On trouva l’intrigue du Curieux impertinent bien imaginée, parfaitement conduite d’acte en acte, les scenes liées & dialoguées au mieux, la versification coulante, naturelle & dans le vrai ton du noble comique.
Il n’oppose la conduite au talent que pour reconnaître dans les faiblesses de l’âme, avouées et senties, les sources où le poète a puisé la magie de ses couleurs.
Toujours et partout, l’affectation d’une conduite vertueuse a été employée comme moyen de capter la confiance des hommes pour en abuser.
Le moraliste et le grand philosophe, comprenant l’un et l’autre la nécessité permanente d’accommoder, avec l’opinion humaine qui évolue, l’appréciation des actes des hommes qui se répètent en somme à travers les siècles sans grand changement, remettent aux meilleurs de nos contemporains le soin de juger de notre conduite.
Nous ne parlons ici que de ce principe vraiment philosophique, d’où découle avec les règles pratiques pour la conduite de la vie la moralité elle-même ; de ce principe que possède tout système de philosophie, celui d’Épicure comme celui des stoïciens, et que l’on retrouve chez les sensualistes les pins effrénés aussi bien que chez les spiritualistes les plus extrêmes.
Quoi qu’il en soit, Marie, âgée de trois ans, parut ensuite et se dirigea, conduite par ses parents, vers Jérusalem, située au centre du compartiment Terre.
J’avoue que Timocrate est fort adroit et fort heureux dans sa conduite, et qu’il faut l’être beaucoup pour trouver toujours au besoin des occasions si justes et si favorables de passer comme lui d’un parti à l’autre, selon les divers intérêts qui l’y obligent ; mais il ne fait rien qui soit impossible, et tout ce qui peut arriver sans violenter beaucoup l’ordre commun de la nature doit être réputé vraisemblable, etc.
Il se faisait déjà vieux ; à cette dernière fois ; c’était trois ans avant sa mort, mais il n’avait rien désappris de l’amour : son cœur était une source inépuisable de tendresse, et la conduite de sa femme une source non moins intarissable de colère et de dépit. […] Elle mettait en œuvre, avec quelques-uns des plus séduisants parmi les seigneurs de la cour, ces ressources de coquetterie,qu’elle possédait si bien, et dont Molière, qui en savait les effets, semble avoir craint de parler : c’est le seul trait qui manque à son esquisse ; mais, lors même que la conduite d’Armande ne nous apprendrait pas tout ce qu’elle avait en cela d’art et de manèges infinis, d’autres, qui n’avaient pas les mêmes motifs de discrétion que Molière, ne nous le laisseraient pas ignorer. […] Je n’eus que trop de moyens de me convaincre de mon erreur… Je pris dès lors la résolution de vivre avec elle comme un honnête homme qui a une femme coquette, et qui en est bien persuadé, quoiqu’il puisse dire que sa méchante conduite ne doive contribuer à lui ôter sa réputation… Sa présence me fit oublier toutes mes résolutions, et les premières paroles qu’elle me dit pour sa défense me laissèrent si convaincu que mes soupçons étaient mal fondés, que je lui demandai pardon d’avoir été si crédule. […] On n’a pu le découvrir encore ; mais une chose certaine, c’est que Madeleine Béjard, dont la conduite ici ne saurait se justifier que par l’abandon dans lequel l’eut jetée le départ de son amant, et par le désir qu’elle aurait eu, étant ainsi délaissée, de faire donner par d’autres à sa fille une légitimité qu’elle ne pourrait jamais lui donner elle-même, Madeleine Béjard, à l’époque de la naissance d’Armande, était, en effet, abandonnée par le comte de Modène. […] Molière s’indigne de sa conduite moins qu’il ne s’en étonne.
Hugo citait avec ravissement, et j’estime qu’il avait raison, ces vers de l’Étourdi : Et puis après cela votre conduite est belle ? […] C’est se mettre du parti des lâches que de recommander la médiocrité en toutes choses et c’est se mettre du parti des sots que de donner pour règle de conduite de ne jamais faire rire de soi. […] Chrysalde souriant et imperturbable avec un geste aimable et nonchalant de protestation : Je ne dis pas cela, car c’est ce que je blâme ; Mais, comme c’est le sort qui nous donne une femme, Je dis que l’on doit faire ainsi qu’au jeu de dés, Où, s’il ne vous vient pas ce que vous demandez, Il faut jouer d’adresse, et d’une âme réduite Corriger le hasard par la bonne conduite. […] La preuve, c’est qu’au premier acte, alors qu’il est de sang-froid, alors qu’il ne songe qu’à donner de bons conseils de conduite à Arnolphe et non pas à le taquiner, alors qu’il n’est pas piqué contre lui parce qu’Arnolphe lui a refusé le souper qu’il lui a promis, il ne tient pas du tout le même langage et il en tient un très raisonnable sur le même sujet. […] Il en veut à la ligne collatérale : on l’attaque plus impunément ; il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune ; il se donne pour l’héritier légitime de tout vieillard qui meurt riche et sans enfants ; et il faut que celui-ci le déshérite, s’il veut que ses parents recueillent sa succession : si Onuphre ne trouve pas jour à les en frustrer à fond, il leur en ôte du moins une bonne partie : une petite calomnie, moins que cela, une légère médisance lui suffit pour ce pieux dessein ; et c’est le talent qu’il possède à un plus haut degré de perfection ; il se fait même souvent un point de conduite de ne le pas laisser mutile : il y a des gens, selon lui, qu’on est obligé en conscience de décrier ; et ces gens sont ceux qu’il n’aime point, à qui il veut nuire, et dont il désire la dépouille.
Molière a, comme on le voit, pris du canevas italien jusqu’à ses défauts : même invraisemblance dans ce prétendu mariage, qui, en présence de témoins, unit un amant, non avec la personne qu’il aime, mais avec la sœur de celle qu’il croit épouser : même invraisemblance dans l’erreur de cet époux, que l’hymen et plusieurs nuits heureuses n’ont point encore désabusé : même avarice dans la conduite de ce père qui déguise le véritable sexe de sa fille, pour usurper le bien d’autrui ; et même indécence dans la jeune personne qui se prête à cette fourberie : enfin, même embarras dans la pièce française que dans la pièce italienne, et cela parce qu’elles pèchent toutes les deux contre la première des règles. […] Dans la comédie de Molière, Léonore, qui jouit d’une honnête liberté, tient la conduite la plus irréprochable, tandis qu’Isabelle, poussée à bout par la sévérité de son tuteur, se permet les démarches les plus hasardées. […] Chapelle était furieux d’avoir pris un frère quêteur pour un savant ; Molière, mettant à profit sa méprise, dit gravement à Baron : « Voyez, petit garçon, ce que fait le silence, quand il est observé avec conduite. » Nous avons vu notre auteur ne donner, l’année dernière, que des ouvrages destinés à sa justification, plaignons-le d’être forcé à sacrifier celle-ci à ce qu’on appelle vulgairement des pièces de commande ; genre de travail d’autant plus désagréable qu’il resserre le génie dans les entraves les plus étroites. […] Le dénouement. — Monsieur et madame de Sotenville n’y sont pas, il est vrai, punis de leur ridicule, ni leur fille, de sa conduite trop leste ; et c’est un défaut : mais le mari est réduit à s’aller jeter dans la rivière, la tête la première ; et la voilà, cette leçon que le titre de Mari confondu nous avait annoncée.
D’avoir commis ce crime de lèse-majesté divine qui va à renier la religion catholique « en blâmant et en jouant sa plus religieuse et sainte pratique qui est la conduite et direction des âmes et des familles par de sages guides et conducteurs pieux ».
Les révolutions que la comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des peuples & dans la forme des gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des chefs, étant l’objet principal de l’envie & de la censure dans un état démocratique, le peuple d’Athenes, toûjours inquiet & mécontent, devoit se plaire à voir exposer sur la scene, non-seulement les vices des particuliers, mais l’intérieur du gouvernement, les prévarications des magistrats, les fautes des généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre ou séduire.
Clothon, sans yeux et sans tendresse, Pour les plus accomplis objets, Comme pour les plus imparfaits, Et qui n’aime pas le théâtre, Dont tout le monde est idolâtre, Nous a ravi cette beauté, Dont chacun était enchanté, Alors qu’avec un port de reine Elle paraissait sur la scène ; Et tout ce qu’elle eut de charmant Gît dans le sombre monument Elle y fut mercredi conduite Avec une nombreuse suite, Dont étaient les comédiens, Tant les français qu’italiens, Les adorateurs de ses charmes, Qui ne la suivaient pas sans larmes Quelques-uns d’eux incognito Qui, je crois, dans leur memento, Auront de la belle inhumée Fort longtemps l’image imprimée.