Voilà déja le Traducteur & l’Imitateur en défaut : que seroit-ce si nous avions le temps de marquer les endroits moins expressifs que l’original ? […] Pamphile résiste quelque temps ; la crainte de trouver Chrémès favorable aux desirs de Simon, l’alarme : son esclave le rassure. […] J’aime que Dave impatiente quelque temps le vieillard, lorsque celui-ci a la plus grande envie de le faire parler : j’aime sur-tout qu’au moment où il va l’accuser de ladrerie, il lui fasse attendre ce compliment comme quelque chose de flatteur. […] Son maître n’a pas le temps de le traiter comme il mérite : ils sortent. […] Moliere peut encore ici nous servir de modele : il n’avoit que fort peu de temps pour composer les Fâcheux, Chapelle offrit de versifier la scene de Caritidès ; il le fit en effet, mais si mal qu’elle ne put servir à rien.
Ce comédien intrépide, dont la vie fit un penseur, eut sur les gens de lettres et sur les intellectuels de son temps une influence moins aisée à déterminer que celle de Descartes ; mais cette influence dut être considérable sur l’ensemble du public, pour qu’elle liguât contre lui des catholiques convaincus, d’esprit aussi différent que le prince de Conti, la duchesse de Longueville, le docteur janséniste Arnauld et le jésuite Bourdaloue, et lui valût d’autre part cette précieuse protection du roi Louis XIV, qui, selon l’expression de Comte, « ne résulta pas seulement des goûts personnels d’un dictateur alors progressif, mais aussi de la tendance d’une telle critique à seconder rabaissement de l’aristocratie et même du clergé ». […] Comment Molière, en morale, se sert du principe : « Vivre conformément à la nature », comme d’un principe négatif, pour ruiner les préjugés de son temps, et comment il importe de distinguer ses boutades révolutionnaires de ses opinions réformatrices. […] Nature et catholicisme Je crois qu’il est impossible de nier qu’au nom de la nature et du bon sens, Molière ait attaqué la discipline catholique et la doctrine chrétienne telle qu’on la concevait de son temps. […] Nous avons vu Molière opposer la nature, et les bons instincts naturels, aux préjugés de son temps et à la discipline catholique, mais je ne crois pas le moins du monde, avec M. […] Et c’est cette foi merveilleuse en l’action, subsistant en dépit de toutes les misères physiques et morales attachées à notre nature, en dehors de tout espoir, de toute crainte d’un caractère métaphysique — et cela dans le même temps où le christianisme janséniste abêtissait Pascal.
quel fut, en un mot, le résultat du conflit dont ce temps fut témoin ? […] obscénité : je ne sais ce que ce mot veut dire, mais je le trouve le plus joli du monde. » Pourquoi ce mot, aujourd’hui un peu vieilli, était-il nouveau du temps de Molière ?
Vous mourez d’envie de venir dans le grand monde, et moi d’en sortir. » À quelque temps de là, elle écrivait à l’abbé Gobelin : « Si je suivais mon inclination, il n’y a pas de moment dans la journée que je ne demandasse à me retirer. […] Le tailleur dit en tremblant : Madame, comme le temps presse, voyez si cet autre habit que voilà ne pourrait point vous accommoder faute d’autre.
Moi, je suis d’avis de prendre plus de temps pour délibérer : c’est une affaire de grande conséquence. […] Je n’ai point encore su le lieu ni le temps où commença votre passion. […] Il répond qu’il est trop couru, & qu’il n’aura pas le temps. […] Quelque temps après, Boileau, surpris & touché d’un bon procédé que Boursault eut pour lui, se raccommoda sincérement.
Lindor eut à peine le temps de prendre congé de Bélise. […] Mais il n’est pas temps de vous faire des reproches ; venez, embrassez-moi. […] Vous ne me donnez pas le temps de vous en dire davantage ; mais nous nous écrirons. […] Nous étions troublés ; ma rougeur m’eût trahie ; & sans avoir le temps de réfléchir, je dis au Chevalier : Cachez-vous. […] J’ai fait rire à temps un Anglois Qui songeoit à ses funérailles ; Un Allemand, un Hollandois, Un Ministre allant à Versailles.
Cependant, s’ils s’étoient avisés de mettre le titre de Comédie à la tête de leurs ouvrages, de les distribuer en scenes, & de les exposer sur le théâtre, le crédit des Auteurs & l’amour de la nouveauté auroient pu les y soutenir quelque temps ; mais ils en seroient bientôt tombés pour être ensevelis dans l’oubli ; ou pour ne devoir leur célébrité qu’à leur ridicule. […] Dufresny a dit : « Ce n’est pas étendre la carriere des Arts que d’admettre de nouveaux genres ; c’est gâter le goût ; c’est corrompre le jugement des hommes, qui se laisse aisément séduire par les nouveautés, & qui, mêlant ensuite le vrai avec le faux, se détourne bientôt, dans ses productions, de l’imitation de la nature, & s’appauvrit en peu de temps par la vaine ambition d’imaginer & de s’écarter des anciens modeles ».
Le temps presse, lui dit-il ; chaque minute pourroit diminuer mon zele, & augmente à coup sûr le mal de Damon. […] Je parus pour la premiere fois sur la scene comique à peu près dans le temps où M.
Voilà comme les Bavius, les Mevius & les Cornificius de ce tems-là traitoient Moliere. […] Si les Médecins de notre tems ne connoissent pas mieux la nature, ils connoissent mieux le monde, & sçavent que le grand art d’un Médecin, est l’art de plaire.
Ce ne fut pas seulement la mort de Molière qui marqua un terme à la protection que les lettres donnaient à la société licencieuse contre la société d’élite ; l’esprit satirique de Boileau, la courtoisie de Racine, la licence de La Fontaine, s’arrêtèrent en même temps devant les progrès de cette société : comme ces progrès atteignaient la cour elle-même, nos poètes virent que le temps était venu de prendre un autre ton, une autre direction, et ils furent plusieurs années à contempler en silence le changement qui s’opérait. […] Elle leur donne le peu de temps qu’elle a, avec un plaisir qui fait regretter qu’elle n’en ait pas davantage.
Du mien, depuis ce temps, j’ignore la fortune. […] Arlequin rit, fait des grimaces ; Pantalon veut le conjurer : dans ce temps-là Camille l’embrasse, & l’emmene chez elle. […] Dans le temps qu’Arlequin le Napolitain a quitté la scene pour aller embrasser son frere, Arlequin l’étranger arrive, poursuivi par Celio.
Au temps où l’orgueil des privilèges et des titres s’incarnait dans un duc de Saint-Simon, c’est Molière qui, du haut de son théâtre, disait en face aux marquis à la mode assis devant la scène : « Qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme ? […] Immoler au parterre 715 l’orgueil du nom et de la race pour y substituer l’orgueil du mérite, faire de l’acte royal qui conférait des duchés-pairies la cérémonie du mamamouchi, c’était un acte de courage dans un temps où, à nos yeux, l’esprit de justice et de liberté était représenté par le duc de Saint-Simon, si indigné de voir des bourgeois dans les charges. Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique. […] Chacun a sa tâche : le sénateur qui ne songe qu’à donner des mascarades741, le juge qui ne pense qu’aux profits de son métier742, sont aussi coupables que le bûcheron qui passe le temps à boire743, ou le 1 marchand à apprendre à danser744.