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138. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

L’auteur de Cinna fit, à l’âge de soixante-cinq ans, cette déclaration de l’Amour à Psyché, qui passe encore pour être un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre. » Fontenelle convient, avec tout le monde, que jamais Corneille n’exprima avec autant de douceur les doux emportements de l’amour ; mais, ne laissant échapper aucune occasion de témoigner sa haine contre Racine, il prend le parti de ravaler un genre de sentiments que ce poète excellait à rendre, afin de le déprimer lui-même, et il prétend que, si Corneille réussit une fois dans ce genre qui n’était pas le sien, et qu’il dédaignait, c’est qu’ étant à l’ombre du nom d’autrui, il s’abandonna à un excès de tendresse dont il n’aurait pas voulu déshonorer son nom .

139. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Pour le passer, ce Rubicon formidable, la jeune débutante supplie mademoiselle Mars, qui est sur l’autre côté de la rive, de lui tendre sa main puissante ; mademoiselle Mars a pitié de l’enfant, elle ne veut pas qu’elle soit noyée dans ce trajet difficile, et l’enfant passe.

140. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Ainsi, selon qu’il est plus heureux d’être suivi par quelques-uns ou plus triste d’être abandonné par plusieurs, le poète peut, et toujours avec raison, s’abandonner à l’enthousiasme ou se jeter dans la satire : dans tous les temps, Aristophane et Sophocle, Corneille, Racine et Molière peuvent se tendre la main.

141. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Mlle de Brie était le contraire de la femme de Molière : autant Armande se montrait hautaine et dédaigneuse, autant Catherine était tendre et pénétrante. […] je sais bien qu’en dire, Quoique je n’en dise rien, Je crois bien la rendre tendre, En aimant ses doux attraits, Mais lors on a beau se rendre, Elle ne se rend jamais ! […] Jal, chercheur obstiné des actes de baptême et des fantaisies du cœur, se demande comment il arriva que ce paveur, dont le cœur était tendre, s’éprit de Geneviève Béjart, femme encore, ou veuve déjà de M. de Ville-Aubrun, mais elle était jolie, bien qu’elle atteignit son quarantième printemps.

142. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Mais l’art du poète qui traduit un fourbe sur la scène, consiste à lui tendre des pièges que ne puisse soupçonner toute sa défiance, ou que ne puisse éviter toute son adresse ; surtout à soulever contre lui ceux de ses vices dont il est le moins maître, afin que, dans le combat de ses passions et de son intérêt, son masque tombe ou se dérange.

143. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

« Que je ne le voie plus, je vous en conjure, « & que je retrouve, s’il est possible, Moncade tendre, « soumis & rempli de toute la confiance « que mérite une personne dont il n’a que « trop éprouvé les bontés.

144. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Mais, on le sait, l’amour n’aime pas trop les généralités, surtout les abstractions, et ce tendre sentiment à l’égard de l’antiquité avait bientôt fini par se concentrer dans une ardente passion pour Aristote : Aristote, expression, représentation, personnification, incarnation de la philosophie et de l’école au dix-septième siècle.

145. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Le prince protégea Molière, en souvenir de leurs maîtres communs les Jésuites ; il tendit la main à l’acteur vagabond, pour le plaisir que lui avait fait le comédien camarade. […] Un pauvre tend son chapeau à la portière ; il y jette une pièce de monnaie et n’y pense plus. […] On croyait que Molière ne l’avait faite, que lors de l’impression de sa pièce, en 1669 ; mais ceci tendrait, ce me semble, éprouver qu’il l’écrivit beaucoup plus tôt. […] Un passage qu’il prit presque textuellement dans la septième des Petites lettres, pour l’enchâsser dans son cinquième acte, ne laissa plus de doute à ceux qui cherchaient encore la devise de son drapeau et demandaient contre qui tendaient ses attaques. […] Elles furent réellement mises en un langage plus accessible aux intelligences de l’époque, et cela tendrait à prouver qu’on les représenta certainement sous cette forme rajeunie.

146. (1900) Molière pp. -283

Je vous rappelle la situation : Arnolphe, qui veut épouser Agnès, lui explique tout l’honneur que ce sera pour elle d’être unie à un homme comme lui, et lui dresse tout son plan de conduite : Songez qu’en vous faisant moitié de ma personne, C’est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne ; Que cet honneur est tendre, et se blesse de peu ; Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu ; Et qu’il est aux enfers des chaudières bouillantes Où l’on plonge à jamais les femmes mal-vivantes. […] Ce premier sens que je ne partage pas, et qui tendrait à substituer cette sorte de Dieu-Humanité au Dieu-Providence, ce qui est fort loin de mon idée, ce sens-là on ne peut refuser de le voir dans la scène du Pauvre, d’après tout ce qui précède. « Je n’ai pas voulu donner pour l’amour de Dieu, je donne pour l’amour des hommes. » Mais l’autre sens y est aussi, parce que, arrivé à cette limite extrême du grand seigneur effréné, Dom Juan est jeté, d’un mouvement en arrière, dans la conception la plus contraire à tout ce qui a inspiré sa vie jusque-là, dans ce grand sens du mot humanité où l’emploient tous les grands publicistes de notre temps. […] C’est de cet usage que sont nés ces singuliers chevaliers dont le théâtre de Dancourt est rempli ; c’est de cet usage que sont nés aussi tous ces petits abbés du xviiie  siècle, qui, après que les roués de la Régence eurent mis l’athéisme et le libertinage à la mode, ne pouvaient pas faire un souper sans blasphémer, et dont Gilbert s’est si violemment moqué dans sa Satire du xviiie  siècle, où, en parlant d’un de ces derniers, il a dit : Dans un cercle brillant de nymphes fortunées, Entends ce jeune abbé, sophiste bel esprit ; Monsieur fait le procès au Dieu qui le nourrit, Monsieur trouve plaisants les feux du purgatoire ; Et, pour mieux amuser son galant auditoire, Mêle aux tendres propos des blasphèmes charmants, Lui prêche de l’amour les doux égarements, Traite la piété d’aveugle fanatisme, Et donne, en se jouant, des leçons d’athéisme. […] Vous, pères de famille, très dévoués, très tendres pour vos enfants, prenez garde : quelque amour que vous ayez pour vos fils et pour vos filles, il y a une pente naturelle chez l’homme à vouloir toujours être le maître et dominer ce qui l’entoure ; et ce besoin de domination, faible chez les uns, violent chez les autres, a cela de redoutable, qu’il se déguise toujours à nos propres yeux sous les prétextes les plus saints ; c’est une faute, prenez donc garde.

147. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Sans doute, l’affection du Misanthrope est un peu rude ; il ne sait point pousser le doux, le tendre et le passionné ; il va droit au but par le chemin le plus court, et ne ménage ni Célimène, ni ses complaisants.

148. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

La leçon donnée par le poète serait donc incomplète, insuffisante, si l’avare n’avait point d’enfants qu’il pût rendre victimes de ses mauvais traitements, pour devenir victime à son tour de leurs sentiments dénaturés ; et le drame serait invraisemblable, si, l’avare étant père de famille, ses enfants, réduits par lui aux plus dures et aux plus humiliantes privations, n’en étaient pas moins tendres et respectueux.

149. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Des draperies rouges à franges jaunes, et tendues autour d’un mobilier en acajou, remplacent les portières de lampas et les meubles en chêne de celui qui avait 30 000 francs de revenu, qu’il dépensait sans ostentation, toutefois. […] Il tend sa main à la main de marbre sans une émotion, sans un tremblement, et il me semble l’entendre murmurer comme un autre Ajax : J’en échapperai malgré les dieux. […] Ou bien encore : Tu ne naquis jamais que pour faquiniser ; Ces rôles d’amoureux ont l’action trop tendre.

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