Ils ne savaient aucun principe de leur art ; ils ignoraient même qu’il y en eût. […] Cet art demande tous les dons de la nature, une grande intelligence, un travail assidu, une mémoire imperturbable, et surtout cet art si rare de se transformer en la personne qu’on représente. […] Il joignait au talent le plus parfait un esprit heureux et fécond, un agréable enjouement, l’art de conter et de jouer ses contes. […] Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir les limites. […] il a su l’art de plaire qui est le grand art ; et il a châtié avec tant d’esprit et le vice et l’ignorance, que bien des gens se sont corrigés à la représentation de ses ouvrages pleins de gaieté, ce qu’ils n’auraient pas fait ailleurs à une exhortation rude et sérieuse.
Chez les Grecs, chez les Romains, chez les classiques français du dix-septième et du dix-huitième siècle, chez la plupart des écrivains, des causeurs qui, dans nos journaux, dans nos salons, portent sur les œuvres de l’art et de la poésie des jugements d’éloge ou de blâme, la critique littéraire n’a jamais douté d’elle-même. […] Si vous dites qu’à tout le moins l’art doit toujours être intime, personnel, sincère, nous vous objecterons l’impersonnalité d’un Sophocle, l’universalité d’un Goethe, le désintéressement ironique d’un Mérimée.
Elle vient de l’ouvrage de Jean François de Cailhava, L’Art de la comédie, vol. 1, 1771, p. 106.
LA MANIE DES ARTS, ou la Matinée a la mode, Comédie en un acte & en prose. […] Monseigneur, humblement supplie Hector Criquet, Et vous remontre en ce placet, Qu’il montre l’éloquence & la philosophie, Les langues, le blason & la géographie, La médecine & les loix, La marine & l’astrologie, La guerre & la magie, Et mille autres arts à la fois. […] Vous savez tous ces arts divers ? […] Dans la Matinée à la mode, ou la Manie des arts, Forlise s’est levé avec l’envie de faire une Tragédie.
Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissait la France : Ils sont partis, et j’ai peu d’espérance De les revoir.
« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M.
Il apparaît comme le chef et le maître dans cet art immortel qu’inaugura la Thalie antique ; il domine toute la longue tradition qui l’a précédé et tout ce qui l’a suivi. […] Monsieur Fresart, le plus froit en l’art d’obliger qu’homme qui soit au monde, me fit partir avec trop de précipitation pour m’acquitter de ce devoir. […] Il voulait aussi que cet homme distingué dans son art prît place à sa table. […] C’était encore un sacrifice qu’il faisait à l’art qui était le but exclusif de sa vie. […] L’art n’a pas d’effets plus énergiques, et l’on doute qu’on ait une fiction sous les yeux.
Nous sentons présentement avec quel art Moliere a prépare toute la finesse, toute la malignité, tout le sel comique de ce trait. […] Premiérement Moliere a eu l’art d’avilir les personnages aux dépens desquels il veut nous faire rire.
Les Auteurs qui ont écrit sur l’Art de la Comédie n’ont point parlé du genre mixte, ou l’ont mal connu. […] Le reste de la scene est animé avec autant d’art que ce morceau ; mais il a servi d’exemple dans l’article des surprises.
La comédie de l’art reprit alors à notre théâtre, et notamment à Molière, presque autant que lui devaient ceux-ci. […] Ce rôle redevint un des principaux de la comédie de l’art, et une série de mimes célèbres ont perpétué chez nous sa popularité, de sorte qu’il en est demeuré plus Français qu’Italien.
Son œuvre majeure est l’Art de la comédie, quatre volumes qui tentent de fonder une théorie de la comédie sur le modèle moliéresque.
Il y a cinq ans déjà, cette maison a fêté le deux-centième anniversaire de sa fondation ; elle est, parmi nos institutions publiques, une des plus anciennes et des plus vénérables : un écho y répète, selon l’ordonnance royale du 21 octobre 1680, des paroles inspirées par le plus pur esprit de notre race et disposées par l’art théâtral le plus parfait que le monde ait connu. […] C’était déjà, cet automne, l’affiche du Théâtre des Arts : MM. les sociétaires fêtent Corneille à la rouennaise. […] On assure pourtant que l’Odéon est une école d’application de l’art dramatique : avec celle de Racine, quelle meilleure discipline pour de jeunes acteurs que celle de Marivaux ?
Mais le prodige de l’art, pour se tirer d’une situation difficile, c’est ce trait du caractère du Tartuffe : Oui, mon frère, je suis un méchant un coupable, Un malheureux pécheur, tout plein d’iniquité, Le plus grand scélérat qui jamais ait été.
Non content d’avoir fourni à Molière les termes de l’art, ils lui tracèrent encore l’originalité de quelques-uns de leurs confrères, qui se singularisaient dans leur profession, ou la déshonoraient. [...]