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139. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

L’école des mœurs doit être non seulement assez décente pour ne pas corrompre le cœur & l’esprit ; elle doit l’être jusqu’au point de ne blesser ni les yeux ni les oreilles, je ne dis pas d’une jeune personne qu’une mere croit pouvoir mener au spectacle sur la foi de l’honnêteté publique, j’ajoute de tout homme qui pense. […] Une Reine illustre par toutes les graces de son sexe, & toutes les qualités qui caractérisent les plus grands Rois, fit former il y a quelques années à Paris une troupe de comédiens dignes de paroître à sa cour ; mais elle y attira en même temps une personne capable d’élaguer toutes les indécences dont nos comiques fourmillent, & de les mettre en état de paroître devant de jeunes Princesses encore plus respectables par leurs vertus que par leur rang. […] Nous trouverons encore dans Moliere des indécences plus dangereuses pour les mœurs, témoins ces enlevements auxquels une jeune personne consent très lestement, comme si rien n’étoit plus ordinaire, ou du moins plus permis, plus décent. […] Un Auteur fait très bien de se livrer aux élans de son génie dans les repas où l’amitié l’invite ; mais il est des personnes qui veulent parer leur table d’un bel esprit comme d’un surtout magnifique. […] A cela le Chef lui répond avec mépris, qu’il est un misérable, qu’il seroit aussi mauvais acteur que détestable Auteur, qu’il refuse sa personne comme ses ouvrages, & qu’il se trompe s’il pense que des comédiens, gens d’honneur, recevront un vagabond parmi eux.

140. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

La, en vous répondant si juste, les yeux fort ouverts ; mais il ne s’en sert point, il ne regarde ni vous ni personne, ni rien qui soit au monde. […] Rien moins que cela : ils sont si peu naturels, qu’ils se contrarient eux-mêmes à tout moment, & qu’ils révoltent les personnes les moins délicates. […] Personne ne vient : mais du moins, ou j’aurois perdu toute connoissance, ou assurément voilà Tranion mon esclave. […] Est-il naturel que Menechme, bourru, soupçonneux, indisposé contre tout ce qu’il voit à Paris, se confie à un drôle qu’il ne connut jamais, & dont personne ne lui répond ? […] La fripponnerie a dicté la même ruse à bien des personnes, qui surement n’avoient lu ni vu représenter le Légataire.

141. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles. […] Deux ecclésiastiques accompagnaient la bière, et deux cents personnes environ suivaient, tenant chacune un flambeau. […] On aimerait aussi à connaître les moindres épisodes de cette fête privilégiée à laquelle assistèrent au moins six cents personnes. […] Il est certain qu’Anne d’Autriche et les personnes austères de son entourage firent entendre des protestations contre la licence accordée aux railleries d’un comédien. […] Il faut bien dire qu’alors Louis XIV en voulait fort aux personnes austères qui, à la Cour, prétendaient gêner les caprices de son cœur.

142. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Oui, sans doute, pour les personnes qui ne savent pas faire des vers naturels. […] Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne, Son misérable honneur ne voit pour lui personne : Nommez-le fourbe, infame, & scélérat maudit, Tout le monde en convient, & nul n’y contredit. […] Comme M. de Voltaire ne parle que de la tragédie, je puis plus hardiment dire qu’une comédie en vers blancs, bonne d’ailleurs, réussiroit sur notre Théâtre ; & bien des personnes seront, je crois, de mon opinion, si l’on fait attention à la prose de Moliere ; elle est si bien cadencée, on y remarque tant de vers, qu’elle ne s’éloigne guere de la poésie des Anglois.

143. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Mais j’eus le chagrin de voir qu’une personne sans grande beauté, qui doit le peu d’esprit qu’on lui trouve à l’éducation que je lui ai donnée, détruisit en un instant toute ma philosophie. […] On peut résumer ainsi les accusations de l’auteur d’Emile : 1° Le caractère du misantrope n’est pas assez soutenu ; 2° Molière a rendu la vertu ridicule dans la personne d’Alceste. […] Si l’on admet qu’il a pu prendre fantaisie au misantrope d’aller à la cour, et ce fait ne paraîtra impossible à personne, toutes les autres inconséquences que lui prête Molière seront la suite et la punition de cette première démarche.

144. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comédie plus haut parmi nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur théâtre ; & les plaisans du théâtre de Moliere, sont des marquis & des gens de qualité. […] Les beautés des portraits qu’il a faits sont si naturelles, qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossieres ; & le talent qu’il avoit de plaisanter étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire.

145. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Cette société et la cour étaient deux mondes différents, où les personnes même qui les fréquentaient ne se ressemblaient plus à elles-mêmes, dès qu’elles passaient de l’une à l’autre. […] Mais il eut le bon esprit, dès son entrée dans le monde, d’être simple et naturel avec les personnes qu’il savait être ennemies du bel esprit et des pointes, sauf à se dédommager avec les autres.

146. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Est-il acceptable, je vous le demande, si la question d’éducation avait été mise en jeu, que personne ne l’eût aperçue, que personne ne l’eût signalée, et peut-on supposer que Molière, qui prenait justement la parole, n’en eût pas dit un mot ? […] Je ne dis pas, bien loin de là, qu’il n’y ait pas d’éducation ; que personne ne s’en occupe ; mais qui est-ce qui s’en occupe ? […] Il n’appartient à personne de grandir Molière, et, lorsqu’on a dit de lui qu’il est le premier et peut-être le seul poète comique, on lui a rendu un hommage suffisant, celui qu’il mérite. […] Ne lui demandez pas un conseil pratique ; il sait très bien qu’il ne corrigera pas Le Misanthrope, ni Le Bourgeois gentilhomme, ni Le Malade imaginaire ; ces personnes-là ont existé de tout temps et elles existeront toujours.

147. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

& ne m’avouerez-vous pas enfin que, quand nous aurions été les dernieres personnes du monde, on ne pouvoit nous faire pis qu’elles ont fait ? […] En un mot, c’est un ambigu de précieuse & de coquette que leur personne. […] Je suis confus des louanges dont vous m’honorez ; & je pourrois vous en donner avec plus de justice sur les merveilles de votre vie, & principalement sur la gloire que vous acquîtes, lorsqu’avec tant d’honnêteté vous pipâtes au jeu, pour douze mille écus, ce jeune Seigneur étranger que l’on mena chez vous ; lorsque vous fîtes galamment ce faux contrat qui ruina toute une famille ; lorsqu’avec tant de grandeur d’ame, vous fûtes nier le dépôt qu’on vous avoit confié ; & que, si généreusement, on vous vît prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l’avoient pas mérité. […] n’y a-t-il là personne ? […] Mais, pour se joindre tous, le rendez-vous qu’il donne, Durant deux ans entiers ne lui fit voir personne : Si bien que, les jugeant morts après ce temps-là, Il vint en cette ville, & prit le nom qu’il a : Sans que de cet Albert ni de ce fils Horace Douze ans aient découvert jamais la moindre trace.

148. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Secondement un caractere de ce genre est plus facile à traiter qu’un caractere du moment, parcequ’étant presque toujours un vice du cœur, il est plus frappant ; il a jetté un plus grand nombre de branches & de racines qu’on peut lier au corps pour le rendre plus fort : un plus grand nombre de personnes peuvent en raisonner & vous communiquer leurs lumieres ; on a même un plus grand nombre d’originaux entre lesquels on peut choisir : indépendamment de cela les Auteurs qui nous ont précédés chez l’étranger ou dans notre patrie, n’ont pas manqué de voir un caractere qui a toujours existé, & de le traiter soit en grand, soit en détail. […] Ils sont plus ingrats, parceque si vous réussissez à peindre si bien la laideur de votre modele, que les originaux disparoissent, votre ouvrage ressemble aux portraits qui n’ont plus de valeur dès que la personne qu’ils représentoient est morte, à moins que le Peintre n’ait réuni au mérite de la ressemblance celui du dessein, du coloris, & des autres parties de son art, & qu’il ne captive par-là le suffrage des connoisseurs : c’est ce qui fait survivre, comme nous venons de le dire, les Précieuses de Moliere aux héroïnes de la piece.

149. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Qui peut dire s’il ne surgira personne pour en profiter ? […] Personne ne s’avisera de le contester.

150. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33. […] Segrais raconte que le cardinal envoya Boisrobert à la marquise, pour lui demander son amitié, mais à une condition trop onéreuse pour elle, qui ne savait ce que c’était de prendre parti, et de rendre de mauvais offices à personne.

151. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

La petite83 me mande que sa maitresse est dans des rages inexprimables, elle n’a vu personne depuis deux jours. […] Personne ne la plaint, quoiqu’elle ait fait du bien à tout le monde.

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