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100. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Racine s’est ouvert une route que l’on peut appeler nouvelle, en empruntant à Aristophane le sujet de ses Plaideurs. […] On peut juger de là que Racine serait devenu un rival redoutable pour Molière, s’il avait continué à exercer le rare talent dont il a fait preuve dans Les Plaideurs.

101. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Voltaire n’a pas craint de faire entrer, dans son Commentaire de Corneille, la Bérénice, de Racine, afin qu’on pût la comparer avec celle de son auteur.

102. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

De toutes ces imitations, la plus incontestable sans contredit est celle de Racine, dans Phedre.

103. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Toi qui peignis si bien les faiblesses de l’homme, Salut, Racine, et toi, qui fis revivre Rome, Corneille au majestueux front ! […] Si l’on veut se faire une idée de la grossièreté du Médecin volant, de Boursault, nous rappellerons la scène des Plaideurs, dans laquelle le juge Dandin, peu satisfait de l’incivilité des petits chiens qu’il a laissé mettre dans son bonnet carré, les repousse loin de lui avec une énergique expression : Tirez, tirez, ils ont… etc… Eh bien, le langage dont Racine use à l’égard de ces innocents animaux, Boursault s’en sert vis à vis de la belle Lucrèce ; il pousse même la complaisance de son médecin jusqu’à mettre dans sa bouche les vers suivants : Bois-Robert nous enseigne en sa belle plaideuse, Que le goût est solide et la vue est trompeuse, Et qu’un grand médecin, quand il fait ce qu’il doit, Sent bien mieux une chose à la langue qu’au doigt. […] Louis XIV, qui ne pardonna pas à Fénelon les conseils voilés de Télémaque, ni à Racine un vœu en faveur des protestants, aurait-il souffert qu’un comédien lui donnât des leçons ? […] Molière est l’anneau qui rattache le seizième siècle au dix-huitième, Montaigne à Voltaire, tandis que Corneille terminait sa carrière par la traduction en vers de l’Imitation de Jésus-Christ, et que Racine quittait par dévotion le théâtre où le rappelaient seulement deux chefs-d’œuvre religieux.

104. (1900) Molière pp. -283

Tous ceux qui ont dit : le jargon de Molière, ont eu raison ; il est d’une époque où la langue n’était pas encore complètement formée ; et, comme Regnard, qui vient après lui, ressemble beaucoup, par son élégance achevée, à Racine, Molière, par la façon pittoresque et rocailleuse dont il lui arrive de dire les choses, ressemble à Corneille ; il en a la rudesse, les formes oratoires, les traits sublimes : il en a aussi le forcé et le prétentieux. […] Ce terme si simple est, quand on le médite, infiniment plus compréhensif que tout ce qu’ont écrit sur la nature féminine les moralistes français, qui sont cependant, de tous les hommes de toutes les littératures, ceux qui ont le plus étudié, le plus creusé ce sujet : La Rochefoucauld, La Bruyère, Racine. […] Et ce ne sont pas des hypothèses ; il existe une lettre de Racine, alors très jeune, où tout cela est expliqué nettement et d’une façon précise36. […] Il n’a encore entrepris aucune guerre injuste, il donne une vive impulsion à l’administration, aux plaisirs de la cour, où les héros sont Lauzun, Guiche, Vardes, les femmes, les nièces de Mazarin ; on n’y voit plus les frondeurs du commencement du règne, et les frondeurs de la fin n’ont pas encore paru ; La Bruyère est encore inconnu, Saint-Simon n’est pas même né, car il ne naîtra qu’en 1665 ; toute cette cour brillante dont Racine a été le vrai poète, et dont madame de Sévigné était, à ce moment, l’historiographe aimable, disait en voyant Tartuffe : « C’est la dévotion poussée à un excès possible. » Personne ne pouvait croire que Molière eût voulu faire contre la cabale des dévots une comédie si terrible ; personne n’aurait voulu se passionner pour ou contre un bourgeois de Paris, qui imagine, pour faire son salut, de livrer à ce bon monsieur Tartuffe son bien, son fils, sa fille et jusqu’à sa femme. […] La tragédie nous fournit quelques lumières indirectes ; mais de la façon qu’elle a été conçue en France, peignant les passions sous leurs traits les plus généraux, choisissant ses héros dans l’antiquité la plus reculée, et, alors même qu’elle ne se prive point de les faire parler à la moderne, réduite cependant par la nécessité de respecter son sujet à ne point souffrir une invasion trop manifeste et trop entière du moderne dans l’antique, vivant d’ailleurs par nature dans un monde de personnages et de sentiments idéaux, astreinte, à ce titre, à des traditions rigoureuses et à des vertus de convention que les dernières années du xviiie  siècle ont à peine osé atteindre, elle a bien pu recevoir l’empreinte du changement des idées de Corneille à Racine, de Racine à Voltaire et à M.

105. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Mais, par cette fatalité qui empêche quelquefois des contemporains illustres de se connaître, il a méconnu Molière, comme Boileau a ignoré La Fontaine, comme la marquise de Sévigné a peu goûté Racine.

106. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Il s’agit maintenant, sur notre théatre François particulierement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent sont les organes des premiers génies & des hommes les plus célebres de la nation, Corneille, Racine, Moliere, Renard, M. de Voltaire, &c. […] La comédie d’Aristophane intitulée les Guepes, a été fort heureusement rendue par Racine dans les Plaideurs.

107. (1802) Études sur Molière pp. -355

ce jeune poète est Racine. […] Que même la vertu doit avoir l’aménité pour compagne ; et cette moralité, ainsi que les beautés de la pièce, ne sont certainement pas à la portée de tout le monde, aussi la multitude préféra-t-elle longtemps Jodelet, maître et valet, et Dom Japhet d’Arménie, au Misanthrope ; mais que penser de Racine 48, quand nous lisons dans l’abbé du Bos : « Despréaux, après avoir vu la troisième représentation du Misanthrope, soutint à Racine, qui n’était pas fâché du danger où la réputation de Molière semblait être exposée, que cette comédie aurait bientôt un succès éclatant. » De la tradition. […] Le goût mit peu à peu L’Avare à sa véritable place, malgré les jaloux, malgré Racine même ; c’est le cas d’appliquer ici ces deux vers de La Métromanie : Mais à l’humanité, si parfait que l’on fût, Toujours par quelque faible on paya le tribut.

108. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

M. Racine, qui fut animé par les applaudissemens, & par le present que Moliere lui fit. […] M. Racine le croyoit : il estimoit cet Ouvrage comme un des meilleurs de l’Auteur ; mais Moliere n’eut point de part à cette Critique, elle est de Mr. de Subligni. […] Mr. Racine donna au public sa tragedie d’Alexandre le Grand. […] Mr. Racine vouloit que ce fût par la troupe de Moliere.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Racine & Boileau railloient beaucoup la Fontaine dans un souper : ils l’appelloient le bon-homme.

110. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Si le timide Racine fut disgracié pour d’insignifiantes représentations, quel sort n’eût pas été celui de Molière déclarant la guerre à l’hypocrisie religieuse quand elle cernait toutes les avenues du trône ! […] Mais, il faut le dire à la gloire du grand siècle littéraire, tous les hommes supérieurs surent se connaître et s’apprécier : Corneille, Racine, Molière, Boileau, La Fontaine, se sont mutuellement jugés comme la postérité les juge, et les noires atteintes de l’envie n’ont jamais troublé cette noble et poétique union formée par l’estime et cimentée par l’amitié.

111. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

On se rappelle ce que Molière disait en parlant de Racine et de Boileau qui accablaient La Fontaine de leurs railleries : Nos beaux esprits ont beau se trémousser, ils n’effaceront pas le bonhomme.

112. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

C’est le même qui enleva la Chamélé à Racine.

113. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ces comédiens étaient recherchés par les plus grands seigneurs ; ces comédiennes étaient belles et galantes, on les aimait pour leur beauté, pour leur esprit, pour leurs amours ; il y avait de ces femmes qui tenaient pour leur amant, Racine ou M. de Sévigné ; il y en avait une qui portait le nom de Molière !

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