Enfin, Genève même a tenu à honneur de célébrer notre Molière : M. […] Veuillot et de Lapommeraye, il tient à mitiger le jugement de Bourdaloue et à relever les éloges prodigués au grand Comique par quelques-uns des pères Jésuites. […] On tient que mon mari veut dégager sa foi Et vous donner sa fille. […] Il tenait à s’attacher Racine, et l’attirait par toute la bonne grâce de ses procédés. […] De plus, ce livre est sobre de preuves : il s’appuie principalement sur des traditions contre lesquelles il faut se tenir en garde.
[54232, p. 88] 1742, Bolaeana, p. 150 Despréaux* n’approuvait pas le jargon que Molière mettait dans la bouche de ses paysans et de quelques autres de ses personnages. « Vous ne voyez pas, disait-il, que Plaute*, ni ses confrères, aient estropié la langue en faisant parler des villageois ; ils leur font tenir des discours proportionnés à leur état, sans qu’il en coûte rien à la pureté du langage.
Et là-dessus on voit Oronte qui murmure, Et tâche méchamment d’appuyer l’imposture ; Lui qui d’un honnête homme à la cour tient le rang, etc.
Détruisez… car, nous l’espérons, vous n’allez pas vous en tenir à la matérielle et grossière doctrine de cette brutale école historique. […] Ils sont excellents pour la plupart, et l’on n’a point coutume de demander à son maître d’écriture par quelle déduction rationnelle et en vertu de quel principe a priori, il veut qu’on étende bien ses doigts, qu’on ne mette pas son cahier de travers, qu’on ramène sa plume vers sa poitrine, et qu’on se tienne droit comme un I.
C’est à faire sentir ces diverses nuances que les auteurs doivent s’appliquer ; qu’ils ne mettent jamais dans la bouche d’un homme sans éducation, des discours qu’un homme bien élevé peut seul tenir. […] Il n’est pas tenu de montrer aux spectateurs un fait essentiellement réel, il suffit seulement qu’il ait pu arriver. […] Aussi, Molière recommandait-il toujours à ses camarades d’amener leurs enfants à la répétition de ses pièces ; souvent il les regardait comme ses juges.S’il lisait aussi ses pièces à sa servante, s’il tenait à son approbation, c’est que ce grand homme lui avait reconnu ce naturel, cette justesse, qui seuls saisissent à l’instant la vérité d’un portrait ; mais jamais on ne nous a dit que Molière fît répéter ses pièces en présence de gens sans éducation : il connaissait trop leur incapacité.
Mais je conseillerais au troisième logicien de ne pas tenir la question pour vidée, et puisque le chant du rossignol nous invite à la mélancolie 282, je ne vois pas pourquoi il hésiterait à faire du singe l’antithèse comique de ce divin chanteur, lui donnant un cri analogue à celui de l’habitante des marais. […] Mais elle ne s’en tient pas là. […] C’est un défaut d’intelligence, il faut bien le reconnaître, qui tient caché aux regards de Schlegel, de Jean-Paul et de Hegel lui-même l’ordre particulier de beauté exprimé dans les comédies de Molière. […] Certes, je serais le premier qui condamnerais le Cid, s’il péchait contre les grandes et souveraines maximes que nous tenons de ce philosophe. » (Préface du Cid.) […] « Peut-être pourrait-on souhaiter quelquefois, écrit madame de Staël, même dans les meilleures pièces de Molière, que la satire raisonnée tînt moins de place, et que l’imagination y eût plus de part. » 289.
Molière tint ferme, et l’ordre du roi fut depuis respecté.
Hector tient parole ; il porte un mémoire écrit à la main, qu’il lit très couramment & très distinctement. […] Mon dessein est de me servir de ces mêmes exemples, pour leur faire voir que tous les incidents peu vraisemblables tiennent ordinairement ce défaut du peu de vraisemblance qui regne dans ce qui les fait naître.
La méprise qui est dans le Menteur, a l’une des qualités qui lui sont essentielles ; rien ne l’avoit annoncée à Cliton : mais elle ne surprend qu’un personnage qui ne tient pas à l’action ; elle-même ne change rien à la situation. […] Toutes les surprises sont, à proprement parler, des surprises d’action, puisque, si elles sont bonnes, elles tiennent toujours à l’action, & la mettent en mouvement ; mais nous rangerons seulement dans cette classe celles qui sont occasionnées par l’action imprévue de quelque personnage.
Dom Juan Cela ne se peut pas ; Dieu ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin : tiens, voilà un louis d’or, mais je te le donne pour l’amour de l’humanité.
Il se passa cinq pu six jours, avant que l’on représentât cette pièce pour la seconde fois ; et, pendant ces cinq jours, Molière, tout mortifié, se tint caché dans sa chambre. […] Fille de bon sens et domestique dévouée, elle ne s’élève pourtant pas au-dessus de la sphère naturelle de ses idées et de ses intérêts : tandis que madame Jourdain se lamente sur les ruineuses folies de son mari, elle rit à gorge déployée du grotesque accoutrement de son maître ; et la seule chose qui la désole dans ce nouveau train de vie, c’est qu’elle prend beaucoup de peine pour tenir son ménage propre , sans pouvoir en venir à bout. […] Ses dupes manquent d’esprit, sans doute ; mais elles ont une passion qui leur en tient lieu : tirer de l’argent de deux avares est peut-être plus difficile que de tromper dix aigrefins. […] Au surplus, ces deux intrigues sont entrelacées habilement par le fourbe qui en tient les fils, et elles aboutissent à un dénouement commun, où chacun des deux pères, retrouvant une fille, trouve un gendre dans chacun des deux fils et des deux amants.
s’écria Molière, après un moment de réflexion : tiens, mon ami, en voilà une autre.
Bientôt, arrivant à des points plus sérieux et renonçant à la badinerie, l’auteur accuse ouvertement Molière de tenir école de libertinage et de faire de la majesté divine le jouet d’un maître et d’un valet de théâtre, « d’un athée qui s’en rit et d’un valet qui en fait rire les autres ». […] Il ne s’agit donc pas de savoir si Molière avait le droit de mettre un athée sur la scène, mais si en faisant cela il tenait école d’athéisme. […] L’un des deux apologistes de Molière répond très bien à cette objection : « Il eût fallu pour cela, dit-il que l’on tînt une conférence sur le théâtre, que chacun prît parti, que l’athée déduisît les raisons qu’il avait de ne point croire à Dieu. […] C’est que Boileau tenait à honneur d’être le héros de la scène du sonnet et d’en avoir fourni lui-même à Molière le modèle dans une scène semblable, à laquelle celui-ci avait assisté15. […] Il sera rappelé au monde par le devoir ; il y rapportera non pas moins de délicatesse et d’honneur, mais moins de susceptibilité ; il apprendra à se faire respecter et écouter sans blesser personne ; il tiendra à distance les fats sans cervelle, les faiseurs de petits vers, les prudes et les coquettes ; il rencontrera quelque Éliante d’une âme forte et sérieuse, capable de le comprendre et de l’aimer.