Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer. […] Nous sommes déja au troisieme acte de l’Imposteur, lorsque Tartufe dit des douceurs à Elmire ; mais nous savons que Damis écoute, & nous sommes charmés de voir un scélérat fournir des armes contre lui à chaque mot qu’il prononce.
Moliere récitoit en Comédien sur le Théatre & hors du Théatre : mais il parloit en honnête homme, rioit en honnête homme, avoit tous les sentiments d’une honnête homme ; en un mot, il n’avoit rien contre lui que sa profession, qu’il continuoit plus pour le profit de ses camarades que pour le sien propre. […] Moliere étant pressé par le Roi au sujet de la Comédie des Fâcheux eut recours à Chapelle pour lui faire la Scene de Caritidès, que Moliere trouva si froide qu’il n’en conserva pas un seul mot ; & fit de son chef cette belle Scene que nous admirons dans le Fâcheux.
En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] « Voyez-vous ce comédien qui tresse des palmes avec une pieuse et ineffable grâce, c’est Sylvain, le nouvel hôte des forêts du ciel (Selvano… selve). » Le jeu de mots qui termine ce second sonnet est intraduisible.
Si tu dis un seul mot, je te romprai les bras. […] Valere & Mariane rompent pour un mot mal entendu. […] Les gros mots que les amants venoient de se dire n’empêcherent pas qu’au travers de sa fenêtre Blanche ne regardât Don Diegue, & que Don Diegue ne se tournât deux ou trois fois pour voir si on le regardoit.
A ces mots, se mesurant des yeux, il se promenoit devant une glace. […] jusqu’à ces mots, Ledit Ector Criquet. […] Attendez, Monsieur, je n’ai plus qu’un mot à écrire.
Térence dit en quatre mots avec la plus élégante simplicité ce que celui-ci ne dit qu’avec une multitude de métaphores, qui approchent du galimatias.
Il est très vraisemblable que Moliere, en lisant la piece espagnole pour composer son Festin de pierre, remarqua cette pointe, la compara intérieurement aux jeux de mots à la mode, la plaça dans le sonnet où il les tourne si bien en ridicule.
Ses moindres actions lui semblent des miracles, Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles.
Enfin, les mots et autres, qui suivent la mention des témoins, prouvent que ces derniers n’étaient pas les seuls assistans et permettent de supposer un cortège d’amis aussi nombreux que l’on voudra. […] J’aime le jeu, les visites, les assemblées, les cadeaux et les promenades ; en un mot, toutes les choses de plaisir. » Angélique, de son côté, dit à George Dandin : « C’est une chose merveilleuse que cette tyrannie de messieurs les maris et je les trouve bons de vouloir qu’on soit morte à tous les divertissemens et qu’on ne vive que pour eux ! […] Dans l’Impromptu de Versailles, Molière avait dit du Portrait du peintre de Boursault : « Je réponds de douze marquis, de six précieuses, de vingt coquettes et de trente c…s, qui ne manqueront pas d’y battre des mains. » Le raisonneur de la Vengeance des marquis, Ariste, relève et reprend le mot : « Il a été plus de c…s qu’il ne dit voir le Portrait du peintre : j’y en comptai un jour jusqu’à trente et un. […] Armande joue la comédie des larmes ; elle avoue son penchant pour Guiche, mais elle proteste que « tout le crime a été dans l’intention, » ne dit mot de Lauzun, demande un pardon qu’elle obtient sans peine, et profite de la crédulité de son mari pour continuer ses intrigues « avec plus d’éclat que jamais. […] Molière en convenait, mais en ajoutant : « Je suis accoutumé à ses défauts, et il faudrait que je prisse trop sur moi pour m’accommoder aux imperfections d’une autre ; je n’en ai ni le temps ni la patience. » Il y a bien des choses dans ce peu de mots : de la tristesse, de la résignation, le dédain amer de soi-même et d’autrui, peut-être aussi cette espèce d’inconscience qui résulte de certains états d’esprit et de certaines situations.
Il rien a soufflé mot, et rien ri autorisait M. […] La précieuse à tes bons mots A reconnu son faux mérite. […] L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Vouloit venger la Cour immolée au parterre-, Mais, si-tôt que d’un trait de ses fatales mains La Parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée. […] Tout ce qui suit jusqu’à la fin de ces Mémoires a été reproduit mot pour mot dans les Variétés historiques, physiques et littéraires, ou Recherches d’un sçavant, contenant plusieurs pièces curieuses et intéressantes : Paris, Nyon fils et Guillyn, 1752, t.
La première de ces pièces est une plaisanterie charmante sur la Faculté : la métamorphose soudaine de Sganarelle en docteur fournit une foule de bons mots et de situations bouffonnes. […] Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau : Le commandeur voulait la scène plus exacte ; Le vicomte indigné sortait au second acte ; L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnait au feu : L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Voulait venger la cour immolée au parterre. […] Si le jeu de mots qu’on attribue à Molière dans cette circonstance n’est pas inventé, il faut convenir qu’il se vengea d’une manière aussi ingénieuse que cruelle. […] À la quatrième représentation, au moment de la cérémonie, Molière, en prononçant le mot Juro, fut pris d’un vomissement de sang, et tomba sur la scène ; on le transporta dans sa maison, où il expira entre les bras de deux sœurs de la Charité auxquelles sa bienfaisance donnait un généreux asile. […] On dit que Molière, en faisant répéter cette pièce, parut mécontent des acteurs qui y jouaient, et principalement de mademoiselle Beauval, chargée du rôle de Toinette ; cette actrice, peu endurante, après lui avoir répondu assez brusquement, ajouta : « Vous nous tourmentez tous, et vous ne dites mot à mon mari ?
L’Auteur à cette occasion nous étale fastueusement dans deux ou trois endroits de grands mots, pour nous faire entendre que le Métier de Comédien a de [trop] grands principes, pour que des gens si mal élevés puissent les savoir. […] Elle est entièrement épisodique, et je n’y vois pas le mot pour rire.
Il attaque une phrase qu’il croit être de Pline le jeune, dont il se moque comme d’un écrivain affecté. « Ne m’avouerez-vous pas, dit-il, que cela est d’un petit esprit de refuser un mot qui se présente et qui est le meilleur, pour en aller chercher avec soin un moins bon et plus éloigné : Pline est de ces éloquents dont Quintilien dit : illis sordent omnia quæ natura dictavit ?