Nous défendrions à une femme d’écrire même ses comptes de ménage ? C’est la pensée d’Arnolphe ; il ne la cache pas : Dans ses meubles, dût-elle en avoir de l’ennui9, Il ne faut écritoire, encre, papier, ni plumes ; Le mari doit, dans les bonnes coutumes, Écrire tout ce qui s’écrit chez lui. […] Elle a écrit à Oronte ; la lettre surprise est dans les mains d’Alceste ; il accourt furieux, éclate, puis se calme, et lui qui tout à l’heure accusait sa maîtresse, il la prie à genoux de se justifier : À vous prêter les mains ma tendresse consent28 ; Efforcez-vous ici de paraître fidèle, Et je m’efforcerai, moi, de vous croire telle. […] Vous l’allez savoir par le billet qu’elle a écrit à Clitandre : « Pour l’homme aux rubans verts (c’est Alceste), il me divertit quelquefois avec ses brusqueries et son chagrin bourru ; mais il est cent moments où je le trouve le plus fâcheux du monde. » Enfin, les perfidies de Célimène sont découvertes elle s’est jouée de tous ses amants ; ils le savent, ils en ont la preuve écrite. […] Mme de Staël, sur les bords du lac de Genève, regrettait son ruisseau de la rue du Bac, et écrivait cette phrase caractéristique : « Nous sommes avides d’anecdotes, même en présence du mont Blanc. »30 Mais ce qui explique surtout le refus de Célimène, c’est le manque de cœur.
Les auteurs de l’Histoire du théâtre français, Voltaire, Bret, Cailhava, et tous ceux qui ont écrit depuis sur Molière, ont répété les mêmes faits. […] Il est vrai qu’à l’époque où écrivait Molière, cette susceptibilité morale que blesse l’expression de certains sentiments contraires aux affections fondées sur le sang, était beaucoup moins délicate qu’aujourd’hui, puisque sans cesse le théâtre montrait à des spectateurs qui ne s’en scandalisaient pas, des jeunes gens prodigues et avides de jouir, s’affligeant trop peu de la mort de leurs parents ou même la hâtant de leurs vœux. […] La Relation qu’on va lire, écrite par Félibien4, parut, l’année suivante, en un volume grand in-folio, imprimé par Mabre-Cramoisy, et orné de cinq belles planches. […] Depuis l’époque où Voltaire écrivait ces lignes, on a osé toucher à L’Avare, c’est-à-dire le mettre en vers. […] Il eut deux fils, dont l’un hérita de son amour pour les arts, et de la plupart de ses emplois ; et dont l’autre, religieux de l’ordre de Saint-Benoît, écrivit l’Histoire de l’Abbaye de Saint-Denis, et commença l’Histoire de la ville de Paris, achevée par dom Lobineau, son confrère.
Violette, sa soubrette, fait le même sacrifice des lettres qu’Arlequin et Scaramouche lui ont écrites. […] Disons mieux : le rôle d’Agnès est tout entier dans la lettre qu’elle écrit à son amant ; eh ! […] On a souvent écrit que M. […] Le style. — Il sera toujours le modèle, et peut-être le désespoir des auteurs qui voudront écrire la comédie en vers libres. […] Molière instruit de cet aveu, lui écrit : « je vous envoie un ordre du roi, de l’argent, prenez la poste, venez me joindre ».
Il ne suivit point l’exemple de Flaminio Scala : il écrivait le dialogue, tantôt en prose et tantôt en vers. […] Cette pièce est divisée en trois actes : le premier est une comédie, le second une pastorale, et le troisième une tragédie ; le tout est écrit en prose mêlée de quelques stances disposées pour le chant.
Mais il était ami plus fidèle que courtisan habile, quand il écrivait son élégie Aux Nymphes de Vaux, en faveur de Fouquet, il implorait pour lui la clémence de Louis XIV, sachant très bien, et son élégie même en contient la preuve, qu’il avait à défendre, non, comme le croyait le public, le ministre prévaricateur, mais le galant magnifique et téméraire, qui avait osé prétendre au cœur de la maîtresse du monarque et essayé de la séduire. […] Boileau était courtisan quand il disait à Louis XIV : Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire.
Il exigea d’elle qu’elle lui promît par écrit de l’épouser lorsqu’il auroit prouvé clairement qu’il étoit libre ; &, sur cet écrit, il prit le parti le plus extravagant qu’un homme de sa sorte pût choisir. […] Les Avocats de part & d’autre étoient prêts d’expliquer leurs raisons, & tout Marseille étoit attentif à ce qui s’alloit décider, lorsque le jeune Comte de Lon... à qui sa mere avoit écrit à Paris, à l’Hôtel des Mousquetaires, arriva en poste.
Épître à Molière PHILOSOPHE profond, dont l’esprit courageux Sondant du cœur humain les replis tortueux Des fripons et des sots prépara les supplices, Osa dans tous les rangs attaquer tous les vices ; Le plus bel ornement du siècle de Louis, Gloire, gloire Molière, à tes divins écrits ! […] Peintre habile des mœurs, quel brillant coloris Anime tes tableaux, embellit tes écrits ! […] Nous ne demandons pas la licence du Théâtre, plus dangereuse encore dans des ouvrages dramatiques que dans des écrits destinés à moins de publicité, mais il nous paraît absurde que des agents de la Police jugent sans appel les productions du génie.
Bientôt aussi le talent de converser devînt le but d’une émulation vive et générale : on en vint plus tard à mettre par écrit les conversations des sociétés particulières, on les livra à l’impression : on envoya ses conversations à ses amis et à ses connaissances13. […] Il écrivit un jour à Sully : « Le prince fait le diable. […] On lit dans les Mémoires de Sully, qu’après la mort du roi le prince « le Condé écrivit à la reine : Vous savez pourquoi j’ai quitté la France, nous faisions cause commune. » (Ibid.
D’autre part, si l’on trouve ici la vérité choquante, c’est que, le plus souvent, lorsque l’on songe à Molière, on ne considère que le grand écrivain et pas du tout l’acteur, quoique la comédie jouée ait tenu autant de place dans son existence que la comédie écrite ; on ne veut voir l’auteur du Misanthrope que sous de nobles traits. […] Bien plus, prélats et moralistes ne se trompaient guère en voyant, je ne dis pas un indifférent, mais un ennemi dans l’homme qui écrivait Don Juan et Tartuffe. […] Quant au Malade imaginaire, ce n’est, comme nous l’avons vu tout à l’heure, que la description d’une forme de l’hypocondrie qui n’était plus la sienne au moment où il écrivait sa pièce, mais par laquelle il avait peut-être passé, l’hypocondrie confiante et docile. […] Il aurait pu, cependant, quitter la scène, se borner à écrire et prendre ainsi sa place parmi les plus honorés de ses contemporains. […] Je viens d’entendre un acteur déclamer pitoyablement quatre vers de ma pièce, et je ne saurais voir maltraiter mes enfans de cette force-là sans souffrir comme un damné. » Il ne faudrait jamais, en étudiant ses œuvres, perdre de vue cette préférence ; elle expliquerait certaines façons d’écrire qui lui ont été sévèrement reprochées ; elle mériterait d’être étudiée en elle-même pour les graves questions d’esthétique qu’elle soulève.
Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon, et d’écrire purement : quel feu ! […] (Ce passage est extrait d’une Vie de Molière, peu connue, écrite en 1724. […] Comment ose-t-on écrire que Molière n’a aucune part à cette scène, parce qu’il ignorait les termes de la chasse ? […] Racine, très jeune encore, fut témoin de cette intrigue : « Montfleury, écrit-il à M. […] (Vie de Molière, écrite en 1724.)
Allons vite en dresser un écrit, « Et que puisse l’envie en crever de dépit ! […] Comment expliquer que malgré toutes ces circonstances le notaire Bruel écrive trois fois dans le corps de l’acte Mingot au lieu de Mignot ? […] Une simple interversion de mots : Molière a dû écrire : La brutale partie, on a imprimé : La partie brutale. […] J’ai l’audace d’écrire dans une langue que j’aime sans la posséder. […] Si j’ai bonne souvenance, Lindau a écrit son œuvre sur Molière comme « Inaugural-dissertation ».
Ces vers si souvent cités : C’est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix, Si, moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin, auraient quelque fondement si Molière eût mêlé dans ses chefs-d’œuvre le bouffon au comique noble ; mais ne l’ayant point fait, on ne voit pas par quelle sorte de contagion Les Fourberies de Scapin, George Dandin ou La Comtesse d’Escarbagnas pourraient aller corrompre la beauté dans les pièces où elle se trouve sans alliage et enlever ainsi à Molière la palme qu’aucun poète comique n’osera lui disputer. […] Alors, pleinement éveillé et riche des fruits de ce travail qui avait été pour lui un plaisir, il écrivait, non pas négligemment et à l’aventure, mais avec un soin curieux, une attention soutenue, un goût délicat et plein de scrupules, ces fables immortelles qu’on ne se lasse pas de relire, aliment et parure de la pensée. […] « La nature du conte le voulait ainsi, » dira-t-il avec je ne sais quelle impudeur ingénue ; et il ajoutera : « c’est une loi indispensable, selon Horace, ou plutôt selon la raison et le sens commun, de se conformer aux choses dont on écrit. » Mais pourquoi écrire sur de pareilles choses ?
La première scène du premier acte, où la vieille mère Pernelle, en grondant toute sa famille, expose si plaisamment et la pièce et le caractère de chacun ; la cinquième, où Orgon s’informe de la santé de Tartufe, et oublie sa femme et ses enfants, malgré les railleries de Dorine ; la sixième sur les faux dévots entre Orgon et Cléante, scène admirablement écrite ; la quatrième du deuxième acte, où les amants se brouillent par un malentendu, et se raccommodent par les soins de Dorine ; la deuxième du troisième acte, où Tartufe s’annonce ; la troisième, où il fait sa déclaration à Elmire ; la sixième, où Orgon lui demande pardon à genoux pour son fils qui l’a accusé ; la cinquième du quatrième acte, où Orgon est sous la table, scène si singulière, si belle et si hardie : voilà les principales beautés d’un ouvrage que l’Europe admire avec raison. […] La scène neuvième, où Léandre raconte à Trigaudin le tour qu’il veut lui jouer, et lui demande son avis par écrit, est très comique. […] Un premier titre, écrit aussi de la main de Florian, est ainsi conçu : Idées sur nos meilleurs comiques.
Madame de Thianges, sœur de madame de Montespan, et madame d’Heudicourt, amie commune de la favorite et de madame Scarron, s’en mêlèrent aussi ; elles écrivirent l’une et l’autre à madame Scarron. […] J’ai écrit à peu près la même chose à madame de Thianges, et c’est une précaution que m’inspire la prudence. […] Je remarque enfin dans la lettre de madame Scarron une espèce de contresens comme il s’en trouve souvent dans les écrits qui ne sont pas francs : « Si les enfants sont au roi, je veux bien m’en charger ; je ne me chargerais pas sans scrupule de ceux de madame de Montespan. » Ces mots signifient, je veux bien me charger des enfants du roi et de madame de Montespan, si le roi me l’ordonne.