre réflexion, la moindre inspiration religieuse. […] La première édition des Œuvres de Gassendi est de 1658, et le Festin de Pierre de 1665. […]   Aimé Martin, Œuvres de Molière.

34. (1900) Molière pp. -283

Rousseau ; il était révolté de certaines œuvres de Molière. […] C’est cette marche de la passion, que Molière voit et peint en visionnaire, qui est la vérité absolue de son œuvre. […] La première de ces deux œuvres que je rencontre sur mon chemin dans l’ordre des dates, c’est Tartuffe. […] Il a fait la seule œuvre qui fût possible de son temps, qui fût parfaitement adaptée. […] C’est là qu’a été son œuvre, et la première partie de son œuvre a été de faire l’émancipation de la famille.

35. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Le goût français était alors un petit vieillard froid, raisonnable et galant, qui n’avait vu l’esprit humain que dans les salons de Paris, la nature que dans le parc de Versailles, la poésie que dans les œuvres parées de l’approbation de la cour. […] Mais je crois aussi qu’il n’est point nécessaire qu’une œuvre d’art ait l’apparence d’une œuvre de la nature. […] L’esprit organisateur qui l’enseigne le premier, la constate plus qu’il ne la crée ; il ne la tire point de son propre fonds ; il la dégage des œuvres et de l’esprit de son époque. […] Voilà l’honnête homme, œuvre de la société dans une race sociable. […] Pour la parer autant que possible, il avait entrepris d’intéresser le parti janséniste au succès de son œuvre.

36. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est en Angleterre que furent accueillies d’abord les œuvres de notre grand comique. […] Gottsched avait tenu à donner à ses jeunes collaborateurs une scène pour produire leurs œuvres, et des acteurs pour les jouer. […] Là furent représentées la plupart des œuvres de Molière, ou traduites, ou refaites. […] Molière, leur intimité en est un sûr garant, n’a pas pu ne pas connaître à mesure l’œuvre de son ami. […] Autrement l’interprétation des œuvres classiques se figerait dans une tradition immuable.

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Il y a donc, dans l’œuvre et dans le génie de Molière, une part à faire à l’Espagne, comme une part à faire à l’Italie. […] Comment j’ai été amené à l’entreprendre, c’est ce que s’expliqueront aisément ceux des lecteurs qui savent que j’ai publié une édition des œuvres de Molière avec toutes les recherches et tous les développements qu’une telle publication comporte1. Il y a, à mon avis, deux manières de concevoir une édition des œuvres de Molière : ou publier le texte dans sa nudité magistrale, ou fournir en même temps tout ce que peut recueillir sur l’homme et sur ses ouvrages une érudition spéciale.

38.

Thym nous paraît une œuvre fort réussie et d’une grande valeur littéraire. […] Il est à regretter que, jusqu’à présent, aucun éditeur français des Œuvres de Molière n’ait parlé de ces emprunts. […] Ce très intéressant ouvrage étant d’une extrême rareté, comme toutes les œuvres de M.  […] Jules Claretie, Molière, sa vie et ses œuvres. […] Œuvres de Molière, II, 23.

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