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83. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

C’est dans ce temps qu’il fit quelques-unes de ces petites pièces que lui-même condamna depuis à l’oubli, et dont il ne reste que les titres, le Docteur amoureux, le Maître d’école, les Docteurs rivaux. […] Il n’y a aucune intrigue dans la pièce; mais, accoutumé à placer partout la critique des mœurs, Molière se moque ici du verbiage scientifique que les pédants de l’école avaient conservé, quoiqu’il fût passé de mode partout ailleurs, et il joue dans les deux docteurs, Pancrace et Marphurius, la manie de philosopher hors de propos, la morgue de la science et la sottise du pyrrhonisme.

84.

Il ne le quitta qu’à 64 ans pour prendre l’emploi du Docteur joué jusqu’alors par Lolli (Giovanni Bautista Angelo Agostino), connu par abréviation sous le nom de M.  […] Après ces canevas, sans doute très rudimentaires, vinrent de petites comédies mêlées de français et d’italien, dans lesquelles le Docteur et Arlequin renoncèrent au dialecte bergamasque, qui n’aurait pas été entendu des étrangers41. […] Ils nous entretenaient des vieux comiques, de Turlupin, Gaultier-Garguille, Gorgibus, Crivello, Spinette, du Docteur, du Capitan, Jodelet, Gros-René, Crispin. […] On n’a pas encore découvert, cependant, qu’il ait été reçu docteur dans la Faculté de médecine de Paris.

85. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ainsi, Pantalon, c’est le peuple de Venise ; le docteur, celui de Bologne ; Scapin, celui de Naples ; et Arlequin, celui de Bergame. […] Il donna sur-le-champ le Docteur amoureux 41. […] Ce n’était là malheureusement qu’une saillie sans vérité : Molière ne guérissait pas plus que s’il eût exécuté ponctuellement les ordonnances de son docteur. C’est ce même docteur qui lui fournissait les termes de médecine dont il faisait un si plaisant usage dans ses pièces ; et, pour que tout fût singulier dans le commerce qu’ils avaient entre eux, Molière, excommunié par l’église, obtint un canonicat pour le fils dit médecin qui l’aidait à se moquer de la faculté88. […] Ils nous entretenaient des vieux comiques, de Turlupin, Gauthier-Garguille, Gorgibus, Crivello, Spinette, du docteur, du capitan Jodelet, Gros-René, Crispin.

86. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Nanteuil101 , comédien de la Reine, et auteur de ces pièces : Les Brouillards nocturnes 102, 1669 ; Le Comte de Roquefeuille 103 , ou le Docteur extravagant, id.  […] On a de lui : L’Amour sentinelle, ou le Cadenat forcé, comédie, en 1672 ; Le Comte de Roquefeuille, ou le Docteur extravagant, comédie en un acte, 1672174 ; Les Brouilleries nocturnes, comédie, 1669 ; Le Campagnard dupé, comédie, 1671.

87. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Le Périgourdin remercie son voisin, l’obligeant Parisien, qu’il croit quelque docteur pensionné, et qui n’est qu’un mercier de la rue Saint-Dents, amateur de théâtre, qui, à toutes les premières, se cotise avec trois ou quatre voisins pour offrir une loge à leurs femmes et s’offrir le parterre à eux-mêmes. […] — Un doucereux intervient, et d’un air impartial : — Il faut tomber d’accord, dit-il, que si Molière n’a ni les rencontres de Gautier-Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni la bravoure de Capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros Guillaume, ni la science du Docteur, il ne laisse pas cependant de plaire quelquefois et de divertir en son genre… Puis, on se quitte sur ce mot : « Nous verrons ce que dira Chapelain ».

88. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Louis Boyvin, prêtre, docteur en théologie, plus tard membre de l’Académie des inscriptions, écrit ce qui suit : « Le corps, pris rue de Richelieu, devant l’hostel de Crussol, a esté porté au cimetière Saint-Joseph et enterré au pied de la croix. […] Dictionnaire des cas de conscience, par de Lamet et Fromageau, docteurs en Sorbonne, t. […] Il faut dire que les deux motifs de tolérance que je résume ici sont combattus par plusieurs docteurs de Sorbonne dans le dictionnaire de Lamet et Fromageau, cité plus haut en note.

89. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

c’est le docteur en théologie, Pascal, qui agit comme un poète comique ; il rit, il plaisante, il prolonge sans fin et sans cesse ce formidable badinage, pendant que le comédien, le poète comique, remplit le rôle du docteur de Sorbonne, du prédicateur dans sa chaire. […] Le père Caffaro n’était pas de force à répliquer au nom de Molière, à un grand évêque tel que Bossuet, et la dispute, finit faute de combattant qui fût digne de répondre à ce rude docteur. […] Il se repose, avec cette naïveté pédante, de la colère et de l’emportement aristotéliques de l’autre docteur. […] Mais non, le docteur a réponse à tout, et il le congédie comme on ne mettrait pas à la porte un trompette.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Est-ce pas mon Docteur que je vois ?

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Suivez-moi ; vous verrez Des docteurs avec qui vous vous divertirez, Et qui font rude guerre à la mélancolie.

92. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Les Folies amoureuses sont dans le genre de ces canevas italiens où il y a toujours un docteur dupé par des moyens grotesques, un mariage et des danses.

93. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Orgon, n’ayant rien à répliquer aux sages observations de Cléante, mais ne restant pas moins convaincu qu’il est dans le vrai, que lui seul est raisonnable, se défend par des paroles ironiques qui ne répondent à rien et qui prouvent la persistance de son aveuglement moral : « Oui, vous êtes sans doute un Docteur qu’on révère, tout le savoir du monde est chez vous retiré ; vous êtes le seul sage et le seul éclairé, un oracle, un Caton dans le siècle où nous sommes, et près de vous ce sont des sots que tous les hommes. » Ou encore, il hausse les épaules de pitié et de mépris en quittant la partie et en prononçant ces paroles : « Monsieur mon cher beau-frère, avez-vous tout dit? […] Mais, malgré les réserves que le Poète met dans la bouche des personnages raisonnables de la pièce, on sent que la critique porte plus loin que le pédantisme et les femmes docteurs. » M. […] Les livres cadrent mal avec le mariage ; et je veux, si jamais on engage ma foi, un mari qui n’ait point d’autre livre que moi, qui ne sache A ne B, n’en déplaise à Madame, et ne soit, en un mot, docteur que pour sa femme. » Cette opinion, quelque burlesque qu’elle soit par l’exagération dont elle est empreinte, représente cependant, abstraction faite de cette exagération, une vérité sur le caractère de la femme.

94. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Il avait compris que c’était désormais un enfant perdu pour ses projets, lequel ne serait rien de ce qu’on en avait espéré, ni prêtre, ni moine, ni docteur… pas même tapissier. […] Quand il mourut, plus qu’octogénaire, au mois de janvier 1715, il était docteur en théologie de la société et maison de Navarre et doyen de la Faculté de Paris. […] Je me figure Molière, s’en allant avec Magnon chez ce docteur universel, et le priant de lui tout apprendre, hormis ce que son père désirait qu’il connût, la théologie ; puis, un beau jour, faussant compagnie à ce savoir dont il aurait reconnu la vanité, et ne voulant plus être docteur qu’en une seule science, celle du rire et de la gaieté, venant s’adresser à l’Orviétan pour parader sur ses tréteaux, et ensuite aux Béjard pour être de leur Troupe. […] Voici les Italiens d’abord : Briguella, Scaramouche, le Docteur, Pantalon, Arlequin, Mezzetin ; puis, les Français : le Matamore, Turlupin, Gros-Guillaume, Gaultier Garguille, Guillot Gorju, Jodelet, Gros-René. […] Une farce, le Docteur amoureux.

95. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

maison redoutée et redoutable du bon docteur, de quelles misères n’êtes-vous pas l’asile ? […] Sa solitude lui pèse ; il pleure encore la première jeune fille qu’il a aimée… elle est morte, faute d’avoir rencontré un docteur Loewe ; enfin son coquin de neveu n’est pas un médiocre souci pour ce bon docteur. — Telle est cette heureuse image ; c’est moins amusant à regarder que la thèse du petit Thomas Diafoirus, mais c’est plus consolant. […] Elle panse, de ses blanches mains, une pauvre femme qui s’est blessée au front : le bon docteur est ravi de cette chaste et naïve apparition. […] C’est le bon docteur. […] Chacun est heureux, et même la malade imaginaire, qui pourra tout à l’aise consulter le bon docteur.

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