Qu’on se rappelle les pères de Térence707, et même quelques pères de Plaute708, et qu’on dise s’il n’y a pas plaisir à voir la discrète assiduité, l’inquiète sollicitude avec laquelle ils suivent la conduite de leurs fils entrant dans la vie ; si l’on n’est pas touché de la sage ardeur qu’ils déploient à les rendre bons et heureux ; si l’on ne respecte pas le soin jaloux qu’ils mettent à s’entourer pour leurs vieux jours d’une famille aimante ?
Molière avait adopté ce sage principe : Le plus grand précepte de tous les préceptes est de plaire. […] Et puis ce prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas se mettre en peine, s’il est aussi sage et aussi habile homme que l’on dit, et cela ne servira qu’à faire éclater davantage son mérite40 ». […] Ce Molière calme, grave, laborieux, souffrant, c’est bien là le Molière que nous nous imaginons, étudiant les hommes sans les haïr, combattant le mal avec courage, célébrant le bien avec amour, sage conseiller, ami dévoué, époux incompris, se consolant avec ses réflexions intimes de ses dures épreuves publiques et vivant non pas heureux, mais silencieux, dans son logis meublé richement d’objets dus à son seul travail. […] « En rendant ridicules ceux qui renchérissaient sur les modes, il les a rendues plus sages. […] ___ Ci-gît cet héroïque auteur, Qui fit d’un sage un imposteur, Et des savants en médecine, Des bourreaux et gens sans doctrine.
C’est que nous sommes ainsi faits ; l’amour le plus pur prend les confidents les plus méprisables451 ; le cœur le plus respectueux pour sa maîtresse manque de respect à son père452 ; l’âme la plus ferme, la plus sage, se désespère d’une chimère ou d’un doute453 : pauvres amoureux, comme les voilà pour rien inquiets, jaloux, brouillés, perdus !
Le plus sage est de se résigner à ne la voir paraître dans la troupe qu’en 1663, lorsqu’elle est devenue la femme de Molière. […] Le mieux est de garder une réserve fort sage en pareil cas.
Un époux si extraordinaire auroit pu lui donner des remords, & la rendre sage : sa bonté fit un effet tout contraire ; & la peur, qu’elle eut de ne pas retrouver une si belle occasion de s’en separer, lui fit prendre un ton fort haut, lui disant qu’elle voyoit bien par qui ces faussetez lui étoient inspirées ; qu’elle étoit rebutée de se voir tous les jours accusée d’une chose dont elle étoit innocente ; qu’il n’avoit qu’à prendre des mesures pour une separation, & qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme, qui avoit toûjours conservé des liaisons particulieres avec la de Brie13, qui demeuroit dans leur maison, & qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage.
Nos troubles l’avoient mis sur le pied d’homme sage, Et pour servir son prince, il montra du courage ; Mais il est devenu comme un homme hébêté, Depuis que de Tartufe on le voit entêté ; Il l’appelle son frere, & l’aime, dans son ame, Cent fois plus qu’il ne fait mere, fils, fille & femme.
Il faut avouer qu’il se met d’étranges folies dans la tête des hommes, et que, pour avoir bien étudié, on est bien moins sage le plus souvent.
Il est ennemi de la flatterie... et je suis persuadé que s’il eût été amoureux de quelque dame, qui eût eu quelques légers défauts ou en sa beauté ou en son esprit, ou en son humeur, toute la violence de sa passion n’eût pu l’obliger à trahir ses sentiments. » Si l’on en croit Tallemant des Réaux, Mme de Rambouillet, sa belle-mère, elle-même, aurait fait de Montausier ce portrait peu flatteur : « Il est fou à force d’être sage.
Et disons avec Alcmene : Amphitrion, en vérité, Vous vous moquez, de tenir ce langage ; Et j’aurois peur qu’on ne vous crût pas sage, Si de quelqu’un vous étiez écouté.
Je sais que cette conclusion choque le préjugé vulgaire ; mais, pour apprécier la valeur de l’opinion commune, il serait sage d’examiner comment elle s’est établie.
Il fut assez sage et assez modeste pour la refuser, parce qu’il ne savait pas le latin, et par là il se sauva d’un écueil où tant d’autres échouent, celui de paraître au-dessous de sa place.
Le Capitan croit les prévenir par les précautions qu’il a prises auprès de la sage Lucinde, qu’il n’a pas quittée d’un pas, ou qu’il a fait soigneusement observer.
La troupe des comédiens Que Monsieur avoue être siens, Représentant sur leur théâtre, Une passion assez folâtre, Autrement un sujet plaisant, À rire sans cesse induisant, Par des choses facétieuses, Intitulées Les Précieuses, Ont été si fort visités, Par gens de toutes qualités, Qu’on n’en vit jamais tant ensemble, Que ces jours passés, ce me semble, Dans l’Hôtel du Petit-Bourbon, Pour ce sujet mauvais ou bon, Ce n’est qu’un sujet chimérique, Mais si bouffon, et si comique, Que jamais les pièces Du Ryer, Qui fut si digne de laurier, Jamais l’Œdipe de Corneille, Que l’on tient être une merveille, La Cassandre de Boisrobert, Le Néron de Monsieur Gilbert, Alcibiade, Amalasonte *, Dont la Cour a fait tant de compte, Ni le Fédéric de Boyer, Digne d’un immortel loyer, N’eurent une vogue si grande Tant la pièce sembla friande, À plusieurs, tant sages que fous ; Pour moi, j’y portai trente sous Mais oyant leurs fines paroles, J’en ris pour plus de dix pistoles.