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158. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [8, p. 39-40] »

Rose147, de l’académie française, et secrétaire du cabinet, fit des paroles latines sur cet air, d’abord pour se divertir, et ensuite pour faire une petite pièce à Molière, à qui il reprocha, chez le Duc de Montausier*, d’être plagiaire ; ce qui donna lieu à une vive et plaisante dispute.

159. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [14, p. 44-45] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 95 Un jour que l’on représentait cette pièce [Les Précieuses ridicules], un vieillard s’écria du milieu du parterre : Courage, courage, Molière !

160. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [23, p. 51] »

[23168, p. 51169] Molière revenait d’Auteuil avec Charpentier170, fameux compositeur de musique, il donna l’aumône à un pauvre, qui, un instant après, fit arrêter le carrosse, et lui dit : Monsieur, vous n’avez pas eu dessein de me donner une pièce d’or ?

161. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique. […] Le marquis aujourd’hui est le plaisant de la comédie ; et comme, dans toutes les comédies anciennes, on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie737. » Cette satire des marquis est faite avec verve et hardiesse, mais sans fiel. […] et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ? 

162. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau ; Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau.

163. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Mais dans ses pièces dites régulières, je ne vois que l’abaissement, vers la cour172, d’un poète qui eut pu être grand et qui avait du génie, témoin L’Impromptu de Versailles. […] Il y a souvent deux arlequins dans une seule de leurs pièces.

164. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [36, p. 64-67] »

Ménage lui-même reconnaît dans une de ses lettres qu’il est le Vadius de cette pièce, et quant à Cotin, il était difficile de le désigner mieux que par un de ses ouvrages.

165. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Il fit frapper en même temps des pièces d’argent et de cuivre au coin de la république, et se fit élire pour sept ans duc de Naples. […] Sur les prétentions que les ennemis du connétable attribuaient au baron de Modène, et sur la manière dont le connétable fit donner à son oncle la grande prévôté de l’hôtel, voyez le Recueil des pièces les plus curieuses faites pendant le règne du connétable M. de Luynes.

166. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Les hasards qui semblent le faire naître dans plus d’une pièce de Molière n’ont guère plus d’importance que les dénouements qui le couronnent : ce sont des nécessités de la comédie, qui ne peut commencer ni finir sans prétexte. […] Même dans une pièce de commande écrite en quinze jours, comme les Fâcheux, l’amour d’Orphise et d’Eraste 444 est supérieur à tous les amours de roman dont Scudéri donnait alors si libéralement des volumes445. […] Saint-Marc Girardin ne rend pas justice à Molière en attribuant la pièce à Corneille.

167. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] S’agit-il des lois de l’art dramatique, Dorante niera d’abord qu’il existe d’autre règle que celle de plaire, qu’il n’a cure des écrits d’Aristote et d’Horace, que L’École des femmes, de Molière, est une bonne comédie parce que le public l’a bien accueillie ; puis, ayant ainsi fait acte d’indépendance, il soutiendra qu’en reste la pièce ne pèche contre aucune des règles dont parle M. […] Ce qui reste vrai, incontestable, ce qui explique le déchaînement de haine et d’injures dont le Tartuffe fut l’occasion, l’indignation des jésuites, des jansénistes et du clergé, c’est que Molière, d’un bout à l’autre de la pièce, protestait énergiquement contre la préoccupation égoïste du salut, qui fut l’âme du jansénisme ; contre l’intrusion du directeur dans la famille, dont les jésuites furent toujours les défenseurs intéressés. […] Le premier, celui sur lequel il revient sans cesse, est d’être simples : Monsieur Purgon a beau s’affubler d’une longue robe noire et parler latin, il n’en tue pas moins ses malades ; Monsieur Lysidas invoque Aristote et fait d’exécrables pièces ; le philosophe Pancrace est un âne avec toute son érudition ; Marphurius, qui feint de douter si le monde extérieur existe ou non, a besoin de quelques coups de bâton pour se souvenir qu’il existe des juges ; Trissotin, qui mêle en ses vers les calembours aux soupirs, est insupportable. — Molière dit à Arsinoé qu’elfe s’y prend un peu tard pour devenir prude ; à Dorante, ami de Monsieur Jourdain, qu’en dépit de ses belles manières et de son titre, il est un escroc ; à Don Juan, fils insolent, révolté contre toute idée de devoir individuel ou social, égoïste et méchant, au seigneur qui s’abaisse à user de son prestige pour intimider et congédier un créancier, au séducteur de Dona Elvire, repenti tardivement et s’en remettant hypocritement au ciel du soin de réparer ses fautes : « Apprenez que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous » ; Clitandre, amant d’Angélique et plein de mépris pour le roturier Georges Dandin : « Vous avez une étrange façon de mentir et de vous parjurer, pour un gentilhomme ! 

168. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Même d’une pièce déchirée il savait relier et sauver les meilleurs lambeaux ! […] Une pièce nouvelle les met par hasard en scène dans un moment de jalousie. […] Mais on lui faisait des rôles excellents dans des pièces charmantes ! […] » Ainsi finit la pièce. […] La pièce finit comme elle a commencé, par une escroquerie du chevalier.

169. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Comme elle prévoyait bien que celte pièce attirerait beaucoup de monde, Mlle Molière avait à cœur de s’y faire remarquer par l’éclat de sa toilette ; elle commanda donc un habit magnifique sans en rien dire à son mari, et, le jour de la représentation, elle se mil de très-bonne heure en devoir de s’en vêtir. […] Flore, Vénus, etc. — La pièce de Psyché contient à la rigueur, dans les personnages d’Aglaure et de Cidippe (act.

170. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

C’est une chose dont il faut lui être d’autant plus reconnaissant, que Napoléon déclare, même à Sainte-Hélène, où il était devenu si libéral, que si la pièce eût été fuite de son temps, il n’en aurait pas permis la représentation. […] Si l’on voulait juger de l’esprit de l’époque par les pièces contemporaines, celles de Regnard et de Lesage, qui toutes se rapportent à ces lugubres années, on croirait vraiment qu’alors la France était déjà la France de la régence ; valets escrocs, financiers ridicules, coquettes effrontées, gentilshommes aux gages de quelque vieille débauchée, tous ces héros de Lesage et de Regnard ne songent qu’à se bien divertir, sans scrupule et sans fin. […] L’un lui trouve du jargon, l’autre veut bien convenir que ses pièces en prose sont moins mal écrites que ses comédies en vers.

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