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71. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Quand il crut avoir suffisamment préparé les esprits, le 5 d’Août 1667, il fait afficher le Tartuffe. […] Enfin ceux qui représentèrent au Roi, le firent avec de bonnes raisons, puisque Sa Majesté jugea à propos de défendre la représentation du Tartuffe. […] Je lisais hier son Tartuffe. […] Les Hypocrites triomphaient ; mais leur joie ne dura qu’autant de temps qu’il en fallut aux deux Comédiens pour apporter l’ordre du Roi, qui voulait qu’on jouât le Tartuffe. […] La bonté que le Roi eut de permettre que le Tartuffe fût représenté, donna un nouveau mérite à Molière.

72. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

C’est bien assez d’avoir mis au monde Tartuffe ton frère, l’an passé !  […] Tartuffe ne pouvait pas avoir un plus digne auxiliaire. […] D’ailleurs, Molière avait à produire sa plus terrible comédie, son Tartuffe. […] Tartuffe ! […] Mais quelle préface pour Tartuffe, Don Juan !

73. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Rapprochez la scène de Métaphraste avec Albert, de celle qui donne le nom à la pièce, et qu’égale presque deux scènes pareilles du Dépit amoureux, l’une dans Le Bourgeois Gentilhomme, l’autre dans le Tartuffe, vous connaîtrez dejà l’immensité du génie de Molière. […] C’est en perfectionnant toujours qu’il s’élève par dégrés jusqu’au Misanthrope, jusqu’aux Femmes Savantes, jusqu’au Tartuffe, jusqu’à cette pièce aprés laquelle il ne faut plus rien nommer et qui est non seulement le chef-d’œuvre du théâtre comique, mais un grand bienfait envers l’humanité.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Lucinde imite encore très gauchement Tartufe. […] Cette piece, jouée pour la premiere fois le samedi 24 Février 1703, eut cinq représentations, & dut une partie de son mauvais succès à la fureur qu’avoit l’Auteur de copier par-tout le Tartufe. […] On doit s’appercevoir que Dufresny, non content d’avoir calqué son Ariste sur Tartufe, lui donne quelques traits de Don Juan. On pourroit encore reprocher à l’Auteur d’avoir fait une troisieme & mauvaise copie du Tartufe dans son Faux Sincere, puisque le héros n’affecte beaucoup de franchise que pour enlever un dépôt, & que l’Auteur, en peignant le caractere de son héros, nous dit : Hypocrite en franchise est à-peu-près le mot.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Son Tartufe est une galerie superbe où l’on en voit de toute espece, de sérieux, de plaisants, de touchants ; il n’est besoin ni de les rapporter, ni de les indiquer. […] Tartufe embrassant Orgon au lieu d’Elmire, ne peut que faire une peinture très énergique.

76. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Quand il crut avoir suffisamment preparé les esprits, le 5. d’Août 1667. il fait afficher le Tartuffe. […] Enfin ceux qui representerent au Roi, le firent avec de bonnes raisons, puisque Sa Majesté jugea à propos de défendre la representation du Tartuffe. […] Je lisois hier son Tartuffe. […] Mais d’où vient, dit-on à Monsieur le Prince deffunt, que l’on n’a rien dit contre cette Piece, & que l’on s’est tant recrié contre le Tartuffe ? […] La bonté que le Roi eut de permettre que le Tartuffe fût representé, donna un nouveau merite à Moliere.

77. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Vous savez que son Cocu imaginaire est Il Ritratto des Italiens ; Scaramouche interrompu dans ses amours a produit ses Fâcheux ; ses Contre-temps ne sont que Arlequin valet étourdi : ainsi de la plupart de ses pièces ; et dans ces derniers temps, son Tartuffe n’est-il pas notre Bernagasse ? […] L’affirmation est encore plus hasardée en ce qui concerne le scénario intitulé : Bernagasse ou plutôt Il Basilico di Bernagasso, lequel n’aurait été ni plus ni moins que Le Tartuffe. Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

Je rangerois le Tartufe dans cette derniere classe, si nos Ecrivains les plus illustres n’avoient pas dit que « cette piece étoit seulement propre à notre nation, & qu’elle ne sortiroit jamais du royaume ». […] Le Roi de Portugal a fait traduire notre Tartufe, l’a fait représenter à Lisbonne, & la piece a eu le plus grand succès.

79. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Oui, l’auteur du Tartuffe a fait Amphitryon 586 ; celui qui a soulevé contre le suborneur hypocrite une indignation telle, que le public n’eût pas été content si le roi même n’était venu frapper ce monstre par sa justice exceptionnelle et terrible587 ; celui qui, craignant qu’on ne lui attribuât une seule des paroles prononcées par son odieux personnage, mettait en note : « C’est un scélérat qui parle588 ; » ce même homme, pendant trois actes qui sont trois chefs-d’œuvre de comédie, de poésie et d’esprit, a fait rire du noble Amphitryon et de la touchante Alcmène, trompés dans leurs honnêtes amours par le don Juan de l’Olympe. […]   Autant on a approuvé les paroles hardies, mais convenables, qui effarouchaient les spectatrices précieuses de l’École des Femmes 611 ; autant on approuvera même la gaillardise, peu conforme au caractère de Dorine, mais nécessaire pour répondre à l’hypocrite lubricité de Tartuffe 612 : autant on condamnera sans rémission les plaisanteries grossières dont Molière a quelquefois sali d’excellentes scènes, entraîné par le désir de soulever le gros rire populaire613. […] La date définitive du Tartuffe est 1667 ; Amphitryon est de 1668. […] Le Tartuffe, act. […] Le Tartuffe, act.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Toutes les surprises de Moliere annoncent le grand maître, témoin celles-ci dans le Tartufe. […] Tartufe fait sa déclaration à Elmire : elle veut bien avoir la complaisance de n’en rien dire à son mari, & l’imposteur espere tout de ce silence, quand Valere, son plus mortel ennemi, sort du cabinet d’où il a tout entendu. […] Tartufe croit avoir séduit Elmire : il vient à elle les bras ouverts ; il embrasse le mari au lieu de la femme.

81. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Pour Tartuffe, ça a été la même chose. Qu’est-ce que c’est que Tartuffe ? […] C’est le temps seulement, ce sont les progrès de la raison et du scepticisme, ce sont les besoins et les mensonges de la polémique qui ont fait de Tartuffe la satire définitive de l’Eglise et de la religion. […] On oublie encore que le xviie  siècle est profondément religieux, et en effet, c’est bien à une époque religieuse que peut se produire une œuvre comme Tartuffe, lorsque la dévotion et la crédulité sont arrivées à leurs dernières limites et que le directeur de conscience a toutes ses aises pour imposer sa domination. […] On a déjà fait remarquer, je crois, que Les Femmes savantes et Tartuffe se ressemblaient par un point : la maison d’Orgon est dominée par un scélérat ; la maison de Philaminte est conquise par un sot.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Dans le Tartufe, Moliere ne manque pas de nous apprendre, dès la premiere scene, par la bouche de Madame Pernelle, que l’action se passe chez Elmire, femme d’Orgon. […] L’exposition du Tartufe est un chef-d’œuvre dans toutes ses parties, comme la piece. […] Quand Moliere veut nous instruire de toutes les bigoteries que Tartufe a mises en usage pour s’insinuer dans l’esprit d’Orgon, & s’introduire dans sa maison, il les met dans la bouche du crédule Orgon, qui en est la dupe, & les raconte à Cléante qui les ignore. […] Orgon, dans la piece de l’Imposteur, doit jouer le rôle d’un homme totalement dupe de la cagoterie de son Tartufe ; aussi, d’après le portrait que Dorine en fait, le spectateur ne peut s’attendre qu’à lui voir ce ridicule. […] Nos troubles l’avoient mis sur le pied d’homme sage, Et pour servir son prince, il montra du courage ; Mais il est devenu comme un homme hébêté, Depuis que de Tartufe on le voit entêté ; Il l’appelle son frere, & l’aime, dans son ame, Cent fois plus qu’il ne fait mere, fils, fille & femme.

83. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Molière, on le sait, avait ses envieux, et l’orage qui devait bientôt éclater sur l’auteur du Tartufe grondait déjà dans le lointain. […] « Comme Shakspeare et Cervantès, Molière appartient à cette race de penseurs et de poètes qui créent dans le domaine de la fantaisie un monde réel, qui font des types vivants avec les personnages qu’ils inventent, des types qui ne meurent jamais, et qui sont connus de tous les peuples, qu’ils s’appellent Falstaff, Don Quichotte, Sancho, Tartufe, Alceste ou Harpagon. […] C’est la différence d’Onuphre à Tartufe. […] Entendez-vous ces plaintes et cette juste colère contre la lâcheté de ses ennemis qui, à l’apparition du Tartufe, avaient forgé sous son nom un infâme libelle40 ? […] —Voir aussi, dans les Nouveaux Mémoires de l’Académie des sciences et belles-lettres de Berlin, 1770, le Discours sur Matière, par Bitaubé, p. 346. — Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartufe, par de Saint-Prosper, Paris, 1812.

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