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188. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Les poètes qui leur succédèrent, ayant paru dans un temps où la cour de France était devenue le modèle de la galanterie, saisirent cette circonstance pour prendre une nouvelle route ; ils crurent devoir diminuer quelque chose de la sévérité de la tragédie, et pour en faire un spectacle plus riant aux yeux du public, ils rendirent l’amour le maître dominant de la scène. […] « [*]Molière se trouva, par rapport à la comédie, dans la même situation où était Corneille par rapport à la tragédie ; mais avec cette différence que Corneille, pour réformer la tragédie, n’eut à combattre que les dispositions présentes de l’esprit, ou qu’à les ramener au grand et vraisemblable : et pour y réussir il n’eut besoin que de la première de ses bonnes tragédies, qui dessilla les yeux, et servit du moins à faire distinguer le bon d’avec le médiocre et le mauvais. […]       Avant qu’un peu de terre obtenu par prière, Pour jamais sous la tombe eût renfermé Molière, Mille de ces beaux traits aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés.

189. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Ils m’ont ouvert les yeux : qu’ils m’aident à me vaincre.

190. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

« Quanto », dit madame de Sévigné dans une lettre du 11 novembre, « dansa aux derniers bals toutes sortes de danses comme il y a 20 ans, et dans un ajustement extrême. » Et le roi, toujours voluptueux, qui se flattait par moments de revoir des mêmes yeux et de retrouver dans le même éclat les charmes dont il avait été épris, se prêtait aux illusions de la parure, et se plaisait à y ajouter sa magnificence.

191. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Je m’imagine qu’il n’eût pas reconnu Hercule dans cette statuette de Lysippe, dont parle Stace, haute d’un pied, qui était si petite à l’œil, et si grande par l’impression de grandeur qu’on en recevait4. […] La comédie est bien plus près de la peinture que la tragédie ; ce sont deux arts où il est besoin d’yeux ; l’homme se manifeste au peintre par les couleurs et par la forme, au poète comique par les mœurs. […] Il verrait sa pupille au cou de Valère, qu’il n’en croirait pas ses yeux. […] On reconnaissait Molière, même de son temps, dans Ariste de l’École des Maris ; Ariste, homme déjà mûr, qui doit épouser, comme lui, une fille de seize ans ; comme lui tendre et indulgent, avec une certaine inquiétude de caractère ; comme lui s’étudiant à contenter les goûts innocents de celle qu’il aime, à gagner son cœur par la facilité et la confiance ; comme lui se flattant de se rajeunir à ses yeux par les soins délicats et les bienfaits.

192. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Voilà par conséquent Durval qui, aux yeux du spectateur, agit, dès ce moment, pour lui & pour son ami : l’intrigue, l’action, l’intérêt, tout devient double ; le spectateur verra un double dénouement, ou il n’en verra aucun.

193. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Dans un roman, l’esprit seul juge ; sur le théâtre, les yeux se mêlent de la partie, & ils ne sont pas des juges indulgents.

194. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Ayant été fait prisonnier de guerre, durant la Ligue, il prit rang entre les amants de Marguerite de Valois, femme de Henri IV, qui, par cette raison, le vit de mauvais œil.

195. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il faut donc que l’action parle à l’ame plus par le secours des situations & des yeux, que par celui des oreilles.

196. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Jettons les yeux sur ceux de Pourceaugnac, & voyons comme ils sont amenés.

197. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Jettons les yeux sur le Légataire universel de Regnard.

198. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Faut-il que vos beaux yeux, à qui je rends les armes, Veuillent me divertir de mes tristes soupirs ?

199. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Elle fut détrompée de cette opinion quand elle se vit négligée par Mazarin ; elle jugea des vues et des espérances du cardinal par son refroidissement ; c’était à ses yeux un indice certain des progrès de la séduction exercée par Marie Mancini sur le jeune monarque.

200. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Oui, Madame, ah, ma foi la colle est ravissante… Il a de ces boissons, comme j’en ai dans l’oeil… Fit à son ennemi passer le goût du pain. […] Non ; mais la vérité, c’est qu’à ses yeux, les prétentions des médecins ne sont pas moins ridicules, en leur genre, que celle des dévots. […] Considérons encore ces quelques lignes de l’Avare  : Je n’aurais rien à craindre, dit Élise à Valère, si tout le monde vous voyait des yeux dont je vous vois, et je trouve en votre personne de quoi avoir raison aux choses que je fais pour vous. […] Et, pour constater que Molière ne voyait là qu’un travers d’esprit et un ridicule, on n’a qu’à se rappeler le couplet célèbre qu’il prête à Trissotin  : Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose, Un plat seul de huit vers me semble peu de chose, Et je pense qu’ici je ne ferais pas mal De joindre à l’épigramme, ou bien au madrigal Le ragoût d’un sonnet qui chez une princesse, A passé pour avoir quelque délicatesse  : Il est de sel attique assaisonné partout, Et vous le trouverez, je crois, d’assez bon goût. […] L’arrangement de leur phrase n’est point calculé ni destiné pour les yeux, mais pour l’oreille.

201. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Il est vrai que la perspective du théatre exige un coloris fort & de grandes touches, mais dans de justes proportions, c’est-à-dire telles que l’oeil du spectateur les réduise sans peine à la vérité de la nature. […] Par la même raison, il ne suffit pas pour rendre l’intrigue & le dialogue vraissemblable, d’en exclure ces à parte, que tout le monde entend excepté l’interlocuteur, & ces méprises fondées sur une ressemblance ou un déguisement prétendu, supposition que tous les yeux démentent, hors ceux du personnage qu’on a dessein de tromper ; il faut encore que tout ce qui se passe & se dit sur la scene soit une peinture si naïve de la société, qu’on oublie qu’on est au spectacle. […] La farce est l’insipide exagération, ou l’imitation grossiere d’une nature indigne d’être présentée aux yeux des honnêtes gens. […] Mille de ses beaux traits, aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés.

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