1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 508-509 Dans le Malade imaginaire, la dernière pièce que Molière ait mise au théâtre, il y a un M. […] L’anecdote fut reprise par Taschereau dans son ouvrage Histoire de la vie et des ouvrages de Molière, 1825. (Pierre Bonvallet, Molière de tous les jours, p. 275-277).
Préface Tous ceux qui ont donné des éditions des œuvres de Molière, les ont fait précéder de la vie de cet illustre comique. […] Après une esquisse rapide de la vie de Molière et un catalogue raisonné, mais court, de ses pièces de théâtre, on développe par la série des faits et anecdotes, toutes les omissions faites à dessein ou par ignorance. […] Molière était original, et son caractère d’originalité perce sur le théâtre comme dans la société.
[59, p. 96-98] Boileau lut sa deuxième satire adressée à Molière, à quelques amis parmi lesquels était notre illustre comique ; en achevant la lecture des quatre vers suivants : Mais un esprit sublime en vain veut s’élever À ce degré parfait qu’il tâche de trouver ; Et toujours mécontent de ce qu’il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire. Molière, dit à Boileau, en lui serrant la main : voilà la plus belle vérité que vous ayez jamais dite. […] (I) Molière n’avait pas la modestie du citoyen Champagne, auteur d’une mauvaise satire, qui parut il y a environ un an.
Il lui savait mauvais gré de s’être brouillé avec Molière, et c’est en effet le seul tort que Boursault ait eu. […] Le Joueur annonça, non pas tout-à-fait un rival, mais du moins un digne successeur de Molière : Regnard eut cette gloire et la soutint. […] Celles de Regnard lui ont donné une place éminente après Molière, et il a su être un grand comique sans lui ressembler. […] C’est là où Molière excelle à savoir jusqu’où un travers dérange l’esprit, jusqu’où une passion renverse une tête; il va toujours aussi loin que la nature. […] De Dancourt à Hauteroche il faut encore descendre beaucoup : qu’on juge quel chemin nous avons fait depuis Molière, sans sortir d’un même siècle!
Dans les combats d’esprit, savant Maître d’escrime, Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la Rime. […] Mais un esprit sublime, en vain veut s’élever À ce degré parfait qu’il tâche de trouver : Et toujours mécontent de ce qu’il vient de faire : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire ; Toi donc qui vois les maux où ma Muse s’abîme, De grâce, enseigne-moi l’art de trouver la Rime : Ou, puisqu’enfin tes soins y seraient superflus, Molière, enseigne-moi l’Art de ne rimer plus. […] Avant qu’un peu de terre obtenu par prière Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière, Mille de ces beaux traits aujourd’hui si vantés Furent des sots Esprits à nos yeux rebutés. […] C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son Art eût remporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon, l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. […] Comédie de Molière.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 285 La comédie de l’École des femmes attira à Molière une nuée de critiques toutes plus mauvaises les unes que les autres ; plusieurs personnes même la frondèrent237 ouvertement. Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage : Sa charmante naïveté, S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité.
1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 344 Les comédiens avaient résolu de faire à Molière un convoi magnifique. […] La femme de Molière alla sur-le-champ à Versailles, se jeter aux pieds du roi, pour se plaindre de l’injure que l’on faisait à la mémoire de son mari, en lui refusant la sépulture. […] Avant qu’un peu de terre, obtenu par prière, Pour jamais sous la tombe eut enfermé Molière, Mille de ces beaux traits, aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits, à nos yeux, rebutés.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 213 Molière n’aimait pas Cotin ; et le ressentiment qu’il avait contre lui, provenait de ce que cet abbé avait cherché à le desservir auprès du duc de Montausier*, en insinuant à celui-ci que c’était lui que Molière avait voulu jouer dans le Misanthrope. Aussi l’abbé Cotin, décrié par Boileau comme prédicateur et comme poète, fut joué sur le théâtre, par Molière, comme un mauvais poète, comme un pédant, et ce qui ne peut être jamais permis, à moins que la personne ne soit infâme, comme un mal honnête homme, du moins comme un homme sans délicatesse, et même sans principes.
. — Caractère moral du quatrumvirat de Molière, La Fontaine, Racine et Boileau. Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque. […] Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, furent des courtisans sans doute. […] Molière, courtisan dans l’Amphitryon, était grand citoyen dans le Tartuffe.
Nul, en effet, Messieurs, n’a mieux connu que Molière nos préjugés, nos défauts, nos passions; nul ne les a traduits sur une scène plus vivante. […] C’est, messieurs, ce caractère universel du théâtre de Molière et son intarissable popularité qui m’ont porté à le choisir pour sujet de nos premières études. […] Jetons d’abord, Messieurs, un coup d’œil sur ce que fut le théâtre français avant Molière : c’est la préface naturelle et nécessaire de notre étude. […] Notre tâche d’ailleurs est elle-même à son terme ; car entre Patelin et Molière, de même qu’entre les plus vieux Mystères et le Cid, il n’y a rien. […] Nous avons franchi, non sans peine, les origines confuses de notre théâtre; nous aurons nous dédommager en admirant notre aise les immortelles créations de Molière.
Voltaire l’indique à l’année C’est plus de deux ans trop tard, « Dès l’an 1669, dit-il, madame de La Vallière s’aperçut que madame de Montespan prenait de l’ascendant sur le roi. » Si la liaison du roi avec madame de Montespan n’avait commencé qu’en cette année, deux événements principaux de la période que nous parcourons, perdraient leur caractère et leur importance, savoir : la maladie dont est morte madame de Montausier, et la représentation de l’Amphitryon de Molière. […] Et il sera plus fâcheux encore pour Molière, si une dernière scène faite à madame de Montausier par une personne inconnue, qui ne pouvait être que Montespan travesti, était antérieure à la représentation d’Amphitryon. […] Pendant que la reine et le marquis de Montespan languissaient de jalousie, et que madame de Montausier se mourait d’humiliation, l’Amphitryon de Molière, c’est-à-dire le malheureux Montespan, divertissait la partie corrompue de la cour et de la ville. […] Combien cette mort fait perdre de son esprit et de sa gaîté à l’Amphitryon de Molière ! […] Les admirateurs du génie de Molière ont besoin de chercher des excuses à son Amphitryon, dans son désir immodéré de plaire au prince qui Pavait subjugué par sa gloire et ses bienfaits, da us la corruption générale qui demandait au poète comique de faire rire le public aux dépens des époux malheureux, peut-être même dans l’espèce d’héroïsme auquel le poète avait voulu s’élever en se rangeant du côté des rieurs, lui à qui les désordres de sa femme avaient couté tant de larmes amères.
Molière. — XI. […] Le théâtre de Molière représente assez bien le second. […] Ici Molière est en défaut. […] Mais justement Molière a perdu là une belle occasion d’être comique. […] De même que Molière, il est comique parfois.
[86, p. 130-131] Lors de la première défense de jouer le Tartuffe, la curiosité du public fut piquée, tout le monde voulait avoir Molière pour la lui entendre réciter. […] Molière avec Tartuffe y doit jouer son rôle.