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114. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

C’est un mot fort à la mode depuis quelque temps, une sorte de remède universel auquel on prête peut-être plus de vertus qu’il n’en a. […] C’est bien le pendant, n’est-il par vrai, de cette autre saillie non moins fameuse : …………………… Les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles !

115. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

La vertu qui se défend ainsi, qui attise la passion, en se réservant l’honneur d’une facile victoire, est bien près de ressembler au vice. […] Soyons de bonne foi : un homme qui voit sa femme prodiguer les avances pour encourager une passion adultère peut-il être bien sûr de sa vertu ?

116. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

« À quarante-cinq ans, dit madame de Maintenon, il n’est plus temps de plaire, mais la vertu est de tous les âges… Il n’y a que Dieu qui sache la vérité… Je le renvoie toujours affligé, jamais désespéré. […] Là, sa vertu éclate avec tous ses autres mérites ; là, nul soupçon d’intérêt personnel ne peut l’atteindre ; là fut même pénible sacrifice de ses sentiments, s’il est vrai, comme on n’en peut douter et comme le disait sa clairvoyante rivale, qu’elle aimât ce roi dont elle remettait la reine en possession, et que les désirs qu’elle reconduisit vers la couche conjugale, s’étaient allumés ou éveillés pour elle.

117. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

On leur permet tout, même d’avoir de la vertu. […] Mais Molière n’était pas un ingénu ; il savait ce que vaut la vertu d’une grande coquette courant les provinces sur le chariot du Roman comique. […] Ces vers pourraient prouver la vertu de la Du Parc, si on n’avait pas l’art de les bien lire : Molière ne faisait pas ces strophes comme les amoureux transis, qui les adressent sans espoir de retour. […] Comme nous serions heureux aujourd’hui si par la vertu d’une magicienne nous pouvions, nos quinze sols à la main, entrer au parterre avec les gardes du corps, les chevau-légers, les pages, les bourgeois, les étudiants ! […] D’ailleurs, les femmes de Molière ne croyaient pas perdre leurs droits à la vertu pour avoir aimé Molière.

118. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Il était bien amoureux et bien jaloux, il était au plus fort de sa gloire et de sa passion ; — il rencontre un pauvre, il lui donne un louis d’or. — Monsieur, vous vous trompez, dit le pauvre, et Molière, inquiet de l’aventure : Où diable, a-t-il dit, la vertu va-t-elle se nicher ? À coup sûr, Don Juan n’est pas assez honnête homme pour faire la même réflexion que Molière ; il faudrait d’abord commencer par reconnaître la vertu. […] Je ne veux pas de ce jargon de femme-de-chambre à propos de la vertu perdue ! » Enfin Louis, resté seul, se dit à lui-même : « Je verrai Lauzun ; son esprit me convient, j’aime presque sa fourberie ; elle ne nous fait jamais bâiller comme les vertus collet-monté !  […] De même qu’il a donné son louis d’or au nom de l’humanité, de même Don Juan peut se faire tuer pour le premier venu, au nom de ce point d’honneur qui remplace tous les genres de vertus, pour ces mauvaises et élégantes natures. — Arrive alors la scène du tombeau.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Monsieur, votre vertu m’est tout-à-fait considérable ; & je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde.

120. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

J’ai cru que ma femme devait assujettir ses manières à sa vertu, et à mes intentions ; et je sens bien que dans la situation où elle est, elle eût encore été plus malheureuse que je ne le suis, si elle l’avait fait. […] Tout le monde lui fit compliment sur ce succès ; ses ennemis même lui en témoignèrent de la joie, et étaient les premiers à dire que le Tartuffe était de ces pièces excellentes qui mettaient la vertu dans son jour. ―  Cela est vrai, disait Molière ; mais je trouve qu’il est très dangereux de prendre ses intérêts au prix qui m’en coûte. […] ―  Ils se présentent à la première vue, lui répliqua Molière ; mais pourquoi voulez-vous faire briller vos vertus sur le Théâtre ? […] Et même il était prévenu que c’était une vertu ; de sorte que celui de ses amis qui était le plus régulier et le plus arrangé, était celui qu’il estimait le plus. […] Un de ses amis, qui était surpris qu’un homme aussi délicat que Molière, eût si mal placé son inclination voulut le dégoûter de cette Comédienne. ―  Est-ce la vertu, la beauté, ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ?

121. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

C’est en quoi consiste l’avantage qu’on lui donne sur tous les comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, et sur ceux même de la Grèce : de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de M. le cardinal de Richelieu, qui avait dessein de purifier la comédie, et de ne faire faire sur le théâtre que des leçons de vertus morales, comme on veut nous le persuader, nous n’aurions peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses ouvrages.

122. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On remarquait comme précieux dans un autre ouvrage : que Daphné avait toute son âme dans ses jeux ; Dans un autre : qu’un malheureux avait le front chargé d’un sombre nuage ; Dans un autre : qu’un grand homme voit les troubles des petites âmes du haut de sa vertu… qu’il échappe un sourire de son sérieux… que la frayeur court dans une assemblée.

123. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

« Est-ce la vertu, la beauté ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ? […] On aime à voir les hommes auxquels Molière s’était associé exercer de pareilles vertus, et venir, comme la Providence, rendre la vie à un infortuné qui se croyait oublié du monde entier. […] Où la vertu va-t-elle se nicher ? […] Il était d’une piété singulière que nul ne révoquait en doute ; mais, si l’on refuse de croire à ses vertus, on ajoutera foi aux faits et aux dates. […] On sait que les ennemis de Molière voulurent persuader au duc de Montausier, fameux par sa vertu sauvage, que c’était lui que Molière jouait dans le Misanthrope.

124. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

J’ai crû que ma femme devoit assujettir ses manieres à sa vertu, & à mes intentions ; & je sens bien que dans la situation où elle est, elle eût encore été plus malheureuse que je ne le suis, si elle l’avoit fait. […] Tout le monde lui fit compliment sur ce succès ; ses ennemis même lui en témoignerent de la joye, & étoient les premiers à dire que le Tartuffe étoit de ces Pieces excellentes qui mettoient la vertu dans son jour. […] Ils se presentent à la premiere vûë, lui repliqua Moliere ; mais pourquoi voulez-vous faire briller vos vertus sur le Theâtre ? […] Et même il étoit prévenu que c’étoit une vertu ; de sorte que celui de ses amis qui étoit le plus regulier, & le plus arrangé, étoit celui qu’il estimoit le plus. […] Est-ce la vertu, la beauté, ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ?

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Le résultat fut qu’ils ne pouvoient trop témoigner de tendresse & de respect à un pere si riche qui avoit du moins cent mille vertus en ducats bien comptés.

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