Son texte servit à faire comprendre ce qu’avait écrit Rochemont, c’est-à-dire, ce qui était resté inintelligible dans sa brochure, même pour ceux qui pouvaient connaître les très rares exemplaires non cartonnés de l’édition de La Grange ; maintenant, en revanche, le pamphlet dévot sert à consacrer l’authenticité du texte d’Amsterdam, puisqu’on n’y trouve, en style digne de Molière, que ce qu’il avait ,indiqué dès 1665. […] Cette façon de vivre modeste et décente fait certes un bien singulier contraste avec les belles choses que Gaultier débitait sur le théâtre : soit qu’il fît le savant ou le maître d’école, et récitât, en guise de rudiment, quelque tirade écrite dans le style des Plaisans devis du sieur Thomassin et des prologues de Bruscambille, ou bien assaisonnée au sel grivois des chansons qu’il venait dire pour terminer le spectacle ; soit encore que, dans le rôle de vieillard de farce, qui lui était le plus habituel, il querellât sa femme Périne, ou qu’il lui fit, pour amener quelque rapatriage, une des belles déclarations en coq-à-l’âne, dont l’auteur du Désert des Muses a pris la peine de mettre en couplets un curieux échantillon. […] Mais il est certain, ajoute-t-il, qu’il n’en a jamais digéré aucun sur le papier, et ce que j’en ai est écrit d’un style de grossier comédien de campagne, et qui n’est digne, ni de Molière, ni du public. » Chauvelin fut sans doute de cet avis, car les deux farces ne parurent pas dans l’édition dont il s’était donné le soin. […] Ce canevas, que Barbieri s’était décidé à broder de son style, ce scénario dont il faisait enfin des scènes écrites, n’était pas bien neuf, comme vous allez voir. […] C’était, pourrait-on dire, le style du cothurne.
« Le chapitre 3, intitulé : Etat politique, mœurs, est resté inachevé ; Style simple, clair. […] Un des mots du style du siècle de Louis XIV qui vieillit le plus, on écrit parce que pour nous il fait contresens. […] Il lui manque une vingtaine de corrections dans le style, et d’être jouée plus lentement et avec soin. […] Le style est bien fort, bien compact, mais il manque de vivacité.
Gardons-nous de l’imiter en cela ; mais gardons-nous encore davantage de nous joindre à ceux qui veulent diminuer la gloire de cet Auteur, en disant qu’il n’avoit qu’un ton, qu’un style, & qu’il faisoit parler un héros comme Jean Lapin ou Maître Corbeau.
Je n’ai point h discuter ici les appréciations d’un critique si éminent, lesquelles ne tendent à rien de moins qu’à voir en Molière un poète extrêmement négligé, qui cheville horriblement, dont le style est inorganique, monotone, traînant, inférieur de tous points h celui de Racine. […] C’est Victor Hugo, en effet, qui, jugeant Molière bien plus vrai que nos tragiques, parce que la comédie est bien plus près de la nature que la tragédie, n’hésite pas à repousser toutes les critiques amassées sur son style, qu’il déclare admirable : « Chez lui, le vers embrasse l’idée, s’y incorpore étroitement, la resserre et la développe tout h la fois, lui prêle une figure plus svelte, plus stricte, plus complète, et nous la donne, en quelque sorte, en élixir. » Mais, encore une fois, je n’entends point prendre parti dans un si gros différend ; je nie borne à une seule observation. […] Mais, je tiens à le redire, si c’est une femme qui l’a inspiré, c’est un homme, son mari ou son amant, qui a dû le rédiger ; le style, la touche, sont d’un homme et d’un homme habitué à manier la plume.
La lettre de de Visé n’est pas d’une élégance de style remarquable : mais elle est solidement pensée ; elle développe et rend sensibles les beautés de composition et de détail qui pouvaient échapper au commun des spectateurs ; enfin, si l’auteur de cette apologie n’a pas été mis par Molière lui-même dans le secret de ses intentions les plus fines, on peut dire qu’il les a devinées avec une sagacité qui lui fait honneur.
Quoique Scarron ne se nomme pas à la tête de ce roman, il est aisé de connoître son style & son génie.
Cet exemple suffit pour prouver combien le style de Moliere est supérieur à celui de son prédécesseur.
Votre style me paroît beau.
Son style, abondant en poésie, a de la clarté, du trait et de la vigueur.
Il était au moins superflu d’appliquer au texte de Molière des règles qui ne furent adoptées que longtemps après lui, et que ses ouvrages n’ont pas servi à établir ; car, s’il est un modèle de style comique, il n’est pas toujours une autorité dans la langue. […] Cela arriva comme je l’avais prédit, et dès cette première représentation, l’on revint du galimatias et du style forcé. » Un jour que l’on représentait cette pièce, un vieillard s’écria du milieu du parterre : Courage, courage, Molière ! […] Mais si vous étiez, comme moi, occupé de plaire au roi, et si vous aviez quarante ou cinquante personnes qui n’entendent point raison, à faire vivre et à conduire, un théâtre à soutenir, et des ouvrages à faire pour ménager votre réputation, vous n’auriez pas envie de rire, sur ma parole ; et vous n’auriez point tant d’attention à votre bel esprit et à vos bons mots, qui ne laissent pas de vous faire bien des ennemis. — Mon pauvre Molière, répondit Chapelle, tous ces ennemis seront mes amis dès que je voudrai les estimer, parce que je suis d’humeur et en état de ne les point craindre ; et si j’avais des ouvrages à faire, j’y travaillerais avec tranquillité, et peut-être seraient-ils moins remplis que les vôtres de choses basses et triviales ; car vous avez beau faire, vous ne sauriez quitter le goût de la farce. — Si je travaillais pour l’honneur, répondit Molière, mes ouvrages seraient tournés tout autrement : mais il faut que je parle à une foule de peuple, et à peu de gens d’esprit, pour soutenir ma troupe ; ces gens-là ne s’accommoderaient nullement de votre élévation dans le style et dans les sentiments ; et, vous l’avez vu vous-même, quand j’ai hasardé quelque chose d’un peu passable, avec quelle peine il m’a fallu en arracher le succès ! […] En style d’historiographe, Croyant lui devoir ce souci, J’en ai bien voulu mettre ici141. […] Molière, pour s’en venger d’une manière nouvelle, fit des vers pour le roi, représentant Neptune et le soleil, d’un style fort ressemblant à celui de Benserade, un peu outrés, à la vérité, par les jeux de mots ; et les vers furent vus de toute la cour, et la réjouirent. » (Voyez la Vie de Benserade à la tête de ses œuvres.)
J’accorderai, si l’on veut, que Molière ait pu jusque-là faire violence à sa modestie ordinaire ; mais, quelque désir qu’il ait eu de se déguiser, je ne concevrai jamais qu’il ait eu le pouvoir de rendre son style méconnaissable au point où il le serait dans l’écrit qu’on lui veut attribuer.
L’opinion d’Alceste, c’est la première protestation violente contre la recherche du style, et si nous voulons savoir ce que pense Molière en cette matière, ce n’est point là que nous l’apprendrons.
L’un, malgré toutes ses imperfections, est original, spontané, vivant, parfois pathétique, parfois aussi tout imprégné de la saveur du vieux sel gaulois; l’autre, tout savant qu’il est, n’offre que des scènes sans vigueur, un style terne, une imitation à la fois servile et infidèle des poètes de l’antiquité classique.