Ces prétendues ressemblances prouvaient une seule chose, c’est qu’il existait dans le monde des gens ridicules de la même manière et au même degré que les personnages mis par Molière sur la scène, et qu’en fait de vices ou de travers, il est impossible de rien concevoir, de lien imaginer qui n’ait son type dans la réalité.
Elle imagine d’écrire à Silvio pour le prier de différer encore son mariage de quelques jours.
mais, cela n’est pas si mauvais que vous vous l’imaginez bien.
L’exposition, par sa vraisemblance et sa simplicité, est remarquable entre toutes celles de Molière, qui n’en a guère imaginé que d’excellentes : c’est celle du caractère de M.
Il avait donc imaginé d’envoyer sa muse habillée en marquis, au petit lever de Sa Majesté.
ils.comprenaient l’originalité de l’œuvre ; ils comprenaient que pas un, par exemple, depuis qu’il y avait des poètes comiques, n’avait imaginé le Misanthrope, un héros de vertu, tourmenté et complété par Célimène.
Il est bien étrange qu’on ait imaginé depuis de refaire cette pièce sous le nom du Vieux Garçon, et qu’un autre auteur, tout aussi confiant, ait cru faire un célibataire, en mettant sur la scène un homme de trente ans qui ne veut pas se marier.
À force de voir des gens de théâtre, il s’était imaginé qu’on pouvait être Corneille à ses heures ; il ne fut pas même Campistron11. […] « Molière avait imaginé, selon l’abbé Dubos, des notes pour marquer les tons qu’il devait prendre en récitant ses rôles. » Maintenant, passons à la fille qui commence aussi la vie par le chapitre des enlèvements. […] Jeanne imagina un tour digne d’un valet de la farce italienne.
Nous voilà, j’imagine, assez loin de Don Juan, revenons-y tout de suite, et sans autre détour. […] Alexandre Dumas avait imaginé d’encadrer l’intermède de Molière dans un intermède de la composition de l’auteur d’Antony, et il arriva, chose étrange et chose incroyable, et toute à la louange du poète moderne, que cet habile et intelligent auditoire du Théâtre-Français confondit d’un bout à l’autre, de ces trois petits actes, beaucoup trop allongés, le principal et l’accessoire, la comédie et la mise en scène, la sauce et le poisson ! […] Enfin au quatrième acte, il y avait encore entre Lauzun et madame de Montespan, la plus incroyable scène qui se puisse imaginer. — « Athénaïs, disait Lauzun à madame de Montespan : Maîtresse du roi, avez-vous demandé au roi la place que vous aviez désiré de me faire obtenir ?
Mais, quelle que soit la variété des incidents imaginés par Molière, cette incessante répétition ne va pas sans quelque soupçon de monotonie. […] Ce qu’il dépensa de forces pour dominer cette troupe d’artistes dont plusieurs, surtout dans le genre sérieux, étaient plus que lui accueillis et flattés par le public, pour « l’obliger à porter son nom50 », c’est ce qu’on n’imaginera pas sans doute aisément si l’on se rappelle que le gouvernement d’une telle association a toujours passé pour plus difficile que celui d un empire. […] Imaginez-vous donc que sa perruque était si grande qu’elle balayait là place à chaque fois qu’il faisait la révérence, et son chapeau si petit qu’il était aisé de juger que le marquis le portait bien plus souvent dans la main que sur la tête ; son rabat se pouvait appeler un honnête peignoir, et ses canons semblaient n’être faits que pour servir de caches aux enfants qui jouent à cligne-musette. […] Prétendre les maintenir dans une sorte d’imbécillité intellectuelle, croire qu’innocence et ignorance sont une même chose, attacher une trop grande vertu à la simplicité d’esprit, s’imaginer qu’il n’est rien de tel que de ne pas connaître le danger pour être capable de s’y soustraire, de ne pas voir les pièges pour ne pas y tomber, ce sont là des idées qui ont toujours de nombreux partisans. […] Pour mieux préciser sa critique, Robinet imagine un laquais qui a la fantaisie de faire des vers et qui prétend imiter le poète à la mode, c’est-à-dire Molière.
« La vérité du théâtre consiste en ceci : la conformité des actions, des discours, de la voix, du mouvement, du geste, de la figure, avec un modèle idéal imaginé par le poète, et souvent exagéré par le comédien. » C’est pourquoi il ne faut pas s’attendre à reconnaître à la ville, l’homme que l’on a vu agir sur un théâtre. « Ah ! […] Je sais aussi que, plus tard, en pleine régence, quand la comédie ne demandait qu’un prétexte pour aller, le sein nu et les épaules peu couvertes, les deux amis, les deux égrillards, Brueïs et Palaprat, attirés par l’esprit, la verve et l’intrigue de la comédie latine, imaginèrent une incommodité moins révoltante pour un public français, et de L’Eunuque ils firent un Muet. […] Pourtant j’imagine que plus d’un, parmi ces Grecs ambitieux, se sont trouvés bien malheureux lorsqu’au retour des fêtes de Bacchus, dans ce théâtre rempli des joies et des délires de la comédie satirique, notre homme, qui espérait les honneurs de l’insulte publique, aura vu que son nom était passé sous silence. […] Voici le fait : quand le grand et généreux Alceste eut abandonné, à ses passions de chaque jour, cette femme dont il était la gloire et la force, Célimène s’imagina qu’elle n’avait jamais été davantage la souveraine maîtresse de ses actions, de ses amours. […] Voilà pour les deux premières comédies, et pour peu que vous sachiez quelle est la gaieté imperturbable de Regnard, vous devez vous imaginer sans peine ce que peut être une comédie de Regnard écrite pour le théâtre italien, à propos du héros de Baron ou de d’Ancourt. — L’homme à bonnes fortunes de Regnard est un escroc plus renforcé que les deux autres.
Il imagine donc un Élisée où s’élèveraient des monuments consacrés aux bienfaiteurs du genre humain.
Ainsi parlent tous ces esprits impatients du joug et de la contrainte ; ainsi se révoltent, à chaque mot qui les presse, ces grands inventeurs de chefs-d’œuvre ; ainsi, les patriotes de la poésie et des beaux-arts, les saltimbanques de la chose écrite, les maladroits, les médiocres, les éreintés, les impuissants, les inconnus, qui voudraient être célèbres en vingt-quatre heures, les esprits fanfarons et stériles, les diseurs de quolibets, de proverbes et d’équivoques, les braves gens qui vivent des lettres ou du théâtre, et qui se figurent qu’ils exercent un métier comme tout autre métier, régulier, patenté, accepté, régi par des lois, par des ordonnances, par des maîtrises, imaginent d’échapper, par l’injure, à cette loi de la critique universelle qui permet à quelques-uns de formuler l’arrêt de la foule, à condition que si la foule se trompe, elle soit blâmée et raillée et censurée à son tour ! […] Certes, j’imagine qu’il y avait de quoi attendre impatiemment le dénouement d’un pareil drame, à une époque où l’on n’avait encore abusé de rien dans l’art poétique. […] La Fontaine lui-même, qui appartenait à cette école sensualiste, lui qui a fait le conte de La Courtisane amoureuse, n’était pas capable d’imaginer l’adorable faiblesse d’Alceste pour sa maîtresse.